Le Sang.

Le Sang.

Post by Asphodèl du Typhon - September 4, 2011 at 12:50 AM

Asphodèl observait son profil dans une glace, perplexe. Derrière, la vieille Stensa demeurait sobre et inexpressive. De toute manière ses milliers de rides cachaient presque tout de sa face. Sauf son éternel regard abritant des prunelles qui n'avaient jamais vieilli. La toute blonde délaçait son corset pour libérer son ventre encore plat et pâle.

- Cela se voit-il?

Sur ce souhait, Abellion entra talonné par son esclave noiraude. Stensa battit immédiatement en retrait dès qu'il alourdit la pièce de sa présence. Ce cher cousin ne commenta pas la dernière réplique d'Asphodèl, mais n'en pensa pas moins. Il la trouvait déjà grosse de toute manière, si certaines courbes féminines pouvaient être sensuelles, les siennes semblaient disgracieuses à l'avis élitiste du zanthérois. Ah, les femmes de Zanther, au sang-pur, étaient véritablement différentes, élancées et sveltes voire élégantes en tout temps. Elles avaient l'art comme la manière. Somme toute, elles étaient fatales. Asphodèl, elle, n'était que fade. On disait Lyanna Lunenoire Ledwynn la plus belle d'entre toutes, alors sa fille platinée n'avait rien hérité de cette légendaire beauté.

*Visiblement, il n'ignorait pas la condition de Stensa. Aussi obéit-elle, non sans dégoût, non sans peine. Elle était résignée. Depuis longtemps le feu de la révolte avait cessé de brûler en son sein, qui pendait jusqu'à sa taille osseuse. Asphodèl se garda de contredire l'ordre de son cousin, et le confirma d'un geste de tête plein de compassion pour la nourrice qui dut effacer toute trace de sa présence. La femme de l'Inquisiteur fit face à son sang avec toute la droiture qu'on lui connaissait. Son grand front blanc était porté haut, parsemé de ces fils d'or tissant la longue soierie de sa chevelure. Elle portait sur lui un regard arrogant coloré de milles feux. Ce petit air hautain qu'elle se donnait volontiers accentuait son étrange beauté et le malaise de celui qui pouvait la contempler. Mais Abellion ne la contemplait pas, il accordait son attention à une petite caisse ouverte d'où émanait une répugnante odeur. Quelques pas en cette direction lui permirent de voir le foie qui noircissait parmi les réactifs. *

Ce souffle timide était une sorte de salut, du moins le déduirait-il. Elle espérait occulter cette fascination inquiétante qu'elle avait développé pour le sang venu de Zanther; un sang partagé, mystérieux mais au passé au trouble. Elle n'avait pas oublié les histoires de Stensa à propos des Lunenoire, et elle savait qu'elle en cauchemarderait encore.
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Post by Le pénitent - September 4, 2011 at 1:18 AM

Le Sang.

Le regard détailla l'épouse de Nogar, détailla la vieille qui quittait la pièce, enfin dans ce manoir les choses étaient en passe d'être respectées, l'ordre naturelle de la ligue commençait à reprendre la main sur le laisser aller de la cité. Peut être un jour les batards et les monstres seraient t'ils confinés à des tâches qui seraient leurs, au sein des mines et au profit d'un travail dur pour la communauté qui lui ferait profiter et de leur labeur et de leur disparition, morts d'épuisement face à la charge de travail. D'un geste rapide de la main, il replaça l'une des mèches de ses cheveux derrière son oreille et détailla sa cousine, détailla le reflet dans le miroir et vint à se placer derrière elle, son regard se posant sur son corps, dans le reflet offert on remarquait bien que sa joue s'était colorée d'une auréole mauve due à une mauvaise rencontre sur les chemins attenants à la cité.

