L'Offrande
Post by Brehan de Nogar, OdS - September 1, 2011 at 7:57 AM
Le goût du sang qui remonte jusqu'au bord de mes lèvres, mes genoux qui faiblissent de plus en plus, cette douleur vive ne me quitte pas et qui ne va qu'en s'intensifiant. C'est ainsi que je me dresse sur le bord de l'agonie dans ces ruines sombres qui me semblent si familières. Puis un bruit métallique, sourd et régulier, tinte pour ramener en moi un moment de lucidité. Cette silhouette inhumaine du champion de l'ombre s'approche de moi pour terminer son travail. Sa large lame qui s'est nourrit de mon propre sang s'élève au-delà de moi-même, alors que je tente d'appeler le soutient de Thaar, pour qu'il m'apporte un second souffle. Mais rien ne se passe, le moment semble figé, lorsqu'une voix retenti au loin, irréelle:
-Elle est mienne !
C'est alors que le souffle coupé, je me réveille en sursaut, le cœur battant à tout rompre. Un simple cauchemars, même si je ressens encore une brève douleur qui s'estompe petit à petit. J'ai froid. Un petit gémissement endormit provient de mes côtés, et la dernière parcelle de couverture me quitte en laissant mon corps victime de la température frisquette lorsque Asphodèl se tourne sur elle-même dans le lit. Comme à chaque fois, je suis surpris, puis elle parvient à apaiser mes préoccupations par sa simple vision... Cette cascade platinée et presque argentée qui recouvre son oreiller m'invite passer mes bras à sa taille, tout en tentant de regagner un peu de couvertures.
Au réveil d'Asphodèl, ce serait un lit vide, et une demeure qui l'est tout autant de ma présence, mais une caisse l'attendait sur la table, avec cette note:
Asphodèl, ma douce,
J'aurais aimé attendre votre réveil, mais ce que j'ai trouvé devant notre porte m'impose une recherche.
Un être a eu l'audace de déposer un organe, un foie, aux avants de notre porte entre tous ces réactifs que vous trouverez dans cette caisse.
J'ai disposé de l'organe. Bien que je ne trouve aucun sens à ceci, je tenterai de recueillir information, si quelqu'un a été vu à rôder dans la nuit.
J'aurais aimé vous épargner ce brusque réveil, mais si cela a du sens pour vous, peut-être saurez-vous m'éclairer?
Brehan
Post by Adjakyee, Ind - September 1, 2011 at 5:05 PM
Paul, ce Gardien qui patrouillait de temps à autre dans le quartier de l'Ordre, offrit aux aurores un témoignage embrumé à sa hiérarchie. Sans doute revenait-il de boire, avec son compère de ribote, le Mercenaire Thaegar Ledwynn.
**-Oui... enfin... une silhouette sombre. J'ai pas bien vu. Sans doute un mauvais augure. Un émissaire des ombres, qui planent sur cette ville... Avant que je puisse réagir... envolée. **
*À voir, maintenant, comment la chose serait interprétée. Y verrait-on les visions et interprétations d'un homme ivre du réveil au coucher? Ou le témoignage authentique d'un saint homme? *
Post by Asphodèl du Typhon - September 2, 2011 at 10:14 PM
La note brûla au bout des doigts blancs d'Asphodèl. Les cendres s'éparpillèrent pour l'auréoler d'une fugace couronne de poussière. La soie claire de son peignoir frôla délicatement le sol au moment où elle dirigea ses pas vers le coffre indiqué. Elle ne ressentait rien et anticipait peu de choses. Il semblerait qu'un puissant démiurge avait créé un monde de cire sur son visage, transposant l'opacité de l'indifférence dans son regard. Elle ne s'agenouilla pas pour ouvrir le coffre, mais lorsque un premier contact visuel fut pris avec l'organe offert, ses genoux ployèrent sous le poids du dégoût et elle manqua de vomir toute l'horreur qu'elle éprouvait. Elle referma le coffre en le claquant violemment. L'ombre de l'incompréhension et du courroux avait déjà brisé la glace qui la recouvrait.
Quelques coups à la porte furent salvateurs, et lui épargnèrent de noirs états d'âme. Stensa, la vieille nourrice zanthéroise, se présentait à la demeure de l'Inquisiteur avec humilité. Elle était rabougrie et courbée par l'âge. Les rides qui creusaient son visage alourdissaient ses traits qui jadis furent gracieux. Elle était l'image même du Temps, vulnérable et solidement ancrée dans le sol. Elle jeta un coup d'oeil à son ancienne protégée; un oeil aussi clair que l'eau de source, plus tranchant qu'une lame de cristal et plus dur qu'un diamant brut. Il terrifia Asphodèl, sachant que dans cette rétine de vieillarde toute la réprobation du monde brillait. Stensa désapprouvait cette longue crinière soigneuse mal coiffée, ce teint blême non poudré et ces cernes qui pendaient aux yeux de la blonde dame comme des cadavres se balançaient au bout d'une corde.
" - Votre père m'a chassé, comme il vous chassa. Je cherche refuge, désormais. Mon honneur m'interdit de mourir dans la rue, mais me permet de quérir à ma maîtresse un gîte et du travail décent. "
*L'oeil inquiétant darda son attention sur le ventre cintré de la jeune humaine. Toujours cette vieille tradition de l'esclavage. Stensa l'avait toujours été jusqu'à son arrivée à Systéria où Lyanna l'avait affranchie pour lui accorder le statut de servante et une paie ainsi qu'un traitement des plus décents. Mais il était difficile de gommer les vieilles mentalités et Stensa, née esclave souhaitait mourir esclave car comme elle le disait à ses protégés : "Chacun a un rôle à jouer dans le monde des dieux, aussi chacun doit garder la place qui lui est attribué à la naissance." *
" **- Entres alors, tu me donneras des nouvelles de Jalyne, Shared, Jon et Thaegar, ma fratrie. Mais également de mon père. **"
La vieille dame tituba jusqu'à un bac délaissé près des escaliers menant à l'étage. Elle s'y laissa choir dans un soupir rauque avant d'annoncer gravement.
" - Je vais plutôt vous parler de vos ancêtres. Oui...je vais plutôt vous parler des Lunenoire, car vous en abritez un aujourd'hui sous votre toit. Je veux que vous sachiez."[/list:u:gxc0d9rm]