En route vers la forêt.

En route vers la forêt.

Post by Nathan Herlaer, AD - December 10, 2010 at 5:48 PM

À la tombée de la nuit, le grand oiseau et son cavalier étaient partis en direction de l'Ouest, sac sur le dos, gourde à la ceinture et matelas de fortune roulé et accroché au flanc de l'animal. Gageons qu'il s'enlignait pour une partie de plaisir.


*Le grand oiseau foulait le sol de la forêt de ses grandes pattes griffues. Il se déplaçait habilement entre les arbres et les plantes qui entravaient le chemin des animaux moins habitués à la course en forêt. Lui, c'était tout le contraire. L'animal esquivait chacun des arbres qui se dressait sur son passage avec la grâce habituelle de son espèce. Il continuait sa course se folle jusqu'à ce que son cavalier lui donne un léger coup dans les flancs, signe qu'il devait s'immobiliser. Le grand oiseau ralentit donc graduellement le pas jusqu'à l'immobilisation totale. Il tourna la tête vers le cavalier sur son dos, l'on aurait pu croire que l'animal l'interrogeait du regard, ses grands yeux noirs rivés sur le jeune rouquin. *

Le feuillage bruissait légèrement, la forêt s'animait comme une marionnette, tirée par les cordes de la brise qui venait tout juste de se lever. Une magnifique vision, une oeuvre de la nature. Le regard calme du rôdeur se baladait à travers celle-ci; il voulait s'assurer que rien ne l'avait suivit, cette nuit là. Le désir de décrocher son arc et de réveiller les flèches qui sommeillaient dans son carquois ne se faisait pas sentir, malgré son autre « lui » intérieur, celui qui le caractérisait beaucoup moins, qui lui dictait tout le contraire. Non. Il voulait simplement errer à travers les landes, seul. Complètement seul.

« S'évader. Penser. Réfléchir. »

C'est ce qu'il n'avait cessé de se dire depuis qu'il était grimpé sur l'animal et qu'il avait franchit la grande herse. Trop de chose se heurtaient dans son esprit. Trop de choses qui ne pouvaient pas être pensés convenablement au milieu d'un Quartier animé ou d'une taverne bondée. Le seul endroit qui pouvait lui apporter le calme nécessaire était la forêt : son lieu de recueil de prédilection. Celle qui veillait sur lui comme une mère qui veille sur son enfant. La forêt. Elle était toujours là pour lui, prête à l'accueillir les bras grands ouverts.

Il secoua la tête, puis, sans même faire un geste à l'animal, celui-ci reprit sa route d'un pas beaucoup plus cadencé cette fois. Il ne portait aucune attention au trajet qu'effectuait l'animal, il lui faisait entièrement confiance; une confiance aveugle. Les branches fouettaient le visage du rôdeur, il restait néanmoins dans sa bulle, son monde.. Il était complètement refermé sur lui mêm, comme si tout autour n'était qu'illusion, comme si rien n'était réel.

Puis, les heures passèrent et la forêt se faisaient de moins en moins dense, les arbres s'espaçaient et la lune jetait ses rayons bien plus aisément sur le jeune rôdeur et son compagnon de route. Des rayons qui, mêlés au cri de son destrier, réussirent à extirper le rôdeur de ses pensées.

« CROÂÂ! »

*Avait émit le grand oiseau, alors qu'il mettait finalement un pied à l'extérieur de la forêt. Il se trouvait sur une plaine, à quelques pas derrière lui se dressait l'immense barrière naturelle. Plus le temps avait passé, plus le ciel s'était obscurcit; signe avant-coureur d'un orage qui déciderait de tremper tout ce qui aurait l'audace de se trouver à l'extérieur? Probablement. Le rôdeur passa une main sur le crâne de son compagnon de route, celui qui avait sût faire un aussi long chemin depuis plusieurs heures, déjà. Le roux porta une main à sa besace pour en sortir un fruit qu'il tendit à l'animal. Il devrait probablement songer à trouver refuge pour la nuit... La pluie était rafraîchissante, tout le contraire de la foudre. *

L'animal entreprit finalement une course effrénée à travers la plaine. La pluie commençait à tombée, le sol devenait beaucoup plus spongieux et glissant, même pour l'animal expérimenté. Il ne semblait y avoir aucune habitation, aucune grotte, aucune protection. Rien à proximité. Rien. Mais, plus il observait, plus il distinguait quelque chose. Une lueur. Une lueur orangé qui faisait un contraste parfait avec la noirceur de la nuit. Une simple lueur : la lueur d'une bougie...