« Le temps ne travaille pas pour vous ma cousine, d'ici quelques mois vos hanches se feront plus fortes, votre poitrine se mettra à gonfler et vous devriez avoir le plaisir de passer votre temps à remettre vos repas. »
*Il détailla l'endroit un instant et puis son regard se posa sur la caisse qui contenait le foie, il était attiré par cette odeur qu'elle avait tenté de masquer à l'aide d'herbes, d'huiles essentielles mais sans résultat. *

« Avez vous pris les dispositions dont je vous ai fait conseil ? »
Le ton était agréable, tout comme le sourire, mais c'était se tromper que de tabler sur des choses visibles pour se faire une idée de l'état d'âme de l'homme. Impossible de savoir si il était heureux de rentrer au sein du bastion parce qu'il était avec son sang ou si c'était simplement pour éviter l'enfer que la fréquentation proche des autres races lui faisaient vivre. *Les chandelles de la demeurent éclairaient la pièce d'une lueur sourde et rougeâtre telles que les visions peuvent l'être dans les cauchemars, elle vit la main gantée de cuir prendre le foie et le lever à hauteur du visage, le détaillant doucement comme une nourrice pourrait détailler un nouveau né qui vient de pousser son premier cri et estimerait ses chances de survie dans le monde qu'il vient de découvrir. *

*« Ma cousine ? Votre mari laisse t'il toujours une part de lui quand il quitte la maison ? Est ce une coutume de la cité ? » *


Post by Asphodèl du Typhon - September 4, 2011 at 1:45 AM

- Non...je n'ai pas eu, Elle hésita sur le terme à employer mais il tomba comme le couperet vif d'une guillotine, Le temps..

Elle n'avait pas honte, mais luttait contre l'envie de se justifier. Après tout, il n'était pas son époux bien qu'il exerçât sur elle une autorité presque similaire. Chez les Lunenoire, avait-elle compris des récits de Stensa, le mélange du sang n'était pas qu'au figuré. Il désignait beaucoup de rapports propres. Les nombreuses tares avaient invité les Lunenoire à modérer leur pratique de pureté. Ils avaient dû courber l'échine et accepter que leurs soeurs et leurs frères s'unissent à des étrangers, mais les alliances se firent pérennes. Si les soeurs n'épousaient plus les frères, elles offraient volontiers leurs fils aux filles de leurs cadets ou de leurs aînés. A un dégré plus éloigné, on évitait les tares génétiques qui se faisaient plus rares. Archenys et Demira Lunoire, les parents d'Abellion étaient cousins germains. Le tout rendait la généalogie Lunenoire complexe, et lorsqu'il s'agissait d'unir ce précieux sang à de l'impur, les meilleurs partis étaient sélectionnés. Ainsi, Lyanna devait épouser un proche familier du dictateur de Zanther, avant de se déshonorer en préférant l'amour. Longtemps, Archenys avait espéré sauver le peu d'honneur zanthérois qui avait perduré chez sa jeune soeur; lui proposant d'unir Abellion à l'une de ses deux filles. Lyanna avait toujours classé la requête sans suite, achevant d'insulter son frère aîné.
Il n'y avait pas d'amour chez les Lunenoire. Juste de la raison. Pas de passion non plus, et encore moins de compassion.

Asphodèl l'avait suivi du regard, jusqu'à ce qu'il s'éloigne vers la chose dégoûtante. Sur le coup, elle se surprit à éprouver un fort courroux puisqu'elle avait ordonné la veille que Stensa débarrasse son coffre du foie. La pique du cousin manqua de la faire exploser. Pourtant, à aucun moment, son visage placide ne trahit son émotion. Elle se contenta de répondre avec une indifférence totale :

Elle eut du mal à croire que c'étaient là ses propres mots. Une boule se forma dans sa gorge, la nouant de ressentis divers et contrariants. Au fond, elle espérait qu'Abellion dise non. Sa poitrine, compressée dans son corset, se soulevait indécemment au rythme des battements de son coeur. Le vent hivernal mugissant. Il se jetait contre les carreaux des fenêtres avec violence. Quelque part, elle entendit Stensa gémir une supplique en dialecte zanthérois. Elle ne saisit qu'un ou deux mots. Non pas qu'elle ignorait cette langue, mais les bourrasques incessantes avaient recouverts les restes de phrase.

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Post by Adjakyee, Ind - September 4, 2011 at 2:01 AM

Les prunelles noires de la silhouette à demi-voilée s'étaient posées sur la toute blonde.

Le noir visage demeurait inexpressif. Ce n'était pas la première, ni la dernière des vexations de la damnée famille.

Mais la femme était demeurée impassible à la requête de la blonde et puissante femme, qui régnait sur Systéria en tant que femme de Grand-Inquisiteur. Devant laquelle les Systériens se taisaient. Tremblaient parfois.

