Les Oiseaux se cachent pour mourir.

Les Oiseaux se cachent pour mourir.

Post by Asphodèl du Typhon - February 16, 2012 at 2:18 AM

«Dame de Nogar ? Votre manteau... »

Asphodèl avait rejeté l'offre d'un gracieux geste de main. Elle ne souhaitait pas encombrer ses épaules nues, et le temps était encore clément. Ses pas la mèneraient, légère, sous les rares rayons du soleil. Le ciel chargé de noirs nuages menaçait de déverser sur les systériens des larmes torrentielles. Il pleurerait pour elle, pensait la toute blonde sans broncher, car elle n'avait plus une seule goutte salée à déposer. Le deuil serait sec, comme une terre aride et déserte. Il n'y aurait qu'elle pour se recueillir . Ce vœux intimiste l'avait motivé à refuser la présence de sa servante qu'elle avait mandé pour déposer ses affaires dans un relais voyageurs, en lui prenant une chambre qu'elle espérait occuper quelques temps avec ses économies.

Elle prit une caravane pour regagner la cité. Assise au milieu des moines et des paysans, elle était raidie d'une élégance sombre, cintrée par sa robe noire. Et elle gardait ses beaux yeux pourpres baissés. Le chariot chahutait le long d'une route boueuse que les intempéries n'avaient pas épargné. Lorsque l'une des roues de bois s'était définitivement enlisée, le chauffeur bougon avait exigé l'assistance des passagers pour pousser. Les talons de la veuve faisaient mauvaise rencontre avec la fange, et elle avait glissé plusieurs fois sous l'effort – tâchant sa robe de terre et d'eau vaseuse. Mais sa modeste force finissait par payer et ils avaient repris le chemin, épuisés. Quelques regards molestaient sa silhouette, inquisiteurs envers son décolleté recouvert de mousseline ; pas assez découvert pour être admiré, et trop peu couvert pour être oublié.

Un des fermiers entama un chant ancien, mais la tristesse de ses paroles n'apporta aucune gaieté au cœur des passagers.

« Terminus, ville de Systéria ! »

Le cri l'avait tiré de sa torpeur. Ses cils se relevèrent pour affronter les imposants remparts de sa cité natale. L'activité turbulente qui régnait autour des portes principales contribuait à un capharnaüm gigantesque. Quelques marchands à l'étalage s'insultaient, qui entrait, qui sortait, qui s'exclamaient, qui se retrouvait. Les soldats mercenaires paraissaient débordés, comme à leur habitude, calmant les ardeurs des marins saouls tout droit venus du port. Elle eut à se faufiler discrètement dans la foule, disparaissant anonyme. Sa robe sombre épousa parfaitement les nombreuses ombres et bientôt ses bottines battirent le pavé de Systéria.

Un vendeur à la sauvette tenta de l'interpeller sur la route de la cathédrale : « Jolie Dame, peut-être quelques bijoux précieux vous combleraient ? Ils sont pas chers ? »

Elle répliqua sèchement : «** Gardes tes sinistres artefacts trouvés aux doigts, aux cous et aux poignets des cadavres loin de ma vue. »**

Puis elle pressa le pas, peu excitée à l'idée de savoir si cet homme douteux possédait une quelconque dague en guise de représailles. Il avait marmonné des messes-bas, la maudissant sûrement, mais une fois les grilles du cimetière franchies, un lourd silence s'imposa.
Oubliés les bruits pollueurs des rues. L'endroit appartenait aux morts, et ils reposaient sans parler. Elle vit la Crypte au loin, dressée contre le rempart Ouest. Des souvenirs affluèrent à son esprit, et elle eût du mal à les chasser.

C'est ainsi que commença l'errance d'Asphodèl au Cimetière. Elle craignait plus que tout d'y croiser des fantômes. La sorcière se perdit dans les sentiers des tombes, lisant la moindre inscription jusqu'à trouver celle de sa mère. Elle décida d'y faire une halte, s'agenouillant près de l'épitaphe pour se recueillir.

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Post by Malbruck, OdS - February 16, 2012 at 2:35 AM

Un fantôme, un pas qui claudique.

clac, clac, clac, clac.

Il s'approche de la silhouette féminine, une visite dans son lieu de prédilection? Le sanctifiant aimait errer dans les dédales du cimetière. Non parce que cela le rendait joyeux, mais parce qu'à chaque pas, il prononçait des douces paroles sur les tombes. Il était écouté et le silence qu'il avait en retour était remplit de plénitude.

clac, clac, clac, clac.

