Inspire, expire...

Inspire, expire...

Post by Hydre, gdo - December 19, 2010 at 10:17 PM

Inspire, petite chose. Ton heure n'était pas venue.

Me sentent-ils? Sûrement. Le contraire serait étonnant. Inspire, défroisse tes poumons. L'air passe avec une douleur jouissive. Quel bonheur, quel malheur! Une rafale d'air qui viole mon intérieur. Retournée à sac, dévoilée, flétrie, remise, morte, née. Petite hydre, oh, petite hydre...

L'hydre est un pluricellulaire complexe d'apparence végétale. Génétiquement il est le seul être vivant dont on ne comprend pas le vieillissement, et que des généticiens considèrent comme immortel, notamment grâce à ses capacités génératrices.

Ça lui aura pris du temps, à ce monstre. Des années en fait. Dans sa cellule lugubre. D'où l'humidité poissait des murs. L'odeur de moisissure était omni-présente. Un cancan de voix circulait dans la pièce. Un "hum" continu. À l'unisson. Des voix, par dizaines, par vingtaines. Des voix, si unies qu'on les auraient crues unique. Les pieds de la bête, nus, sur la pierre froide. Les orteils qui pianotent à apprécier la texture rugueuse du sol. Les joints du parquet de roc grattaient contre la plante des pattes de la chose. Et des mains, le hurlement des pages d'un livre ancien, qu'on torture, à en tourner les pages.

Vous y aviez cru, avouez?

Sa disparition...

Mais allons. On est hydre ou on ne l'est pas!

C'est ainsi. Les plus dégourdis pourraient peut-être ressentir une quelconque énergie, émanant d'un objet tout aussi quelconque. Les concernés se reconnaîtrons. D'autres, s'en doutant, auraient surveillé les lampadaires dans la nuit, espérant les voir s'éteindre subitement sur son passage. Ou encore, on aurait scruté les sons, très tard, en espérant le silence complet, celui qui annonçait son chant. Ceux-là n'eurent aucune satisfaction. Bien qu'on dit qu'il y eu un moment, lorsque la lune était à son plus haut, où un coin de la forêt devint les lieux d'une ténèbre égérie...

Mais les on-dit... Souvent, sont fabriqués par ceux voulant faire les intéressants.


Post by Vorace, GdO - December 22, 2010 at 10:02 PM

Promenons nous à Systéria,
Quand les gardes n'y sont pas,
Si ils y étaient, l'Inconnue partirait!
Mais comme ils ne sont pas là, l'Inconnue reste là!

Comptine enfantine dans la tête moins enfantine de cet être aux manières féminines. Rebroussant chemin le long de la rivière, trottinant tout en prenant l'air. Sa capuche bien basse, son air se faisant las, il cherchait, ses billes noires, dans le bleu profond de cette rivière sans fond, cet être qui avait fait pour lui, tant de bonheur dans les tréfonds.

Joie amour et... prospérité dans un monde animé, de haine et de colère, c'était si bon de se sentir dans son élément, le chaos. Images et pensées désordonnées, un bocal à la main, dans l'autre une éprouvette, elle pêchait, quoi de plus humain? Riez.

Paroles lugubres, chant de la lune qui s'en vient à combler le ciel, de son image terrifiante ou même attirante pour celui ou ceux qui sauraient y faire. Mais le Vorace divague: Vague! Alors que ses mains se couvrent du liquide incolore, inodore, indolore? On en veut encore.

Ses yeux s'illuminaient, de cette folie maladive, enfin il la trouvait! L'enfermant alors, dans son si triste sort, dans les mains d'une telle immondité. Son coeur battait à tout rompre. Inspire, tes poumons se gonflent, expire l'air noir de l'art noir maniant avec perfidie les mots, mélange, secoue, agite l'eau.

Rire perçant, te voici pris au piège, Vorace t'a trouvé la première, te prendra t'il dans son cortège? Ou donnera t'il ton nom afin que les autres essaient en vain de te manger à l'unisson. Ne sait il pas encore, il hésite, il l'amène chez lui, son vrai chez lui, là ou il n'éprouve aucun ennui. Il la pose sur sa table de travail, se met à son niveau et la regarde.

"Petite hydre d'eau douce, que tes bras poussent, que ton sang se régénère, mais au grand Dieu, que personne mis à part moi te vénère. Un si joli résultat. Encore là, tu es un émoi, rien qu'à moi. HAHAHAHahahahaha!"

