Deux couronnes ?

Deux couronnes ?

Post by Mundus, près de Thaar - March 31, 2007 at 11:58 AM

Des rumeurs se répendaient dans la cité, se propageant sans cesse à travers les différents quartiers de la ville. Ces fameux bruits semblaient provenir du palais, les femmes de l'aristocratie en étaient des plus friandes. Les servantes écoutaient et transmettaient les paroles de ces dernières, en écho.

Et justement, au cours d'un bal pour les membres de la noblesse, pendant que les musiciens jouaient une volte, la Baronne De Montoliver s'entretenait avec la Marquise De Geraudour tout en dansant avec vigueur et grâce. La jeune Eloïse, domestique du palais depuis quelques mois seulement entendit la conversation et ne s'en priva pas, plus tard, de la raconter à ses amies...

- Ma chère Baronne, avez-vous entendu les bruits qui courrent au sein du Conseil Impérial ? Ils sont ma foi fort distrayant !

Petit pas en sautant sur la gauche, pour faire pied en l'air droit.
Plus grand pas du droit.
Saut majeur.
Posture en pied joints.

- Ma très chère amie, ma chère Marquise, entretenez-moi donc de ce que vous avez en tête, je ne pourrais attendre ainsi d'être suspendue à vos lèvres !

Petit pas en sautant sur la gauche, pour faire pied en l'air droit.
Plus grand pas du droit.
Saut majeur.
Posture en pied joints.

- Figurez-vous que les membres du Conseil, ce rustre de Chancelier et cette étrange Consule ont fait part à Sa Majesté de leurs idées de mariage. L'Impératrice va être soumis à divers prétendants d'un peu partout sur Enrya.

Petit pas en sautant sur la gauche, pour faire pied en l'air droit.
Plus grand pas du droit.
Saut majeur.
On frappe ses deux mains au-dessus de sa tête.
Posture en pied joints.

- Non, très chère, vous vous jouez de moi ? Je n'y crois pas une seule seconde ! Un mariage ? Enfin ! Sa Majesté a pourtant dépassé l'âge limite de deux ans, me semble-t-il. Remarquez, il serait temps de s'y mettre, il faut des princes héritiers. Savez-vous qui compte demander sa main à notre chèèèère Impératrice ?

Petit pas en saultant sur la gauche, pour faire pied en l'air droit.
Plus grand pas du droit.
Saut majeur.
On frappe ses deux mains au-dessus de sa tête.
Posture en pied joints.
Les hommes et les femmes se tournent autour, répétant sans cesse le même schéma, les nobles exécutant la Volte avec un soin tout nobilier !

- Oh, ne m'en parlez pas. A ce que j'ai entendu dire, Lépidus De Briganne, le fils cadet de l'Empereur Brégunien a posé sa candidature. Vous vous rendez compte ? Briganne ! Mon dieu, je rêve d'aller à la Cour de Briganne, ce faste, ce luxe, cette finesse ! Je m'en pâme !

- On m'a dit qu'il était fort bel homme, qui plus est. Ce serait un Empereur splendide et magnifique. Mais je suppose que ce n'est pas le seul ! Tant qu'il n'y a pas de représentants de Kar Bed'Joul...

Petit pas en sautant sur la gauche, pour faire pied en l'air droit.
Plus grand pas du droit.
Saut majeur.
On frappe ses deux mains au-dessus de sa tête.
Posture en pied joints.

- Grand Dieu ! Un nain ? Ma chère amie, avez-vous perdu la tête ? Seuls les humains, elfes et demi-elfes ont été appelé à la Cour. Vous savez très bien que ça sera stérile si on prend ces... nains. De plus, sachez que le Conseil a refusé de donner le titre d'Empereur au mari de l'Impératrice, avec son accord qui plus est. Il n'aura que celui de Prince Consort. Puisque l'on parle de rustres, figurez-vous que le prince Amalrik De Bergheim, le fils cadet du Roi Aldarik IV le Puissant, du Bastion Berguenois, risque fort de venir à Systéria aussi.

