Lamentations
Post by Laelia Maërn, CP - September 18, 2006 at 4:33 AM
Cette fois, elle avait craqué.
Quittant la dame de Ylonen pour aller se réfugier dans un bureau de l'Académie Pourpre, Laelia se répandit en pleurs et sanglots qui se répercutèrent bruyamment dans les murs de l'Académie. Elle ne pouvait plus supporter de lui mentir sur la nature de ses sentiments à elle, laisser Minuit se consumer à petit feu d'un amour qu'elle ne partageait pas et qui rendait Laelia mal à l'aise. Elle ne pouvait plus supporter de rester de marbre en tout temps devant la Baronne, d'essayer de la raisonner en vain. Cette journée-là, Laelia l'imperturbable devint une boule d'émotions trop longtemps contenues à l'intérieur d'elle qui avaient fini par exploser de manière fulgurante.
Conservant un contact télépathique qui envoyait les sentiments de Laelia à Minuit de Ylonen, cette dernière accourut, alertée. Celle-ci ne savait pas comment réagir, et demandait les causes. Laelia ne révéla rien, ce qui déprima la baronne au point d'en venir à essayer de se tuer. Laelia la retint du mieux qu'elle put, en lui expliquant le tout du mieux qu'elle pouvait, étouffant les sentiments qui s'étaient répandus en elle. Dame de Ylonen dans ses bras, elle entreprit de lui dire qu'elle ne l'apprécierait jamais comme elle le souhaitait, mais qu'elle l'appréciait tout de même.
Cette dernière affirmation confirmant le désir de mettre fin à ses jours, la baronne empoigna la dague par les doigts, se coupant, mais hélàs, Minuit était hémophile... Laelia tenta de retenir le sang... mais quelques instants plus tard, Minuit la renvoya, désirant être seule.
Se rongeant de remors dans les corridors de l'Académie, Lealia trouva deux soigneurs qu'elle envoya à la baronne blessée. Quelques instants plus tard, plus aucune réponse ne se faisait parvenir télépathiquement, les pensées de Minuit totalement débranchées. Laelia se mordit les doigts. Comment avait-elle pu se laisser aller de la sorte? Elle avait pourtant toujours bien réussi à se contrôler. Marmonnant les mêmes paroles, elle traversa l'Académie et alla se percher en haut d'une tour. De là, elle se mit à chanter une lamentation elfique, le corps tremblant, sa voix en détresse se répercutant tristement partout dans le quartier Pourpre.
Post by Minuit De Ylonen - September 19, 2006 at 2:07 AM
La pièce était dénué de tout son sinon les pas précipités de Laelia qui s’éloignait. Minuit ouvrit les yeux, esquissant un sourire douloureux. Elle se remit sur pied assez rapidement, quoiqu’elle dû prendre appui sur la chaise qui était près d’elle. Titubant, elle ouvrit la porte, regardant de chaque côté, épiant le moindre signe de vie. Il y en avait, et ce signe se rapprochait. Il fallait donc user de son deuxième atout. Deux étages ne feraient sans doute pas de bien à son corps, mais elle tenait à ne pas se faire prendre.
Les soigneurs entrèrent dans la pièce, s’attendant au pire. Du sang gisait par terre, signifiant une tragédie de plus en plus probable. Mais où était le corps ? La fenêtre était ouverte, un vent frais faisait onduler les rideaux de soie. Impossible, ils n’y croyaient point. Pour se rassurer, ils firent venir un maître des ombres qui dissipa tout doute quant à la disparition de la Baronne : elle s’était bel et bien enfuie.