Les pas se rapprochent de la silhouette d'Asphodèl. Elle qui avait peur des fantômes, elle aurait en vue celui-que-l-on-n-ose-regarder-tellement-il-est-laid, de l'Ordre du Soleil. Tout ce qu'elle pouvait détester s'offrait à elle. Un teint laiteux, des yeux difformes et petits, le gauche plus haut que le droit. Une face laide, le corps fragile comme le verre. Malbruck offrait la posture du parfait handicapé, celui que l'on préférerait oublier dans un coin après lui avoir flanqué quelques coups de pieds. Mais les morts eux, ne sont pas regardant. Que venait faire une silhouette vivante, déranger le repos des morts? Une visite certainement. Quelques rares personnes se préoccupaient encore du cimetière. Oh, petit Malbruck n'oserait pas la déranger, jamais il ne se permettrait d'oser interrompre le deuil des autres.

Clac.

Il s'arrête voyant que l'obstacle ne tarderait pas à arriver. Sa main se resserre un peu sur son bâton par crainte. Sa toge blanche traîne légèrement au sol, mettant en valeur une croix thaarienne d'or. Il ne lèvera pas les yeux sur la dame, non, oh ça non, ne pas la dégoûter plus qu'autre chose et ni d'avantage. Par chance elle s'agenouille près d'une tombe, il les connaissait toutes. Malbruck savait son nom. Ne pas se faire remarquer, mais, quand à cette heure-ci, il n'existe que deux silhouettes vivantes, il est bien difficile de jouer aux morts. Alors il inspire doucement, peu habitué à les cotoyer eux. Plus aucune habitude de la société humaine, lorsque l'on vivait reclus, rejeté. Que faire? Juste un signe de tête?

clac, clac, clac, clac.

Le pas reprend, plus lourd, plus fatigué, épuisé. Malbruck avait presque finit de bénir la rangée. Elle pu l'entendre murmurer sur son passage des paroles rassurantes sur son chemin. Mais jamais, ô grand jamais, le petit homme ne s'adresserait à la vivante, ne sachant peut être plus comment procéder.

Au moins elle n'aurait pas eu le dérangement encore, d'un de ces sales systériens laid. Et quelqu'un durant son absence, avait en quelques sortes veillé sur sa mère.


Post by Ryu Hattori, Adm. - February 16, 2012 at 3:03 AM

*Le cimetière. *
Un endroit qui ce soir regorge de vie.

*Certains disent que les cimetières sont des endroits tristes et lugubres, qu'ils sont synonyme de mort, de putréfaction, d’arrêt final ou d'autres choses du genre. Les vrais croyants pensent quand à eux que c'est une étape nécessaire pour arriver auprès du seigneur et faire valoir les bonnes actions accomplies durant la vie ici bas, que c'est un nouveau départ pour un monde meilleur ou ils pourront récolter les actions qu'ils ont fait dans la vie courante, il suffit de regarder la nature, tout n'est qu'un cycle complet ou même le plus incroyant peut y voir la raison de la poursuite de la vie, un cycle qui se termine engendre un cycle qui commence pour la poursuite d'une race, de la nature, de la vie sur la mort. Le ciel est lourd et la pluie a recouvert le pavé d'une fine pellicule humide, assez pour le rendre dangereux mais pas assez pour que l'on se rende compte du danger. Cela serait assez ironique de perdre la vie dans un cimetière alors Ryu fait attention, non pas qu'il soit attaché à la vie, surtout la vie telle qu'elle est pour lui, presque un mendiant, relégué à ce qu'il sait faire du mieux pour l'avoir exercé des années, la pèche. Le cimetière l'avait toujours attiré, non pas qu'il y passe souvent mais la tombe de sa mère est une chose importante pour lui, tout comme la maison qu'il a délaissé, tout comme la tombe de son amie qui se trouve à quelques mètres de lui, de l'autre coté de ce mur, dans l'enceinte de la caserne... Parmi les siens... *

