L'erreur du diablotin

L'erreur du diablotin

Post by Xul'zaer Maeldrim, Ind - June 3, 2008 at 1:28 AM

L’elfe noir marchait rapidement, l’une de ses mains serrait le repose-flèche de l’arc qu’il portait à sa poitrine et l’autre était enfouie dans la manche de sa toge, le poing résolument fermé. C’était une matinée nuageuse, comme il les aimait bien. Il soupira, puis grimaça. Son regard perçant fixait loin devant lui vers l’endroit où il se dirigeait : le quartier magique, forteresse des magiciens pourpres. Il avançait sans aucunes hésitations, décidé. Si décidé que même dans l’improbable possibilité d’une armée orc entravant son chemin, il essayerait, probablement en vain, de tous les mettre en pièces jusqu’au dernier. Au bout de quelques minutes, il arriva à la hauteur des deux grandes tours de pierre marquant l’entrée du fameux quartier pourpre. Derrière cette barrière s’élevaient de hautes tours aux toitures bleutées, donc certaines donnaient elles-mêmes naissances à de plus hautes tour qui grimpaient en hauteur vers les nuages. Elle abritait des bâtiments pour la plupart en pierre grises, ornées de plantes grimpantes et de ronces. Le lieu imposait la grandeur, la puissance.

Sanctuaire de magie, le quartiers fourmillaient de magiciens de toutes sortes. On voyait des chapeaux pointus de toutes les couleurs et de toutes les hauteurs. Avoir un livre dans les mains semblait être, comme il apparut à l’elfe noir, un pré requis à la présence de toute personne en ce lieu. Ou c’était là des écoliers pour lesquels ces livres représentaient leur seul rempart contre le monde sauvage extérieur. Il n’y pense qu’un bref moment, chassant cette vulgaire réflexion. En fait, Xul’zaer les remarqua à peine, les gens, se frayant un chemin parmi eux jusqu’à la bibliothèque principale des pourpres. À son entrée, il se dirigea vers le comptoir principal, accueil des visiteurs et des magiciens. Un attroupement de jeunes magiciens se tenaient là. Ils achevaient de demander des indications sur la manière de trouver les meilleurs livres de botaniques portant sur des plantes tropicales. Impatient, l’elfe noir les laissa néanmoins terminer avant de s’adresser à l’homme au comptoir. C’était un magicien d’âge avancé, perché sur un petit tabouret de velours…

« Que puis-je pour vous ? » demande-t-il.

L’elfe noir esquissa un mince sourire.

« Pourriez-vous me mettre en contact avec un magicien ayant la puissance et la capacité de m’aider dans une recherche d’ouvrages et dans la destruction d’une espèce de créature magique précise que l’on nomme diablotin ? »

Le vieux magicien haussa un sourcil, puis sourit comme s’il s’agissait là d’une demande des plus anodines. En fait, ce devait être une demande banale pour un magicien, à bien y penser. Ils étudient tout.

« Sans problèmes » dit-il.

L’elfe noir sourit à nouveau, une lueur de malice dans son regard. Ce diablotin l’avait franchement humilié, au Palais des Confections. Pire, en le chassant de la boutique il avait presque aboutit dans les sombres prisons de mercenaires incompétents ! Sans la justesse d’esprit d’un nain, il y serait encore ! Plus jamais ce vulgaire lutin ailé ne fera poser à terre le genou d’un elfe noir. Que le lutin mette en feu les commerces de la ville, il s’en foutait éperdument. Si la créature aurait quittée le commerce, sans plus, il n’en serait pas là; après tout, chasser ces créatures de la ville, c’est la tâche de l’Ordre ou des Pourpres. Ils ne s’en occupent vraisemblablement pas. Cette fois le lutin ailé avait franchi la ligne. Un elfe noir agenouillé devant une loque ailée, jamais ! Il l’avait fait uniquement pour sauver les gens sur place; il n’avait pas le choix. La prochaine fois qu’il va revenir dans cette ville, peu importe où, je vais être en mesure de me charger personnellement d’une chose que la garde ne semble pas désireuse de faire… le saigner une bonne fois pour toute. Je suis curieux de voir si les lutins ont véritablement le sang vert… Il sourit malicieusement.