- Aah. Un Berguenois. Un... guerrier puant, malodorant, porté sur l'alcool ! On n'a pas besoin de gens comme lui à la Cour. Qui plus est à côté de notre chèèère Impératrice. Manquerait plus que ça ! S'il n'y a que ces deux-là, le choix est vite fait. De ces deux Thaariens convaincus, je choisirais assurément le plus noble des deux !

- Ah mais ce n'est pas tout, très chère. Il y en a encore deux. Le Prince Alur'Indel El'Aglar. Il est le fils du Roi Feredìr. C'est la plus puissante famille oligarque du royaume des elfes. Il paraît que son visage n'a nulle autre pareil. Un mage très puissant, parait-il, fervent de Lathan, comme le reste de son peuple. Ca fait un concurrent dangereux, pour notre cher Prince Lépidus. Et l'autre, c'est le Prince Irija Ori'Jun, il vient de l'Archipel T'Sen. Un combattant avec un code d'honneur très strict. Un demi-elfe. Croyant d'Aerduyn, je crois. C'est la religion officielle là-bas...

- Mon dieu, un elfe et un demi-elfe ? Qui plus est qui ne sont pas des fidèles de Thaar ? Comment a-t-on pu accepter leur venue, mon amie ? Quelle stupidité ! Espérons que le Conseil reconnaisse la valeur de ce cher Lépidus. Ah, en tout cas c'est une rumeur des plus divertissantes, tout ceci.

- Les Zantheriens n'ont pas prit la même de répondre, les rustres ! La cérémonie de bienvenue aura bientôt lieu en plus. Mais j'en ignore la date...

Petit pas en saultant sur la gauche, pour faire pied en l'air droit.
Plus grand pas du droit.
Saut majeur.
On frappe ses deux mains au-dessus de sa tête.
Posture en pied joints.
Les hommes et les femmes se tournent autour, répétant sans cesse le même schéma, les nobles exécutant la Volte avec un soin tout nobilier !

La servante fut bousculé et perdit tout de la conversation, qui de toute façon, touchait à sa fin. Apparemment, l'Impératrice aurait bientôt un mari. C'était une bonne nouvelle pour l'Empire. Mais lequel des prétendants sera choisit ? Le mystère planait...

[HRP : Grâce à la Géographie d'Enrya : http://www.au-crepuscule.com/forum/view ... hp?t=10689 ]


Post by Mundus, près de Thaar - April 14, 2007 at 12:49 PM

L’heure était à la religion et au recueillement. Comme chaque semaine, la noblesse venait à la messe de Thaar dans la grande cathédrale. Des patrouilles quadrillaient le secteur, pour que les gens de la haute société puissent profiter pleinement du service religieux sans pour autant être dérangé par les gens du commun. L’orgue commença à déverser sa mélodie, les notes et les sons s’entrechoquant dans l’immense salle de pierre. De jeunes enfants, les pupilles de Thaar et des moniales accompagnaient le prêtre jusqu’à l’autel. La cérémonie allait bientôt commencer.

Assise l’une à côté de l’autre, les Baronne Montolivier et Marquise de Geraudour baillaient. Bien sûr qu’elles étaient croyantes ! Evidemment ! Ca tombait sous le sens, franchement. Il était de très bon aloi dans les familles riches de croire en dieu. Qui plus est celui que la Couronne apprécie. On le défendait bec et ongle, on allait aux messes, on priait. Mais que c’était ennuyant ! Les deux femmes avaient fait en sorte de s’installer au fond, pour pouvoir papoter tranquillement entre elles. La religion c’était bien, les potins c’était mieux, ça avait quelque chose de vivant…

- Ma chère Marquise, savez-vous où en sont nos petites histoires concernant le mariage de Sa Majesté ?

- Oh mon amie, ne m’en parlez même pas ! Dieu que ça traîne en longueur. C’est à cause du Cercle que ça a été retardé. Figurez-vous que cela aurait été rudement mal venu de faire venir des princes alors qu’un conflit armé risque d’éclater.

