Un chat maladif.

Un chat maladif.

Post by Abigaël Roseren, Adm - April 12, 2012 at 8:53 AM

Oh, si seulement...
**Mademoiselle est un chat. Un pauvre chat maladif. **

La si jeune demoiselle ne bougeait pas, ou ne bougeait plus. Son regard embrumé était fixé sur le plafond, le trouvant bizarrement très intéressant. Il n'y avait que des fissures, que du bois, que de la moisissure. Une maison piteuse, des moyens lamentable et une blessure misérable. Que pouvait-elle trouver à ce plafond pour rester ainsi couchée, sans oser bouger ou même seulement y penser. La réponse ne résidais certainement pas que dans son lit tout poisseux. Ni dans son bras enroulé de bandage nauséabonds et qui, malgré les soins de sa copie, ne cherchaient pas à prendre une odeur moins infecte. Ce n'était certainement pas les vomissements qui la clouait au lit. Ni même la fièvre. Au final, on aurait pu la traiter de lâche, de paresseuse.
Mais c'était bel et bien la vérité, tout ça ; elle souffrait le martyr.

Comment est-ce qu'une chasse toute inoffensive avait pu mal tourner à ce point? La belle ne cherchait même pas à le savoir, elle n'avait d'autres idées que de rester cloîtrer chez elle. Elle n'avait même pas penser à écrire à ses supérieurs, ni même à sa patronne à la Rose. Elle n'avait absolument rien fait. La douleur physique était une chose, mais une douleur psychologique lui tapait le cerveau, les yeux, les forçant à se mouiller parfois. Elle avait vu l'état de son bras droit, le bras avec lequel elle tirait sa corde, sa flèche. Le bras avec lequel elle était si adroite, avec lequel elle aimait tant tout toucher, tout faire.

Elle avait vu l'état lamentable de la peau qui s'était détachée de son bras.
Elle avait vu l'état lamentable de l'os brisé, broyé même selon ses dires.
Elle avait vu la plaie infectée, elle avait tout vu.

*Oh, Thaar, si seulement elle avait pu être aveugle... *

**- Faites attentions, elle est énorme. **La voix de la toute jeune t'sennoise s'était élevée contre les parois rocheuses de la caverne, entourée de nombreux cadavres. Ce n'était pas une alerte, son ton de voix n'avait pas gagné en intensité sous ses mots ; aussi ne la prendraient-ils peut être pas au sérieux.

Ils marchèrent tous trois. Les deux archères devant, bien drôle de position, alors que le mage se tenait derrière elles. Bien malgré l'audace de leur chasse, ce n'était pas si mauvais. Le mage envoyait un bidule tranchant devant, servant de preux chevalier prêt à tout encaisser. Les deux jumelles se tenait derrière cette chose, décochant flèche en une symbiose toute étrange mais si familière à la fois. Le mage restait en retrait, marmonnant des sorts aussi rapidement que ses lèvres pouvaient bouger. Tout allait bien, les premières tarentules coulèrent sous l'assaut, puis les autres petits monstres verts en firent de même. Faute aurait été de croire que tout se déroulerait sans embuche, jamais une chasse ne terminait bien avec les jumelles T'sennoise. Jamais.

- Elle est énorme ! Cria Norion alors que la bête s'approchait à pas feutrés, rapides et agile. Ses huit pattes frôlaient le sol à une vitesse folle. Sa grandeur, sa jupe sombre, tout la rendait impressionnante. Elle les avaient averti, pourtant. Elle avait dit que c'était tout un bout de chaire. Et pourtant...

Et pourtant, rien.
L'immense araignée saignait par derrière, par la gauche, elle arborait un allure de porc-épique tant les flèches tirées lui avaient modifiées l'apparence. Flèches. Mais ou sont passé mes flèches? En passant sa petite main vers son carquois, les yeux de la belle s'écarquillèrent littéralement sous la découverte. L'araignée n'eut pitié de cette vision d'archère sans munition, en profitant plutôt pour bondir vers elle. Un cri strident passa hors des lèvres de la demoiselle alors que ce qu'on pourrait appeler « bouche » de la bête fit la rencontre du bras de la demoiselle et que le corps de cette même chose rencontra celui de la jumelle. Son bras droit plia dans un craquement infernal à son sens à elle. Ce n'était pas que la morsure. La bête avait été tuée et s'était laissé tomber sur son bras, bon repas qu'il était en le pliant comme on plis une douillette. La mâchoire serrée, crispée, Abigaël hurlait sa douleur, défiant son orgueil en cherchant à se libérer de son étreinte romantique. Son bras plié d'une bien drôle de façon était couché dans une plaque verdâtre, carbonisant sa peau sous divers assauts furieux, procurant moult souffrances à la demoiselle.

Elle hurlait, elle pleurait même.
Son orgueil ne l'avouera jamais cela dit, mais des larmes avaient bel et bien perlées sur ses joues rondes.

