Une nuit agitée.

Une nuit agitée.

Post by Éleuthère Onésiphème - May 27, 2008 at 4:09 PM

Au coin chaud, dans un coin près du feu, un vieillard maigre à la barbe luxuriante comptait dans les airs et marmonnait des noms d'ingrédients. Il y passa toute la nuit. Il ne s'arrêtait que pour sermonner les saoulards et les femmes de petite vertus qui s'y trouvaient. Au grand dam du tavernier qui avait de moins en moins de patience...

Plusieurs avaient tenté de comprendre ce que ce vieux fou pouvait bien manigancer. Tous ceux qui avaient réussi à jeter un oeil sur son parchemin (qu'il défendait sauvagement) n'avaient pu en déchiffrer un mot. Les nombres éparses et les gribouillis étaient placés dans un chaos incompréhensible. Pourtant, lui semblait réussir à s'y retrouver, malgré tout.

"Grand Thaar! Aurais-je trouvé! Oh ho! Ho!" lança le vieillard, victorieux.

En se relevant, un craquement atroce se fit entendre. Le vieux chercheur se rassit doucement, invoquant divers saints pour contrer la douleur. Il passa la nuit assis au même endroit, ne semblant pas s'épuiser.

"Ahhh... non non non! Ça ne va pas..." fit-il, traçant un grand trait sur le parchemin, qu'il tourna de l'autre côté pour recommencer ses calculs.

Le tavernier se demandait s'il finirait par s'endormir un jour.


Post by Thomas Bolton, Emp - May 27, 2008 at 9:21 PM

La taverne du Coin Chaud ne fermait jamais. L’Association avait bien compris que sa réputation était telle que le profit serait toujours présent à toute heure. Certes, le soir elle se vidait pendant que la ville s’endormait paisiblement. Quoiqu’il en soit, elle avait toujours ses habitués.

Thomas Bolton, après avoir veillé très tard pour clore certains de ses dossiers, décida de s’y rendre afin de profiter du silence aviné qui y régnait. Il entra à pas feutrés par la porte de derrière et s’installa dans un coin sombre où il put siroter un de ces fameux thés extrêmement coûteux, tout droit importés de T’Sen.

Les exclamations du vieillard ne le laissaient cependant pas indifférent. Lentement, il attrapa sa canne de la main droite, enserrant le pommeau de ses doigts de pianiste, pour se redresser. De la gauche, il prit la soucoupe contenant la tasse d’où s’exhalait une douce fumée. Arrivé devant la table du mage, il se pencha légèrement en avant et prononça d’une voix atone, le visage stoïque.

« Quel genre de recherches faites-vous, monsieur ? »

Une simple question. Peut-être extrêmement indiscrète, mais cela importait peu au ministre. Il se redressa légèrement pour écouter la réponse, rigide comme un piquet.


Post by Éleuthère Onésiphème - May 27, 2008 at 10:46 PM

Le vieillard, épais sourcils froncés, cacha d’un geste vif son parchemin d’une manche de sa toge pâlie par le soleil. L’encre qui l’imbibait déjà sembla seulement prendre une teinte plus foncée.

-Comment ça, ce que je cherche? Puis, semblant frappé par un éclair de génie : « Oh bon Thaar, est-ce que je dérangerais ces gens? » Il porta un regard autour de lui, ajustant ses verres. Le tavernier le regardait, immobile, avec de grands yeux à la fois exaspérés et implorants. Les tables autour de lui étaient toutes inoccupées.

-Ah, heureusement que non. J’ai cette manie voyez-vous. Je réfléchis à voix haute. On m’a déjà dit que je dérangerais une audience de l’orchestre de Philbert. Il rit, puis reportant son attention sur l’homme : « C’est la vieillesse mon garç… Oh… »

S’attardant finalement au visage de son interlocuteur, le vieillard se calma quelque peu. Ses épaules osseuses se relâchèrent, et il sourit.

-Enfin un visage plus sage! Prenez donc place.

Il poussa sa canne et son sac rempli de parchemins, d’encre et d’autres bocaux étranges pour lui faire une place.

