Un Canon convoité

Un Canon convoité

Post by Jacques Van Horn, Mort - January 25, 2009 at 9:18 PM

Chargement et traversée de la cité

C'est lors d'une froide matinée en Moyenne ville, alors que le silence régnait par ce mois de Negis, que de rares passants purent apercevoir un petit groupe de gardes impériaux près d'un atelier renommé qui chargeaient un canon d'une facture exceptionnel sur une charrette. Les hommes aux capes rouges de l'Empire semblaient être commandé par un homme qui leur donnait des ordres du haut de son destrier.

Agé d'environ une trentaine d'années, doté d'un regard dédaigneux et autoritaire, le cavalier dirigeant cette petite troupe n'était autre que Jacques Van Horn, recrue de la Garde choisit par le Capitaine-Chevalier Al Kazar pour mener à bien la mission d'amener le canon au port. Une mission qui aurait put être des plus banales. Seulement Thaar en avait décidé tout autrement...
Une fois le canon chargé le convoi put se mettre en route.

Van Horn ouvrait la marche suivit de deux recrues également à cheval. Derrière eux se trouvait la charrette sur laquelle le canon avait été solidement attaché, conduit par un roturier au visage dissimulé par sa capuche en cuir. Enfin deux jeunes recrues de la Garde sur leurs destriers fermaient la marche. Van Horn soupira d’énervement après avoir regardé derrière lui le reste du convoi. Aucunes des quatre recrues n'avaient plus de la vingtaine et le conducteur de la charrette ne lui inspirait décidément pas confiance. Mais le meneur de la troupe fut vite tirer de ses pensées tandis que le convoi passait la porte de la ville. Au loin l'on pouvait déjà discerner la silhouette du port.

Une odeur de fumier

Le convoi continuait son chemin sur le long de la route joignant Systéria au port lorsque fut aperçut un lourd chariot rempli de fumier qui bloquait le passage. S’approchant lentement, le convoi impérial s’arrêta à quelques mètres. L’odeur du purin empestait l’air aux alentours et Van Horn envoya d'un geste de la main une des recrues ordonner aux paysans d’écarter leur chariote pour les laisser passer.
Mais lorsque le cavalier fut à la hauteur des paysans l’un deux se jeta tout d’un coup sur lui, le désarçonnant, puis dégaina un coutelas de sa manche et vint lui planter dans le dos. Simultanément deux hommes armés d’arcs émergèrent de sous la chariote, et deux autres armés de fourches sortirent du fumier lui même, leur odeur égalant celle de leur cachette. Jacques Van Horn et les trois autres recrues dégainèrent comme un seul homme leurs épées et affrontèrent bientôt les brigands.

Cependant le conducteur de la charrette au canon fouetta les chevaux avec les rênes et rapidement la charrette s’enfuit en toute hâte en direction des bois longeant la muraille sud-ouest de Systéria. Lorsqu’il s’en aperçut, Van Horn laissa les recrues guerroyer avec les brigands et fit galoper son destrier à la poursuite de la chariote du convoi. Ce dernier le précédait d’une centaine de mètres mais décampait à toute allure. A quoi pensait cet idiot de conducteur en déguerpissant à cette allure avec le canon ? Craignait t-il que les recrues ne réussissent pas à pourfendre les quelques malandrins qui leur avaient tendus l’embuscade ? Non il devait sûrement convoiter le canon.

A la recherche de la vérité

Van Horn fit halte à une cinquantaine de mètres de la charrette, qui avait finalement stoppé sa course dans un petit chemin isolé de la forêt. Il mit pied à terre, attacha les rênes de son cheval à un arbre, et approcha furtivement, prenant soin de faire le minimum de bruit. Une fois le plus près possible de la charrette, il se cacha derrière un arbre et observa en silence la scène. Le roturier encapuchonné de cuir, qui avait servit de conducteur, n’était plus seul désormais. Avec lui une demi dizaine d’hommes habillés piteusement s’acharnait à sortir le canon de sa charrette d’origine pour le mettre sur une autre que les voleurs avaient eux mêmes apportés. Ce difficile labeur se déroulait lentement sous les yeux d’un homme à l’allure noble, aux cheveux noir et mi longs, vêtu d’une cape noire et d’une tunique maintenue par une ceinture de cuir. Nul doute qu’il était derrière toute cette opération.

« Depechez vous d’atteler le canon ! » hurla t-il d’un ton impatient.

