L'Appel

L'Appel

Post by Maegor Recaedre - June 20, 2012 at 10:24 PM

Brethenburg, Brégunia, tard dans la nuit
Dans une auberge attenante à l'Académie de Brethenburg

La nuit était douce à Brethenburg, qui était endormie depuis des heures déjà. Et c'est à la danse des chandelles que discutaient deux forcenés par la vie, avides d'aventures et pourtant confinés à boire et travailler, matin au soir.

« Tu sais ce qu'on dit ? Eh bien, il semblerait que cette grenouille de bénitier de Systérien serait dans le coin avec sa cohorte... Il serait à la traque d'une sottarde Zanthérienne ou je sais pas trop... » *racontait le tenancier en polissant un quelque ustensile aussi rouillé que se peut. *

« C'est jamais bon quand le Temple relâche ses chiens de chasse, jamais bon... et jamais pour rien. En tout cas, il se fera pas d'amis à Brethen, ce limier ! On sait tous ce qu'il était, avec cette Confrérie de Poulpes qui se targue de tout les compliments. Si nos chemins viennent à se croiser, je peux t'assurer qu'il réalisera bien vite qu'il a étudier à la mauvaise école ! » donna pour seule répondre Gristold, un sorcier vétéran handicapé d'un bras en moins qui ce soir buvait sa solitude comme il avait prit habitude de le faire.

La vie fait bien les choses car à ce juste moment, les portes de l'auberge se déployèrent pour y laisser entrer une demi-douzaine d'hommes dont l’identité ne laissait pas de place au mystère. Tous de stature impressionnantes, harnachés d'épais plastrons d'acier et armés de lames trop longues pour êtres soulevées de la main d'un homme ordinaire; on les dit bénis. Tous sauf un. Habillé plus modestement, il avait pour seul témoins de son allégeance un écusson à l'emblème du Temple du Soleil. Dans la trentaine avancée, l'âge ne le rendait pas moins séduisant, ayant conservé ses yeux d'émeraudes impérieux, ses cheveux encore d'or et son nez aristocratique. Le limier se détacha des paladins et se dirigea vers le tenancier, qui avait cessé l'entretiens de cette vieille fourchette pour s'affairer à paraître le moins nerveux possible. Pour une raison qu'il ne pouvait saisir, il aurait de loin préféré dialoguer avec une des paires de bras du fond à l’instar du sorcier aux airs intransigeants.

« Monsieur le Répurgateur... qu.. que puis-je faire pour vous ? » demanda-t-il en ayant la bonne grâce de baisser les yeux.

« Un gîte et de quoi rassasier notre faim. Nous serons partis avant l'aube. Et veuillez cesser de vendre alcool à cet homme. Sous le claire de lune, la boisson peut faire commettre le pire même au meilleur des hommes. » dit-il en adressant une oeilade à Gristold.

« Comment..?! Saleté de Systérien, pour qui te prends-tu ?! Je vais te compter les abattis...! » s’exclama l'ivrogne en se levant, une grimace rêche et forcenée au visage. Puis soudainement, ses ardeurs de calmèrent. Paralysé, rien de moins. Seule son expression témoignait désormais d'affolement et d'épouvante alors qu'il fut, par une force qu'il ne connaissait pas, forcé de s'agenouiller. Contre sa volonté, sa bouche s'eut ouverte et sa tête s'inclina vers l'arrière. Ses gémissements prirent fin lorsqu'au milieu de milieu de sa frayeur il croisa les deux yeux verts de son tortionnaire, si calmes et posés qu'ils en étaient presque apaisant. Le sorcier fit quelque pas en directions de celui qui regrettait probablement son ivresse, se pencha et lui murmura..

« Mon nom est Maegor Recaedre. Et je ne suis pas Systérien. »

Puis il se redressa, le contourna et monta à l'étage, talonné par ses hommes. L'ivrogne, qui pensait son calvaire terminé, eut la surprise de voir une bouteille d'alcool flotter jusqu'à lui, par télékinésie, et s'enfoncer dans son gosier pour s'y vider à une vitesse démesurée ! S'en suivit une seconde puis une tierce alors qu'impuissant, le tenancier était spectateur d'un véritable supplice dont personne ne connaîtrait la fin.


À l'étage, seul dans sa chambre, Maegor se vit embêté alors qu'il ressentit qu'on s'introduisait dans son esprit. Il ne tenta pas d'y résister.

« Répurgateur Recaedre, vous êtes appelé au Castel dans l'immédiat. Ne faites pas attendre Madame. » et ce fut tout. Il n'en fallut pas davantage pour que le temps d'une incantation, le mage se retrouve dans la cour intérieur d'un quelque château. Il grimpa jusqu'au sommet de la tour de Mesil, qu'il trouva inoccupée. Il se dirigea donc vers la fenêtre pour observer avec admiration les murs passer d'un gris estompé au blanc, légèrement rosissant avec l'aurore; et soudain, le soleil grimpa au-dessus des montagnes à l'est et lança un rayon qui frappa la face de la Cité. Maegor laissa fuir un sourire, car la Tour de Mesil, hautement dressée à l'intérieur du mur le plus élevé, se détachait, brillante, comme une pointe d'argent, belle et élancée. Son pinacle étincelait comme s'il était fait de cristaux ; des bannières blanches flottaient aux créneaux dans la brise matinale.