Il en est la dans ses pensées alors qu'il ressent une présence dans l'endroit. Les ombres emplies de doutes sont toujours la, toujours présente à votre portée, comme l'ombre que vous étalez sur le parvis lorsque le soleil est au zénith, alors que votre pensée est au recueillement, à ceux que vous avez perdu, femme et enfant, à ce que vous avez vécu, les ombres s'insinuent dans votre esprit, taraudant votre raison pour refaire vivre des cauchemars que vous pensiez avoir enterré depuis votre enfance. Un homme sage avait un jour dit au jeune Ryu alors qu'il était encore en écolage entre les murs du domaine : «  Les monstres qui hantent tes nuits existent réellement. Non pas qu'ils se cachent sous les meubles ou dans l'ombre d'un vêtement mais ils sont présents, ils vivent en toi, combattent ta raison la nuit et parfois ils gagnent. »

*Cette explication avait obligé Ryu à faire le vide avant chaque nuit, à recouvrir son esprit d'un épais manteau de vide pour pouvoir étouffer celui qui vivait en lui et qui tentait de le dévorer vif. A plusieurs fois il s'était senti piégé au sein même de son corps, regrettant les décisions qu'il avait pris, regrettant d'avoir quitté si souvent l'archipel alors que tout sur Systéria n'était que douleur pour lui et pour les siens. Le passé remontait à la surface, l'armée, les contacts avec les siens, le quartier contaminé, la mort, sa famille, la mort, son entourage, l'or, la mort... la tristesse, la volonté de faire le bien, l'ordre, la mort... *

*Présente elle l'était plus qu'une compagne, elle hantait ses rêves, elle rendait sa vie douloureuse à chaque instant, pas d'une morsure franche mais d'une morsure insidieuse, celle du regret et de la volonté de se voir pardonner au moment ou il effectuerait le dernier pas. Certaines nuits il se réveillait en sueur, sortant d'un cauchemar ou il voyait une barque chavirer emportant tout ce qui lui était cher... Parfois il était dans un village de pécheur, allongé sur le sol d'une case qu'il avait construit de ses mains et qui lui servait de lieu de vie alors qu'il vivait du produit de sa chasse en milieu aquatique. Il revoyait même parfois l’assaut sur le quartier contaminé qui avait vu les guildes se souder contre un ennemi qui était bien plus nombreux que tous réunis.. ils avaient vaincus, sans se soucier de la couleur de la cape qu'ils portaient, sans se soucier du culte qui portait leur esprit au plus haut, près de celui qu'ils risquaient de rejoindre. Il revoyait la maison en bordure de fleuve, ses bains, ses joies et ses moments de plaisir en compagnie de sa mère, il revoyait les instants partagés dans l'enceinte du domaine, dans les murs cernés par des sentinelles, il revoyait les portes de bronze immenses qui se refermaient chaque nuit sur le domaine pour le rendre inaccessible à qui n'était pas autorisé.. tous ces souvenirs... *

*Tout cela était bien loin, perdu dans les limbes d'un passé douteux de mercenaire puis de.. plus rien en fait... L'homme tsen passa sa main sur ses bras tatoués de fleurs de chrysanthèmes, sa main gantée trouva de la peau froide dont le temps hérissait les poils. La mort est une bien fidèle compagne, ce fut le claudiquement de l'homme qui troubla ses pensées, qui le détourna des pensées qu'il avait vers sa mère, celle qui lui avait donné la vie dans une ferme de la campagne systérienne, détournant ses pensées de celle qui avait partagé ses jours dans une caserne et qui avait versé dans l'eau glacée d'un océan en tentant de rejoindre la terre Systérienne. *

« Systéria, je te hais. Pour tout ce que tu m'a fait. Pour ce que tu es. Parce que tu n'apporte que le malheur et le désespoir dans tout ce que tu engendres... Je te hais pour cela et j'ai hâte de te voir brûler, je mettrais tant d'ardeur à cela qu'a te défendre comme je l'ai fait avant... »
*Le ton était sobre, dur, tranchant comme une lame faite par le forgeron Durden, Si ses vêtements sont crasseux car depuis le temps il n'y a pas fait attention, on pourrait presque ne pas reconnaître l'homme. Comme une ombre qu'il était devenu, transparent par sa non présence au sein de la société, il se glissa dans le chemin qui quittait le cimetière, passant à coté des visiteurs, apportant avec lui une odeur de crasse et de poisson, l'odeur d'une personne qui n'a plus aucune volonté mais qui par habitude à choisi de vivre. Son regard passa en revue les tombes et il s’avança parmi les pierres... *


Post by Malbruck, OdS - February 16, 2012 at 3:25 AM

Et un objet lui fut tendu au passage, une paire de boucles. Si Ryu connaissait si bien sa mère, alors il saurait, il saurait que parmi certains systériens encore, il y en avait qui entretenait un certain respect pour deux familles T'sen.

