Bain de minuit
Post by Diablotine - April 22, 2012 at 5:18 AM
Les reflets de la lune dansaient à la surface de l'eau. Le bruit des vagues était apaisant, telle une douce berceuse chuchotée aux oreilles endormies des quelques pêcheurs qui sommeillaient dans leur cabane au bord de la plage au sud-ouest de Systéria.
Soudain, une forme remonta doucement à la surface de l'eau, s'avançant lentement vers le rivage. On ne pouvait distinguer qu'une silhouette noire dans l'obscurité de la nuit. D'abord une tête, ornée de deux minuscules cornes à peine perceptibles, puis des épaules féminines sur lesquelles retombaient de longs cheveux mouillés. Puis émergeant, un corps nu aux formes voluptueuses duquel était rattachée une longue queue effilée se terminant par une pointe osseuse qui ondulait derrière elle comme un serpent envoûté par un charme... Alors qu'elle enfonçait ses orteils dans le sable de la plage et se dirigeait vers ses affaires. Le craquement d'une branche la fit sursauter. Sa queue se raidit et pointa en direction du bruit comme celle d'un scorpion sur la défensive. Elle retint son souffle. Puis le silence complet...
Elle expira de soulagement. Sa queue s'enroula machinalement autour de sa jambe puis la silhouette revêtit une robe qu'elle avait laissée sur place. Elle rabattit un capuchon sur sa tête et s'enfonça dans les bois en direction de la cité...
Post by Mavolio Bolton, cp - April 22, 2012 at 10:26 AM
Le rendez-vous des démons.
La nuit, tous les chats sont gris. C'est sans son chapeau melon, que Mavolio se rendit en forêt un peu avant minuit. Pour y faire quoi? Chasser les âmes, faire son travail de répurgateur comme il l'avait toujours fait, n'en déplaise à quelques langues vipérines de l'Ordre qui tentaient de l'assimiler à la nécromancie. Dans sa main un bâton court qui l'aidait à marcher, héritage familial, tare familiale, carence ou élégance c'était au choix du lecteur et de ses affinités. Il ne faisait aucun bruit, évoluant dans ce monde sombre qu'il côtoyait depuis un moment, et qui faisait de lui cet être si insipide et associable pour la masse de moutons composant une partie de la société systérienne. Du moins, c'est comme cela que le jeune Bolton percevait ce monde.
Il y avait ce coin à belladone, souvent retourné par les alchimistes, les mages et les empoisonneurs. C'était le dernier cas qui faisait venir le jeune chercheur en ces lieux. Les alchimistes et les mages assumaient pleinement leur récolte en pleine journée, mais quelques illuminés encore s'octroyait le droit d'aller cueillir les plantes en pleine nuit, se croyant à l'abris de tous les regards... pas à celui du fils du surintendant. En plein milieu de la plaine, un mouvement à peine percéptible dans l'eau se fait entendre. A cette heure-ci, le moindre bruit est sujet à la paranoïa. Les yeux métalliques se tournent vers la cabane. Certainement les pêcheurs qui rentraient tard?
Mais ce qu'il vit le fascina un instant, une silhouette sortant de l'eau, humanoïde: aqual, humain? Mavolio s'approcha pour savoir l'origine, alors que son pied faisait craquer la branche, alertant la farouche personne qui sortait de son bain de minuit. Murmure puis disparition... Avait il vu ses origines? Peut être pas. Y retournerait il pour voir? Certainement... Le lendemain à l'aurore déjà, il questionnait les pêcheurs sur cette étrange apparition:
Il paraitrait que les sirènes reviendraient près des côtes systériennes...
Post by Diablotine - April 22, 2012 at 6:46 PM
La plupart des pêcheurs que questionna le jeune Bolton le lendemain se contentèrent de lui répondre par un rire gras et impoli avant de retourner à leurs occupations. Tous, sauf un. Un homme dans la soixantaine avancée arborant une barbe blanche bien fournie et un chapeau de paille usé ouvrit la porte de la cabane près de la plage.
"Des sirènes? Ma foi ce serait trop beau! Non! Je n'ai rien vu de tel... au revoir!"
Il referma la porte à moitié
"Oh mais attendez! il y a peut-être un récit qui pourrait vous intéresser par contre... Ça s'est passé il y a environ une semaine. Un jeune blanc bec énervé m'a foncé dessus l'autre jour alors que je pêchait au port..."