Il s’appuya sur le comptoir, surveillant du coin de l’œil quel magicien on allait lui assigner pour l’aider dans sa recherche d’information. Comme si j’avais du temps à perdre à cela… je ne suis pas un combattant, je suis forgeron... Il grommela, puis se consola en pensant, malgré tout, que ramasser l’information ne sera certainement pas un travail de si longue haleine et très prenant. Qui plus est, il aurait de l’aide.


Post by Galgarad, CP - June 4, 2008 at 4:40 AM

Le vieil homme se retourna lentement, et fit un léger signe à une petite fille rousse au teint pâle, assise dans un coin de la pièce. Cette dernière ne semblait ni travailler, ni être une magicienne en attente d'une quelconque mission. C'était en fait la nièce de celui que l'on appelle l'Économe, mais ce détail n'aide en rien la présente histoire.. La petite fille mit quelques secondes à apercevoir son oncle, et fit une moue agacée lorsqu'elle se rendit compte qu'il l'appellait. Elle se leva lentement, et s'approcha de l'Économe d'un pas traînant. Arrivée à sa hauteur, elle leva les yeux pour regarder l'homme qui se penchait à présent sur elle. Il lui murmura quelques mots à l'oreille, et le regard de la petite se posa sur l'Elfe Noir. La réaction fut immédiate. Ses yeux s'agrandirent et tout son être se raidit, si bien qu'elle fut incapable de bouger pendant une seconde. L'effet de surprise et la terreur se relâchant quelque peu, la petite s'enfuit à toute jambe dans l'Academie. L'Économe se redressa alors en maugréant, une main sur le bas de son dos.

- "Cornélia est partie avertir un magicien qui correspond à votre demande, Monsieur. Elle ne sera pas longue."

*À ces mots, l'Économe lui adressa un mince sourire et se rendit à l'autre bout de la pièce, où un petit magicien haut de rang semblait l'attendre impatiemment. Pendant les quelques minutes qui suivirent, le petit homme lançait des ordres à tous les subalternes qui s'étaient rassemblés près de lui. Certains notaient leurs devoirs sur des feuilles, d'autres couraient à toute vitesse, une main sur le chapeau pour éviter qu'il ne s'envole, vers l'une des nombreuses portes de la pièce. L'Économe regagnait quant à lui son poste, une main sur le bas du dos, ne semblant pas du tout étonné par le caractère bouillant du petit mage.. L'une des portes de la pièce s'ouvrit alors, laissant paraître un petit gnome. Il portait visiblement un uniforme de la Confrérie, et se tenait la boucle de la ceinture, s'étant arrêté pour apprécier les personnes présentes dans la pièces. Ses yeux rieurs s'arrêtèrent sur toutes les personnes présentes, et il adressa un signe de tête poli au petit mage à l'autre bout de la pièce. Le gnome ne devait pas mesurer plus de quatre pieds, et sa physionomie était plutôt rondelette. Son allure sympathique et détendue contrastait terriblement avec l'air terrifié de la petite Cornélia qui se tenait derrière lui, cachée derrière son épaule. Lorsque le gnome aperçut enfin l'Elfe Noir, il s'avanca d'un pas décidé vers ce dernier, s'arrêtant à environ deux mêtre de lui. Il lui tendit alors une petite main potelée et s'exprima d'une voix flutée : *

- "Bonjour à vous, Monsieur. Je suis le Navarque Galgarad Glâneduc, de la Légion Pourpre. L'Économe m'a envoyé quérir en mentionnant qu'un homme désirait me voir, et que la chose semblait importante.. Puis-connaître le pourquoi de cette requête?"

Le ton courtois du gnome faisait bonne impression, et il dégageait une impression de confiance. Il attendit une réponse, la main tendue, le regard vif et souriant..


