Une blondinette chez les sauvages : Recherche d'un totem

Une blondinette chez les sauvages : Recherche d'un totem

Post by Nìmora Eldanyàrë, AD - November 28, 2011 at 9:26 AM

Quelque part, dans une forêt systérienne sans aucun systérien dedans sauf Nìmora et Nathan...

-\tUne promenade dans les bois, toute la nuit durant. Seule. Toute seule… Et bien peu vêtue. Il est dommage que tu ne puisses pas m’accompagner, n’est-ce pas? Lamalia est très stricte à ce sujet…

À califourchon sur le rouquin, Nìmora resplendissait, donnant l’impression de se pavaner au cœur de cette forêt. Des lueurs irréelles filtrées par les arbres dorés dansaient sur sa peau laiteuse, lui offrant un je-ne-sais-quoi de féérique. Et son sourire… Quel sourire! Les pommettes bien hautes, les yeux pétillants de bonheur et d’affection, elle souriait comme elle seule savait si bien le faire. Avec tendresse, la demi-elfe glissa ses mains contre celles de Nathan et le contact tiède et agréable la fit soupirer.

Plus loin, savamment dissimulées dans l’herbe haute de cette minuscule clairière, leurs armes respectives jonchaient sur le sol. Peut-être inconsciemment, peut-être avec tant de subtilité que la blondinette n’en remarqua rien, Nathan veillait, oreille tendue, un poignard à portée de la main, une longue lame ouvragée déjà prête à être tirée du fourreau. Nìmora murmura quelques mots, d’une voix faible, tout de même consciente des dangers qui hantaient les bois, mais jamais assez pour sembler réellement prête aux possibilités d’une mauvaise rencontre. Il en était toujours ainsi… Nìmora la fée, la pixie, et Nathan l’ombre.

-\tToute seule… Je suis certaine de me perdre. Tu nourriras Fëanar, si je ne rentre pas?

Ses longs cheveux dorés retombaient sur elle, mais surtout sur lui, sentant bon les fleurs et lui chatouillant ses bras de rôdeur. La jeune femme sentit les mains du rouquin quitter les siennes et se refermer sur ses hanches; il la fit basculer dans l’herbe, la dissimulant aux regards des écureuils un peu trop curieux. Lorsque leurs regards se rencontrèrent, la mélurienne cessa son babillage pour n’offrir à son homme qu’un sourire un peu crispé, laissant entrevoir la nervosité qu’elle tentait jusque là de dissimuler. Il avait compris, elle en était désormais certaine. Il la comprenait trop souvent, de plus en plus et de mieux en mieux. Par ses questions d’une naïveté feinte, par son sourire trop volontaire, trop joyeux, elle sous-entendait des « Y a-t-il déjà eu des morts? », « Et si je ne rentrais jamais? » ou bien « Est-ce possible que mon animal totem ne m’apprécie pas et que je me retrouve sans protection aucune…? ».

Nìmora se risqua, d’une toute petite voix, ses yeux d’opale plantés dans les siens :

- Ne serait-il pas plus simple que ce soit toi, le totem garant de ma protection…?


Post by Nathan Herlaer, AD - November 30, 2011 at 6:30 AM

Instinctivement, le rouquin portait un œil discret sur la forêt qui les entourait, l'oreille à l'affut de la moindre branche qui craque. Il savait qu'il n'y avait probablement rien à craindre, ses sens étaient aiguisés et s'il y avait quoique ce soit de dangereux, il l'aurait déjà sentit approcher. La forêt était son chez lui. Il y avait vécu quelques années auparavant, elle avait veillée sur lui tout ce temps, comme une mère veillant sur son nouveau né. La forêt, il la connaissait.

Son attention quitta la Nature pour venir se centrer sur la blondinette, celle avec qui il partageait sa vie depuis un moment déjà. Celle pour qui il serait à prêt à endosser tout les maux du monde pour éviter qu'ils ne l'atteigne. Elle était sa petite pixie et lui il était son ombre, comme il lui avait toujours juré. Son bras armé, celui qui la défendrait toujours, celui qui la protègerait au coût de sa propre vie s'il le fallait.

- Toute seule… Je suis certaine de me perdre. Tu nourriras Fëanar, si je ne rentre pas?

Le rôdeur sentait l'inquiétude de sa douce moitié. Son ton de voix, son sourire un peu trop présent, même si elle souriait toujours, son inquiétude ne transparaitrait probablement pas aux yeux des autres, mais le rôdeur savait déceler l'inquiétude chez elle. Il la connaissait davantage, de jour en jour.

- Je le nourrirai, Nìmora, ne t'en fais pas. Je sais que tu reviendras, de toute façon. Nous t'attendrons, lui et moi, sur le pas de la porte lorsque tu seras sur le chemin du retour. Je sais que tu reviendras.

