Chocolat chaud

Chocolat chaud

Post by Feydanith, dit la Carpe - August 13, 2007 at 4:46 PM

C’était l’une des rares sorties qu’elle s’autorisait encore. Le reste du temps, elle était confinée dans cette petite et modeste chambre. Il ne lui en fallait après tout pas plus et cela lui évitait de se heurter aux meubles comme à son habitude. De longues heures durant, elle restait assise sur son lit à se concentrer et essayer d’apprivoiser cette présence impalpable qui envahissait les lieux.

Comme tous les deux jours, elle se préparait à sa sortie. D’un soin tout particulier, elle enfilait le large gorgerin métallique autour de son cou, veillant à bien masquer la cicatrice qui l’ornait à présent. Le choix de la tenue ne se posait plus depuis quelques temps déjà, il ne lui restait donc plus qu’à tenter de se coiffer, ce qui n’était pas toujours une tâche aisée vu sa condition.

La rune serrée entre les doigts, elle se mordait déjà la lèvre en y pensant. D’un souffle prononçait les incantations et l’instant d’après elle y était. Un endroit presque sauf, où son nom et son visage étaient inconnus, loin des tumultes de la ville, protégé par les glaces. Elle prenait toujours la même place au coin du feu. Malgré sa proximité du foyer, la peau de ses mains prenait rapidement une légère teinte violacée à cause du froid ambiant. Puis le tenancier arrivait, apportant avec lui le doux réconfort du grand nord. Ils échangeaient quelques mots, puis ce dernier devait retourner à ses affaires, elle n’était que très rarement la seule client dans ce refuge perdu.

Ses mains reprenaient des couleurs au contact de la tasse brûlante. Elle aimait à le boire lentement, à petites gorgées. Elle ne savait si c’était le breuvage lui-même qui était si réconfortant, ou bien l’ambiance et le froid des lieux. Un homme venait parfois lui tenir compagnie, elle savait pertinemment qui il était, pourtant elle préférait l’ignorer pour profiter du moment et de son chocolat chaud. Malgré tous ses ennuis, elle retrouvait un sourire, et peut-être même, arrivait à en faire naître un sur le visage de cet inconnu.

Puis, le baron repartait et il était temps également pour elle de quitter les lieux. Elle laissait souvent plus que la somme nécessaire à payer sa consommation, avant de s’évanouir comme elle était venue, retournant à sa modeste chambre.