Post by Xul'zaer Maeldrim, Ind - June 4, 2008 at 7:23 PM

La peur qu’il inspirait à la fillette rousse ne surpris pas l’elfe noir le moins du monde; pourquoi la réputation des elfes noirs ici serait-elle différente d’ailleurs ? Il ne doutait pas que son peuple devait ici faire l’objet de nombreuses histoires d’horreur que les parents se plaisaient à raconter à leurs enfants pour les obliger à rentrer tôt à leur chaumière. Il fallait vivre avec la réputation… qui plus est, elle était méritée. Il sourit vaguement. Son regard perçant se posa après un court moment sur l’individu qui se tenait devant lui. Il se vit quelque peu déstabilisé que l’aide demandée prenne vie sous la forme d’un… gnome ? Il n’aimait pas tellement les gnomes. Et avec raison, les affrontements entre les gnomes et les elfes noirs sur le Continent Est avaient été monnaie courante à une certaine époque. Certes, il n’aimait pas les gnomes; mais il haïssait par-dessus tout les petites personnes… C’était là l’unique bon côté qui ressortait de cet étrange tournure des choses : il y avait pire ! Son visage ne montra aucuns signes de ces réflexions, restant de marbre comme à son habitude. Il adressa un léger signe de tête poli au gnome avant de se présenter lui-même…

« Bonjour…L’Économe, comme vous l’appelez, ne s’est pas trompé. Je suis Xul’zaer Maeldrim, forgeron nouvellement arrivé dans la cité. Si je viens vous voir, c’est que j’ai besoin de l’assistance d’un magicien dans mes recherches sur une créature magique que l’on appelle communément le diablotin… »

Il s’arrêta un bref moment, le temps d’observer la réaction du Navarque à la mention de l'appelation commune de la créature. Un gnome… ? Il y pensait encore. Il s’attendait à un magicien humain, comme il en voyait tant aux alentours, ou encore à l’un des demi elfes qui pullulent dans la ville comme ces rats dans les égouts de la cité. Cependant, la sagesse des gnome était reconnue, et si celui qui se tenait devant lui était un Navarque, il était intelligent. C'est peut-être une bonne chose, finalement...

« On en a aperçu une à quelques reprises rôdant dans la cité et dans la compagne environnante depuis quelques temps. Elle terrorise les gens et détruit des bâtiments et des fermes en y mettant le feu comme s’il s’agissait d’un jeu. Comme l’Ordre ou l’Armée des mercenaires ne semble pas prendre la chose en main pour assurer la sécurité des commerces et des gens, j’ai décidé de m’en mêler personnellement… »

Il mentait. Petite vermine, tu vas me le payer… Il n’en avait que faire de protéger les gens de la cité, c’était très loin dans ses présentes préoccupations. Mais détruire la créature pourrait peut-être avoir des effets bénéfiques sur sa future forge auxquels il ne songeait pas même encore.

« Pour être franc avec vous, Messire Glâneduc, je désire la rayer définitivement de la carte. Je veux détruire cette créature nuisible. Je ne suis pas un combattant incroyable, ni un magicien doué, mais je suis d’avis qu’avec les connaissances de cette bibliothèque ainsi qu’avec nos intelligences combinés, nous pourront aisément ruser la créature vers sa propre mort… »

Il se repoussa nonchalamment du comptoir de l’Économe sur lequel il s’était appuyé. La fillette avait les yeux encore plus apeurés qu’auparavant à mesure que la discussion s’était orientée vers les diablotins. Elle s’était rapprochée du gnome, tentant de masquer sa frêle silhouette complètement derrière celle du magicien. Ses mains jouaient nerveusement dans ses boucles rousses. S’il acceptait, cette étrange coopération pourrait assurément déboucher sur un résultat des plus intéressant…


Post by Galgarad, CP - June 5, 2008 at 12:17 AM

La légendaire courtoisie des Elfes Noires, comme on lui avait apprit, était donc aussi inexistante que désagréable. Aussi enclin à la gentillesse qu'une énorme pierre noire, ou qu'un lion sauvage.. voila qui n'était pas pour le rassurer. Le peu de réponse de la part de l'Elfe fit rabaisser à Galgarad sa main. Il était quelque peu inhabitué à ne pas être considéré de la sorte.. Son sourire et sa bienportance n'en furent toutefois pas touchés. Il plaça l'une de ses mains sur sa boucle de ceinture, et caressa sa longue barbe d'un geste lent, de sa main libre. Il toisa longuement l'être noir, le jaugeant du regard. Il n'aimait pas plus les Elfes Noirs qu'eux n'aimaient les Gnomes. Sa première rencontre en Systéria d'un être de la sorte l'avait traumatisé, et il gardait de ce bref mais brutal entretient un goût amer.. Mais il avait depuis connu la Chancelière Mel'Vir, et son opinion des Elfes Noirs avait un peu changé. Il la considérait maintenant avec respect, et croyait fermement qu'elle en faisait de même. Mais l'homme qui se tenait devant lui ne lui avait pas encore prouvé sa bonne foi, ni sa valeur, d'ailleurs. Les combats des Landes de l'Est lui avaient été racontés, et les raisons qui avaient poussé les Elfes Noirs à envahir les petits Gnomes restaient bien difficiles à pardonner, tant elles étaient futiles. Mais tout ceci était du passé, et bien que la rancoeur née de ces querelles était encore vive, la nature facétieuse de Galgarad le força a agir poliment..