Voyant que ses braillements ne faisait pas plus avancer les choses il se fit apporter son cheval d’un geste de la main par un de ses serviteurs puis monta en selle avant d’ajouter :

« Je l’attends au point de rendez vous. Vous avez 20 minutes après quoi je divise par deux la solde de chacun de vous, bande de traînards ! »

Puis il fit partir son destrier au trot en direction de la basse-ville, sa cape planant derrière lui tandis que ses serviteurs le suivaient tant bien que mal.

Désormais le nombre d’hommes avec le canon n’était plus que de 7 : cinq portant la pièce d’artillerie, le conducteur tenant les rênes des chevaux de la charrette et le dernier faisant le guet. La chance voulut que ce dernier était dos au bois d’où surgit tout d’un coup Van Horn qui vint lui planter sa dague dans le torse tandis que de son autre main il maintenait fermée la bouche du malheureux qui voulut hurler la douleur qui lui parcourait l’échine. Jacques relâcha doucement le corps de la vigie et sa dague puis se précipita épée à la main sur les hommes -qui finissaient de charger le canon- qui ne s’aperçurent que trop tard la présence de la recrue de la garde impériale. En quelques moulinets il ne tarda pas à tailler en charpies les brigands pris par surprise sous les yeux apeurés du conducteur. Ce dernier eut bientôt le fil de l’épée de Van Horn sous la gorge.

« Dis moi où dois être amené le canon et j’épargnerais ta vie… »

Quelques instants après, Van Horn conduisait la charrette transportant le canon en direction de la basse ville, laissant derrière lui 7 corps mutilés et se refroidissant doucement. Il avait pris soin de se dévetir de sa cape de garde et de mettre le capuchon de cuir de l'ancien conducteur afin de dissimulé son visage et son identité.

La déchéance est le prélude de la fin

Van Horn fit entrer le chariot dans la grange que l’ex-conducteur lui avait indiqué. Le chef de noir vêtu et 5 de ses serviteurs semblaient l’attendre et fermèrent les portes derrière lui. La recrue de la Garde n’en attendit pas plus pour dégainer sa lame et foncer dans le tas. Pris aux dépourvus il tua deux servants sans qu’ils purent opposer la moindre résistance. Des trois autres serviteurs deux s’armèrent de gourdin traînant dans la grange et le dernier sortit une dague de sous sa chemise. Leur chef, quant à lui, dédaigna sa fine rapière, hurlant à ses serviteurs de tuer l’intru.

Van Horn esquiva un premier coup de gourdin, et para celui du deuxième serviteur puis répliqua par un violent coup d’estoc qui traversa un des deux hommes armés de bois. Le troisième serviteur profita de l’occasion en fonçant sur la recrue de la garde et lui planta sa dague dans le flanc gauche. En réponse Jacques lui assena un violent coup de genou dans le ventre avant de lui écraser son poing sur le haut du crâne si bien que l’homme s’écroula sous le choc, assommé. Le dernier serviteur restant fut moins gênant et demanda grâce à genou après avoir lâcher son arme de fortune. D’un geste Van Horn le repoussa et se dirigea lentement vers le chef, qui attendait l’arme à la main au fond de la grange.

Les deux hommes combattirent en duel pendant de longues minutes, échant coups et revers avec grâce. Mais, après avoir reçut de nombreux coups, Van Horn finit par planter sa lame dans le foie de son adversaire qui s’écroula au sol sous l’effet d’une intense douleur. Jacques lui déposa la pointe de son épée sur la gorge et lui ordonna de déclarer son identité et les raisons du vol du canon en l’échange de quoi il abrégerait ses souffrances. Après quelques instants l’homme consentit à parler :

« Je suis Herbert Arthoni… jadis j’étais noble en ces terres… Comte… »

L’homme cracha de son sang. Il semblait lutter pour exprimer ses dernières paroles.

« J’ai perdu mon titre après la chute de Mala… et me voilà poussez à ces extrémités… le vol… voler pour… »

De nouveau il vomit de son sang, tant par sa bouche que par la blessure à son ventre qui lâchait inexorablement tout le liquide vermillon hors de son corps. Van Horn vint le saisir par le col de sa tunique.

« Pour qui ? A qui pensais tu le revendre ? »

*Mais l’homme était désormais tout flasque et ne semblait plus guère de ce monde. *

[…]

*Une heure après l’embuscade le canon parvint finalement au port, sur une charrette conduit par un homme blessé mais victorieux. *