« Aller mon gros ! On y est presque.. ! » avait-il dit à l'attention de sa monture alors qu'elle luttait à se mouvoir à travers l'orage.

La pluie tombait avec beaucoup plus d'intensité mélangé au vent qui s'était soudainement levé, tout pour réduire davantage les conditions visuelles du rôdeur et de l'animal. Puis, au milieu de la tempête, la silhouette qui abritait le chandelle se dessinait, grossièrement. Une petite maisonnée au bord d'une rivière.

L'instinct de l'animal l'avait conduit là. Il n'y avait pourtant jamais mit les pieds et il avait réussit à y conduire le rôdeur..? Il bondit de son destrier en se hâtant vers la demeure qui se dressait devant lui. Abandonnée, aucune âme ne semblait y être passée depuis un bon moment déjà. Il pivota alors sur ses talons, dans l'entrebâillement de la porte, pour détacher son regard de l'habitation, venant le déposer sur l'ostard. Il força un sourire en coin, alors que quelques mots lui revinrent en tête..

Le hasard fait bien les choses..


Post by Nathan Herlaer, AD - December 11, 2010 at 8:35 AM

La nuit avait passée à la vitesse d'un escargot. Le rôdeur était resté campé devant la fenêtre pendant la presque totalité de celle-ci, son regard fixait un point invisible. S'évader. Étais-ce vraiment la meilleure idée qu'il eut pu avoir? Partir, sans dire un mot à personne? Sur le moment, probablement. Mais, plus il y songeait, moins cela avait de sens. Pourquoi fuir les problèmes? Il l'avait fait à Briganne pourtant, et il s'en était bien sorti. Pourquoi serais-ce différent, cette fois..?

Il appuya alors son front contre la fenêtre. Il s'était enfuit pour mieux réfléchir à tout ce qui venait d'arriver, mais, il pensait trop. Beaucoup trop. Il avait besoin de sommeil, réfléchir pouvait se montrer épuisant, parfois. Il ne raterait probablement pas grand chose à aller quérir un peu de sommeil. De toute façon, qui voudrait se présenter à cette habitation, en retrait de tout, alors qu'un violent orage s'abattait sur ceux qui oseraient se trouver à l'extérieur? Personne. Du moins, personne doté de la moindre touche de raison.

Sans se faire prier, il déroula le petit matelas de fortune pour s'y allonger, lentement. Les questions se frappaient contre les parois de son esprit jusqu'à ce que le sommeil ait enfin raison de lui.

« Pourquoi fuir les problèmes? Pourquoi serais-ce différent, cette fois..? »

Les premiers rayons du soleil traversèrent finalement la pièce, accompagné du chant d'un petit oiseau qui s'était posé sur le bord de la fenêtre. Il cligna des yeux, légèrement, tout en inspectant les environs du regard avec une certaine minutie. Mis à part les gazouillements, un silence pesait sur l'endroit. Un long silence. Le rôdeur dormait toujours, recroquevillé dans son coin, son épaisse cape de fourrure sur lui pour le garder au chaud. Tout juste à côté de lui reposait son arbalète, un carreau reposait encore dans celle-ci. Pure précaution, probablement.

« CROÂÂÂ ! »

Avait lâché son compagnon, à l'extérieur. Un puissant cri qui se voulait être un véritable réveil matin pour le rouquin. Au son, il bondit sur ses pieds, en toute hâte, empoignant l'arbalète au sol durant la manœuvre. Puis, brusquement, il fit irruption à l'extérieur de la maison pour voir l'animal, couché dans l'herbe, sous un arbre, la mine encore fatiguée. Un bâillement , ce n'était qu'un simple bâillement. Visiblement soulagé, il accrocha la petite arbalète à son ceinturon, bien fermement, tout en prenant bien soin d'y retirer le carreau déjà encoché. Ce genre d'arme pouvait se déclencher à n'importe quel instant.

Il remplit sa gourde au puit, avant de se diriger vers son compagnon qui se redressait aussitôt. Il avait compris. Les deux reprendraient le chemin de la forêt. Il n'y avait plus aucune raison de rester ici, en retrait; Systéria les attendait de nouveau.

« Pourquoi serais-ce différent, cette fois..? »
Parce qu'il avait des amis sur qui il pouvait compter, cette fois..


