Le rite funéraire
Post by Elazul d'Ambrefeu, OdS - January 16, 2012 at 7:23 AM
L'homme aux allures d'enfant ferma ses yeux chargés de douleur un instant. Dans ses songes, il vit les évènements de la veille se défiler les uns après les autres. Fervent croyant de la Lumière éternelle, il s'était joint de façon impromptue à une expédition improvisée à la suite de la visite d'un vagabond apeuré. Puis le sang avait giclé, le mal s'était refermé sur eux comme un étau et les cris de douleur désemparés d'une prêtresse à la beauté digne des plus grandes princesses avaient envahi ses sens. Rapidement, sa peau immaculée et satinée, qui n'avait jamais connu ni le labeur ni le combat, s'était vu transformée, transfigurée par le sang et la suie. Il n'en garderait que peu de traces, comparés à ses nouveaux frères, qui eux avaient manié les armes avec bravoure et expérience. Il les avait admirer, hurlant avec impuissance des prières dont la force avait été insuffisante. Si son rôle n'avait pas pu être rempli lors du combat, il devait à présent entrer en action.
Quoi que nouvellement membre du Clergé officiel de la famille impériale, l'androgyne avait déjà fait ses classes de nombreuses années auparavant. Ses traits délicats, féminins et chérubins mentaient cruellement sur son véritable âge et sur son expérience. Il ouvrit les yeux et révéla son regard, un regard bleu qui étaient constamment grisâtre en raison de la profonde tristesse dont ils semblaient toujours porteurs. Il offrit un sourire doux aux deux autres hommes avec lui, des frères de son nouvel Ordre mus par la compassion qui venaient à la fois pour l'aider, mais aussi pour s'assurer que les intentions du nouveau venu n'étaient pas le fait d'une audace mal placée. Ils arrivèrent à destination ; une crypte étrange le long d'une montagne.
En s'approchant, l'odeur infecte de la mort vint attaquer ses sens. Le mal, oppressant, vint étouffer les joies et les pensées des représentants de l'Ordre du Soleil. En ce lieu maudit, sous la main d'un nécromancien d'une puissance considérable, de nombreux hommes et femmes, dont les cadavres juchaient le sol, avaient perdu la vie. Leurs âmes leur avait été volées et ils n'avaient pu trouver le repos éternel ; condamnés à la tourmente infinie d'une mort souffrante et sans fin. Le demi-elfe se remémora la souffrance de l'Évêque et ses cris torturés, et ses yeux chagrinés brûlèrent de détermination.
Alors que les deux autres hommes s'employaient à creuser des sépultures adéquates - tâche qui aurait été bien difficile pour le nouveau prêtre à la constitution frêle et plutôt féminine - il versa doucement de l'eau bénite tout autour du lieu où régnait les maléfices, traçant un grand cercle. Le Chevalier EkUndil avait certes mis le feu à l'endroit, mais les artifices utilisés par le sorcier noir dépassaient le plan matériel et nécessitaient l'intervention de la Lumière divine. Il disposa ensuite des cendres en croix au centre du cercle béni, et s'installa en son milieu. Il prépara son imposante Bible à la reliure de cuir et aux pages vieillies et revérifia dans une précaution excessive les passages qu'il avait mémorisé mille fois déjà. Le faux-enfant aligna les ossements des pauvres victimes du nécromancien au centre de la zone maudite et invita ses confrère à le rejoindre.
Une voix fluette, mais empreinte d'une grande assurance, s'éleva dans la vallée, résonnant sur les parois escarpées de la montagne et volant à travers la forêt dense. Il n'y avait aucune hésitation dans celle-ci, elle était le reflet d'une Foi pure et entière, dénuée de doute. Le son clair fut bientôt rejoint par les deux autres voix plus masculines, alors que s'élevait la prière. Les forces divines étaient appelées. Lorsque le chant divin atteint son paroxysme, l'androgyne délicat perdit contact avec la réalité, ses sens devenant flou. Il n'entendait plus le son des voix des hommes juste à côté de lui et sa vision s'obscurcit. Sa concentration, parfaite et imperturbable, atteint son paroxysme lorsqu'il implora son Dieu.