Dehors, minuit montrait la lune à son zénith tandis que la dame du même nom se traînait vers ses quartiers dans la haute ville. La lame avait fait ce qu’elle devait faire. Elle s’en était tout de même bien tirée si l’on pense que cette supercherie fut improvisée quelques heures avant l’acte. Prenant une bassine d’eau, elle y laissa infuser quelques herbes léguées par un ancien amour où elle trempa de longues lanières de linge avec lesquelles elle épongea, puis pansa la plaie. Certes elle avait laissé coulé le sang longtemps, un peu plus et sa supercherie en serait restée à l’état de mort. Elle songea un instant à Laelia qui devait présentement macérer son chagrin et sa culpabilité de n’avoir pu aimer une femme si grandiose que Minuit de Ylonen. La pauvre, si elle savait à quel point la Baronne riait en ce moment.
Elle prit alors une plume ainsi qu’un morceau de parchemin de qualité et écrivit un court quatrain qu’elle signa.
De ton avenir tu ne peux douter,
Femme resplendissante de fantaisie,
Ainsi habillée de ses qualités,
Pour toi c'est la vie qui sourit.
Ce poème, elle se promit de le donner à Laelia lorsqu’elle la reverrait.
Elle le plia soigneusement, y déposa un faux baiser. Puis, elle gagna sa chambre où, les yeux grands ouverts, elle repassait en revue la scène de cette nuit.
Post by Laelia Maërn, CP - September 19, 2006 at 5:27 AM
Laelia Maërn attendait avec une certaine impatience qu'elle tentait de dissimuler les plus résultats des soigneurs. Elle parcourait les couloirs de l'Académie d'un bout à l'autre, gardant une démarche coulante, semblant glisser sur les planchers. Passant devant les grands escaliers, elle aperçut, aux doubles portes, les deux soigneurs accompagnés par un maître des ombres, dû moins à ce qu'elle en déduisait à sa tenue. Elle descendit les marches et leur fit signe de la suivre. Ils s'éxécutèrent et la jeune Elfe les amena jusqu'à un petit bureau, isolé. Une fois installés, ils se mirent à faire leur rapport :
- La dénommée Apprentie de Ylonen n'a pas été retrouvé dans le lieu que vous nous avez clairement indiqué. Cependant, de grandes traces de sang étaient sur le plancher, et la consistance de celui-ci nous confirme qu'il est bien humain.
Laelia posa son menton dans sa main, l'index relevé s'étendant jusqu'à son nez. Ses yeux émeraudes brillaient de l'énigme posée. Le maître dit alors :
- En suivant les traces des derniers occupants des lieux, nous pouvons affirmer avec certitude que la personne s'est échappée, et ce par la fenêtre. Cependant, ne connaissant pas personnellement la Baronne, je ne puis reconnaître sa trace dans les forces manatiques avec certitude.
- Avez-vous retrouvé un corps ? demanda Laelia d'un ton étonnemment neutre. À l'extérieur de la salle désignée, bien évidemment.
- Aucun corps n'a été retrouvé nulle part dans les environs. Elle aura probablement utilisé les pouvoirs aériens pour ralentir sa chute, affirma le second soigneur qui était demeuré silencieux jusque là.
Laelia les remercia vivement de leur aide et leur donna congé. Ainsi elle s'était sauvée... Plusieurs liens se mirent à fuser de toutes parts dans l'esprit de Laelia :
- Elle s'est sauvée... L'inconscience que j'ai donc sentie au travers du lien télépathique était simulé... Rien de bien difficile pour elle, Dame de Ylonen ayant de plus amples pouvoirs que moi télépathiquement et mon peu d'expérience dans ce domaine l'aida surement... Une mascarade?
Elle s'arrêta, portant une main à sa tête, légèrement douloureuse. Elle coupa sitôt le lien télépathique, craignant d'avoir envoyé des informations involontairement.
Certains souvenirs de ces premières rencontres avec la dite Minuit ressurgirent. Quelques discussions avec le dénommé Plume aussi. Des événements çà et là qui venaient la perturber et qui forgèrent une impression que des liens lui manquaient. Quels étaient ses buts, ses objectifs? Sa motivation? Elle se promit de chercher les indices... de tous les moyens possibles.