Le collier orné d'une rune fade la tançait. Car sur la noire silhouette, son mot n'avait aucun pouvoir. Et elle ne pouvait pas compter sur la volonté ni le zèle du noir être pour la satisfaire.

Son sort reposait en main de son maitre. Au nom de la magie qui la liait. Sans doute chercherait-il à complaire à sa cousine. Ou était-ce elle, qui avait tenté de lui complaire? Ou bien s'amuserait-il à lui retourner le sort, et infligerait le sort qu'elle préconisait à la vieille servante, lui qui désormais appliquait dans la demeure de l'Inquisiteur un joug d'acier.

Son visage était impassible, préservant sa dureté usuelle. Elle n'était pas sans savoir qu'Abellion se plaisait à la torturer de corps et d'esprit, mais qu'il ne tolèrerait aucun affront, ni imposition.

Elle attendit.


Post by Le pénitent - September 4, 2011 at 2:13 AM

*Il hocha doucement la tête, qu'il était bon d'entendre sa cousine reprendre la raison, reprendre la position que le sang qui coulait dans ses veines indiquait. Rappelant donc la vieille il lui fit donc l'ordre de le mettre au menu du soir de sa servante, c'était assurément une bonne idée, regrettable presque qu'il ne l'ai pas eu lui même. Sa toge trouva les bras de la servante également, découvrant l'homme en chemise, les manches remontées sur des bras fins mais musclés dont l'un arborait une cicatrice noire en forme d'impact qui plus jamais ne le quitterait. *

*A elle, il lui sourit simplement et lui donna l'ordre auquel elle s'attendait, il savoura même ce moment derrière un masque d’indifférence puis il repris le cours de sa conversation comme si elle n'avait jamais été interrompue que par le bruit d'un repas qui allait commencer et tourner le cœur de bien du monde. *

*« Il vous faudra trouver le temps, d'ici quelques mois votre condition vous maintiendra alitée et vous ne compterez pas sur moi pour vous donner toute mon attention si vous n'êtes pas capable de réagir maintenant dans votre propre intérêt. » *
*Il s'approcha d'elle doucement, lui posant les mains sur les épaules, la détaillant dans les yeux pendant de longs moments. *

« Comprenez que vous pourrez apprendre beaucoup plus ensuite, c'est juste un mauvais moment à passer. Il peut vous apporter la gloire, la connaissance et le succès... »
*Se séparant d'elle pour se placer à la fenêtre, détaillant les cristaux de glaces qui se formaient à l'extérieur sur le vitrail de la demeure, il laissa place au silence, non pas le silence d'une maisonnée heureuse ou le repos est venue saluer le travail de toute une vie, la joie des enfants dans la maison ou encore le plaisir d'avoir un toit.. Non, un silence lourd, remplit de menace, remplit de sous entendus et de tension, un silence Zantherien aurait dit un habitué. Ce silence que l'on retrouve dans les domaines quand une décision cruciale doit être prise, quand une personne doit partir ou quand une action doit être prise en charge envers et contre tout... Ce genre de silence que l'on n'aime pas savoir en ses murs.. uniquement troublé par le bruit d'une buche qui dégringole dans l'âtre. *

*« J'ai lu dans un ouvrage acheté au marché noir une histoire incomplète qui ressemblait à la vôtre, c'était assurément une légende mais je doute qu'il en soit différent dans la réalité qui sera vôtre d'ici quelques mois. » *
*Le ton était donné, le regard se perdait dans le lointain, la voix était glaciale comme la température extérieure et pourtant, il était certain qu'elle souhaitait entendre le reste de son histoire... Quelques pages dans une vieux livre qu'il avait échangé contre de l'or, au risque d'encourir les plus grandes des peines, il se souvenait encore de l'endroit ou le vendeur avait caché ce petit livre, entre deux planches de la cabine de son bateau.. il se souvenait encore du prix qu'il avait payé et des précautions qu'il avait du prendre également pour le ramener en lieu sûr.. page par page.. découpées et cachées dans ses semelles de bottes. *