-Beaucoup de gens consacrent leur vie à chercher des chimères, oui. s’exclama-t-il, roulant le parchemin rapidement, au risque que l’encre ne s’étende et n’efface toute trace encore lisible ses travaux. J’ai consacré ma vie à tout ce que je jugeais important. Ho! Ho! Quitte à approcher de sa fin, aussi bien rêver un peu. Hm?


Post by Thomas Bolton, Emp - May 27, 2008 at 11:14 PM

L’individu qui se trouvait devant le vieillard devait avoir la quarantaine. Ascétique, il était vêtu d’une toge d’un noir délavé, qui renforçait sa maigreur apparente. Ses cheveux coupés courts étaient noirs, tout comme la fine barbe qui dessinait sa mâchoire et la moustache qui la rejoignait. Ajoutés à des yeux perçants d’un gris acier, au visage inexpressif et à la voix monocorde et le tout lui donnait un air antipathique.

Il boitait du côté droit, c’est d’ailleurs de cette main qu’il tenait sa canne. Malgré tout, son pas restait mesuré et soutenu. Sa marche était ponctuée du claquement sec de son soutien contre le sol. Faisait-il exprès d’amplifier le bruit ?

Thomas resta silencieux pendant toute la tirade du mage, l’écoutant avec attention, le sourcil légèrement arqué. A la fin, tout en s’asseyant, il répondit :

« Je n’ai certes pas atteint votre grand âge, monsieur, ni la sagesse induite par lui, mais je ne refuse pas une discussion avec un homme d’esprit. »

La soucoupe et la tasse furent déposées sur la table et la canne alla contre le mur.

« Le rêve fait partie de la vie. Que ferions-nous sans ? Je serais curieux de savoir quelles chimères vous poursuivez, monsieur… ? »

La dernière phrase tournait à l’interrogative. Commencer par les présentations, ensuite alimenter une discussion. Thomas préférait savoir à qui il avait affaire.


Post by Éleuthère Onésiphème - May 28, 2008 at 1:21 AM

-Ah! c'est un secret que j'emporterai avec moi. Il ne faudrait pas que je ruine le peu de crédibilité qui me reste! Ho ho! Non.

Il regarda l'homme à travers ses petits verres carrés. Son air austère le frappa de plein fouet. Pourtant, plutôt que de créer un malaise, le vieillard sembla s'en attendrir.

-Ho Ne faites pas cette tête. Bon bon... Vous me semblez tendu mon garçon. Laissez-moi trouver ce parchemin. Un vrai trésor. Oui!

Il aggrippa une sangle de son sac usé et le tira vers lui. Il glissa sa main à l'intérieur, tâtonnant, puis ce faisant reporta son regard brillant sur l'homme sombre se tenant devant lui.

-Ah mais je suis impoli. L'âge fait de ces choses... Éleuthère Onésiphème de Briganne. Mais il y a longtemps que je n'y ai mi les pieds Ho ho! Au moins trente ans... qua... bon Thaar soixante!

Le vieillard sortit un étui de son sac qu'il laissa tomber par terre dans un fracas qui fit sursauter le tavernier. Finement ouvragé, le parchemin qu'ilglissa hors de l'étui semblait avoir traversé le temps sans trop de mal. Le vieil homme en prenait visiblement bien soin.

-La source de tous ces rêves! Ho oui. Un cadeau qui apparu dans mes mains Thaar seul sait comment. Dans une brocante, d'un vaurien. Sûrement un vol oui. Mais cela vient d'Arnad’Idhren, j'en suis convaincu.

*Le vieil homme rangea le parchemin dans l'étui aussitôt l'avoir montré à son interlocuteur. *

-Les voleurs. Partout. Trop précieux. Imaginez si je devais le perdre! Ohhh... Sainte Éliandre.

Puis reportant son regard sur l'homme austère :

-Vous êtes chercheur vous même?