- "Un diablottin, dites-vous.. J'ai déjà eu maille avec ces créatures.. et bien que ceux que j'ai rencontrés n'étaient pas incroyablement puissants, il étaient bien réels et dangereux. Il est vrai que l'Ordre et l'armée peuvent sembler lents à réagir, mais je puis vous assurer qu'ils font de leur mieux pour gérer les nombreux dossiers chauds de la cité."

En disant cela, Galgard s'était mis à marcher lentement, de long en large, en flattant toujours sa barbe. Ses yeux vifs semblaient déjà engagés dans la création d'une quelconque stratégie.

- "Je dois vous avouer, monsieur Maeldrim, que cet être est déjà connu de la Confrérie. Une brillante apprentie nous a récemment fourni un rapport sur ses activités. Et je vois par votre témoignage que les faits mentionnés sont véridicts.

Le petit Gnome s'arreta enfin, faisant face à l'Elfe Noir. Il lâcha sa barbe a présent bien lissée, et joingnit les mains dans son dos. Il releva la tête légèrement, dévoila sa bouille, et demanda :

- "En quoi imaginiez vous que je puisse vous aider?"


Post by Xul'zaer Maeldrim, Ind - June 6, 2008 at 3:41 AM

L’elfe noir sourit lentement à la réaction du gnome. Sa question était judicieuse. En elle-même, elle impliquait que le gnome était prêt à collaborer, dépendamment de ce qu’il aurait à faire bien entendu. C’était un bon début, compte tenu qu’il se doutait bien que l’animosité qu’il entretenait envers les gnomes devait bien être réciproque…

Autour des deux individus, les étudiants magiciens déambulaient, la plupart en silence. Certains parlaient cependant plus fortement que les autres; un petit groupe un peu à l’écart semblaient même rire aux éclats sous l’effet d’une quelconque blague amusante. L’ambiance ici était diamétralement différente de ce que l’on retrouvait dans une bibliothèque d’apprentis magicien elfe noirs sur le Continent Est. Il était permis de parler dans la plupart des bibliothèques mais très peu des magiciens osaient se permettre ce droit. Le risque était trop grand. On avait tendance à attribuer des coups de fouets pour la moindre petite parole dérangeant suffisamment un des magiciens plus expérimentés. La nature arbitraire de cette loi faisait peur à tous les étudiants, peu importe leur âges. Certains ici mériteraient bien quelques coups de fouet… Il n’était pas magicien, mais ne désapprouvait pas pour autant la méthode.

**« Je suis content que vous voyiez comme moi la nécessité pour la cité de se débarrasser de ces créatures nuisibles. En fait, j’ai besoin bien humblement de votre assistance car je ne saurais m’y retrouver avec la même efficacité qu’un magicien accompli dans l’immensité de vos archives magiques. Et encore moins déchiffrer les notes consignées dans les ouvrages qu’il faudra consulter afin d’en apprendre plus sur ces créatures. Vous êtes habitué à… » **

Une cloche aigue sonna un peu plus loin dans la grande pièce, interrompant l’elfe noire.

« Fin de la récréation, ils retournent à leurs classes aux étages supérieures. Continuez je vous pries. » souffla le gnome.

Le gnome se frotta la barbe, écoutant toujours pensivement les paroles de l’elfe noir, avec intérêt. La fille se tenait toujours debout derrière le magicien, se risquant de temps à autre à jeter un œil sur l’elfe noir. Ce dernier ne portait guère attention à la fillette, c’est à peine s’il se souvenait encore de sa présence.

