Conclusion d'un exil.

Conclusion d'un exil.

Post by Elvanshalee Danaël, CP - December 27, 2011 at 6:50 AM

La Création,

« En ce temps, l’esprit fantasque de Shaelim planait encore sur Enrya. Sa création peuplait les continents, forte d’une équilibre que ses enfants avait su instaurer. Les on-dit ont oubliés l’endroit où s’enracinait le récit cela dit, c’était lors d’un été particulièrement arrogant de par sa chaleur qu’il débuta.
Le Loup, fort en chasse et en course, s’essoufflait sous la brûlure de l’Astre. La fourrure que Shaelim lui avait créée lui semblait être un lourd tribu. C’est sous le plus chaud rayon du jour qu’il s’en départit, la laissant là, sur un rocher. Le Loup s’égosillait de cette nouvelle liberté, jusqu’à ce que les arbres annoncent la venue d’un autre cycle, laissant le sol se tapir de ses feuilles.

Sous la morsure cette fois cruelle du vent, Le Loup en revint à l’endroit où il avait abandonné sa fourrure. Il y rencontra La Roche, qui portait fièrement le manteau qui avait jadis orné Le Loup. Le Chasseur réclama la propriété de sa fourrure et récolta un refus. Le Rocher se réjouissait de cette si belle robe et refusait de s’en départir pour un simple Loup. Les arbres racontaient ensuite qu’une course s’ensuivit, où le Rocher dansait en tenant à distance Le Loup, le narguant de sa désinvolture.

Le Chasseur, épuisé, se résigna à la perte de sa fourrure, et en partagea sa peine. Son hurlement se faisait entendre sur tout Enrya, tant sa peine était profonde.

C’est à la Troisième Lune que vint Mélurine, première fille de Shaelim. C’est de sa Douceur et de toute la Bonté que lui avait offerte sa Mère qu’elle souhaitait aider Le Loup. Après avoir prit connaissance de ce qui lui causait un si ample chagrin, Elle lui offrit l’amour d’une meute. Sa femelle, ainsi que ses louveteaux sauraient se blottir à lui pour le réchauffer.

Le Loup en fut apaisé, mais le temps gâta rapidement ce présent inestimable. Seule la femelle pouvait affronter la rigueur de l’hiver, Le Chasseur se devant de rester à la tanière, blottit à ses petits qui auraient nécessité de la présence de leur mère. L’orgueil du Loup en fut gêné, et ses hurlements reprirent.
Le Second Fils vint alors, le Destructeur, Vaerdon. Il lui intima de se taire et de combattre Le Rocher, qu’Il mériterait sa fourrure s’il était capable de la reprendre, de vaincre son ennemi. Le Loup, inspiré de si fortes paroles, retrouva son adversaire. La course reprit alors, forte en violence. Si Le Loup était un habile Chasseur, l’on racontait que Le Rocher n’avait que peu d’égal en résistance.

Vint enfin Lathan, la Balance. C’est avec mesure qu’Il fit cesser cette lutte, raisonnant Le Rocher et Le Loup de cette façon : Si tout deux appréciait la fourrure, l’hiver venu Le Chasseur en était le seul nécessitant. Lathan demanda alors au Rocher de faire preuve de Justice, chose difficile pour un cœur si dur. Il poursuivi : les deux entités se partageraient la fourrure, Le Rocher pourrait en jouir tout l’été, alors que Le Loup la reprendrait une fois les premiers symptômes de l’hiver venu. C’est aux termes d’une réflexion des deux partis qu’ils se mirent d’accord.

Le Vent murmure que s'est depuis que le Loup mu, qu'il vit en meute et qu’une fois la Lune venue, Il remercit Lathan d'un hurlement, digne d'une Gratitude qui semblerait éternelle. »

Un bruit vint troubler cette lecture, un grincement, une porte traîtresse. De la forme qui s’en échappait exhalait une sombre majesté propre aux elfes noires. Ryltar ne se troublait pas à la vue de la Danaël, la savant déjà là, parmi les livres. Cette venue tira celle-là de ses rêves, accordant une œillade à son frère de race.

-\tNon il n'y a aucun mal, ne soyez pas gênée. Mais le départ ne pourra se faire sans vous. Il serait bon de vous voir vous détourner de ces choses pour plus promptes nécessités.
-\tSi l’on les laissent clos, Ryltar, ils ne sont que roches.
-\tPeut-être souhaiteriez-vous discuter de ce que vous avez su cueillir entre ses chairs ? Allons trouver un lieu plus propice à la discussion. L'invitation vous plairait-elle ?

La lèvre retroussée, le sourire d'une froide autorité, la féline demoiselle dépliait sa fine silhouette, abandonnant là le cahier carmin, négligemment posé de biais sur la table. Un détail insignifiant pour celui qui Veillait la demeure, puisqu'une multitude de ces congénères jonchaient les bibliothèques savamment alignées.


