Un deuil et un triste renouveau
Post by Mundus, près de Thaar - June 7, 2007 at 3:44 PM
Mundus attendait à l’Auberge de l’Indépendance qu’Esmé revienne de ses sempiternelles balades dans la capitale de l’Empire Systéria. Alors qu’il était en train de manger des saucisses grasses, il fut soudain prit d’un haut-le-cœur. Et les dieux savent que ça ne lui arrive pas souvent, pourtant ! C’est même très rare. Il porta la main à son cœur et sentit quelque chose, comme un poignard dans sa poitrine. Mais non, ce n’était pas physique. C’était… autre chose, ça ne s’expliquait pas.
Une humeur maussade le prit sans qu’il ne sache pourquoi. Il avait pourtant pour habitude d’être toujours joyeux et de ne jamais se laisser abattre. Plusieurs heures passèrent sans qu’aucune douleur ne le submerge, mais le vieil homme savait que quelque chose n’allait pas. La vérité lui apparut quand deux moines arrivèrent à l’auberge, portant une litière. Sur celle-ci reposait le corps sans vie de sa femme. Le haut de sa robe était légèrement déchiré, elle s’y était faite poignardé. Ca alors. Ca le laissait sans voix. Elle avait pourtant un extraordinaire pouvoir.
Mundus se rappela alors certaines théories sur les mondes parallèles, les multiples possibilités. Peut-être qu’ailleurs c’était son agresseur qui avait reçu le poignard en plein cœur et pas elle. Il était né dans le mauvais monde, finalement. Tant d’années où il avait été loin d’elle et maintenant… Maintenant elle était morte. Il n’avait plus de buts, plus d’utilités, il ne voyait pas plus loin que le bout de son nez. Une immense tristesse l’envahit, celle d’avoir perdu du temps et celle de n’avoir pas su l’utiliser plus tôt, plus vite.
Après cet épisode, on ne le revit plus avant de nombreux mois. Certains disaient qu’il était devenu fou, d’autres qu’il était mort. En réalité, il s’était retiré dans un des monastères en dehors de la ville pour s’y recueillir. On ne le vit plus sortir le bout de son nez, on ne savait pas ce qu’il y devenait, sauf les moines avec qui il entretenait son ermitage. C’était exceptionnel en tout cas : lui qui détestait à ce point croire dans les dieux, voila qu’il se recueillait chaque jour devant leurs autels.
Une année après, exactement, c’est un tout autre Mundus qui sortit des murs du monastère. Sa longue barbe grise et sa chevelure avaient été rasés. Sa bedaine n’était plus qu’un lointain souvenir. Il gardait sa forte carrure, ses larges épaules, mais il était beaucoup plus musculeux, sans un poil de graisse. Un homme âgé mais encore puissant. Il arborait un crâne lisse et d’épais favoris d’un blanc profond ornaient son visage. Plus de barbe. Son caractère avait apparemment énormément changé, ce deuil l’avait affecté plus que de raison. Quel homme était-il devenu ?