Post by Thomas Bolton, Emp - May 28, 2008 at 3:05 PM

Thomas ne quittait pas son interlocuteur du regard. La tasse dans la main droite, il buvait son thé par petites gorgées, la sérénité même ! Ses gestes, sa façon de se mouvoir, il notait dans un recoin de son esprit tout ce que faisait Eleuthère.

« Je me nomme Thomas Bolton. »

La phrase tomba pile pendant que l’homme fouillait son sac en silence.

Le parchemin lui fut brandit sous le nez. Il n’eut pas le temps de voir quoique ce soit, tant le vieillard protégeait et chérissait le bout de papier. Des symboles, des marques peut-être ? Le ministre évitait de se frotter à la magie, elle était affaire de mages et ils s’y entendaient mieux que lui pour asseoir leur influence.

Moi, un chercheur ? Amusant.

« Disons que je suis une sorte de chercheur, monsieur Onésiphème. »

La tasse, désormais vide de son contenu, retourna dans sa soucoupe. Thomas croisa les mains sur la table, continuant de détailler le mage d’un regard inquisiteur.

« Je recherche la paix et la stabilité, tout simplement. C’est ainsi que l’on peut définir le rôle du diplomate, je suppose, monsieur Onésiphème. »

Après un bref instant de réflexion, il passa sa main droite sur ses lèvres, puis reprit :

« C’est la première fois que je vous vois dans les parages. Et si j’en crois mes observations, vous êtes une personne que l’on remarque aisément, monsieur Onésiphème. Qu’attendez-vous de Systéria ? »

Et la question resta en suspend…


Post by Éleuthère Onésiphème - May 28, 2008 at 3:41 PM

-Ah, La paix par la rhétorique. Cela fait deux gens que je rencontre qui m'en parlent. Cela ravive de vieilles flammes dans mon coeur.

Le vieillard sourit, replaçant ses verres.

-J'ai moi même fait de la rhétorique autrefois, oui. J'ai défendu les intérêts des Landes Unies pendant... Ho ho! dix ans peut-être...? Oui... à peu près cela. Mais ce n'est pas l'endroit où les causes sont les plus exitantes. Hm?

-Le parchemin que je vous ai montré relate les dires d'Enan Theras'el, un barde au sang mixte qui a réussi, pour un temps, à vivre près d'un monarque de Galadh’Einior avant l'ouverture des frontières. Exploit peu commun pour un semi-elfe Ho! Mais il apprit beaucoup de choses. Il est un extrait qui me fascine d'ailleurs.

Il se racla la gorge doucement, rangeant ses verres, se préparant à réciter. Puis, d'une voix plutôt agréable pour un vieillard de son âge, fit couler sa propre traduction du message :

"Sa vestale, il fit quérir de sa main. Elle apporta sitôt la Lumière. À sa vue tous pleurèrent, et nul n'eut peur, chacun sût et tous vénérèrent. L'Art ancien raviva l'enfant d'Ilystel, chassant la douleur, vivifiant chairs, rattachant l'esprit. Ainsi, devant tous, prouva le monarque gris que le sombre Art n'était fin de rien."

-Peu de choses, vous me direz. Mais pourtant! Si cela est vrai, c'est la preuve qu'on peut même sauver les sbires les plus bas de la nécromancie. La rédemption ultime, sauver les corps profanés! Ho ho! Et encore beaucoup de choses, imaginez!


Post by Thomas Bolton, Emp - May 28, 2008 at 7:10 PM

Intéressant personnage. A n’en pas douter, il pourrait être utile. A quoi ? Impossible à dire. Une pensée amusante lui vint à l’esprit : à la réflexion, c’était ceux dont la vie touchait à sa fin dont on avait le plus besoin. Pour faire quoi ? Aucune idée pour le moment. Ca viendrait.

« La Lumière éloigne les ombres et chasse leurs ténèbres et leurs malheurs, effectivement. »

Hochant la tête d’un air pensif, il récapitula silencieusement les informations qu’il venait de recevoir avant de relancer :

« Historien, défenseur des intérêts d’une nation, chercheur. Et je dois aussi ajouter un certain talent pour le conte. Avez-vous d’autres chapeaux, monsieur Onésiphème ? »

Un bref sourire vint jouer sur ses fines lèvres pâles de Thomas et laissa percer une pointe d’amusement. Sans moquerie.


