Le chat
Post by Ghal Windtroper - November 25, 2006 at 1:21 AM
Le chat
\tLa journée battait à son plein alors que les premières gouttes me réveillèrent. J'étais parti, comme tous les jours de cette semaine, cueillir quelques plantes pour les revendre à ce gnome. Et comme chaque jour, je m'étais laissé aller à l'onirisme dans cette petite prairie pas très loin à l'est de la ville, en bref : Je m'étais endormi. Les gouttes glacées me firent sursauter, coulant lentement le long de mon visage. Les nuages gris défilaient lentement au dessus de la prairie pour aller mourir dans à l'Est, là où le vent les portait.
\tMes pas me conduirent tout droit vers le seul lieu de la ville que je connaissais un peu : la taverne du "coin chaud". J'aime à m'y installer pour écrire quelques bribes de textes, me noyant dans les conversations des gens. L'errance auditive, comme j'aime à l'appeler, est un plaisir que j'ai rencontré chez peu de personnes. Savoir se perdre dans les bruits environnants, se nourrissant du moindre détail, se plaisant dans cette foule de sons enivrante, un véritable délice de l'esprit.
\tPeut être parce que nous étions en milieu d'après midi, la taverne me parût bien vide. Seul un vieillard et une femme emmitouflée dans une robe pourpre y étaient. Cette dernière semblait dans un état second, adossée au mur, tenant fermement un bâton. Je m'assis à une table et, comme à mon habitude, sortir un carnet, une plume puis me mis à écrire. Les mots défilaient sous ma plume alors qu'une fois de plus, je laissais mon esprit vagabonder sur quelques vers hasardeux tout en regardant les autres occupants de la Taverne.
\tMon regard se posa d'abord sur la jeune femme. Etant mal placé, je ne pus que voir un pan de sa robe pourpre. Elle était finement brodée des mêmes motifs que l'on retrouve sur les robes des gardes de la confrérie pourpre. Au vu de sa toge, je n'avais plus aucun doute quant à son appartenance à l'une des guildes de la ville. Ses mains étaient durement agrippées à son bâton, et elle était adossée au mur de pierre d'une telle façon que l'on aurait cru qu'elle attendait à tout instant une attaque meurtrière.
\tJe me mis ensuite à décrire mentalement le vieillard debout qui tentait de discuter avec la femme. Il paraissait très grand pour une personne de son âge, quatre-vingt ans, peut être plus. Vêtu en bleu de la tête au pied, sa chemise laissait apparaître des bras forts entièrement couverts de tatouages. Ses yeux noirs et le sabre oriental qu'il portait à la taille me firent immédiatement comprendre qu'il ne s'agissait pas d'un enfant de chœur. Tant bien même que les traits de son visage me rappelaient vaguement ceux de mon grand père et m'inspiraient dés lors une certaine sympathie. Une fois fait le tour des deux clients, je me remis à griffonner des strophes sur mon carnet.
\tIl est des bruits qui vous entrent dans la tête si inconsciemment que l'on vient à y réagir comme un message subliminal avant même de l'avoir perçu. Ainsi je me rendis compte que mes rimes tournaient autour de félins avant de réaliser qu'un chat hurlait et grattait la porte de l'auberge comme s'il était possédé. Les autres occupants du bar réalisèrent quasiment simultanément la présence du monstre qui s'égosillait derrière la lourde porte en fer.
\tUne danse silencieuse se mit en marche alors que nous avancions tous en direction du hurlement. Ce fut le vieillard qui ouvrit la porte pour laisser passer un chat tigré roux et blanc disposant, de surcroît, d'une bonne réserve de graisse. Il entra telle une trombe puis fais un tour de la taverne avant de s'installer au milieu du chemin. Il fallait se rendre a l'évidence : l'endroit lui convenait tout à fait pour se sécher en attendant la fin de la pluie.
\tIl se posa sur ses pattes de derrière, face à la femme en pourpre, semblant la regarder. Elle tourna vaguement la tête dans sa direction quand soudain ses yeux semblèrent s'écarquiller. Elle se tourna lentement vers le chat d'une façon telle qu'on aurait cru qu'elle se préparait à un combat. Elle serra si fort son bâton dans ses mains que ses mains en devinrent rouges.
\t"Qui êtes vous ?" hurla t'elle au félin, qui n'avait pas bougé d'un pouce.
\tLe vieillard se tourna brusquement pour regarder la femme.
\t"Allons que se passe t'il ? Je jurerais que vous avez pris un coup sur la tête ! A parler ainsi a un chat."
\tLa femme argumenta en bredouillant. Elle était formelle, le chat lisait dans ses pensées et lui communiquait les siennes par télépathie. Elle murmura quelques bribes de phrases dans lesquelles je pus percevoir le mot "malédiction". Finalement elle fit volte face, et dit "Je dois partir" pour sortir en trombe de la taverne suivie par le chat.
\tLe vieillard et moi échangeâmes quelques commentaires sur la bizarrerie de la situation avant de nous séparer. Il rentra chez lui et je retournais à mes vers, sans aucun sujet pour détourner mon attention désormais.
\tQuelle histoire singulière.