C'en était fini de Valir Menrul

C'en était fini de Valir Menrul

Post by Aube Minh Yu, AdM - March 14, 2011 at 9:16 PM

Quelque part, dans le Nord systérien...

L’air est glacé, ici, et pourtant me brûle à chacune de mes respirations. Mais la beauté est indescriptible, malgré les créatures nuisibles peuplant ces contrées désertiques. Accroupie sur un amoncellement de glace et de neige, sous les couleurs immaculées de Majère, j’observe les moindres traces dans la neige. Je ne suis ni pisteur, ni roturier, et je sais que les pas imprégnés ne me seront d’aucune utilité. Aux dernières nouvelles, celui que je chasse se déplaçait autrement. Mais reconnaître des pistes me réconforte; je ne suis pas seule contre lui. Si le froid m’atteint fatalement, il se peut que l’on retrouve ma dépouille. Et je songe aux miens devant ma propre mort. Un frisson me traverse l’échine, relevant plus du désespoir que du froid.

Malgré mon avancée constante dans ce Nord glacial, le paysage ne change pas. Où es-tu, Valir Menrul? Je souris en songeant à sa fin, à sa perte, bien que mon visage ne le démontre sans doute pas suffisamment. J’avais songé à l’endormir et le laisser mourir de froid. Mais celui que je chasse aurait sans doute la force de repousser mes attaques. Non, non… Je lui réserve la sorcellerie brute, celle que manient habilement les femmes de mon domaine. Le poison lèchera sa chaire, et le temps qu’il prononce les mots curatifs… Kal Vas Flam. Celui que je chasse songerait à se protéger du froid de ces étendues qu’il hante. Le feu purificateur débarrassera Enrya de Valir Menrul.

Valir Menrul…! Je le perçois enfin. Et ses yeux, des taches luminescentes, sont fixés sur moi.

Je ne saurais dire quel sortilège me fut le plus fatal. Ni celui ayant été le mieux contré. Mais sans vraiment comprendre ce qui m’arrive, je me retrouve agenouillée auprès d’un cadavre endommagé par un feu éthéré, et le sang entachant le sol n’est pas le sien. Je ressens la lente descente tiède de mon propre sang, coulant de mes lèvres à ma gorge, entachant le cuir blanc saillant mon corps. Si je ne me sentais pas aussi faible, si la douleur ne me figeait pas sur place, j’ai cette intuition que je rirais, que je rirais très fort d’être celle ramenant la dépouille de Valir Menrul aux systériens.

Un tremblement incontrôlable me gagne, et je comprends que je ne suis même plus en mesure de soulager ma souffrance. Prononcer la moindre syllabe d’incantation me semble être une épreuve titanesque. Mes mains parcourent la dépouille grotesque de Valir Menrul, et l’odeur de chaire brûlée manque de m’achever, tant elle est forte. Mes mouvements sont saccadés, me faisant gémir et me plaindre, mais je sens bientôt la forme d’un flacon. Je ferme les yeux à la recherche de concentration, soulagée de ne pas avoir brisé cette fiole curative lors de notre rencontre…


Je ressens l’éther engourdir la moindre parcelle de ma peau. C’en est trop. Je titube vers un autre monde, et la chaleur nouvelle ne m’est pas agréable. Des hommes vêtus de vert me dévisagent, incrédules, alors que j’extirpe de peine le cadavre de ce passage sélène. La caserne Mercenaire. Je perçois, je crois, le visage sombre de Stornaar empreint d’inquiétude malgré sa sévérité.
La chaleur devient oppressante, suffocante…

Je tangue jusqu’à m’effondrer, incapable d’en supporter d’avantage.


Post by Valir Menrul - March 14, 2011 at 9:21 PM

La Vie s'efface peu à peu.
L'Astral se dessine enfin.
Avant de partir, il se retourne vers son hybride bourreau.
Enrya est déjà loin.

Alors qu'un infini torrent d'esprits et de peines s'approche bruyamment de lui,
il adresse un dernier regard
au gigantesque tyran qui guide l'avancée de cette éternelle légion,
Le Prince Noir.