"Je vous souhaite bien du courage dans votre quête jeune Hattori."

Qui aurait cru que cet handicapé le connaissait. Malbruck, l'homme bicentenaire, l'homme qui avait tout vu dans systéria, la mort, la vie, le sein unique, la décadence, la déchéance mais surtout, la renaissance. Nul besoin de lignes supplémentaires pour comprendre la sagesse se cachant sous les allures repoussantes du petit homme des cimetières. Le présent qui lui fut remis valait tous les trésors et concrétiserait peut être certains des souvenirs de Ryu. Les boucles de sa mère, mais laquelle?

clac, clac, clac, clac.

C'est à son tour de partir, évitant de glisser au sol, ainsi que les monolithes tombant au loin sous forme de pièces d'échecs. Car après, tout, tous n'étaient que des pions, certains s'usaient et étaient remplacés, pour une partie d'échec, qui durerait l'éternité.

Mat.

C'était la couleur de sa peau.

Echec.

Elle est tombée dans l'eau.

Soupir.

Des regrets, sans doute, mais ainsi va la mort de son oiseau.


Post by Asphodèl du Typhon - February 17, 2012 at 1:35 AM

Recroquevillée près de la tombe, Asphodèl n'était plus que l'ombre d'elle-même. Ses cheveux, qu'elle n'avait jamais coupé depuis sa réclusion, échouaient au sol sur lequel ils rampaient pitoyablement, semblables à des serpents dorés. Ils pourfendaient la terre obscure de leurs ramures courbées et dessinaient des arabesques enchanteresses. Elle aurait pu s'enraciner, devenir un arbre au tronc noir et calciné porteur d'un feuillage éclatant de lumière. C'était la perpétuelle cohabitation qui faisait d'elle, une créature vivante aux failles profondes.

Ses mains posées à plat sur le sol humide tremblaient. Elle n'avait plus la force de se maintenir. Sa servante avait bien tenté de la forcer à manger ces dernières semaines, mais c'était à peine si la jeune humaine souhaitait s'abreuver.

« Quelqu'un t'observe...Clac, Clac. »

Sa force lui revint dans un souffle puissant. Et elle redressa vivement le visage pour admirer l'imposante cathédrale qui la drapait de sa froide ombre. Dans le mur, entre les pierres rugueuses qui faisaient l'édifice sacré, la silhouette de sa mère vacillait. On pouvait à peine la distinguer, mais en plissant les yeux Asphodèl reconnut les traits de beauté appartenant à Lyanna Ledwynn, née Lunenoire.

« Je ne peux pas me retourner...Maman, je suis trop faible. »

Sa voix singulière et sèche s'envola sans trouver d'interlocuteur aux yeux des probables témoins de la scène. Définitivement, elle parlait seul, mais son esprit contrit imaginait sans peine le fantôme de sa mère incarné dans les pierres de l'église où Lyanna avait servi comme prêtresse de Thaar. Haut dans le ciel, les nuages avaient aveuglé le soleil qui boudait les mortels. Alors, la toute blonde connut la morsure barbare du froid.

« Si tu ne peux pas te retourner, ma chère fille, tout du moins peux-tu l'entendre marcher? Clac, Clac. Moi, je le vois d'ici. Mais je ne saurais te le décrire. »

Sa peau fraîche se hérissait en une chair de poule désagréable. Quelques flammes appelées par un sort mineur naquirent au bout de ses doigts pour lécher paresseusement ses mains avant de s'éteindre brusquement. La magie prenait toujours plus que les bienfaits qu'elle devait apporter.

«Je crois que...si tu haïssais la beauté, alors tu le haïrais. Celui qui arrive en ta direction. L'autre, je ne sais plus où il est.