Etait il l'heure de faire tourner cette rumeur? Pas encore, attendons l'aurore! Pour le moment, seule dans son bocal, les bras de l'hydre se propulsaient, harmonieuse, flottante, volante dans l'eau de son marais, enjôleuse, presque. Une vie en vaut trois, trois vies ne valent rien, et rien ne vaut l'hydre...


Post by Vorace, GdO - January 30, 2011 at 1:48 PM

"Dialogue de sourd,
Le monologue animal,
Hydre mon coeur est lourd,
Ton absence me fait mal."

"Si l'hydre était là, elle serait fière de moi."

Disait la forme sombre dans des laboratoires inconnus, manipulant avec précaution le bocal contenant le petit animal nu, qui s'agitait et qui bourgeonnait. Car oui, une hydre bourgeonnait pour se reproduire, formant alors, soit des colonies soit un nouvel animal, exactement identique à l'original. Vorace était fascinée par ces miracles de la nature, Ohé l'assemblée, un être abandonné, cela ne vous ferait il pas du bien dans votre guilde actuellement insécure?

Il éclata de rire, folie qui s'exalte de son corps encore une fois.

"Tais-toi sale ingrat!"

De ses mains gantées de soie, un crissement se fit entendre alors qu'il ouvrait le contenant, venant glisser une pince, sortant l'un des petits animal grisonnant. Il l'approche de son oeil, pupille injectée de sang, dilatée, il la pose ensuite sur la paillasse précautionneusement. D'un geste sec il l'écrase, à l'aide d'un pilon, ses dents se serrant, le coeur battant.

"Tu meurs tu revis, tu repars et reviens, et tu me laisses tout seul ici, je ne me sens pas bien. Pourquoi me laisses tu pourrir aujourd'hui alors que je n'ai jamais atteint ta vie. Je veux que tu respires, que tu inspires, que tu expires, mais surtout que tu reviennes me voir, que tes mains caressent de nouveau mon crâne... Je hais ton absence et je t'aime mon hydre..."

Sa voix d'outretombe alors mélangeait l'hydre broyée à un solvant et à un alcool, pour ensuite laisser le tout décanter. Que préparait il? Le retour de l'hydre? Nous le savions tous, qu'un être n'en avait pas les capacités. Mais existait elle encore seulement? Tous les mots de ce fou, semblaient encourageants. Systéria devrait elle de nouveau subir ces têtes multiples dans les rues le soir?

De nouveau un rire, après trois heures à manipuler sa nouvelle expérience, un résultat positif pour les ombres, négatif pour Systéria. Et parmi ce nombre, seuls quelques uns se vanterons d'être au courant de ça.

Son pas dansant, délicat, elle s'encapuchonna, remontant à la surface, se baladant en basse, et qui vivra verra...


Post by Hydre, gdo - February 1, 2011 at 1:42 AM

Un, deux, trois,
Une berceuse pour enfants,
Quatre, cinq, six
Au bord du précipice...

Un corridor. Long et étroit. De chaque côté, il semble ne jamais s'arrêter. D'un côté, une lumière chatoyante. Chaude et invitante, une invitation à la caresse, à la détente. De l'autre, froid et humide, l'obscurité. On dit toujours que le chemin le plus facile est souvent celui qui ne mène à rien. Mais celui qui choisit avance, lui.

Une promesse. Une seule.

Du plus profond de son âme, elle hurle son désarroi. Mais à la surface, rien. Le gris de la pierre, le bleu du ciel. Les oiseaux ne se sont pas envolés de frayeur, les grillons ont continué de chanter. La vie continue, la sienne en suspens.

Que peux faire une hydre, lorsqu'on l'a privée d'eau. Incapable de vivre, incapable de mourir. La lumière, les ténèbres. Où son premier pas la mènera?

Elle caresse la poignée de la porte qui la tient sagement en place. Comme le crâne du dernier enfant qu'elle aura pu embrasser. Elle l'observe, une étincelle de lumière en jaillit, en réflexion au grillage qui lui sert de fenêtre, dans le dongeon qui lui sert de chambre. Est-ce là un indice de direction...?

Psaumes:

Dans les ténèbres de ton silence,
Je plonge, je plonge
Au fond de moi, un coeur, patience,
Je plonge dans mes songes.

À tatons, dans un chemin biaisé, omniprésence
Obstacles hypocrites, me rongent
Fils, libère-moi de mon absence
Brise mes chaînes, bois mon sang, éponge...

*De quel côté ira le premier pas... *


Post by Vorace, GdO - February 9, 2011 at 5:32 PM

Rien qu'à lui, elle demeurait rien qu'à lui,
Elle demeure rien qu'à lui,
Elle demeurera rien qu'à lui.