« Thaar! Puissant Seigneur de la Lumière Éternelle et de tout ce qui est Bon! Nous, tes fils, implorons que tu baignes de ta lumière la plus pure ces landes qui ont connu une noirceur désastreuse! Aides-nous à libérer ces lieux du Mal et à guider à la Lumière tes fidèles qui ont péri par sa faute! LIELOS! »
L'énergie déployée dans le chant pieux ayant été considérable, il leur fallu un temps pour reprendre leurs esprits et leurs forces. Les cheveux dorés du demi-elfe juvénile brillaient d'un doré intense à présent que le crépuscule faisait frapper ardemment les rayons du soleil sur ses longues mèches. Alors que ses frères mettaient en terre les ossements, il leur fit à chacun des funérailles brèves, mais empreints d'une profonde compassion et d'une grande sincérité. À défaut de pouvoir les identifier et de pouvoir apaiser le chagrin des familles les ayant perdu, il pourrait au moins s'assurer qu'ils iraient rejoindre les plans divins les plus purs et qu'il leur donnerait toute la considération que leur triste sort ne leur avait pas permis d'avoir.
Lorsqu'ils quittèrent l'endroit, ses cheveux paraissaient blanc ; le soleil ne brillait plus, la nuit était tombée. Le silence revint. Ils laissèrent derrière eux des tombeaux improvisés, mais dignes. Si ses prières n'avaient pas su exorciser le mal devenu inhérent à l'endroit, Mavolio pourrait peut-être y arriver. Il se serait néanmoins assuré du salut des victimes oubliées.
Post by Adalard Dranem A.K, OdS - February 13, 2012 at 11:49 PM
De longs moments avaient passé depuis cet évènement, que l'Ordre du Soleil avait su contenir. En effet, les fervants de Thaar avait eu à combattre un ennemi leur étant inconnu, ou du moins dont il ne connaissait que l'existence lors des premiers affronts. Depuis ce combat, les paladins concentraient leurs efforts sur un même front, que ce soit les Gardiens, les Croisés, les acolytes, les disciples, les initiés, tous avaient prêter main forte à l'enquête. Ils étaient dorénavant près du but, alors que la vie de l'Évèque Eäm'Arylth était en jeu. Toutes les mesures avaient été prises, et plusieurs dossiers avaient été mis de côté par les porteurs de la Lumière du Puissant. Cela leur importait peu, quand la vie d'un des leurs étaient menacés, le clergé était soudé, il était uni.
Une nuit sans dormir, une nuit à réfléchir. Il n'était pas chez lui. Dans un manoir qui n'était pas sien, il se trouvait debout devant un petit enfant, d'à peine un an, qui dormait paisiblement. Le paladin se trouvait devant un enfant qui n'était pas le sien, dans une maison qui n'était pas la sienne, car telle était la promesse qu'il avait fait. Il veillerait sur le petit de l'Évèque jusqu'à ce que la situation soit réglé, mais il n'aurait pas cru que celle-ci serait aussi difficile à résoudre, et qu'un enfant était aussi difficile à en prendre soin. Alors que le petit dormait, la nourrice entra dans la chambre de celui-ci, un peu surprise de voir le Gardien encore debout à une heure pareille. Celui-ci la laissa faire ce qu'elle avait à faire, et se dissipa dans une lumière bienveillante pour se rendre dans son lieu de réflexion de prédilection: Les deux hautes-tour de la muraille de l'Archipel. Il posa sa rude main sur le pommeau de la lame à son fourreau, pour la dégainer et l'admirer. La lame scintillait d'un blanc immaculé, et des runes Thaarienne étaient gravés sur toute sa longueur. C'était ce qui servirait à sauver l'Évèque, et à détruire le mal: L'épée du Juste.
Tandis que le Chevalier Ekundil s'affairait jour et nuit à forger les différentes composantes nécessaire, tandis que le disciple Elazul priait à chaque heure de la journée, tandis que Mavolio avait tant apporté grâce à ses connaissances diverses sur les rituels. Lui se devait d'être à la hauteur de ses confrères, à la hauteur de ce que l'on attendait de lui, pour Thaar, pour Shandri, pour l'Ordre du Soleil, et pour lui-même. Il se devait de retrouver le démon, ou son démonologue. Il se devait d'être en mesure de détruire l'artéfact maudit au poignet de l'Évèque, celui-là même qui menaçait sa vie...
Le paladin était fort occupé, entre sa femme, le fils de Shandri, les affaires de diplomatie, la recherche du démon, la recherche de Brehan -car il n'abandonnerait jamais celui qui fut son flambeau, et bien d'autres affaires. Il savait néanmoins qu'il y arriverait, car Thaar était avec lui.