« Cet ouvrage racontait ce qu'il était arrivé à une dame qui avait enfanté d'un orque. Ce n'est assurément pas votre cas, je me doute que vous avez plus de goût que pour forniquer avec des animaux et en garder la progéniture.. Il racontait que la dame avait lancé un sort pour ne pas se souvenir du moment de son accouchement et qu'elle avait abusé d'une potion de paralysie afin de souffrir le moins possible. Le petit être avait vu le jour mais l'avait déchirée en deux et elle s'était retrouvé dans sa demeure, vidée de son sang, sans aucun souvenir de ce qu'il s'était passé, le bas du corps à tout jamais paralysé par un mauvais dosage de la potion.. »
*L'homme eu un mouvement du corps vers elle, il s'adossa contre la pierre pour poursuivre son histoire, les reflets des chandelles ajoutant une touche horrible au récit déjà très difficile à entendre. *

« Son mari, marin de profession, rentra de mission quelques semaines plus tard et retrouva les deux affreux cadavres dans sa demeure. Le petit monstre mort de faim et de manque de soin, ce qui entre nous soit dit soit une chose tout à fait agréable, mais aussi sa femme dans un état proche de la putréfaction.. tout cela tout simplement parce qu'elle avait omis de prendre son état en considération. L'histoire n'en dit pas plus.. il me manquait les dernières pages de ce livre mais c'était assurement une histoire parfaite pour vous motiver à mettre plus d'ardeur dans votre quête n'est t'il pas ? Ici c'était un orque...»
*Son regard se plongea sur elle, sur la caisse, sur le miroir, sur son ventre, sur l'âtre, sur les sigles religieux de la demeure puis sur la trace qu'il portait au bras. *

*« Ma cousine, il vous faut vous presser. Je vous ai donné des conseils, prenez en conscience je vous en prie. Je ne nourris aucun sentiment autre que de la reconnaissance envers vous et envers les décisions que vous avez tenu en rapport avec ma tante mais je serais peiné de vous voir vous ouvrir en deux et passer de vie à trépas sans pouvoir faire quelque chose.. soyez en assurée. » *


Post by Adjakyee, Ind - September 4, 2011 at 2:30 AM

La rune avait lui, à son ordre désinvolte. Elle n'aurait d'autre choix que de se repaitre de ce foie humain laissé là depuis quelques temps.

Cela n'allait pas contre ses valeurs, ne la choqua pas outre mesure. Puisqu'après tout, il provenait d'une de ses proies. Et qu'antan, en sa tribu, le coeur et le foie constituaient des morceaux de choix, ceux qu'on dévorait en premier, chauds, sur le lieu même de la chasse.

Non pas que l'état de putréfaction de la chose la dérangeât énormément : non, son maitre l'avait déjà fait dévorer des choses bien plus indigestes, de force. Et cela, c'est quand il avait le mérite de la nourrir.

Elle déplora intérieurement un instant de ne plus souffrir de la faim : c'eut été beaucoup plus facile. Elle serait barbouillée quelques jours, tout au plus. Cela la mécontenta : sur le terrain de chasse il fallait être alerte. Et elle ne saurait pas offrir toutes ses capacités alors. Elle qui s'était promis de rapporter quelques trophées au second de ses bienfaiteurs, Renoir, et quelques os de démons au premier, Lidenbrock.

Son visage ne laissa transpirer aucune émotion. Si elle avait exprimé son désarroi ou son mécontentement, ils en auraient tous jubilé. Si elle avait souri, ou tenté de les narguer, ils se seraient acharnés. L'auraient incapacité pour longtemps. Ou tué, peu importait à leurs yeux.

Mais il y avait un réconfort, pour elle.

Le déchirement des trois Zanthérois lui faisait du bien. Le vent de haine qui soufflait entre les trois êtres l'apaisait. Le premier, qui torturait sa cousine le sourire aux lèvres, en exhibant la marque qu'elle avait laissée en sa chair. La seconde, qui blêmissait à vue d'oeil. Et la vieille, qui avait craché ses imprécations et qui maintenant surveillait Abellion d'un oeil dur, soumise pourtant à ses ordres. Les loups blancs qui se targuaient de leurs pureté, tous plus terribles les uns que les autres, se dévoraient entre eux.

Et elle se ferait violence, au moment du repas, pour porter son regard sur leurs yeux révulsés. De tout coeur, elle espérait que le Grand-Inquisiteur serait là pour apprécier les coutumes Zanthéroises. Qu'il s'y complaise ne l'aurait pas étonnée : après tout, un loup ne s'accouplait pas avec une chèvre, la noire silhouette était assurée que lui et son épouse étaient de même trempe. Les loups allaient entre eux. Mais, elle se complairait à susciter leur nausée, leur couper l'appétit, à tous les quatre : les deux Lunenoire, la servante et le mari, en un acte qui serait aussi dégoutant pour elle que pour eux.