- Encore ces druides ? Mais mon dieu, qu’ils sont inutiles ! Ils ne font que retarder nos petites distractions. Pensent-ils à nous ? Oh, que nenni, j’en doute, ma très chère ! Quel manque de respect !

- Mais le conflit n’est-il pas réglé ? C’est de l’histoire ancienne maintenant, il serait temps de mettre en place tout ce petit monde. Je me régale d’avance de la tête hirsute de ce prince Berguenois. Ah nous devrions ouvrir une foire aux monstres !

Le vieux prêtre, presque sourd, n’entendit pas les jeunes femmes ricaner. Néanmoins, l’orgue s’était arrêté et leurs rires de vipère résonnèrent dans la salle. Les personnes se retournèrent d’un bloc vers elles. Devenant soudain stoïques, elles firent mine de s’intéresser de très près à la messe, hochant parfois la tête avec dignité aux paroles du saint homme. Une fois la situation redevenue normale, leurs chuchotis fusèrent à nouveau.

- Nous allons finir par nous faire prendre, un jour, mon amie ! Ah, mais dieu que c’est divertissant, tout ceci. Enfin, pour en revenir aux prétendants, je n’en sais absolument rien. Avec les gens du peuple, ces bouseux, qui ne sont pas capables de se laver et d’avoir de belles maisons de marbre, il y a une épidémie ! Alors les princes qui ont du sang elfes n’auront rien, mais nous ne pouvons risquer la santé d’un des princes de Brégunia !

- En parlant de cette épidémie, vous avez apprit la nouvelle ? Le Chancelier a fait débloquer des fonds pour offrir de l’or aux citoyens de la ville basse. Pour qu’ils puissent se soigner ! Ah ! A d’autres ! On sait très bien ce qu’ils vont en faire de leur or : aller le dépenser en fille de joie et en saoulerie !

- Vous avez raison ma très chère. Mais n’oubliez pas d’où il vient, ce Chancelier. De la campagne. Ses mœurs doivent être très proches de ces gueux. Entre gens de la même condition, on se comprend.

De nouveaux rires fusèrent, mais cette fois-ci ils furent rapidement étouffés. Les dames ne voulaient pas être une nouvelle fois l’objet de l’attention générale. Elles s’amusaient visiblement beaucoup. En même temps, c’était leur passe-temps favori.

- Donc cette histoire n’est pas prête de voir le jour ? C’est dommage ! Sa Majesté a déjà dépassé l’âge du mariage, ce n’est pas le moment d’attendre ! Les mois passent si vite !

- Mais à qui le dites-vous ma bonne amie ! Je songe à me retirer de l’archipel, moi. Il y a toujours des problèmes, ici. Au moins à Briganne, on profite de la vie.

Après une très longue demi-heure, le service fut terminé. Les deux femmes furent soulagées et purent rentrer chez elles. Leurs commérages continuèrent cependant jusqu'à la fin de la journée. Et ce qu'elles disaient n'était pas faux : à force d'attendre, les princes finiront par tourner le dos à la Couronne des De Systéria...


Post by Mundus, près de Thaar - June 13, 2007 at 2:23 PM

Le soleil venait à peine de se lever sur le palais et déjà tout le secrétariat de l’Intendant était en effervescence. Chaque domestique, copiste et chambellan préparaient le départ de Monsieur Recaedre. Ce dernier était d’ailleurs en train de revêtir ses plus beaux autours. Ces elfes appréciaient le luxe et le faste et leur orgueil n’avait pas de limites disait-on. Mundus entendait bien rivaliser avec eux. Quelques minutes plus tard, une fois que tout le monde fut prêt, un petit cortège se dirigea vers les locaux de la Confrérie.

- Monsieur le Légionnaire, faites place, nous sommes attendus.

- Non, me faut vos papiers d’identité, comme toute la petite troupe qui vous accompagne. Sauf vot’ respect bien entendu.