**« Vous êtes habitué à ces recherches, et je ne le suis pas. Bien qu’une idée germe dans ma tête lentement quant au plan à élaborer pour l’attirer et la détruire une bonne fois pour toute, il n’en reste pas moins qu’un avis extérieur sur ce plan, surtout de la part d’un éminent légionnaire de la Confrérie Pourpre comme vous est cruciale. La décision de m’aider ou non dans l’exécution de ce plan restera cependant à votre discrétion car elle comporte un certain niveau de dangers… » **

Il ne pensait pas tous les arguments qu’il débitait au gnome afin de flatter son ego. Fort heureusement, en dépit de ce que l’elfe noir pensait, son argumentation était probablement malheureusement entièrement vraie. Il avait réellement besoin de l’aide d’un magicien, sans vraiment le savoir. Les évènements ont parfois une drôle de manière de s’enchaîner…


Post by Galgarad, CP - June 9, 2008 at 7:20 PM

Flatter l'égo du Navarque.. c'était bien là une chose étrange. Galgarad reçut toutefois les flatteries avec un sourire étrange, qui se voulait plus près de l'amusement que de la fierté, il faut dire. Il ne pouvait certainement pas le savoir, mais l'égo d'un Gnome, enfin, celui de Galgarad, est pratiquement inexistant. Donc, cette tactique, si la demande d'aide était entrain de tomber en échec, n'aurait certainement pas aidé à la réchapper. Mais il n'en était pas ainsi. Les Gnomes sont réputés comme étant des êtres d'une grande bonté, et les demandes clairement formulées (et ayant un dessein noble, évidemment) n'étaient que très rarement refusées.

L'Elfe demandait donc de l'aide pour chercher la bibliothèque.. Savait-il que la Chancelière des Université était elle-même de sang noir? Probablement pas, puisqu'il aurait très certainement cherché de l'aide de ce côté, à moins bien sûr qu'il n'ait jamais lui-même entendu parler des querelles Gnomes/Elfe Noirs passées. Mais le fait demeurant, il était là, dans toute sa noblesse raciale, le visage stoique, à attendre une réponse. Et il disait avoir un germe d'idée sur la marche à suivre pour se débarasser du Diablottin. Il n'était pas idiot, et c'était là un point gagnant. Car fouiller les bibliothèques Pourpres sans but aurait été une entreprise de plusieurs années.. et le Navarque n'avait pas de temps à perdre dans des recherches futiles.

Le petit Gnome se tenait toujours devant l'Elfe, se flattant la barbe machinalement. Tous les jeunes fous d'apprentis étaient retournés à leur salle de classe, et le seul bruit qui subsitait dans la pièce était le frottement des souliers de l'Économe sur la pierre poussiéreuse de l'Académie. La petite Cornélia s'était à présent réfugiée sous le comptoir de son oncle, qui ne la regardait, les sourcils froncés, que lorsqu'elle l'empêchait d'accéder à un calepin de notes ou à une bourse quelconque. Le monotone silence fut enfin brisé par la voix flutée du mage qui demandait :

- "Il me faudrait déjà connaître votre plan, monsieur Maeldrim, si vous désirez mon aide!"

Le visage plutôt neutre du Gnome s'était alors illuminé de son habituel sourire, et ses pommettes saillantes découpaient ses yeux rieurs en deux minces fentes.

- "Car il est vrai que je sais chercher les livres avec efficacité, mais l'incommensurable taille de la bibliothèque fait en sorte que de chercher sans une ligne directrice équivaut à ne pas chercher du tout! Rendons nous à mon bureau. Nous y serons plus à l'aise pour discuter. Cette salle est accueillante, mais mon espace de travail l'est encore plus. Suivez moi!

Galgarad tourna rapidement les talons, puis s'engouffra dans une porte déjà ouverte, au nord de la salle...