Qu'en auraient donc dit la hiérarchie de l'Ordre, de savoir que les choses se passaient ainsi sous le toit de l'Inquisiteur.


Post by Adjakyee, Ind - September 4, 2011 at 11:57 PM

Au lendemain, alors que le maitre s'esquivait pour une autre de ses promenades, dans les quartiers proprets de l'Ordre et de la Moyenne-Ville, un souffle attira son attention. C'était en une ruelle du dédale de la Moyenne. Ces rues mal élargies et sinueuses, ou pratiquement personne ne passait. Où son maitre aimait bien rôder, car où les gens étaient rares, ceux qu'il considérait comme des hybrides et des sous-races l'étaient tout autant.

Et pourtant..

Il y entrevit, du coin de l'oeil, le noir être qui devait se faire oublier. Il aurait tout loisir de se mécontenter de sa chose alors, mais pourtant.

L'être asservi eut quelques paroles prestes, un souffle à peine, qui auraient peut-être le loisir de faire retomber ce courroux.

Elle lui présenta une fiole verdâtre minuscule, qui contenait quelques gouttes à peine d'une liqueur sirupeuse. Deux, ou trois peut-être.

**-Une solution immédiate au mal dont souffre votre cousine, votre sang. Qui vous éviterait d'attendre. Qu'elle absorbe ce remède, ce sera un mal envolé. C'est tout juste la dose pour être efficace, à la goutte près, à mélanger avec un verre de vin ou du bouillon. Un peu plus et la mort viendrait humer sa chevelure blonde. Un peu moins, elle n'aura qu'une indigestion. Je vous confie la chose, à vous de voir ce que vous voulez en faire. De toute manière, elle ne me laisserait pas approcher sa pitance, vous le savez. **

Prudente, elle précisa.

L'apothicaire est un homme de bien, discret autant que prudent, et tient à sa réputation de soigneur et non d'empoisonneur. Il n'y a pas une goutte de trop pour le tester. Sans quoi. J'ai aussi appris ce que vous m'aviez dit d'apprendre, auprès de médecins de la Basse.

Suite à quoi elle préserva son air stoïque, et le silence. Elle attendit. Peut-être son maitre serait-il, cette fois, satisfait. Lui arrogerait-il, pour un jour seul, l'exceptionnel privilège de ne pas souffrir. Bien qu'elle n'y compta pas.

Même s'il lui faisait souffrir milles morts, elle éprouvait une satisfaction intérieure à lui avoir remis cette flasque. Et fort était à parier que cette réjouissance, que rien en son apparence ne laissait deviner, n'était en rien liée au sentiment louable du devoir accompli.


Post by Le pénitent - September 5, 2011 at 10:29 PM

Il s'était habitué à son pas, il arrivait même à la détecter alors qu'elle se mouvait dans les ombres, proche de lui, il lui semblait même avoir senti son souffle à plusieurs reprises dans sa nuque. C'était certain, de nuit, dans l'ombre, aveugle, il l'aurait reconnu, impossible de se tromper sur son pas qui s'était rendu plus lourd grâce à la musculature, elle était toujours aussi fine et agile, un assemblage d'os, de chair et de muscles dont l'unique but semblait avoir été la destruction et la mise à mort, une machine de guerre, un outil de massacre, une volonté de fer qu'il avait du dresser comme on dresse les animaux, elle en faisait partie....

*Se souvenant encore d'un jour ou il s'était abreuvé de sortilèges de toutes sortes, nageant avec délice dans les hautes sphères de l'improbable et dans la puissance que l'on croit divine tellement les différents sorts vous aveuglent il lui avait donné un ordre qui avait failli lui couter la vie. *

« Essaye de me tuer. Je suis invincible ! Tente !  »
*Elle s'était jetée sur lui la rage aux dents, il avait senti son haleine contre la sienne, ses mains s'étaient retournées dans les siennes, emprisonnant ses doigts, il n'avait plus eu qu'a souffler un ordre inverse pour rester en vie, l'abreuver d'une potion d'oubli afin qu'elle ne se souvienne pas de ce genre de chose. *