La pluie ne s'annonça pas. Un dense rideau d'eau s'abattit sur Systéria peu après la disparition du Soleil. Les gouttes froides gelaient à même le derme nu d'Asphodèl dont les épaules voûtées accusaient le coup. Et elle assista impuissante, à la disparition de son hallucination. Sa défunte mère était effacée par l'averse qui martelait la cathédrale, emportant les impuretés. Et les morts qui revenaient ce n'étaient jamais très purs. Aveuglée par ses cheveux trempées qui collaient anarchiquement à son visage, elle tourna son doux faciès en direction du sentier, mais la brume levée par la pluie rendait délicate la visibilité. Elle se redressa alors, vacillante, avant de s'avancer rapidement à travers le carré de tombes. Une bonne longueur de sa chevelure était maculée de boue, tout comme sa robe et ses bras nus en étaient souillés. Désorientée, elle reprit son errance où elle l'avait arrêté.

Elle crut heurter un monument mortuaire lorsqu'elle se prit le T'Sen de plein fouet en arrivant au bout du sentier. Une rencontre avec le sol fangeux acheva de la couvrir d'immondices terreuses. Elle prit appui sur ses coudes pour se sortir la tête hors de la bourbe. Après la peur, vint la colère et ses yeux violacés distinguèrent clairement une silhouette humaine que lui dévoila entièrement une éclaircie soudaine qui acheva l'averse torrentielle. Fronçant ses sourcils et retroussant son minois tâché de terre, elle leva son bras droit, prête à incanter.

« **Tu bénéficies de quelques minutes pour t'excuser, yeux bridés. Ou je t'arrache la langue et par un procédé magique, je la condamne à répéter d'inlassables excuses. **»

Le timbre de sa voix était sec, mais peu assuré. Au fond de ses prunelles se lisait une crainte qui n'avait pas totalement disparue, à peine occultée par une colère et une arrogance si chères au sang – si infime soit-il, des zanthérois.

Que la mort rendait aigrie. Celle qui touchait sa propre personne, ou celle qui touchait les autres. La folie de la perte, entraînait sans doute la volonté de perdre les autres en espérant d'une certaine façon, mieux les retrouver.[/list:u:1irwapzh]


Post by Ryu Hattori, Adm. - February 18, 2012 at 2:06 AM

Les menaces qui tombent sont telle la hache du bourreau qui s'abat sur la tête de celui qui doit mourir ce matin. Qu'est ce que ces menaces, qui est tu toi qui ose t'adresser à moi.. Avant que tu n'ai pu placer le moindre sort tu serais morte peut être.. un coup direct sous le menton, du plat de la main enfoncerait ta glotte dans ta gorge.. dans cette gorge qui a fait des remarques quand à ma race.. ne vois tu pas mes bras tatoués, ne voit tu pas dans mon regard que la mort pourrais te pour...

Le baiser de l'hydre. C'était à toi que je l'avais donnée pauvre chose, tu semble sortie d'une tombe, tes doigts sont gris, ton visage l'est également.. la mort te hante comme elle m'a hanté.. mais moi j'ai gagné sur elle. Moi je m'en suis sorti et je te regarde, crachant ton agressivité contre les autres parce que tu es plus basse qu'eux. Plus basse que tout cela.. ta place n'est peut être déjà plus dans ce monde. Alors après tout cela, après t'avoir dévisagé de bas en haut, après avoir sourit à celui qui lui avait souhaité du bonheur.

*« Je vous souhaite bien du courage jeune Hattori. » *
*Le ton était donné, une voix de celui qui avait traversé le temps et les époques, qui l'avait vu dans sa jeunesse, qui l'avait cotoyé lui et sa mère.. il en était resté sans voix, la main remplie de ces boucles.. jusqu'a l'impact qui les avait envoyé rouler sur le marbre noir d'une tombe décorée d'une fleur de belladonne. *

*Son regard détailla celle qui le menacait et il pris le temps d'inspirer avant de planifier une réponse, elle était lente à venir, il prenait soin de formuler chaque mot, de peser chacune des syllabes avant que le vent n'emportent celles ci vers les oreilles de la sorcière. *

*« Tu bénéficies de quelques minutes pour t'excuser, yeux bridés. Ou je t'arrache la langue et par un procédé magique, je la condamne à répéter d'inlassables excuses. » *
*les mots résonnaient encore dans ses oreilles. Son regard s'attarda dans les yeux de celle qui lui avait parlé et dont les cheveux commençaient à être agités par la probable incantation d'un sort. *

« Je ne vois pas en quoi je devrais vous porter des excuses. A aucun moment je n'ai mis ma personne en faute, si vos yeux étaient aussi aptes à voir que votre langue est apte à lancer des menaces vous auriez pu éviter cette rencontre. »
*Sans aucune agressivité apparente il se décala pour aller récuperer son bien sur la tombe, il angla la tête un instant. *