« Combien de temps, monsieur Recaedre, depuis votre retour en Terres Saintes ? » tonna une voix contrastée de douceurs et de scrupules.

« Six ans, Madame »* répondit le plus simplement du monde le Répurgateur du Temple du Soleil, qui avait eut la bonne grâce de faire dans les modalités en exécutant une courbette exemplaire.*

« Six ans, cela est juste... six ans de services irréprochables. Et j'attend du pareil en ce qui concerne votre prochaine mission. Vous avez déjà été remplacé pour votre chasse, à l'Ouest. Vous avez reçu ceci, hier. » du bout du nez, elle indiqua un petit mot sur la table, signé Adalard Dranem. « Et voilà ce que j'attend de vous... »

Confiné au secret, jamais le thème de ce dialogue ne serait connu de qui que ce soit sauf ceux qui s'y prêtèrent.

« Les directives sont claires. Et n'oubliez pas; aucune correspondance. »

« Oui, Madame de Veldur. »

« Pour Thaar et pour ma Patrie. »

« Pour Thaar et pour ma patrie... »

Le lendemain, le Mantel d'Or mouillait à l'amont, voiles ferlées et rames en bernes dans le clapotis, n'attendant plus que son illustre passager.


Post by Adalard Dranem A.K, OdS - July 4, 2012 at 3:10 PM

Deux jours avant l'arrivée du Recaedre sur l'Archipel.

Les sables se laissaient transporter en de fines marées, par le vent chaud du désert, ce même vent qui déplaçait les dunes de cet étendue beige. Plusieurs tentes et abris de fortune servait de refuge à un groupe d'individus, qui restaient normalement en mouvement, autour et non-loin d'un oasis.

Un éclat lumineux vint faire progressivement apparaître un homme paré de lourdes armures, drapé de blanc, le blanc immaculé de Thaar. Il fut reçu par un homme également drapé de blanc, mais ne portant pas d'armures. Les deux paladins échangèrent un regard d'abord silencieux, alors que les autres hommes et femmes occupant la campement ne jetèrent qu'un oeil vers ceux-ci avant de continuer ce à quoi ils s'affairaient.

- Je viens voir ma fille.

- Tu es venu il y a de cela trois jours, et tu n'as toujours pas obtenu ta vengeance, Dranem. N'est-ce pas dangereux?

- Je ne sens plus la menace peser sur moi et ceux qui m'entourent.

- Reste vigilant, mon ami. D'ailleurs, le père de Saeril est-il au courant de cet enfant?

- Non.

- Dranem..

- Les gens de confiance sont rares. Il n'y a que toi et une autre personne à qui je peux réellement faire confiance. Je serai moins présent pour elle dans les prochains jours, et n'oublie pas le souhait de Saeril.

L'homme drapé de tissue guida alors le paladin vers la tente dans laquelle dormait sa fille, Khêÿra. Il ouvrit les portes gardés par deux hommes, qui le laissèrent passé. Puis, son ami le laissa seule avec son bambin. Dranem posa un regard doux sur sa fille, un regard paternel qui l'adoucissait à un point tel qu'il n'arborait plus son visage de marbre, ses traits sévères, sa façade impénétrable, en sa présence. Pendant qu'elle dormait, il s'adressa à elle d'un ton de voix bas, murmurant pour ne pas la réveiller.

Je t'aime trésor, et ta mère aussi, même si elle ne peut pas te le dire.. Ne l'oublie jamais, elle t'aime plus que tout.

Adalard lui laissa donc un baisé sur le front, qui ne la fit que sourire dans son sommeil déjà profond, puis quitta la tente dans laquelle elle dormait. Il lança un regard en direction de l'ami sur lequel il comptait, puis tout les deux hochèrent la tête vers l'un l'autre, avant que Dranem ne disparaisse dans un nouveau jet de lumière, la façade de marbre qui lui servait d'expression faciale à nouveau au visage.

Les pièces se mettaient lentement en place, mais ils s'y mettaient surement. Ce n'était que le début d'une grande partie d'échec. Du haut de la haute-tour siégeant à l'entrée de Systéria, de par sa muraille, Dranem observait le bateau de Maegor arriver à bon port. De fines gouttelettes de pluie perçait les nuages et une petite brise sifflait sur l'Archipel. Un mince sourire se dessina aux lèvres du fervant de Thaar. Il ne restait plus maintenant à Maegor que de faire le chemin nécessaire.