Post by Xul'zaer Maeldrim, Ind - June 10, 2008 at 1:30 AM

Le gnome fut suivi aussitôt par l’elfe noir, qui lui emboîta rapidement le pas. Ils passèrent devant plusieurs rayons. Les étagères étaient faites d’un bois foncé avec peu de reliefs et de nœuds à sa surface. Sur les tablettes, trônaient en rangée parfois difformes des centaines d’ouvrages aux reliures colorées. Certaines reliures étaient brodées de motifs dorés tandis que d’autres étaient plus ordinaires. De certains ouvrages, on voyait ressortir un mince signet tandis que d’autres étaient rempli de paquet de feuilles jaunies et de notes. Un constante était cependant observable pour l’ensemble des livres consignés dans les rayons, c’était la surabondance de poussière de laquelle ils étaient recouverts. Xul’zaer ne put distinguer au passage aucuns titres de ces ouvrages. Ni même le titre marquant la catégorie générale des ouvrages. Après un bref instant, ils aboutirent au pas d’une porte située au nord de la pièce. Il s’y engouffra à la suite du gnome, et pris place sur la chaise en face du bureau. Le gnome allait aussitôt s’installer à son bureau, un coussin servant à le remonter un peu sur sa chaise.

Il avait bien fait d’aller voir les magiciens; la collaboration qu’il entreprenait avec ce gnome s’annonçait fructueuse car les questions de ce derniers étaient jusqu’à présent toujours fort pertinentes. Pour les elfes noirs, les gnomes n’avaient jamais fait de bon esclaves; ils sont intelligents, réfléchissent beaucoup et forcent trop peu.

« Vous avez bien raison, Messire Glâneduc. Je viens de jeter un œil au passage dans les rayons que nous avons croisé et la quantité d’ouvrages que comportent votre bibliothèque est tout simplement incroyable. Ce n’est pas pour rien que l’Académie Pourpre a du renom même sur le Continent Est»

L’elfe noir affichait un léger sourire, semblant déjà plus à l’aise avec la présence du gnome une fois que la glace était cassée. *Un gnome... *Ce dernier se leva et s’en alla fermer la porte de son bureau rapidement. Ce ne devait pas être par nécessité, car il faisait autant silence à l’extérieur qu’à l’intérieur de la pièce maintenant. Seuls quelques bruits de frottements et les échos de pas pouvaient être entendus à l’extérieur. Il cherche à me piéger ? Ce bref sentiment de méfiance lui passa aussi rapidement qu'il était venu. Xul’zaer ne détailla pas beaucoup le bureau du regard, la décoration lui semblait tout simplement sobre. Il continua à exposer son plan au gnome, sur un ton clair et réfléchis, une fois que ce dernier eut repris place sur son fauteuil.

« Voici donc l’idée qui me vint en tête afin d’éliminer une bonne fois pour de bon cette vermine ailée des murs de la cité. Notez qu’il ne s’agit pour le moment que d’une idée de plan, il reste encore à le perfectionner. Bref, lors de ma rencontre avec la créature, je pu déterminer qu’elle avait plus ou moins le caractère erratique d’un enfant gâté. Elle se soucie peu de la valeur des choses qu’elle demande, ce qui l’intéresse c’est de narguer ses victimes, de jouer avec elles. Ainsi, il faudrait simplement trouver dans la littérature un objet pour lequel le diablotin ne saurait résister; un appât. Avec un peu de chance, cet objet pourrait même être comestible. Il faudrait réussir à piéger cet appât en y ajoutant un mécanisme et un quelconque poison, ou explosif. En jouant avec elle, avec son esprit, suffisamment longtemps, elle viendrait à DÉSIRER ardemment cet objet et nous le lui remettrions finalement en mimant un grand désarroi... »

Il fit une pause à nouveau, examinant la réaction de son plan sur le visage bourru du magicien.

« Je suis donc persuadé que l’on puisse se débarrasser de la créature sans même avoir à lever une arme, ni même prononcer une seule parole magique. La pousser elle-même à sa propre mort de par son jeu. Pour y arriver, il faudrait donc connaître ses habitudes de vie, ses préférences en matière d’objets, ses résistances aux poisons, ses points faibles ainsi qu’une manière de l’attirer à l’endroit que nous voudrions. Des informations qui sont, je l’espère, contenues à quelque part dans les rayons poussiéreux de ce bâtiment… »

Il se tut. Au fils de la discussion, il avait saisit inconsciemment une mince cordelette servant à relier les livres, et qui traînait sur le bureau du gnome. Ses mains jouaient machinalement avec la corde, alors qu’il attendait les impressions du gnome sur son plan.