- Ecoutez, nous n’avons pas de temps à perdre, jeune homme, j’ai une rencontre diplomatique de la première importance. Vous n’aimeriez pas être incarcéré pour avoir empêché l’Intendant d’accomplir une mission confiée par l’Impératrice ?

Sans attendre de réponse, Mundus dépassa le légionnaire, sa petite troupe lui emboîtant le pas. Arrivé au tout nouveau laboratoire des Hautes-Energies, des chercheurs l’accueillirent.

- Bien, messieurs. Je vous ai informé hier de ce que vous avez à faire. Si je suis là c’est grâce à vos apprentis qui m’ont spécifié que vous en étiez capable d’effectuer la tâche dont je vous ai parlé. Faites regretter à Arnad’Idhren de ne pas avoir de mages dignes de vous.

Son ton était sec et cassant, son visage anguleux restait dur. Depuis son séjour au monastère de Thaar et sa tragique histoire, il fallait se rendre à l’évidence, Mundus Recaedre n’était plus le même homme. Mais peut-être n’était-ce pas un mal ? Au vu des fonctions qu’il exerçait, il était préférable de passer pour un homme de fer que pour un gros homme archaïque.

Les mages de la Confrérie se réunirent en cercle et commencèrent à psalmodier des mots de pouvoirs que l’Intendant ne connaissait que trop bien. Ensembles, ils réussir à créer un gigantesque portail, plus grand qu’à l’accoutumée. Ce passage n’était ni rose, ni bleu, ou que sais-je encore ? mais il montrait l’exacte réplique de la capitale d’Arnad’Idhren, Galadh’Einior et principalement de son allée royale qui débouchait sur la place centrale. Les elfes avaient spécialement bridés leurs sortilèges de protection pour permettre la venue de la délégation systérienne.

Et à ce moment la petite escorte – une centaine de musiciens, danseuses et mages pyromants, quelque chose d’intime en quelque chose – qui accompagnait Mundus se mit en position pour franchir le portail. Les musiciens furent les premiers à franchir la barrière magique, exécutant des cabrioles et acrobaties diverses, sous les regards curieux des citoyens elfes. Chacun s’installa en bordure de l’Allée Royale, du passage jusqu’au palais elfe. Les chanteurs et chanteuses arrivèrent ensuite, déversant des pétales sur le dallage de marbre éclatant. Leur chant, entraînant et mélodieux, commença à résonner entre les grands arbres de la somptueuse capitale.

Pieds nus, les danseuses, vêtues à la mode elfe, franchirent à leur tour le portail. Tournoyant sur elles-mêmes, elles semblaient en parfaite harmonie avec le chant et la musique. Le rythme dynamique des tambourins et des flûtes réglaient en métronome chacun de leurs pas. La senteur des pétales de roses embaumait dans l’air, prodiguant au spectacle un air onirique. Les citoyens de la ville commencèrent à se dérider, petit à petit, au fur et à mesure que la musique embrassaient leurs cœurs. La tête était l'âme, les pieds battaient la mesure, le corps exprimait la mélodie, les mains racontaient une histoire, et le visage traduisait les émotions. Vite, les mains devant la bouche ! prestes, les doigts déployés comme les pétales entrouverts du lotus !

Et ainsi avançaient la procession. Alliés à la musique, les mages pyromants posaient le pied à Galadh’Einior. Des explosions de lumières illuminèrent le ciel, des flammes superbes et colorées ajoutant plus de beauté à l’arrivée de la délégation diplomatique. Certains des lanceurs de sorts complétèrent leur jeu avec moult pirouettes, ce qui ne manqua pas d’impressionner – heureusement, puisque c’était le but ! – les elfes. Voyant qu’il ne restait plus que lui, Mundus agita les mains en l’air se transforma en splendide cerf blanc. Le sort était très difficile à maintenir, aussi se hâtait-il.