*Elle ne souvenait donc pas non plus de la peur qu'elle pouvait avoir vu dans ses yeux, qui l'avait un moment habité, ni des coups de pieds qu'il lui avait asséné jusqu’à en perdre complétement la raison et à chuter au sol à coté d'elle, perdant toute dignité et jouissant de la force qu'il possédait de pouvoir la diriger, couvert de sueur, a moitié nu, le souffle court et la voix rauque d'avoir hurlé sa rage sur elle. Tout cela était du passé, il n'avait jamais tenté l'expérience à nouveau, il ne voulait pas risquer sa vie une fois encore. **Se retournant doucement dans la douceur de l'air ambiant, il replaça une mèche de sa chevelure derrière son oreille et la détailla de bas en haut, semblant s'assurer qu'il serait seul avec elle avant de recevoir en ses mains la petite fiole. Il la leva à hauteur des yeux, semblant apprécier le liqueur sirupeux, le détaillant un instant avant hocher la tête à plusieurs reprises. Ensuite, il la détailla et cligna des yeux à plusieurs reprises, son regard sur la fiole puis sur son ventre à elle... *

« J'ai peu de temps, j'ai 7 mois plus ou moins maintenant, teste donc ceci sur l'un des animaux que j'ai vu rôder en basse ville et dont le ventre montre le signe d'un engrossement. Peut m'importe qui tu choisi, fais le et reviens me donner le résultat.. ne me ment pas sinon c'est toi qui testera la prochaine fiole. »
*Souriant, il s'éloigna doucement de son pas léger, admirant les bâtiments et la population locale ou il sentait plus à son aise que partout ailleurs en ville. Elle détecta même grâce à son ouie fine un petit sifflement d'un air connu de Zanther. *


Post by Adjakyee, Ind - September 6, 2011 at 6:10 PM

*Dans le dos de son maitre, une voix, un souffle. *

-Si tu le veux, tu pourras voir par toi-même. À la Rose Cendrée. Il y a une femme, engrossée. Qui ne veut pas de son enfant. Cela arrive souvent. Et elle boira ceci de bon gré. Il s'agira de rester une nuit, du coucher au lever. Tu la verras absorber la chose. Tu verras la chose agir. Tu ne crois pas en mes mots et c'est vrai que le fruit d'un enfantement ajourné se trouve facilement là où tu me fais errer, mais je sais que tu crois en ce que tu vois. Pour la veiller, il te suffira de prétexter le statut de prêtre, d'apothicaire ou de médecin.

Une pause.

-Le spectacle te plaira. Il s'agit d'une demi-humaine. Préviens moi quand tu viendras.


Loin de là, dans la demeure des de Nogar, vide de toute présence sauf la maitresse de maison. Et sa servante Stensa, mais celle-là ne comptait pas.

La vieille femme sèche comme le désert du sud lissait doucement les cheveux d'or de la brosse. Elle venait d'appliquer sur les joues pâles la poudre. D'appliquer le fard, sur les yeux. Une délicate nuance carminée sur les lèvres. Sa maitresse, plus que jamais, respirait la perfection en son apparence. Elle avait pris, par ce savant maquillage, par cette coiffure qui s’apprêtait, l'allure des délicates Zanthéroises, leur beauté froide, fragile et puissante à la fois.

Alors que ses doigts secs comme des brindilles s'activaient en un labeur arachnéen, elle eut un mot, de sa voix chevrotante de vieille femme.

-Maitresse...

Qu'elle paracheva d'une phrase.

**Si vous le vouliez, je pourrais joindre ceci, aux couverts de votre cousin, que je lui mènerai quand il rentrera de sa promenade. Habituellement, il réclame son déjeuner à ce moment. Il suffit d'un mot de vous. **

*Elle interrompit son ouvrage, pour lui présenter un parchemin orné d'une écriture délicate, une note laconique comme il se faisait si souvent à Zanther. Pour éviter aux parents la tâche fastidieuse d'une discussion directe, pour donner aux recommandations un ton sans appel. La missive avait le ton d'hypocrisie doucereuse des échanges épistolaires usuels à Zanther. *

Bien cher cousin,

Par égard pour vous, il me plairait de vous instruire de coutumes Systériennes dont l'ignorance risque de vous compromettre. Une loi impose la déclaration de possession des animaux à l'Assemblée Druidique, qui est à charge d'agir comme observatrice des bêtes sauvages qui peuvent circuler dans la Cité de l'Empire. De surcroit, la vigilance importe d'avantage puisque de coutume les bêtes dangereuses et sauvages sont prohibées en ville par la Loi. Ainsi, peut-être devriez-vous contacter l'Assemblée, afin de déclarer votre animal, avant que sa possession ne devienne pour vous quelque chose de répréhensible.