« Ma langue ne semble pas s'agiter à votre demande. N'êtes vous pas trop décue ? »


Post by Malbruck, OdS - February 18, 2012 at 2:31 AM

Le clac clac caractéristique s'estompe laissant les deux protagonistes ennemis se faire face. Le travail d'un membre du clergé était d'imposer la paix, mais à quoi bon de leur faire entendre raison, alors que tout deux étaient rongés par des démons bien plus puissants que le petit être fragile qu'était Malbruck?
Ses yeux porcins s'éloignaient de leur champs de vision, il avait les prières à faire à la mausolée avant de partir. Partir définitivement dans sa solitude quotidienne. Entendre leur dialogues violents et agressifs était une pollution auditive même à son âge. Après toutes ces années les colères restaient les même dans ces lieux ou les âmes des morts n'avaient plus réellement leurs mots à dire si ce n'est que par des transmissions de pensées.

"cling."

Combien d'années l'avait il pensé? Voilà qu'en quelques secondes son fils faisait tomber les boucles au sol, des boucles que petit homme avait gardé durant ces longues périodes, à se ressasser un temps qui ne lui appartenait plus. Tout ce soin brisé par une percussion maladroite.

Le coeur du sanctifiant c'était fêlé un peu plus alors. Un crissement intérieur déchirant un peu plus tout son petit être déjà trop meurtris physiquement. Cette fois-ci, il ne regarderait pas la mort. La mort de l'unique souvenir qu'il avait gardé de sa précieuse amie. Tous ces amis, Cornelius Aigrepoint avec qui il passait son temps à discuter sur l'évolution des êtres ou même encore à le voir tomber de son cheval pour apprendre à être un bon cavalier. L
Le regretté Kalidor qui avait toujours pris soin de lui ou même Arthas du temps ou la folie ne l'avait atteint.
Parfois Mabruck regrettait cette époque ou l'homme de devas Datant parcourait la ville sur son destrier de guerre, l'époque du vrai empire.
Toutes ces figures: la main de Khayzanne sur son dos, sa propre main de médecin touchant le ventre arrondi de Yuri Minh Yu, dont il avait organisé la messe après sa mort. Pourquoi eux? Pourquoi Thaar c'était évertué à détruire le peu de vie que ces personnes lui avaient offert? Pourquoi Ryu les avait fait tomber? Ces deux petits morceaux de métal. Cet unique son sur le sol avait pu toucher le sanctifiant et tout ce dont il pouvait se rappeler en l'espace de quelques secondes.

"cling cling cling..."

Le triste échos de ce qui fut une vie brisée, et dont personne ne s'était soucié.

Il inspire un grand coup, leur faisant dos toujours, regardant par dessus le rempart qui séparait le cimetière de la caserne. La sauvage vient à lui. L'intrusion n'était pas vilaine en soi, la méthode un peu barbare, mais rien à voir avec ceux du camps se formant en dehors de la ville. Peut être n'avait elle pas l'habitude ou qu'elle s'était laissée surprendre par une tierce personne, qui prenait Malbruck pour un réceptacle de communication.

"Lawdori n'aurait pas voulu, que tu finisses ainsi."

Les paroles avaient sonné comme le glas. Il avait fait tomber les boucles de son coeur, Malbruck ferait planer sur le T'sen un amas de zones plus sensibles qu'une simple langue qui ne se délie pas.


Post by Asphodèl du Typhon - March 4, 2012 at 4:42 PM

\t Les nuages s'étaient rués sous l'impulsion d'une secousse silencieuse. Ils avaient déferlé en l'espace d'un battement de cœur – ou de cils si l'on n'avait guère plus de cœur, pour féconder la terre d'un courroux larmoyant. Et maintenant, les puissants rayons de l'astre solaire l'aveuglaient. Thaar avait séché les larmes du ciel dont il offrait la bienveillante et chaleureuse lumière aux enfants de ce monde. L'éclat des cheveux d'Asphodèl aurait pu éblouir une armée entière si la boue ne les avait pas couvert d'un masque obscur. La vague lueur du souvenir raviva les prunelles de la jeune humaine étendue au sol. Les traits dont elle caressait le dessin s'offraient à son entière connaissance et le temps suspendit son vol, rendant sa surprise presque éternelle. Elle déglutit péniblement – toujours à patauger dans une fange froide que la clémence du soleil n'arrivait pas à réchauffer.