Ses yeux noisettes restaient rivés à ceux de la demi-elfe, à laquelle il étira un sourire en coin, tout doucement. Il y avait déjà eu des morts par le passé, probablement. La forêt est pleine d'animaux sauvages, après tout ! Il ne serait pas surprenant qu'un ours ou un loup se soit régalé d'un des Membres de l'Assemblée Druidique un peu trop sûr de lui dans sa recherche du Totem. Mais ça... Il n'avait pas jugé nécessaire de le lui dire. Il l'aurait simplement rendue plus nerveuse et, dans la recherche du Totem... La nervosité doit être laissée en ville.

- Je suis déjà ton Totem, Nìmora Eldanyàrë. Celui qui te protège, celui qui te guide, celui qui te conseil. Mais, en faisant cette recherche, tu en auras un deuxième. Une double protection. L'animal qui te représentera et moi qui ne t'abandonnera jamais.


Post by Nìmora Eldanyàrë, AD - December 3, 2011 at 7:19 AM

« Nous nous sommes endormis en rendant grâce à Mélurine, épuisés. Enfin, je me suis assoupie rapidement. Les trois jours de jeun avant cette petite conversation au milieu de nul part m’avait considérablement affaiblie. Et cette prière à Mélurine improvisée avait suffi à me faire sombrer dans un sommeil profond. Je ne peux qu’espérer pour Nathan d’avoir fait de même; me regarder dormir durant plusieurs heures ne me semble pas être une activité très saine…

Quoi qu’il en soit, à mon réveil, il semblait dormir encore. Il faisait très sombre, la nuit était tombée depuis peu, mais je le percevais sans difficulté, à mes côtés. Son nez droit, si droit, à la manière des Bréguniens, et quelques mèches rebelles lui voilaient une partie du visage. Je l’avoue… Je le regardais dormir, quelques minutes, à peine. Et je n’ai pas sursauté lorsque ses yeux se sont ouverts d’un seul coup, fixés aux miens. Sans un mot, Nathan m’a tendu ma tunique de druidesse et je l’ai mise dans ce même silence. Nous nous sommes regardés longuement, peut-être m’a-t-il dit quelque chose, je ne me souviens plus très bien… Le manque de nourriture se ressentait. Je crois me souvenir l’avoir entendu chuchoter un « je t’aime », ou peut-être me l’a-t-il seulement dit avec son regard. Cependant, je me rappelle distinctement lui avoir murmuré « Gerich veleth nîn » avant de m’enfoncer dans les bois. Ce n’était prononcé à peine plus haut que le froissement de ma tunique, mais j’étais certaine que nos âmes communiaient et qu’il me comprenait. Il me semble maintenant plus plausible que Nathan m’ait physiquement entendu…. Mais j’aime à croire qu’un lien unique nous uni, comme on le raconte parfois dans les légendes elfiques.

En quittant les bras de mon rôdeur pour rejoindre la forêt, je me suis aperçue d’une chose : le mois de feuil était bel et bien arrivé, et, avec lui, son temps frais. Le froid mordait et pinçait ma peau, s’insinuait, rampant, sous ma tunique de lin et ne me laissait qu’un tremblement vague mais perpétuel. Je me suis également rendue compte que le froid serait le moindre de mes soucis, lors de cette introspection. Nous sous-estimons souvent le courage qu’il faut pour chercher son totem protecteur… Nous sommes livrés à nous-mêmes, affaiblis, affamés, dans un territoire hostile où une kyrielle de monstres et créatures bestiales en maraude sont tout à fait prêtes à tuer.

Je méditais sur cette délicate question de la discrétion en me faufilant dans la masse inextricable de sombres fourrés protégés par un terrain traitre… En étant suffisamment silencieuse, en prenant garde d’esquiver les brindilles, il était évident que je saurais éviter les rencontres indésirables mais également les désirables. Comment l’animal symbolisant mon totem protecteur saurait-il me rencontrer s’il n’était pas conscient de ma présence? Peut-être était-ce simplement à moi de le trouver? Quoi qu’il en soit, j’ai dû mettre rapidement fin à ce questionnement lorsque je m’aperçu que le sol était traitre, en effet, et particulièrement pentu. En une fraction de seconde, je glissais gracieusement sur la pente raide, accrochant maintes plantes d’orties sur mon passage, tentant de m’agripper à une racine pour ralentir la chute, puis, suite à un bruit sourd que le dernier des orcs aurait pu entendre, j’entrainais le bout de bois avec moi.

La descente me parut interminable et particulièrement douloureuse.


Post by Nìmora Eldanyàrë, AD - December 17, 2011 at 1:39 AM

«* "Nathan m’a entendu… Nathan m’a entendu. "*

Ces mots tournaient inlassablement à mon esprit. Nathan avait évidemment entendu la chute, et il devait actuellement s’inquiéter, impuissant : il n’avait pas le droit de voler à mon secours, pas cette fois. Je souhaitais de tout mon cœur qu’il quitte rapidement la forêt et n’ait pas à subir mes multiples maladresses sylvestres.