Post by Elvanshalee Danaël, CP - March 2, 2012 at 9:52 PM

Les ordres avaient été accomplies; plus une âme n'aurait la possibilité de franchir le portail de la demeure qui offrait l'odeur vicieuse de la belladone à chaque brise entreprenante. La clef du Veilleur avait été demandé, s'il advenait que son pas le mène devant la bâtisse. Aucune explication à cet inattendu comportement.

La macassar créature gisait au sein du lit de facture elfique. L'onde immaculée formait une auréole indomptée autour de son impénétrable faciès, les mires semblaient percevoir un horizon au delà des murs. Le petit gnome clâmait aux pourpres qu'il s'agissait surement d'une prise de conscience. Ainsi éloignée d'Udossta, la Danaël avait le loisir de regretter les actes atroces qui s'y étaient perpétrées de sa propre main. La langue plus prévente de Sarya offrait un point de vue plus féminin, elle avait eut l'occasion d'entendre le nom d'un blond damoiseau, un Sarion, qui aurait mis en émoi la créature.

Ces voix famillières peuplaient les nuits brèves de la sorcière; la demeure ne semblait trouver aucun repos, les carreaux laissant paraître la lumière pâle des chandelles.
Après tout, la guerre était imminente.

~
« Au commencement l'ébène en chair et en os.
Odieuse nuit au châtiment diabolique,
Ténèbres lancinantes aux cris chimériques.

Celui qui ne fait pas, et n'imagine pas le mal, est porté non pas à nier l'existence du mal, mais à refuser de croire à la fatalité du mal, à se refuser d'admettre que le mal soit inévitable et inguérissable.
[Curzio Malaparte]

De ma peau, vous n'en goûterez ni la texture, ni son onctuosité.
Ma chair ne sera qu'une vision d'un ciel sans lune.

Le bien et le mal ne sont pas des grandeurs parfaitement opposées l'une à l'autre ; le bien souvent accouche du mal et la capacité de voir le mal en face est ce qui nous ouvre la capacité d'un bien relatif.
[André Glucksmann]

De mon regard, vous n'en connaitrez ni la douceur ni le charme.
Mon regard ne sera qu'écarlate dédain.

Mais si on disait toujours la vérité, dans le monde, on passerait sa vie à se dire des injures.
[Eugène Labiche]

De ma chair, vous n'en connaîtrez les recoins ni le repos.
Mon corps ne sera que ténèbres voilés.

Le drame de l'homme se joue moins dans la certitude de son néant que dans son entêtement à ne point s'y résigner.
[Roland Jaccard]»


Post by Elvanshalee Danaël, CP - July 10, 2012 at 6:38 AM

~ Voilà que je m'égare parmi mes notes, comportement haïssable à première vue, mais traîte d'un état d'esprit ô combien louable au contraire. Il est évident que peu partagent ce point de vue, mais une fois de plus cela n'a pas d'importance, qu'ils pensent ce qu'ils veulent, Elle me donnera raison.

En cela nos frères Gardiens nous ressemblent, parvenant à rendre tangible ce qui ne l'est pas, et qui est pourtant si terriblement réel. Il était là d'ailleurs, le fils tourmenté Du Gardien, celui qui voit. Un véritable frère en somme, conscient de cette réalité qui ne semble acquise que par trop peu. Ou bien simplement ignorée, même peut être rejetée, vu à l'inverse. Pareils nous chassent, nous haïssent et sont voué à la juste punition qui leur reviendra en heure voulue. Peut être l'entrevoient-ils ? Et peut-être en vient l'animosité, mais en ce cas, il est trop tard pour eux, ainsi le désespoir pour guide, ils n'iront pas loin. Ah si elle lisait ces lignes, combien critiquerait-elle ce manque de détachement, le premier mot déjà la dégouterait, ne gardent-ils pas assez d'ouvrages là-bas ?