-Je vous reconnais....soufflait-elle tout bas, l'oeil luisant,** je vous reconnais...**

Elle le répétait de nombreuses fois, digérant l'information qui frappait inlassablement ses nerfs. Ses ongles griffaient la terre meuble, et ses doigts y creusaient des sillons profonds. L'humaine fit un effort pour détendre ses jambes et se redresser lentement. Sa chevelure souillée caressa le sol avant de battre faiblement au vent.

-En réalité, reprenait-elle en rangeant derrière son oreille une mèche boueuse, je reconnais votre arrogance et cette stature faussement impérieuse qui tend votre misérable être.

Un sourire discret avait pincé les lèvres délicates d'Asphodèl, puis elle prononça subtilement comme savaient le faire les mages qui incantaient leur sort :

-Où que vous soyez...vous êtes grossier.

Elle avait levé sa main souillée de boue en articulant bassement ces mots et son index droit pointait maintenant en direction du T'Sen sans subtilité aucune, le désignant vulgairement. Les coins de sa bouche s'étaient retroussés dans une mimique agacée, mais elle garda le silence, au même titre que les morts qui peuplaient les sous-bassement de ce lieu sinistre et pourtant baigné de lumière. Son bras tendu tremblotait, sûrement de colère, de peur, peut-être était-ce la brise fraîche qui de temps à autre dérangeait leur cheveux et murmurait de nombreuses et secrètes choses à leurs oreilles attentives.[/list:u:104ag96o]


Post by Ryu Hattori, Adm. - March 4, 2012 at 7:44 PM

Quand le vent souffle et disperse les pensées.
*Quand le temps et la distance œuvrent. *

*Qu'en était t'il de celles de l'homme, perdues entre l'archipel, les morts, les moments passés qui n'étaient plus, les combats qu'il avait du affronter, ceux dont il était sorti gagnant, ceux dont il était sorti perdant.. Toutes les épreuves qu'il avait du affronter avaient forgé son mental, acéré ses idées, son mordant, affûtant la lame de sa volonté comme les forgerons le font avec celle qu'ils enfantent. *

*Le geste était grossier certes mais il semblait surtout désespéré, dernier mouvement désordonné et un tant soit peu réfléchi de celui qui le provoque. Il ne réagirait pas à la pierre jetée, à cette menace visuelle qu'il avait reçu comme on reçoit un coup de bâton en plein torse, quand celui ci vous coupe le souffle. Dans sa tête il avait dégainé sa lame, coupé d'un geste large le bras tendu, ouvert la gorge d'un autre passage de la lame et repoussé le corps sans vie dans la terre meuble pour qu'elle termine de se vider dans son sang dans celle ci. Non, il n'en ferait rien, il étirerait un sourire du coin de la bouche avant de s'adresser à elle. *

« Vous souffrez beaucoup pourtant je n'ai rien à faire de vos tentatives désespérée de vous attirer de l'attention. »
*Il contourna celle qui le maudissait ou qui incantait dans son dos et fit quelques pas, le regard posé vers celui qui lui avait donné ces boucles d'oreilles qu'il passa aux siennes. Un pêcheur muni de boucles d'oreilles, un clochard avec de tels atours c'en était presque risible. Ses yeux détaillèrent celle qui se trouvait toujours à terre, sa main se posa sur une lame enveloppée dans une loque qu'il serra un instant contre lui. *

« Ryu Hattori, ce n'est pas le chemin que tes parents auraient voulu te voir suivre, le sang et la fortune ont toujours guidé tes pas et tu ne suis plus ni l'un ni l'autre.. Peut être serait t'il temps que tu fasse un choix. »
Cette voix, cette petite voix profonde au fond de son esprit lui avait parlé, son père en était l'hôte aussi, le démon qui l'habitait venait comme cela le narguer et lui faire prendre certaines décisions peu.. conventionnelles.. Sa mère lui avait parlé de cela dans sa jeunesse, alors qu'il passait du temps dans les fermes avant son départ pour l'archipel.