De pair, la possession de la citoyenneté devient quelque chose de désirable pour vous. L'adhésion à une guilde vous arrogera puissance et salaire. Car malgré l'influence de mon époux et la mienne propre, il est improbable à Systéria de protéger un homme qui n'y soit rien.

-J'ai pensé... que vous en aimeriez le ton. Et... peut-être apprécieriez-vous, ma tendre maitresse, de le voir expliquer la possession de sa chose aux barbares et aux orcs de l'Assemblée. Il n'y survivra peut-être pas, face aux sans-âme et aux animaux sauvages... on ne peut rien, parfois. Ce sera contrepartie pour ses mots, ma tendre maitresse.

*Puis, avec douceur, elle continua de brosser la chevelure. *

-Quant à la chose infamante, ce sans-âme, cet appeau à démons qu'il vous force à accepter chez vous. Ne suffirait-il pas d'un mot, à votre mari? De lui mentionner votre effroi, votre horreur de cet animal, pour qu'il vous en débarrasse? Les sans-âmes attirent le mal, le démon. Votre époux est Grand-Inquisiteur, sa tâche est de terrasser ces horreurs. Dites lui que cette créature est un émissaire de ce démon qui vous taraude. Qu'elle est là pour vous tourmenter, sans que votre pauvre cousin n'y voie rien. Il la tuera d'un seul geste, comme votre foudre abat les harpies. Et croyez-moi, il serait de meilleure augure d'héberger chez vous une harpie ou un troll qu'un sans-âme basané.

Avait-elle dit, croquant un sourire sur son minois ridé. Avant d'ajouter.

**-Nous serrerons un peu plus votre corset. Rien n'y parait, bien sûr. Mais avec quelques efforts, vous auriez la taille de guêpe qu'avait votre défunte mère. Vous avez déjà hérité d'une parcelle de sa splendeur et de sa pureté. Il n'en tient qu'à vous de la faire transpirer. **


Post by Adjakyee, Ind - September 11, 2011 at 5:21 PM

Face au silence de plomb de sa Maitresse, Stensa sut que faire.

Dans un même silence, elle reprit le parchemin délicat, et le jeta au feu qui ronflait non loin. Sa maitresse finirait par être parfaitement attifée, pour le déjeuner qui se déroulerait sans la moindre encombre.

Abellion Lunenoire, revenu de sa promenade, aurait exposé ses intentions de sortir, le soir. Il avait, après tout, à faire.

Au petit matin, Asphodèl et son époux pourraient faire sinistre constat : le parent de Mme. De Nogar n'était toujours pas rentré, ce qui n'était pas en ses habitudes.


Post by Le pénitent - September 11, 2011 at 11:02 PM

*Une visite à St Elisa. *

Le soleil venait de se lever, les rayons dardaient leurs traits de feu à travers les tentures pourtant épaisses, la chaleur commençait à envahir la chambre doucement. L'odeur des potions ouvertes commençaient à emplir l'endroit, mélange de potions de force, de somnifères, de belladone diluée pour atténuer les douleurs. Il se tenait sur un coude, le moignon bandé dans un tissu pourpre, la tête enserrée dans les bandages dont un seul œil sortait, un œil fou qui semblait dévisager les cerfs et les sangliers qui couraient sur les murs de sa chambre.

Un bruit avait attiré son attention, c'était sa cousine accompagnée de trois biches et de deux poulets sans têtes qui couraient tout autour d'elle. Elle semblait n'en avoir cure, marchant au milieu d'eux comme si ils n'avaient jamais existé. Lorsque sa main toucha le bras d'Abellion, il eu un sursaut, proche à se jeter par terre. Manifestement le combat qui l'avait amené à cet état avait laissé des traces dans son esprit.

Prenez garde ma cousine, je dois être l'objet d'une malédiction.
*La jeune femme se tenait devant lui, le regard fixé sur son cousin, à moitié couché sur le lit, le front en sueur et délirant des choses les plus abracadabrante qu'elle ai entendu depuis longtemps. *