La sensation de brûlure que les orties avaient causée en touchant ma peau nue devenait de plus en plus dérangeante. Je savais alors que ce n’était qu’une question de minutes avant que la douleur apparaisse réellement et que les petites cloques se forment. Pourtant, malgré cette humiliation devant une demi-douzaine d’écureuils et au moins autant de moineaux, la douleur de la chute et ma haine viscérale envers les orties, je tentais de peine à calmer mon hilarité. J’étais persuadée que si je me risquais à ouvrir les yeux, Noa, cet enfant dérangé, me surplomberait avec un couvre-chef ridicule, en brave gamin-totem qu’il serait. Que mériterais-je d’autre pour une chute aussi bête? Je me surpris moi-même en entendant mon rire en clochette s’élever de sous la ramée.

J’entrepris péniblement de me redresser, encore secouée par les rires que provoquait ma vision. Par chance, je ne semblais, sur le moment, souffrir d’aucune blessure sérieuse et tous mes membres me répondaient avec une aisance relative. En équilibre sur une jambe, puis sur l’autre, j’étalais ma salive sur ma peau meurtrie en espérant que les sages conseils elfiques de mon père s’avèrent justes et que le picotement diminuerait. J’étais fin prête à chasser et trouver mon totem.

Avec plus de prudence, cette fois, je poursuivis la descente sur ce terrain incertain jusqu’à retrouver un sol plus ferme et définitivement plat, sous mes pieds. Ma bouche était sèche, mon ventre avait faim et me le rappelait en un dialecte que je qualifiais, sur le moment, d’ancien, et mes yeux me brulaient tant la fatigue était présente. Comme si cela ne suffisait pas, comme si mon corps seul ne pouvait être brisé par le rite du totem, mon esprit se torturait de mille et une questions en une ritournelle inquiétante. J’avais étudié les nombreux totems répertoriés par les membres de l’Assemblée Druidique; je savais déjà exclure quelques animaux qui ne sauraient cohabiter avec mon caractère. Selon toute vraisemblance, par exemple, je ne risquais pas de trouver la grâce de la baleine, que pourtant j’affectionne profondément, au milieu du bois sacré. Tout comme je ne risquais pas de mériter la protection du loup; tous les membres de l’Assemblée touchés par le loup étaient des chasseurs hors pair, des guerriers endurants qui savaient agir en groupe lors de leur traque. Avec modestie, beaucoup d’amusement et encore plus d’incertitude, je misais plutôt sur la force de la loutre, du colibri ou encore de l’abeille, tous des totems notables de par leur esprit de fête, féminité ou fertilité. Je peux l’avouer, à présent, mais je ne désirais en aucun cas tomber sur une abeille. Sans rancune.

C’est donc dans cet état d’esprit que je m’aventurais dans les bois sombres, à pas feutrés. Peu à peu, sans m’en rendre compte, je me perdais parmi les parcours labyrinthiques que je m’étais imaginée. Les cartes sont une chose, très précises et faciles à apprendre, mais le terrain en est une autre, surtout lorsque la nuit est tombée. Après un temps qui me semblait considérable, une heure, peut-être, et après avoir eu la conviction profonde d’avoir passé au moins trois fois devant ce rocher, je me laissai choir au sol, adossée contre un arbre, éreintée et à bout de force. Je me souviens m’être battue contre moi-même afin de ne pas sombrer dans un sommeil dangereux; il faisait froid, très froid, et je n’avais aucune idée d’où je me situais. Peut-être étais-je à quelques pas de Nathan, après avoir tourné lamentablement en rond durant des heures? Je n’en savais rien.

Il est évident que je me suis assoupie, car sans m’en rendre compte un bruit m’a fait sursauter. C’était ce bruit inquiétant que faisaient certains papillons nocturnes : un bruissement sourd et continu dont je ne saurai définir son emplacement exact. Les yeux plissés, maladroite et ankylosée par le sommeil et le froid, je cherchais dans les ténèbres ce mystérieux papillon.

Et je le jure sur Mélurine, j’en donne ma parole. Il ne s’agissait pas d’un papillon, ni d’un reptile, ni-même d’un dragon. Ce que j’ai vu, je ne l’avais jamais vu au-paravent. Il s’agissait de deux étranges animaux indescriptibles. L’un d’eux était en équilibre sur une branche basse, et l’autre, plus pâle, à quelques pas de moi, me regardait férocement, de ses yeux d’opale.

Complètement médusée par cette espèce innommable, je me souviens avoir dit dans ma langue d’origine : " Est-ce vous qui aller m’aider à trouver ma loutre? "