Finalement, sa soeur ainsi que l'hybride réussirent à extirper le soldat de sa cage à douleur. Elle haletait, elle avait mal. L'inconscience cognait à sa porte, la laisserait-elle entrer? Pas tout de suite, aby était plus forte que ça, allons... Sa mâchoire restait serrée, les lèvres pincées de façon à ne pas crier à toutes les secondes. L'acide mangeait son bras tout brisé, le venin gagnait ses vaisseaux sanguins... Mais quelqu'un avait-il aperçu cette morsure?
Faute était de constaté que... Non. Mais ce n'était pas de mauvaise foi.

La copie du Soldat avait amenée celle-ci à Ste-Élisa, la déposant tout en douceur dans la salle d'attente à la recherche d'un médecin. Le teint de la belle blêmissait, s'orientant plutôt en direction d'un vert-olive, d'un blanc malade. Mais, malgré les tentatives, aucun médecin n'osa venir traiter un nouveau patient.

L'infirmerie de la Basse-Ville.
Elle était...Trop accueillante dira-t-on. Sitôt entré, une porte s'était ouverte sans même qu'une ombre s'y glisse. Un autre fantôme. En plus d'avoir une forte envie de vomir, la t'sennoise n'avait aucune mais alors là, aucune envie de se faire assassiner. Pitié, foutez lui la paix.

La maison, ultime repaire.
Il n'y avait pas de médecin spécialisé, ni même de réel médecin. Oui, Evelyn avait troqué la Charpentrie contre la Médecine puisqu'Abigaël n'avait jamais eue envie d'apprendre à toucher des plaies. Au moins ça. Le corps tout maladif de la jumelle soldate se fit abandonner à l'intérieur de la demeure un moment alors qu'une Elfe Noire passait par là, se faisait choper par le fait même.

Un baume, des fioles pour les vomissements, pour la fièvre.
Rien de plus, rien de moins...

Ses vomissements, sa fièvre ; tout ça s'abaissait tranquillement, tout doucement.
Mais jamais ça ne semblait s'arrêter. La belle hurlait en se réveillant la nuit, posant sa main sur son bras meurtris en haletant.

Oh, Thaar, si seulement elle avait pu ne pas aimer son bras...


Post by Evelyn Roseren, AdM - April 12, 2012 at 9:43 AM

Oh, encore heureux...
**Mademoiselle n'est pas un chat unique. **

Elle avait échangé l'apprentissage de la menuiserie pour l'apprentissage des soins. Quel drôle d'échange que voilà ! Elles se partageaient tout, après tout, pourquoi apprendre toutes les deux la même chose ? N'est-ce pas anti-productif et totalement inutile ? Non, il fallait prendre soin de tout séparer minutieusement. Or, l'appel des soins était nécessaire dans toutes les vies ordinaires de tout le monde, incluant les leurs. En plus, ça relevait d'un caractère plus... délicat et... intellectuel que cette chose de meubles à laquelle, de toute façon, sa soeur excellerait davantage.

Enfin, il ne faut pas toutefois vulgariser la chose. Apprendre les soins étaient nettement plus ardu qu'apprendre à tailler une planche. Or, ça ne retenait pas la jumelle T'sen, ces choses-là. Elle adorait tout particulièrement se mettre le nez dans les choses compliqués, dans les techniques diverses de soin d'urgence. Tout ça arborait un caractère si théorique et concret à la fois que c'en était séduisant.

Sur papier, bien entendu...

Elle avait vu l'état lamentable de la peau qui s'était détachée de son bras.
Elle avait vu l'état lamentable de l'os brisé, broyé même selon ses dires.
Elle avait vu la plaie infectée, elle avait tout vu.

Oh, Thaar, comment m'y prendrais-je ?


- Shtt, shtt, ça ira, tu peux dormir, maintenant... La voix de la copie était douceâtre, cherchant pour le moins du monde à alerter sa jumelle. N'nhn, ça ira pas. Elle dévisageait le bras qu'elle ficelait de bandages humides et propres, et elle doutait. L'état était exécrable. Les baumes et onguents de la demoiselle toute mauve avait su adoucir la souffrance de sa soeur, mais elle n'était toujours pas certaine des effets à long termes. Après tout, même si une mixture pouvait régler la blessure et aider la peau à se reformer, qu'en était-il de l'infection ? Elle était traitée, mais peut-on réellement être sûrs qu'il s'agissait là bel et bien de poison ?

Tant de questionnements... Elle ne pouvait pas détacher ses prunelles du faciès endormie de sa jeune soeur. Elle serait probablement clouée au lit un moment, elle imaginait déjà l'ennuie profonde qu'elle éprouverait à rester là... peut-être lui apprendrait-elle plus en profondeur de Backgammon ? Le temps n'était plus ce qui manquait aux deux jumelles, après tout...

Une soeur assoupie. Que faire, maintenant ? La laisser dormir en paix serait probablement une meilleure option, mais à l'idée de... m'nhn. Une tête secouée et une porte tout délicatement refermée derrière elle. Elle pinçait ses lippes toutes pâles et égarait sa main à ses mèches sombres. Comme elle était blessée, elle ne pourrait probablement pas rentrer de sitôt à ses deux boulots. Aussi bien les avertir... plus tard.