Post by Nathan Herlaer, AD - December 13, 2010 at 8:03 PM

*Les jours s'étaient enchainés très rapidement, pour le jeune rouquin. Épreuves physiques par dessus épreuves physiques, mélangés à des épreuves mentales par dessus une poignée de pensées qui n'avait cessées de le hanter. Il n'avait pas mangé depuis au moins trois jours, c'était là le nécessaire pour la recherche de son totem qui aurait lieu très bientôt. *

« Blessures physiques, blessures psychologiques, mélangé à un soupçon de faim et de sommeil; les meilleures conditions pour faire une introspection. »
Son horaire n'avait pas été trop difficile à suivre. Une journée et une nuit hors des murs protecteurs du Quartier pour réfléchir, loin dans les bois, là où il pourrait être seul. Une journée et une nuit au Quartier, à errer sur sa jambe qui le torturait. Pourquoi ne pas plutôt s'asseoir au lieu de se faire du mal ainsi? Cette blessure lui rappelait simplement que d'agir à l'aveuglette, guidé seulement par des émotions négatives n'attirait rien d'autre que du mal.

Puis, la dernière journée et la dernière nuit : le Temple de Lathan l'avait accueillit, malgré les recommandations d'Astria. Il devait se reposer, qu'elle avait dit. Sa jambe serait finalement guérie dans les prochains jours, mais pas à temps pour la Cérémonie. Il n'en avait rien à faire, la béquille qu'il traînait avec lui était là pour l'aider. Il ne pouvait pas s'arrêter là, ça jamais. Il devait passer au moins une nuit au temple, il ne pouvait pas faire autrement. La nuit au lit devrait attendre, il s'en remettrait, de toute façon, mais, la Cérémonie des Totems ne pouvait en aucun cas être repoussé. Il y participerait, même si cela impliquait que sa jambe devrait prendre encore du temps pour se remettre...

Le rôdeur poussa doucement les portes du Temple de Lathan. L'endroit était parfaitement calme, complètement désert. Le lieu propice pour son recueil. Ici, il ne serait probablement pas dérangé. Personne ne penserait à venir le chercher ici, en premier lieu. Ils ne l'avaient probablement jamais vue rôder dans les environs de ce temple, sauf pour les visites du Quartier aux nouveaux membres, de toute façon. Il déboucha la concoction que la druidesse lui avait offerte, la potion qui était sensée apaiser la douleur pour la nuit. L'intervention pour sa jambe ne s'était pas faite dans toutes les douceurs du monde, mais, il avait vue bien pire. La douleur commença à se réveiller, une douleur qui naissait au milieu du genoux pour se propager dans le membre du jeune homme. Sans plus attendre, il engloutit la potion, puis, il se laissa tomber assis sur le sol, dans une pièce à part, dans le temple de celui qui régissait la Balance; celui qui représentait le juste Milieu.

Les yeux clos, le jeune rôdeur s'abandonna à un calme et un silence presque mystique. Immobile, au milieu de la petite pièce, il se perdait dans son « lui » intérieur.

Les pensées se réveillèrent doucement. Des pensées qui remontaient jusqu'à son départ d'un endroit qu'il avait sût adorer, mais qu'il avait particulièrement détester, aussi : le continent Ouest. Ses yeux se plissèrent, un bref instant, alors que d'autres pensées refaisaient surfaces, celles qui marquaient un trait sur le « départ » pour se concentrer sur son « arrivée ». Le continent Ouest était loin derrière, laissant désormais place à l'immense cité qui avait sût l'apprivoiser. Un apprivoisement réciproque. Le reste de la nuit s'annonçait similaire...

« Les pensées déboulaient et les souvenirs affluaient.
Père et mère ingrats, frère stupide.
L'appel de la nature, l'abandon d'une sœur.
Le départ et l'arrivée.
Puis.. »
Des pensées plus douloureuses refaisaient surface, dans l'éternel silence de l'endroit. Ce n'était qu'une simple épreuve à surmonter. Une seule...
La Cérémonie approchait, la recherche l'animal totem aussi. Bientôt, la forêt accueillerait de nouveau le rôdeur, les bras grands ouverts. Du moins, c'est ce qu'il espérait.