Post by Éleuthère Onésiphème - May 28, 2008 at 7:34 PM

-Si par intérêt d’une nation vous parlez de justice, oui, j’ai porté ces chapeaux. Ah! bons saints j’ai été tant de choses.

Le vieillard sourit, son regard porté sur le vide quelques secondes, ses yeux se mouillèrent.

-Cela fait longtemps… vous les voulez en ordre? Il rit. Boulanger, palefrenier, bedot, barde, rhéteur… puis procureur, archiviste, assistant de recherche… puis vagabond. Chaque changement de voie est une bonne histoire en soit, mais nous n’avons pas tout ce temps. J’aurais l’impression d’être encore plus vieux que je ne le suis à raconter ma vie. Ho ho! Oui.

*Le vieil homme prit conscience de son état émotif puis s’éclaircit la gorge, avant de feindre de laver ses verres correctifs. *

-Le métier d’archiviste est un métier fort complexe, j’ai étudié de nombreux domaines avant de m’y connaître assez pour pouvoir rendre accessible tout le savoir enfoui au profond des tômes. Mais mes vieux yeux se sont mis en travers de mon chemin, oui.

Il replaça ses verres sur son nez, souriant de nouveau.

-Toutefois, j’ai eu une offre d’emploi hier. Ici même! Oui. La chancelière des universités m’a proposé de transcrire ce qui s’est perdu à la bibliothèque. Ooh je n’ai pas refusé, il faut bien vivre. Mais je doute de ma plume et mes yeux sont moins perçants qu’autrefois… Transcrire les manuscrits des moines risque de s’avérer difficile, dans certains cas.

Il posa sur la table un livre de psaumes Thaariens et posa sa main dessus.

-Je suis venu ici pour mettre mes derniers jours au service des moins fortunés que moi. J’espérais trouver ma voie mais je crois que l’Ordre n’est pas ma place…

Il esquissa un sourire coquin, faisant remonter sa forte moustache.

-J’ai l’esprit plus libre que ces gens-là, entre vous et moi! Ho ho! Les convictions sont certes une chose très précieuse, mais il ne faut pas se perdre uniquement dans l’application de celles-ci. Comme la Loi, d’ailleurs, qui sert la cité et pas le contraire. Beaucoup de militaires fanatiques en font des dogmes solides, et pourtant…


Post by Thomas Bolton, Emp - May 28, 2008 at 8:37 PM

Je n’ai aucun mal à le croire. Il a effectivement dû être un beau parleur. A vrai dire, il l’est encore, même si la vieillesse l’égare parfois. Quand cessera-t-il de parler ? Ah, voila.

Quand le vieillard fit mine de nettoyer ses lunettes, les yeux devenus humides à cause de l’évocation de ce passé très diversité, Thomas fit mine de ne pas s’apercevoir de son trouble. Bien entendu, il le noterait quelque part, dans sa mémoire, mais son tact habituel ne manqua pas à l’appel.

« Je vois que ma collègue a su, tout comme moi, remarquer vos nombreux talents. Vous pouvez en tirer une certaine satisfication, monsieur Onésiphème, elle ne propose jamais d’emblée, d’ordinaire. »

Après quelques secondes à l’observer, Thomas reprit :

« A vrai dire, je ne vous vois pas dans l’Ordre. Disons que vous n’en avez pas le profil. Rien ne vous empêcher de vous consacrer à une de vos anciennes passions, archive, droit ou que sais-je encore et participer en même temps à la Fondation VonBrochert. »

Cette fois-ci, il ne lui laissa pas le temps de répondre et enchaîna directement, d’une voix toujours peu vibrante d’une quelconque émotion :

« Elle a été fondé par le baron du même nom. C’est une organisation caritative, envoyez-lui une lettre et vous verrez bien ce qu’il adviendra. »

Les dogmes, la loi, leur force…

« Si la loi vous intéresse, je puis sans doute faire quelque chose pour vous, monsieur Onésiphème. »

Il n’y avait ni note de sympathie ou de chaleur. Ce n’était pas de l’aide, simplement une… information ?