Beaucoup oubliait que l’homme était un mage et des plus expérimentés, qui plus est. Ses sabots s’entrechoquèrent sur le tapis du laboratoire, puis sur le marbre de l’Allée Royale. Un « Oh ! » de surprise ébranla la population. Les rayons du soleil au zénith – entre les deux continents, il y avait décalage – baignait son visage de cervidé d’une douce chaleur. Il fit un petit tour sur lui-même, montrant fièrement ses bois. Puis, passant au petit trot, il parada devant la foule, pendant que les danseuses continuaient de lancer les pétales de fleurs vers le ciel. Au milieu du chemin, le sort prit fin et l’Intendant Recaedre reprit sa forme.

Ecartant vivement les bras, il salua la foule qui lui répondit par des acclamations. Apparemment, son plan avait fonctionné, le spectacle les avait satisfaits. Entouré de son cortège, tous prirent route vers les Grandes Portes du palais, où les attendait le roi Feredìr El’Aglar et son fils cadet, le prince Alur’Indel El’Aglar. Le premier restait stoïque, ne laissant passer aucune pointe d’émotion. Quand au prince cadet, lui, plus jeune et plus vivace arborait un sourire chaleureux et un regarde foncièrement amusé. Il écarta les bras pour accueillir Mundus.

- Intendant Recaedre ! Quel plaisir de vous rencontrer ! Votre arrivée est des plus… surprenante ! Si je m’attendais à ça…

- Nous nous attendions bien évidemment à votre arrivée et à tout ce qui s’ensuivait, coupa son père. Bienvenue à Galadh’Einior la Splendide, Joyau des Couronnes Oligarques.

- Salutations, nobles et fiers dirigeants du Royaume des Sages. En tant que porte-parole de Sa Majesté l’Impératrice Cybelle Ière, l’Empire de Systéria vous remercie infiniment d’avoir proposé la main de votre fils cadet à notre souveraine.

- Un… plaisir partagé. Mais entrons. Vous n’avez pas fait longue route, mais que cela ne nous fasse pas respecter les principes d’hospitalités de notre peuple.

- Père a raison. Allons au palais et profitons de cette belle journée ! Je vous montrerais tous les atouts dont dispose notre grand et puissant peuple.

Sans bruit, lentement, les Grandes Portes s’ouvrirent. Mundus examina les fins dessins ciselés, représentants les heures de gloire de l’empire elfe. Le portail de la Confrérie, à l’autre bout de l’Allée Royale, se referma. Le cortège se fondit dans la foule et l’Intendant pénétra dans le palais, accompagné de ses deux hôtes. Après le Prince Almarik de Bergheim qui fut le premier a avoir été convié, ce fut le tour du Prince elfe...


Post by Mundus, près de Thaar - June 21, 2007 at 1:02 PM

Les festivités duraient depuis trois jours lorsque fut venu le temps de repartir. Les Grandes Portes du palais de Galadh’Einior s’ouvrirent majestueusement. Le prince cadet Alur’Indel El’Aglar marchait aux côtés de l’Intendant. Leurs suites les suivaient sans un mot. Arrivés au bout de l’Allée Royale, les gens des deux haut-dignitaires d’Enrya reculèrent légèrement. Un légère bise soufflait sur la capitale du royaume des elfes et les feuilles des immenses arbres millénaires bruissaient sous son effet.

Mundus prit place à droite, Alur’Indel à gauche. Une nouvelle fois, un coup d’éclat diplomatique était prévu. La magie prenait une grande place Arnad’Idhren et le représentant de la Couronne Systérienne comptait bien leur montrer de quoi étaient capables ce si petit empire qu’on nommait affectueusement la « Petite Sœur ». Un chant profond, vigoureux mais aussi mesuré et calme monta lentement vers le ciel étoilé. Les elfes adoraient associer tout un rituel spécifique à leurs actes magiques, visiblement.