Post by Nathan Herlaer, AD - December 14, 2010 at 8:10 PM

« Marche, marche, marche, petit animal blessé. Marche, marche, marche, laisse la douleur te guider. »

Le rôdeur se déplaçait à travers les bois depuis un long moment, déjà. Le Nord-Ouest, c'est le chemin qu'il avait décidé d'emprunter en quittant le lieu de départ le dernier. Béquille sous le bras, il s'était dirigé à travers les arbres comme un véritable automate, refermé sur lui même. Il s'était déplacé jusqu'à ce que la douleur de sa jambe ne lui permette d'aller plus loin. À partir de ce moment bien précis, il savait qu'il serait seul. Seul dans un paisible silence. Seul avec lui même. Et loin..

Il s'était finalement arrêté. Posant doucement sa main contre l'écorce d'un arbre, le jeune rôdeur se laissa glisser sur celui-ci pour terminer sa course sur le sol de la magnifique forêt. Sa tête vint s'appuyer délicatement contre le grand arbre, alors qu'il dirigeait son regard calme, marqué par la fatigue, sur la voûte céleste. Le ciel s'était obscurcit, quelques gouttes finissaient leur course contre le visage du rôdeur. Quelques fines gouttelettes qui se transformèrent bientôt en une pluie beaucoup plus soutenue. Il ne pouvait pas espérer mieux, la pluie avait un effet calmant sur lui. Il vint clore ses yeux doucement sous la magnifique mélodie de la nature, une mélodie que le berçait, qui le calmait. Une mélodie qui endormait presque la douleur à sa jambe. Presque.

« Crish, crish, crish. »

*Un bruit. Des pas. Des pas dans l'herbe, tout près de lui. Ses sens étaient endormis, fatigués, épuisés. La provenance du son ne lui vint pas immédiatement. Ses yeux s'ouvrirent, rapidement, pour scruter les alentours. Il était loin, très loin. S'il s'agissait d'une créature hostile, il ne pourrait probablement pas s'en sortir. Pas dans cet état. Brisé par la faim, la fatigue et la douleur, sans aucune arme mis à part une béquille; il n'était qu'un animal blessé inoffensif, relâché dans la forêt. Il se redressa donc, précautionneusement contre l'arbre, en s'appuyant sur sa béquille. Silence total. Le vent animait le feuillage des arbres, sans qu'aucun son ne vienne jusqu'à ses oreilles. *

« Crish, crish, crish, crish. »

*L'herbe bruissait toujours sous le bruit des pas. Des pas qui, plus il s'y attardait, plus ils semblaient lents. Une démarche fatiguée. Un animal blessé? Un autre membre qui cherchait son totem? Il secoua la tête, brusquement, pour reprendre sa marche. Il devait savoir d'où provenait le bruit et s'en éloigner. Il brisait sa concentration. Alors qu'il entama sa bien courte marche, le rôdeur s'effondra sur le sol, tirailler par la fatigue, épuisé, brisé. Quelle idée il avait eut de s'engager dans une entreprise aussi difficile dans cet état? Il se redressa du mieux qu'il le pouvait pour aller s'asseoir contre le même arbre qui l'avait abrité, emmitouflé dans sa cape, la pluie s'arrêtant brusquement contre l'épais tissus de celle-ci. *

Une grande inspiration, un soupire, suivit d'une expression de surprise. Un mouvement sous sa cape, très léger mouvement. Quelque chose s'y était engouffré. Doucement, il porta une main à celle-ci, la relevant délicatement, prudemment. Puis, il fut frappé. Frappé de stupeur. Frappé par ce qui se trouvait sous la bout de tissus. Un renard. Le renard, complètement trempé, s'était réfugié sous la cape du rôdeur, comme lui s'était réfugié sous l'arbre. Le même regard stupéfait traversait celui du regard pour fixé le rouquin. Il restait là à le fixé puis, contre toute attente, l'animal se redressa pour s'éloigner du rôdeur.. D'une démarche boiteuse, fatiguée, tiraillée. Un signe ou un pur hasard..?

Le jeune homme observait l'animal quitter, sans un mot, sans un mouvement. Il était complètement figé. Jusqu'à ce que le canidé s'immobilise pour lui jeter un coup d'œil. Un simple coup d'œil ou une invitation à le suivre..? Animé par une toute nouvelle force, bien temporaire, le rôdeur se redressa pour lui emboiter le pas pour, très rapidement, se faire devancer par l'animal et le perdre de vue derrière un arbre. Il laissa la pénombre l'envelopper, juste le temps de reprendre ses forces pour le retour.

« Un.. Renard roux.. »