Post by Éleuthère Onésiphème - May 28, 2008 at 8:49 PM

Le vieillard jaussa un sourcil, intrigué.

-La Loi? Hm. M'intéresser oui certes. Vous êtes juge? Ou devrais-je vous appeler maître Bolton? Ho ho! Ce serait un fier emploi. Il y a longtemps que je n'ai touché aux lois, mais comme une vieille aventure amoureuse j'y reviendrais certainement...

Puis, il prit un parchemin vierge d'un rouleau bien compact qu'il déroula sur la table. Il sortit une plume de sa bourse, détacha un petit pot d'encre et nota rapidement "Fondation, Von Brochet"

-Intéressante oui... une fondation. Un riche qui donne sa fortune moyennant une publicité sans doute. Sont-ils tous pareils? Ho ho oui. Mais quand même, il mérite que j'y pointe le bout de mon nez...

Il referma le petit pot d'encre de sa main rabougrie.


Post by Thomas Bolton, Emp - May 28, 2008 at 8:55 PM

Alors qu’il notait le nom de la fondation de Whilelm, Thomas répondit à la première question du vieillard.

« Non, je ne suis pas un juriste, monsieur Onésiphème. Je suis le ministre des affaires étrangères et des relations inter-guildes. »

Ses paroles n’étaient en aucun cas pompeuses ou vantardes. Elles énonçaient un fait, voila tout. Le Consul se pencha en avant et regarda le nom écrit sur le parchemin.

« VonBrochert. Avec un "r" entre le "e" et le "t". Un nom complexe, je dois bien l’avouer. »

A la dernière phrase d’Eleuthère, il ne put s’empêcher de sourire, une lueur malicieuse brillant au fin fond de son regard. Pour toute réponse, il se contenta de hausser les épaules. De nouveau, il arbora un faciès de marbre, se redressant contre le dossier de sa chaise.

Plus subtil que ça, finalement, ce vieillard...


Post by Éleuthère Onésiphème - May 28, 2008 at 9:31 PM

Le vieil homme était visiblement intrigué. Il s'adossa plus fermement sur sa chaise et retira ses verres, les laissant sur la table.

-Vous avez dit pouvoir faire quelque chose pour moi, je vous écoute mon garçon. La Loi serait effectivement un domaine très intéressant... Oui. Je pourrais y utiliser beaucoup de connaissances que j'accumule en vain en pouvant seulement constater leur véracité.

Il porta son regard sur le livre de psaumes, trônant au côté la soucoupe et la tasse de thé devant lui.

-Ah... Oui, monsieur le Ministre, je crois que je pourrais joindre beaucoup de choses d'un seul trait. Ho ho!

Il se tut, plus attentif aux dires du Ministre qu'il ne l'eut été jusqu'ici. Ses sourcils touffus légèrement froncés et ses bras croisés laissaient transparaître une forte réflexion intérieure. Il avait peut-être trouvé sa voie? Quel hasard! La vie fait de ces choses.


Post by Andréus Alphage, UdB - May 28, 2008 at 9:34 PM

Andréus venait d'arriver à Systéria. Le voyage depuis Bregunia l'avait épuisé, mais il savait où trouver du repos. La taverne, dans un premier temps, serait parfaite !

Et puis, le "carrefour des rumeurs", c'est bien ainsi qu'on surnommait le Coin Chaud à l'époque...

Le pas traînant, il entra, timidement. D'un coup d'œil il vit le tavernier, le regard désespéré qui devait sans doute penser qu'il n'en finirait jamais. Une piécette lui rendit temporairement le sourire, et Andréus pu commander de quoi faire passer le goût du voyage à son gosier.

Il prit son verre partie pour s'installer à table, proche des deux personnages en grande discussion.