"Pas à pas l'on se rend compte,
qu'il n'y a pas de pas qui mène à la patience,
de retrouvailles qui ne se feront pas ici."

Après avoir écrasé son hydre, il continua ses paroles lugubres dans cet endroit salubre ou insalubre. Léchant l'animal mort, le goûtant, et dans une pulsion malsaine, il le dévore. Sa langue pourlèche ses lèvres ayant gardé un peu de ce liquide âcre, ses yeux noirs, ténébreux, se posant sur les restes de ce petit animal, véritable massacre. Il s'arrête comme une illumination soudaine alors qu'il terminait de mastiquer cette chose sans vie. Délaissant tout son matériel dans une nouvelle envie.

Ses pas, à la fois léger et résonnants, descendaient des marches, en remontaient, passant sur son corps d'autres vêtements, délaissant ceux de son laboratoire, véhément. Retourner au donjon, ou était enfermée sa perle rare. Vorace jubilait de la savoir enfermée dans cette prison, rien qu'à lui, elle demeurait rien qu'à lui, elle demeure rien qu'à lui, elle demeurera rien qu'à lui.

Journée de marche en plein air, loin de cette ville, loin de ces laboratoires, loin de toute cette agitation, de ces moeurs, de ces histoires de coeur. L'inconnue divague de façon franche dans ses pensées, loin de tous ces doutes, de toutes ces coucheries entre thaariens, de ces hypocrites ayant blâmé pauvre Emilien, qu'ils meurent tous, dans le vomi de Thaar, le prince noir règnera, sous l'égide d'Enyde Ma.

Ardeur cachée trop profondément dans son âme, habitué du coin chaud, il les blâme, d'avoir entendu toutes ces rumeurs, que tous se meurent. Leurs corps écartelés et leur membres percé de leurs lames. Remontées, pulsions meurtrières, trop longtemps mises de côté. Mon esprit se remet à fonctionner comme il y a des années, je me sens libre, de tout, je reprend le contrôle de moi, de nous, de tout. Mon corps m'appartient, mais pour combien de temps encore? Je vois encore une fois de plus l'aurore qui se pointe derrière cette prison.

"rien qu'à moi, elle ne demeurera rien qu'à moi. Pourquoi la partager? Pour qu'elle recommence comme avant, nager un peu avant de couler?"

Je me devais de lui rendre visite, faire vite, le temps s'écoule et glisse sur l'hydre sans conséquences, alors que sur mon corps il en devient une douleur, en abondance. Mais parfois voir n'est pas ce qu'il y avait de mieux pour l'Inconnue, pourtant le corridor était désert, il n'y avait pas cet autre inconnue.

Un parchemin, fut glissé, frottement de papier contre le sol.
Le contenu, vous vous en douterez, ne regarderait que celle à qui il était adressé.

A la fin de cette journée, la silhouette, rentrait en moyenne, dans son quartier, passant au coin chaud pour écouter les ragots, terminer sa nuit dans ses propres cachots, loin de sa prisonnière, mais tous les deux au chaud.


Post by Hydre, gdo - February 9, 2011 at 8:23 PM

Esclave de ma solitude.
Je réalise tristement qu'on a probablement jamais rien saisi à mes oeuvres.


Ôde à la mère, créature incomprise.

Dans un ciel jaune de chagrin,
je m'aggripe aux pointes de la tangente.
Triangle infernal de cet univers.
Absolu de la dérision.

Tu n'es pas.

Moi non plus.

Rien de plus que le soupir d'une femme
suite à l'orgasme,
le bruit d'un battement d'ailes
d'un papillon.

Plus que le moment précis
entre l'éveil et les rêves.
Ces choses insaisissables
qu'on oublie plus vite que l'on s'en souvient.

Oh, mon fils...

L'as-tu compris.
M'as-tu comprise

L'essence même de notre mission...

Le doute. Oui. Le doute.


Regarde les lavandières. Seules ou en groupe, sur le bord de la rivière. Avec leurs longs draps souillés. Elles s'affairent à les frotter, à les savonner, à les essorer. Une fois que l'on croit qu'elles ont terminé, elles recommencent à nouveau. Encore, et encore. Ces couvertures si sales. Elles travaillent à les rendre immaculées, à nouveau.

Je suis une lavandière. Et, dans l'attente que l'eau ne revienne dormir sur le lit de mon passage, j'appose à la fenêtre, ce drap encore bien sale. Car même si l'on est lavandière, si nous n'avons pas d'eau, il est impossible de mener à bien notre devoir...