Le retour
Post by Sakamae Nakaki, CP - July 22, 2007 at 6:56 PM
Je croisais les charrettes qui rentraient et sortaient de la muraille de Systéria. Tant d’années que je n’avais pas foulé cette entrée, tant d’années que j’étais partie sans dire un mot, sans avertir qui que ce soit, sous le poid de la déception. Je sentais le vent ébouriffer mes cheveux alors que les nombreux marchands continuaient leur va-et-vien. La rumeur de la circulation, des gens qui se promènent, le bruit de maille des gardes qui accomplissent leur ronde. Les mendiants qui demandent l’aumône. La rumeur du départ de Khayzane, avec Kyo m’avaient éveillée de mon état second qui m’avait sommée de partir. La silhouette des bâtiments m’aidaient à me souvenir. Leur emplacement, leur couleur, les odeurs de la pâtisserie, les voix des enfants qui couraient dans les rues. Le chat, dans la ruelle qui miaulait à la porte de la taverne, dans l’espoir d’avoir quelques restes. Tous ces souvenirs qui revenaient à moi, et j’ai souris.
Je reconnaissais déjà quelques visages, déjà. Certains avaient changés, pris en assurance, ou bien vieillis. Ca faisait déjà bien 5 ans que j’avais quitté la capitale. Déjà cinq ans. J’avais ressenti l’appel, partie à la recherche de quelque chose qui m’étais à moi même inconnu. Que je n’avais d’ailleurs pas trouvé. Déception par dessus déceptions, j’ai fini par me retrouver malgré moi dans les boisés environnant Systéria. Mes pas me menant instinctivement à la maison que mon père m’avais jadis achetée pour mes dix-huit ans. Il m’apparraissait comme une trahison de retourner y séjourner. Surtout après avoir disparu si longtemps, sans avertir. Ma clef était toujours fonctionnelle. Je me suis donc introduite dans la demeure, qui, à force de voir les années passer, était devenue une boutique. Mais, dans la pièce qui m’avais jadis servie de chambre, mes effets y séjournaient toujours. Mal m’en pris, bien que peu souvent maintenant il m’arrivait de ressentir la culpabilité. Il avait tout laissé tel que j’avais rangé mes effets personnels. Comme j’avais dû le faire souffrir, lui, et peut-être sa femme aussi.
En prenant mes vêtements, je me pris parfois à rire, tout bas, en me souvenant toutes les aventures que nous avions traversés, tous les trois ensemble. En me rappelant toutes les difficultées que je leur avais donnés. Quelle enfant difficile j’avais été. Mais en même temps, combien les gens le félicitaient de ma conduite, ou du moins, de ce qu’ils croyaient voir. Une jeune fille belliqueuse à la tenue impeccable. Encore aujourd’hui, à vingt-trois ans, j’étais seule, personne n’étais entré dans ma vie, et donc la seule personne que j’avais pu regretter étaient mes proches, auprès de qui j’avais un profond malaise de me présenter, mine de rien. Je reviendrais sans doute plus tard pour prendre mes livres, mes ouvrages. J’ai tout de même été prise d’un élan de courage, et peut-être de bonté, alors je leur ai laissé une note de mon passage, avant de retourner à mes appartements de l’auberge “au fil de l’eau”.
Je me doutais qu’il finirait sans doute par m’y retrouver. J’aurais sans doute droit à une fulminante dispute, mais d’un autre coté, je savais que je l’aurais tout à fait mérité. Encore une fois, rendue à mes appartements, je me pris de sourire, caressant la poussière qui siégeait sur tous les meubles. Je pensais à Hanzo, à Séphyr, à Heylaine, à Khayzane, à Mundus et à l’autre. Un courant de mépris m’envahit, et je commençai à faire le ménage de ma chambre, alors que les premiers rayons du soleil commençaient timidement à se montrer.
Post by Sakamae Nakaki, CP - July 26, 2007 at 9:36 PM
Les événements se poursuivaient, avaient repris leur cours comme si elle n'était jamais partie. Lentement, elle repris possession de ses anciens avoirs. La maison, sa garde-robe, sa bibliothèque personnelle, sa place auprès des pourpres.
Elle reprit également ses anciennes habitudes, et pour mettre, sur le mur, à coté d'un portrait qui avait jadis été fait d'elle, un nouveau qui, lui, était plus mur et sérieux. Bien que la perception de l'artiste n'était pas tout à fait juste, il lui plaisait tout de même.