- VonBrochet. Avec un "r" ... Il ne saisit pas la suite et ne pu s'empêcher d'intervenir, si tôt la parole de l'homme terminée

- Le brochet est un bien beau poisson, vous avez raison... l'air rêveur J'ai une fois eu la chance d'en apercevoir un, tandis qu'un pêcheur talentueux le ramenait à lui. Un peu plus sérieux Mais vous n'avez pas l'air d'un habitué, monsieur. Prenez garde, car ce genre de poisson, le brochet dont vous parlez, est l'un des rares à être munie d'une myriade de dents pointues, coupantes comme des rasoirs !

Il termina son bref récit en s'installant et porta le verre à ses lèvres, qppréciant fortement chacun, et la chaleur de l'établissement, et la saveur du brevage.

Quel plaisir de revenir ici, après tout ce temps. Il n'arrivait toujours pas à comprendre ce qui l'avait poussé à l'exode, pourquoi il avait si brutalement quitté ceux qui lui avaient en premier lieu fait si bon accueil.


Post by Thomas Bolton, Emp - May 28, 2008 at 9:45 PM

Thomas décida dans un premier temps de répondre à son interlocuteur direct, à savoir Eleuthère.

« Si la loi vous intéresse, je pourrais vous recommander auprès du Garde des Sceaux. Nous avons du personnel compétent, mais hélas, bien peu nombreux. »

Puis sa tête se tourna, lentement, très lentement, vers le nouvel arrivant, qu’il dévisagea d’un air froid pendant quelques secondes, avant d’ajouter d’un ton légèrement ironique :

« Je ne pense pas le baron VonBrochert possède les dents que vous lui attribuez. Peut-être devrais-je songer à le faire vérifier, un jour. »

Ces paroles auraient pu clore le discours si ce n’était le bras gauche qui déjà désignait une chaise, invitant l’inconnu à s’asseoir à la table…


Post by Éleuthère Onésiphème - May 28, 2008 at 9:51 PM

-Oh asseyez-vous mon garçon. Le Garde des Sceaux? Me recommender? Ho ho! Faites mon garçon tout ceci est très intéressant, oui.

Il reporta son regard sur le jeune homme qui prenait place. Il remit ses verres puis plissa les yeux, tentant de distinguer son visage.

-Eh bien si j'avais su que cette taverne était plus fréquentable de nuit j'aurais dormi de jour.


Post by Andréus Alphage, UdB - May 28, 2008 at 10:40 PM

- Je ne pense pas le baron VonBrochert possède les dents que vous lui attribuez. Peut-être devrais-je songer à le faire vérifier, un jour.

Prononçant ces mots, sur le ton de celui qui ne pardonne pas l'écart, l'individu invita cependant Andréus à prendre place à sa même table.
Andréus accepta d'un hochement courtois de tête, et vint s'assoir, verre à la main.

Il souriait, du sourire de celui qui n'en a plus eu depuis presque un mois. Ce faisant, il tourna son regard ainsi que son verre, qu'il leva haut en signe de salut, vers l'individu peu accueillant.


Post by Thomas Bolton, Emp - May 28, 2008 at 10:52 PM

Thomas glissa quelques mots à Eleuthère pendant qu’Andréus prenait place à côté d’eux.

« Envoyez-moi votre candidature, au palais. Je transmettrai avec une note de ma part, monsieur Onésiphème. »

Puis il se retourna vers le nouvel arrivant et lui répondit d’un ton toujours aussi antipathique…

« Pourquoi voudriez-vous que ces mots lui parviennent ? N’y voyons qu’un quiproquo. »

Une fois qu’il se fut présenté, Thomas lui donna aussi son identité et laissa le vieillard faire de même.

« Thomas Bolton. Un voyage à Brégunia, c’est intéressant. Vous n’y avez pas trop souffert des différences culturelles avec Systéria, monsieur Alphage ? »

Il refusa poliment le verre d’un bref signe de la main, secouant la tête en même temps. Sa tasse de thé toujours vide traînait sur la table à côté de lui.