« Maman.. »
*Ses yeux s'embuèrent un instant mais il chassa les pensées d'un bonheur perdu avec sa mère au sein de la ferme, des soirs ou elle lui tirait les cartes ou elle incantait parfois pour lui. Il en avait gardé des bribes d'incantations, des bribes de formules magiques qu'il ne maniait pas, d'une magie qu'il ne gérait pas. La lame brillait dans son fourreau, il rêvait peu à peu de reprendre le chemin des combats, de replonger celle ci dans les corps, dans les chairs et dans le sang... comme au temps du quartier contaminé. Il détailla celle qui lui tendait toujours son index dans un mouvement vulgaire digne d'une fille facile de la basse ville, ses cheveux flottants au vent, ses vêtements plaqués sur son corps par la pluie. *

« Pourquoi voulez vous me pousser à bout et par ce fait provoquer votre mort et la mienne ? Est ce cela que vous cherchez dans cette tristesse ? Voudriez vous périr par la lame plutôt que de vous jeter du haut de la cathédrale ? »
*Le ton était doux comme la température extérieure, le vent soufflait dans les loques qu'il portait, claquant comme des oriflammes.. En attente d'une réponse. *


Post by Malbruck, OdS - March 4, 2012 at 9:27 PM

Quand deux chiens grognent, le maître les apaise.

Ses pupilles noires au fond de ses yeux porcins et désaxés avaient suivit l'échange dans un mutisme général. Car, après avoir donné deux coups de poignards verbaux à Hattori, rien ne servait de se presser pour achever ses souffrances. Il fallait laisser saigner les plaies, le laisser prendre le dessus pour lui offrir le coup fatal tant désiré.

La hargne du clochard se déclenchait donc sur la silhouette féminine non loin. Deux chiens hargneux, qui se ressemblaient en beaucoup de points. Les deuils vous rendent agressifs, la souffrance glace votre coeur et le fait de vivre avec ces maux vous transforme en véritable bête enragée, d'infortune. Ryu ne lui offra qu'un regard, que le sanctifiant ne lui rendit pas: Les boucles encore au sol scellaient une déchirure palpable. Sous sa toge blanche, les muscles de petit homme se déliaient pour reprendre sa marche jusqu'à s'interposer entre les deux.

"Clac... Clac...clac."

La canne est comme une horloge se met en route. Une fine pluie c'était mise à couler sur le crâne dégarni, blanchâtre et maladif de Malbruck. L'ankh autour de son coup vacillait sous le coup de leurs émotions à tout deux. Malbruck tourne la tête à droite, observant Asphodel et son index pointé rageusement vers le fils de Khayzane. Puis vers la gauche, observant alors un Ryu qui donnait déjà la mort dans un monde qui ne lui appartenait pas. Le tout lentement comme un ralenti. Ses paupières se ferment un instant laissant s'écouler quelques gouttes d'eau, larmes de ces âmes qui ne lui appartenait pas.
Pourquoi ce devait être à lui de régler ce genre de litige? Ryu et Asphodel ne voyaient ils pas la chance qu'ils avaient d'être nés bien fait physiquement et psychologiquement? Qu'était-ce une mort dans leur vie alors que chaque jour passé à vivre pour le sanctifiant était un deuil que de se découvrir plus laid de jour en jour. Sa voix s'élève de nouveau, fluète mais bien tranchée et placée.

"Il suffit. Vous êtes ici dans un endroit de repos et de pénitence. Dois-je vous faire sortir, pour vous libérer vos méninges de toute cette haine inutile en ces lieux? Dois-je appeler les paladins? En est on arrivé ici ou bien allez vous ravaler vos colères? Dois-je subir vos assauts et mourir à vos places pour vous faire comprendre votre incompréhension sur ce qu'est le fil minuscule qui s'use et qui retient votre coeur brisé dans le monde des vivants?"

Et face à cette diatribe inhabituelle du sanctifiant, il leur offrit un regard emplit d'empathie. Pourquoi? Parce que les oiseaux se cachent pour mourir.

"Je vous somme à présent de vous trouver un moment de libre dans vos semaines et vous viendrez me voir tous deux pour que nous discutions. C'est cela ou je vous interdis à vie de pénétrer dans ce cimetière pour vous recueillir. Je doute que l'Ordre sera content de voir deux personnes prêtes à se battre ici-même. A présent, pardonnez vous et rendrez chez vous. Vous allez attraper du mal, il pleut."

La remontrance se termina en une attention presque affective. Et Malbruck attendait, entre les deux, que leurs prochaines paroles soient plus emplies de sagesse que les personnes les plus importantes de Systéria n'aient eu à le faire.

Le maître avait parlé.