Retrouvailles Minor; une venue impromptue
Post by Aurélia Gaea Minor, OdS - February 10, 2011 at 2:17 AM
Un ciel orageux, drapé d'un manteau nuageux épais déversant ondée après ondée, voilà ce qui surplombait la besogne quotidiennes des badauds du port de Systéria ce matin là. La pluie les glaçaient jusqu'aux os et tous tentaient tant bien que mal de trouver abris ne serait-ce qu'un instant avant de retourner charrier les divers arrivages des navires marchands étant arrivés à bon port au courant de la nuit et au petit matin. Vivres, matériaux en tous genre, correspondances, tout y était dans un ramassis plutôt disparates.
Gustave n'en était malheureusement pas épargné, à son grand dam, lui qui aurait préféré une matinée calme, bien au chaud à la maison auprès du feu. Il en rêvait depuis déjà un bon moment. Se lever aux premières lueurs du jour, transporter caisses et barils sans relâche jusqu'à sa tombée... C'était éreintant, à la limite de l'agaçant en temps peu clément, mais hélas, aussi une nécessité qui lui était impossible d'ignorer; c'était après tout un revenu sûr, une façon bien honnête de gagner sa vie...
- “Hey le jeune! Cesse donc de te perdre dans tes rêveries de ta belle Sandrine et trie moi ça, elle a été oubliée c'matin!”
Tiré de sa torpeur par l'aboiement de son superviseur de quai, le jeune homme attrapa de justesse la poche de lin tissé qui lui fut lancée sans avertissement aucun, échappant un faible cri suite au geste soudain faisant s'esclaffer un court instant les quelques marins et autres ouvriers tout près. Il fit une tentative de protestation qui ne fit qu'échouer lamentablement. Il se mit à la tâche, ouvrant la poche pour en inspecter son contenu sommairement d'une main las et bien peu concentrée, désintérressé. Des plis, des parchemins enroulés fermement scellés de sceau sur lesquels il n'avait jamais posé les yeux de sa vie, sur lesquels il ne poserait sans doute pas les yeux une nouvelle fois du reste de sa vie en fait. Il soupira; il n'y avait pas pire que de trier le courrier, particulièrement celui des nobles... Il imaginait bien leur requêtes farfelues, leur échanges et potins, et ce fut assez pour lui soutirer un faible sourire alors qu'il entra dans l'entrepôt et s'affaira à démêler le tout. Le seul bon coté, quant à lui, était qu'il pouvait maintenant être au sec, ou du moins ce qui s'en rapprochait le plus pour l'heure.
Au sec, oui. Pour longtemps? Absolument pas. Il réalisa bien assez tôt que cet oubli du matin le forcerait à encore une fois endosser le rôle de messager de fortune. Dans l'amas de lettres et parchemins trônant pêle-mêle devant lui, il en avait déjà aperçus quelques-uns destinés au temple. Il poussa un soupire exaspéré; les messagers partaient très tôt le matin, la correspondance était une priorité pour les hautes instances de Systéria. Était-ce si difficile de vérifier si tout y était? Mais non... C'était encore lui qui devrait perdre une bonne partie de sa journée à marcher pour traverser la cité, et aujourd'hui sous une pluie qui ne montrait aucun signe de dissipation. Tout cela parce qu'on ne faisait pas attendre le temple ni l'ordre. Les rumeurs disaient qu'ils en avaient brûlé pour bien moins que ça. Gustave n'avait aucune idée de tenter la véridicité de ces racontars.
Laissant le reste en plan, il s'empara des quelques plis à destination du temple et entreprit sa marche, se surprenant à mainte reprise à souhaiter, prier Thaar lui-même d'obtenir une éclaircie quelconque. Il maudissait chacune des gouttes trempant sa tunique de laine davantage et il tentait tant bien que mal d'éviter les énormes marres qui s'étaient créées petit à petit dans les rues inégales de la basse ville. Ses chausses chuintaient sur le pavé, il grelottait mais cela ne l'empêchait pas d'avancer d'un pas pressé.
Un long moment passa, tous et chacun accompagné d'un grommellement, d'une plainte à mi-voix du messager improvisé. C'était un homme de la mer, s'aventurer aussi profondément en ville, dans ce quartier... C'était pour lui un immense fardeau, bien que démesuré et exagéré. Il lui répugnait simplement de perdre une demie journée de travail.
Heureusement, il était parvenu au temple sans embûches, si l'on omet sa presque chute mit sur le comptes des dalles de pierres détrempées des allées. Si l'on omet cette calamité diluvienne et comment, pour ces deux raisons, Gustave échoua à conserver les trois menus plis au sec et en parfaite condition.
Il avait enfin traversé les jardins du temple, atteint son entrée et pu enfin entreprendre la livraison de son fardeau du jour à qui de droit laissant derrière lui d'innombrables trainées d'eau. Le pauvre pouvait être pisté de cette façon si aisément et s'attirait déjà les foudres des quelques disciples et gardes dérangés par son passage mouillé et chuintant. La mine désormais morne, il se jura de ne plus s'y faire prendre au moment même où il pénétra dans la salle d'entrainement où, l'en avait-on informé, se trouvait le deuxième destinataire.