Post by Éleuthère Onésiphème - May 28, 2008 at 11:35 PM

*Une fois le ministre présenté, il fit de même. *

-Éleuthère Onésiphème de Briganne. Et non, pas d'alcool, merci. À Mon âge l'alcool vous cause tant de troubles incongrus. Vous préférez sûrement ne pas savoir.

Le vieillard esquissa toutefois un sourire coquin.

-Par contre si vous m'offrez une tisane... La tasse de M. Bolton me fait saliver depuis tout à l'heure. C'est un délicieux fumet que vos herbes ont laissé s'envoler mon garçon.

Le vieillard sortit un autre parchemin de son sac de cuir usé, ainsi qu'un sceau et une chandelle, et entreprit de rédiger son application, tout en tendant l'oreille.


Post by Andréus Alphage, UdB - May 29, 2008 at 4:17 PM

Andréus haussa un sourcil frustré devant le refus inconditionnel de Thomas à accepter un verre offert. Depuis quand refusait-on un cadeau ? Décidément, les mœurs avaient bien changés, en douze années...

Il salua néanmoins la demande d'Éleuthère, et fit venir le tavernier d'un geste aimable de la main.

Le tavernier arriva durant les dernières syllabes d'Andréus et leur demanda poliment, mais non sans leur faire comprendre qu'il désirait fermer sous peu, ce qui serait servit.

La commande encore une fois passée, le tavernier se retira. Un coup de chiffon sur le bar, du rangement dans les bouteilles... Il avait de quoi s'occuper encore un moment, malgré la fatigue qui tirait de plus en plus ses traits.


Post by Éleuthère Onésiphème - May 29, 2008 at 6:42 PM

La plume du sage grattait toujours le parchemin.
-Les marins? Certes, tous de braves garçons.

Visiblement, la concentration du vieillard était plus ou moins ailleurs. Il releva les yeux, souriant au nouveau venu, puis reprit sa rédaction, ses verres sur le bout du nez. Le grattement du papier se fit entendre quelques instants de plus. Après avoir piqué le point final, il leva le parchemin à la hauteur de ses yeux puis le regarda en entier, affichant une mine plutôt satisfaite.

Il enleva une bague, qui semblait faite de bois, dont la couronne était soit un sceau familial, soit un ancien sceau administratif quelconque… Il alluma un bout de bougie qui sembla plus vieux que lui et fit couler la cire, apposant son dit sceau sur le parchemin roulé.

Soufflant sur la bougie, l’air triomphant, il remit le rouleau à Thomas Bolton. Puis reposant ses yeux fatigués sur le jeune homme devant lui, demanda, souriant :

-Vous revenez de voyage mon garçon? Ou bien comme moi avez-vous décidé de quitter ce port de l’autre côté de la mer?


Post by Thomas Bolton, Emp - May 29, 2008 at 8:05 PM

Thomas écouta poliment Andréus, sans pour autant réagir à ce qu’il disait. Il était attentif, mais pas réactif. Aucune réponse non plus lorsque le voyageur lui commanda tout de même une tasse. Quand le vieillard lui tendit le parchemin, il le déroula pour l’examiner, puis hocha la tête, comme satisfait.

« Je vois une erreur, monsieur Onésiphème. Vous vouliez marquer la Présidence des Landes Unies et non la Couronne. Je corrigerai. »

Une seconde plus tard et le papier se retrouva à l’abri dans une poche de la toge du ministre.

Le tavernier arriva ensuite pour distribuer les boissons. La tasse de thé fut posée devant Thomas, qui ne lui accorda pas même un regard. D’un simple geste de la main, il la poussa pour qu’elle rejoigne celle qui était vide depuis de très longues minutes, déjà.

Notant le regard étonné, voire un peu choqué d’Andréus, il expliqua :

« Votre générosité vous honore, mais lorsque je dis non, ce n’est pas pour dire oui, monsieur Alphage. »

Puis, changeant de sujet, il continua la conversation au sujet du Saint-Empire.

« Votre départ est-il lié aux changements dynastiques qui ont eu lieu il y a peu ? »

Le Consul s’avança, posant ses coudes sur la table et joignant ses mains en clocher devant son visage, fixant le voyageur.