N'ai-je le droit à ma touche personnelle, mon instant de gloire individuelle, elle m'en veut encore assurément, la Mère d'une fille qu'ils croient prodige voyant petit à petit celle-ci quitter le sentier. Alors que j'ai pris la Lumière, il a tué le cœur. Mais bien sûr elle ne lui vient pas à l'esprit de les baisser, d'apprécier la sienne, et de voir que celui qui semble déviant est au contraire juste. Mais eux aussi, parfait aveugles, ne voient rien venir, Elle seule a su guider cet oeil si particulier, Elle qui est maintenant moi, Elle qui a vu, Elle qui donne à voir, à Elle même donc à moi. Lui aussi l'a aperçu vraisemblablement, de par la façon qu'il la considère, qu'il Nous considère et qu'il se considère lui même. Peut être seront nous au moins deux. Deux, et pourtant combien pensent y échapper, ils y croient, pensant que par elle leur sort sera différent, l'accomplissant sans hésiter, se croyant parfait, différent, mais en réalité ils ne le sont pas. Ils recevront de lui le même présent, car ils seront enfin libres. D'après certains ce temps approche dangereusement, mais ces certitudes était déjà là hier, et le seront encore demain, sûrement plus nombreux, oui. Pensant peut être pouvoir ne pas subir. Une "chose" ne devrait avoir conscience de sa fin. Pourtant c'est l'héritage qu'Elle nous a laissé, il le savait, il sait peut-être même à ce moment. Voulu alors... semant de trop nombreux arbres, dont seul un portera le fruit, celui que tous cherche, celui qui nous obsède, qui nous a obsédé quand encore nous pouvions le contempler, et qui encore aujourd'hui - même si l'on pourrait nous croire comblés - nous tourmente plus encore. Et dans cette trop courte parcelle, nous cherchons la voie qui nous semble meilleure, celle qui nous mènera là où tous tous le désire : l'absolution du sombre.

Les paupières s’entrouvraient semblable à un levé de soleil. Et elle percevait ces formes improbables et changeantes, ces couleurs distordus qui, comme l'on lui avait promit, captait son esprit. La fine carcasse se dépliait d'un bond souple émaciée. Combien de temps avait-elle passée ici ? Sa dernière pensée remontait au manoir, et là voila pourtant ici. Ses pensées bourdonnaient encore, alors que la pointe de ses doigts hésitaient à suivre la fresque, cette peur de s'y bruler.

~ À ceux qui pensent pouvoir apprécier mon chemin, cette partie vous est dédiée. Sa course est inévitablement aléatoire, bien que l'on puisse arranger son devenir pour forcer sa marche, il ne sera jamais totalement dompté. Ainsi, aucun des Choix ne peut être véritablement discutés. En particulier celui qui est mien, pour l'atteindre j'ai pris le chemin contraire, pour devenir ce que je suis et ce que je serais, j'ai suivi une voie détournée, cachée, non pas "cachée pour", mais "caché par". Ces "par" ne voulait pas voir. Car d'un côté je l'ai touché, caressé de mon doigt, entendu ses milles voix contre mon Coeur et vu ses promesses de noirceur. Mais ce n'est pas cela que je cherchais, c'est elle, car je la ramenais à la vie. Et la masquant un instant avant de les fusionner en un seul. Et ensuite, par sa force désespérée, j'en ai arraché le mauvais, lui offrant une nouvelle brillance en quelque sorte, plus pur qu'avant. Car il n'est pas en soi ce qu'il prétend être, ils ne sont qu'un à dire vrai, d'un à l'autre, un tout. Mais Il dit vrai, ô combien vrai si il avait su la justesse de ses termes, car posséder l'entier n'est que le reflet de leurs peurs, alors pour avoir caressé, j'ai payé en répandant le don de ma Mère. Et quand il sembla m'avoir quitté, je cherchais ses racines, car c'est un arbre, et si l'on ne l'attaque pas à ses fondations il revient sans cesse plus grand, plus fort et plus noir.

Et je pris donc soin sur son calice de retirer chaque graines, et mon fil fut mince un instant. Car j'avais rompu l'équilibre, je traversais ce qu'Elle avait imposée, contrariant Son verbe pour mieux Lui obéir. Et, comme Sa volonté l'avait voulu, il redevint fort, bien plus que par le passé, car elle brillait oui, d'une nouvelle lueur, débarrassé de ce qui la ternissait auparavant, des obstacles qu'elle s'imposait. Mais leur perte scellait ma voie, aujourd'hui je ne peux plus faire un pas de côté, ils sont guidés. Disparus pour toujours, ceux qui l'ont faites Elle, et c'est bien le non-moi qui criait alors, car nous étions bien deux. Ironie parfaite, car elle me l'avait donnée, oui c'est elle qui traça pour moi, et dans cette union, elle se voyait L'atteindre. Et elle fût faible, peut être par moi, car elle fût surprise, elle ne vit qu'un point, le final, regardant droit devant elle, et le chausse trappe qu'elle s'était elle-même tendu la pris. La laissant tout juste spectatrice. Et moi, pris d'un nouveau souffle, je l'affrontais, armé de ces nouveaux moyens. Car parmi eux je traçais des lignes, des lignes parmi les larges traits, mon trait. Celui qu'ils ont voulu nous occulter, car pas assez fous, pas assez fous pour la faire naître : la lumière chez l'inaltérable.

Une plainte souillait ses sombres lèvres, la paume soutenant sa tempe. Et la sombre elfette retournait au sol à peine quitté, le corps offert aux angles et à cette couleur qui la prenait. Tandis que ses yeux se décrochaient un instant de la fresque pour jauger la porte qui la libérait de cet attrape-esprit, la noiraude effleurait l'idée qu'une séparation serait impossible... Était-elle une âme perdue ?