D’un geste calculé et ample, les deux intéressés levèrent les bras vers la lune. Des mouvements compliqués ponctuèrent toute cette impression gestuelle. Mundus se rendait compte à quel point le chant facilitait la rapidité d’action. Il le nota quelque part au fond de sa mémoire, réservant le reste de sa conscience à mettre en place ce puissant sortilège avec le Prince. L’Intendant avait envoyé un mot à la Confrérie pour qu’elle abaisse ses dômes de protections, le temps d’ouvrir un passage. Et ils y arrivèrent.

Ensemble, accompagnés de leurs suites, ils s’inclinèrent pour saluer la foule, le chant s’estompa petit à petit. Ensemble, ils franchirent le portail et apparurent sur le port, entourés de gardes impériaux, spécialement venus pour les escorter jusqu’au palais de Sa Majesté. Les gens du prince étaient tous arrivés et le passage avec le continent sud se referma. Tout ce petit monde allait donc se mettre en route quand deux bateaux de la marine systérienne accostèrent et dépêchèrent deux messagers à Mundus.

- Intendant, auriez-vous donc des problèmes ?

- Pas que je sache, prince El’Aglar. J’aimerais cependant bien le savoir.

Les estafettes arrivèrent donc devant Mundus, essoufflés. Sans leur laisser le temps de se reposer, ce dernier leur intima de parler et d’expliquer ce qui se passait.

- Avec… pfff… avec l’affaiblissement des… des protections. Immenses. Arrivent, des grands !

- Parlez plus lentement et organisez vos mots. Vous n’êtes pas un de ces demi-orques alors faites un effort, jeune homme.

Le prince ne put s’empêcher un sourire à la remarque de l’Intendant.

- C’est que… une flotte de guerre Brégunienne. Cinq trois mâts, gigantesques ! Ils foncent vers le port, ils lancent même des boulets de canons dans la mer pour nous intimider !

- Hum. Et bien, prince El’Aglar, votre concurrent brégunien a plus de jugeote que je ne pensais. Profiter de l’affaiblissement du dôme pour passer et parader, c’est une excellente idée. Leurs mages doivent être penchés nuit et jour sur l’archipel.

- Que faisons-nous alors ?

- Rien, attendons leur arrivée.

- Mais cinq bateaux de guerre ! Ce n’est pas rien Intendant !

- Vous ai-je demandé votre avis, matelot ? Je suis le plus à même de juger mes actes. Ce n’est que de la fanfaronnade, cette arrivée. Disposez.

Et c’est ainsi qu’ils patientèrent, tous, sur le port. Les navires apparurent à l’horizon et un seul, le plus grand, le plus large, le plus beau entreprit de s’approcher du port de la capitale. La passerelle fut mise en place, une dizaine de trompettistes sortirent de cet épais navire de guerre. L’hymne de Brégunia ne put que retentirent dans les ruelles de la cité. Et enfin, après cet épouvantable raffut, le prince Lepidus de Briganne descendit. Il était vêtu de braies de velours rouge, d’une chemise d’un bleu azuré, incrustée et saphirs et d’un pourpoint de soie écarlate. Une grande cape lui tombait des épaules, cousue de fils d’or.

Il n’adressa même pas un regard au prince cadet et s’est à peine s’il voulu daigné un mot de salutations à l’Intendant. Son regard exprimait supériorité et mépris.

- Intendant, menez-moi à mes appartements. Dépêchons. Ce voyage m’a grandement fatigué. Je vois que l’on ne m’a même pas préparé de litière pour me porter jusqu’au palais. Encore une faute diplomatique. Décidemment Systéria n’est que l’ombre de ce qu’elle était quand nous la contrôlions. Allons, qu’attendez-vous ?

Le ton de Mundus se fit glacial, son regard se durcit. Mais il n’en demeura pas moins de marbre.

- Chers princes prétendants, veuillez me suivre je vous prie.

Le prince Alur’Indel gardait ce fameux sourire sur ses lèvres. L’attitude du cadet de Briganne l’amusait au plus haut point.

Des prétendants, il ne restait plus que le prince de T’Sen qui n’avait pas posé le pied à Systéria.