Elle s'inquiétait, mais ne quitterait pas sa dextre. Elle soupirait, mais ne se démotiverait pas. Actuellement, aussi égoïste et sans coeur que cela lui paru, la blessure toute récente d'Abigaël avait su rehaussé son intérêt à la médecine. Aujourd'hui, des connaissances dont elle manquait avaient été nécessaire. Ce genre de situations ne devait plus jamais se reproduire, pour les bons soins de sa moitié. Tant qu'à passer la nuit debout, elle était aussi bien de la passer à bouquiner, m'mh ?

Commençons : infections et soins.


Post by Abigaël Roseren, Adm - June 5, 2012 at 10:04 PM

Oh, solitude..
**Reviens-moi. **

« C'est votre sœur, »

« Qu'a-t-elle fait, encore..? »

Kirby ne dit de mots, les lettres parleraient d'elles-mêmes. Il arqua l'échine pour ramasser cinq ou six lettres et les déposer sur le comptoir devant la toute pâle t'sennoise déjà irritée à la vu d'autant de papiers. Oh, si cela avait été pour un quelconque travail, ne pas douter que la demoiselle serait enchanté de voir autant de plis. Cela dit, elle semblait déjà deviner la nature des missives, la nature des lettres, la nature de sa copie.

Elle étira le bras pour prendre la pile de lettres et l’amener dans sa besace non sans un détachement certain avant de déposer ses mires sur le secrétaire, toute perplexe.

**« A-t-elle fait des progrès concernant l'obéissance? Ou simplement le respect des supérieurs concernant leurs titres? Ou alors.. » **

« Non, Demoiselle Roseren. Aucun. »

**« C'est bien ce que je pensais... » **

La toute jeune demoiselle tourna les talons pour quitter aussitôt la Caserne. La salle des cartes ne la tentait pas le moins du monde à cette heure, elle désirait la solitude. Solitude qu'elle irait trouver une fois changée. Il était hors de question de sortir en expédition avec sa si jolie robe, vraiment. Le poids de sa besace – aussi léger soit-il – pesait sur son épaule d'une toute lourde façon. Elle marchait, passait dans les rues et déambulait sur le pont pour se diriger vers la maison. Déjà, son sac avait su creuser un creux énorme entre son épaule et son cou, créant un début de tension énorme dans sa nuque. Ses pieds glissèrent sur chaque marches pour monter celles-ci, s'arrêtant devant la petite boîte aux lettres pour vérifier son contenu, comme à chaque entrée. Deux autres lettres. Abigaël et.. Abigaël. Génial. Les morceaux de papier eurent le même traitement que les autres récupérées à la Caserne et trouvèrent refuge dans sa besace.

Le petit chat tourna les talons sans passer la porte, au diable les branches qui voudront bien craquer sa robe. Elle n'avait pas le courage d'entrer dans sa propre maison. C'était un peu pathétique, mais c'était ainsi. Elle déambula dans la Basse-Ville avec cette tension toujours si présente dans le bas de sa nuque, il lui fallait un endroit pour assouvir la curiosité d'avoir reçu autant de lettres en si peu de temps, il lui fallait un endroit. Rien de tel qu'un petit Parc aux allures t'sen pour la fouine.

La toute jeune demoiselle déposa son corps sur la plate-forme au-dessus de l'eau, laissant retomber son sac entre ses jambes dans un soupire ultime. Une première lettre se fit ouvrir, elle venait d'Esmeral. Un petit sourire marqua les traits de la t'sen sous les mots, sa plante était morte? Zut. Par chance, celle qu'elle avait planté un jour après décorait désormais le balcon de sa maison;- elle avait réussi!
La deuxième lettre venait de sa sœur. Une plainte, une seconde plainte, une sœur désobéissante, une copie cassée. Ses mots trouvèrent refuge dans l'eau derrière elle, ainsi chiffonnée et lancée. La troisième venait aussi de sa sœur, encore une plainte. Travailler avec sa jumelle commençait déjà à l'agacer, sincèrement. C'était un agacement incessant qui n'aurait jamais du naître. C'était SA branche, SA guilde. Le papier chiffonné trouva lui aussi la route de l'eau. La quatrième missive venait... Oui, encore de sa sœur. Quelques mots, des lettres croisées et un nom envolé. Mavolio...

La quatrième lettre venait de son correspondant mystère. Oh, il n'était plus réellement mystérieux depuis le temps, mais il restait un correspondant. Elle chiffonna aussi le papier plus impulsivement cette fois, donnant de gros coups paume contre paume pour plier et rendre toute plate la ba-balle de mots. Sa main agrippa la dernière lettre dans sa besace et, sans l'ouvrir, elle aperçu le papier. C'était encore un fois sa sœur.

« Foutez moi la paix! »[/list:u:enxi587j]
Hurla-t-elle à s’époumoner alors que c'est son sac lui-même qui s'envoya dans l'eau avec les boules de papiers envoyés. La respiration haletante, le dos arqué vers l'avant et les poings serrés contre le plancher, la jeune fouine en avait assez.

C'était peu dire et c'est peu pesant comme mots dit comme ça, cela dit..
Elle en avait réellement un ras-le-bol.