C'est un jeune homme tout à fait piteux et trempé qui s'avanca vers Lucius alors que celui-ci s'adonnait à son entraînement matinal. S'éclaircissant la gorge, prenant voix bien que cette dernière était quelque peu éraillée, il l'interpella d'une manière incertaine, tendant de ce fait la missive portant le sceau familial, cette dernière étant humide et plissée, n,ayant vraisemblablement pas eu un voyage adéquat, l'encre s'étant diluée quelque peu à certains endroits:
- « M'sieur Lucius Flav.. ius Minor? »
Lorsque ouverte, Lucius pu reconnaître l'écriture soignée et impeccable mais tout de même parsemée de fioritures plus frivoles ça et là de sa soeur cadette.
Lucius,
mon très cher frère,
je crains que cette missive ne soit l'usuel échange de nouvelles. En effet, je t'annonce que bientôt nos chemins se croiseront à nouveau. D'ici quelques jours je prendrai la mer et entreprendrai mon périple vers Systéria. Je pris déjà depuis plusieurs jours pour que celle-ci soit clémente à ma traversée.
Il me tarde d'enfin la découvrir, Systéria, de la voir de mes yeux suite à tout ce que toi et dame Shandri m'avez partagé à son sujet. Il me tarde également d'enfin vous revoir tous les deux.
Je tairai ici les détails de la cause de mon séjour qui se voudra possiblement prolongé. Tout te sera expliqué de vive voix, à mon arrivée.
Avec espérance que ma venue ne te sera pas trop impromptue.
- Aurélia
Le jeune messager improvisé s'éclipsa alors prestement, désireux de regagner au plus vite le quartier portuaire et de reprendre ses tâches habituelles. Il grommela à nouveau à sa sortie du temple, ayant presque oublié la pluie et fit trajet contraire, le dos voûté, tâchant tant bien que mal des conserver le peu de chaleur corporelle pouvant lui rester.
Quelques instants suivant son retour au port, une éclaircie se fit entrevoir, grandissante et la pluie s'estompa graduellement. Il leva les yeux au ciel, le regard assassin, lâchant, exaspéré:
- « Ah! Bien évidemment hein!! C'est maintenant que tu te décides! »
Post by Lucius Flavius Minor, Ods - February 10, 2011 at 11:16 AM
C'est sous les bruits éclatants des lames de bois qui s'entrechoquaient les unes contre les autres que le jeune messager fit son entrée dans la salle d'entraînement. La température matinale étant peu favorable aux exercices extérieurs, nombreux protecteurs du saint ordre c'étaient réunis ce matin là à cet endroit afin de parfaire leur discipline martiale.
Le pauvre messager improviste détrempé de la tête aux pieds tenta tant bien que mal de se frayer un passage sans être assommé parmi tous ces hommes qui s'échangeaient des coups puissants. Intimidé par la force et la grandeur des protecteurs, il tenta de discerner sa cible afin d'accomplir sa tâche. Au cœur de la petite arène se retrouvait effectivement le gardien Minor, dans un combat singulier contre un jeune acolyte de l'ordre.
« La garde haute à tout instant Olivier. Seuls les lâches abaissent leur bouclier au cours d'un combat et tu n'en n'est pas un. »
Le jeune acolyte s'inclina devant son précepteur afin d'excuser ses fautes. Bien que le gardien Minor était exigeant envers ce dernier, il n'en restait pas moins fier de ses progrès. Le paladin offrit d'ailleurs un sourire à son élève, son regard clair dévia toutefois brusquement par dessus sa propre épaule alors que l'on l'interpelait.
« M'sieur Lucius Flav.. ius Minor? »
D'une voix posée et grave Lucius répondit alors à l'appel.
« Par ici mon brave, approchez.. »
Les deux individus échangèrent un long regard alors que la main à présent dénudée du paladin vint recueillir le précieux écrit. Sans doute que le messager maugréait toujours en silence sur les raisons de sa venue en ces lieux, mais Lucius lui offrit tout de même un sourire compatissant pour sa piètre condition accompagné de quelques pièces pour le remercier de son service.
Son visage figea soudainement comme s'il venait d'être percuté par la foudre. La bouche entre-ouverte, il demeura silencieux à contempler la marque familiale qui couvrait la lettre. D'un geste singulier du chef, il pria les deux individus de prendre congé alors qu'il se retira lui-même dans ses appartements à l'étage.
Fébrile, Lucius décacheta la missive afin d'en lire le contenu. Ce n'est qu'après quelques secondes qu'il souleva le regard vers les «cieux », souriant et soulagé par cette nouvelle apaisante. Il y avait longtemps qu'il n'avait pas eu de nouvelles en provenance de ses contrées natales, celles-ci ne pouvait que le réjouir bien qu'elle su éveiller sa curiosité quant aux motifs de cette éventuelle visite...