Il élabora alors son histoire (viewtopic.php?f=13&t=42093)
"C'est tout ce que j'ai, bonne chance dans votre chasse aux sirènes!" Dit-il d'un air moqueur avant de refermer la porte en rigolant dans sa barbe.
Post by Diablotine - April 22, 2012 at 7:02 PM
Il s'écoula trois nuits sans que rien d'anormal ne se produise sur cette plage et que nulle trace n'était visible. Mais ce soir là, Diablotine revint. Elle avait prit l'habitude de venir se laver la nuit sur ce coin de plage, à l'abri des regards indiscrets. Du moins, c'est ce qu'elle croyait. Cette nuit était encore plus sombre que la fois précédente où elle était venue se baigner. De lourds nuages recouvraient la lune timide, plongeant le monde dans les ténèbres.
Une brise fraîche la fit frissonner alors qu'elle se dévêtit. Laissant sur la plage ses vêtements, un vieux livre de magie usé et un sac de réactifs basiques. Elle plongea avec grâce dans l'eau salée et alla nager à bonne distance du bord. Frottant sa peau lisse avec un savon au parfum de lavande.
Alors qu'elle regagnait le bord elle s'arrêta net, émergeant de l'eau jusqu'au niveau des épaules. Quelque chose l'observait sur le rivage. La silhouette d'un homme qui la dévisageait se tenait debout près de ses affaires.
Diablotine resta à distance, méfiante. Elle regarda à sa gauche, puis à sa droite nerveusement. Visiblement, elle était prise au piège. De sa voix mielleuse et invitante, elle brisa le silence.
"L'eau est bien agréable malgré la fraîcheur de la nuit. Peut-être aimeriez-vous venir me rejoindre?"
Autour d'elle, une fine pointe osseuse ressortait de l'eau et faisait des allez-retour, comme l'aileron miniature d'un requin prêt à bondir sur toute proie qui s'en approcherait.
Post by Mavolio Bolton, cp - May 18, 2012 at 12:49 AM
Trois jours de traque illégale, après une longue absence. Le jeune chercheur était toujours à la recherche de sa créature fantastique. alors que certains rêvaient de dragons, lui s'imaginait combattre une sirène, créature d'apparence angélique mais dont les crocs sauraient percer les jugulaires tendres des humains. L'excitation était donc différente de celle que l'on pouvait rencontrer dans les contes de fée. Sur sa tête, ce chapeau melon qui ne le quittait désormais plus. Ses yeux étaient recouverts d'une fine pellicule lui permettant de voir dans le noir, le pas était prudent, la silhouette quasi invisible dans la pénombre. Dans une autre vie, Mavolio aurait certainement fait un bon traqueur, avide de découvertes, aventurier solitaire, ce qui aurait déplu à sa famille.
Mais qui croit traquer la sirène traque le voyeur. Accroupis dans la pénombre, il n'avait pas remarqué la silhouette dans l'eau, certainement trop loin pour la repérer du premier coup d'oeil. Le répurgateur s'attrada plutôt sur la silhouette masculine qui se rinçait l'oeil. Ce serait donc une nouvelle nuit sans résultat notable. Qui avait il d'intéressant à observer un voyeur qui semblait regarder...
... une silhouette dans l'eau. La lune dans le ciel était couverte par la présence de quelques nuages, ce qui ne permettait pas une vue directe sur la silhouette aquatique, seulement de distinguer les contours. Cependant, il était remarquable que le voyeur avait trouvé cette raison suffisante pour profiter du spectacle. Peut être se ferait il avoir par la sirène? Ou etait-ce un aqual?
De ses lèvres, il murmurait alors doucement une incantation, trop loin encore pour être entendu du voyeur et de la créature dans l'eau.
"An Lor Xen"
Son corps pu se confondre alors avec l'environnement autour de lui, rendu totalement invisible. Mais ne pas être voyant ne signifiait pas forcément ne pas être bruyant. Le jeune homme redouble donc d'attention au moindre pas qu'il faisait vers les protagonistes: à savoir s'il s'agissait de ses élucubrations fantastiques ou bien de deux amants prenant un bain de minuit, en toute intimité...
"L'eau est bien agréable malgré la fraîcheur de la nuit. Peut-être aimeriez-vous venir me rejoindre?"
Bien entendu, les mots ne lui étaient aucunement adressé. La voix avait ce ton parfaitement humain, rien de fantastique. Ce ne serait pas cette soirée-ci que le chercheur trouverait les créatures décrites dans ses livres de mythologies. Il rebroussa donc chemin, laissant les deux personnes dans leur tranquillité nocturne.