Parce qu'on ne voit pas tout de la même façon...

Parce qu'on ne voit pas tout de la même façon...

Post by Les rumeurs - June 16, 2009 at 7:49 PM

Midi venait de sonner. Déjà, le son des lourdes cloches de la cathédrale s'estompait. Les lavandières, elles, avaient encore une bonne heure avant d'arrêter de travailler. Elles avaient du linge à rendre et leur propriétaire n'accepterait sûrement pas de retard ! Madeleine était en train d'épuiser ses dernières forces du matin sur une superbe robe pourpre. Frida elle, s'occupait encore du linge de Lucrèce. La pauvre.

- Tu sais qui j'ai croisé dans la rue, il y a pas longtemps, Frida ? Morvan Hérembourg ! L'ancien diplomate. L'est à la Confrérie maintenant. Pouah, le regard qu'il m'a jeté ! C'est bien un pervers, ça. Rien qu'à y penser je revois encore ses petits yeux lubriques !

- M'étonne pas, Madeleine. Ca m'étonne pas ! On sait bien que la Gazette elle dit quand même la vérité, quoiqu'on en dise.

- Et bein j'ai repensé à la noiraude tu sais. Et je me suis dit, qu'est-ce qu'ils ont fait pour le pays, eux ? Hein ? Tu sais toi ?

- Ben... A vrai dire, je sais pas trop. Tu sais la politique c'est pas mon truc.

Et la conversation aurait pu s'arrêter là quand Frida eut une réminiscence.

- Ah si je me souviens d'un truc figure-toi. Tu sais mes deux derniers ? Ben grâce à ce qu'à fait la noiraude, ils ont pu aller étudier. Et pour pas si cher que ça finalement. J'en ai un qui va intégrer l'Association ! Et l'autre, je crois qu'il aime bien l'Histoire. Ca va m'en faire des bons partis !

- En parlant de gosses, tu savais qu'elle avait perdu sa fille dans sa maison quand elle s'était opposée à la Sanglante ? Ca arrive pas si souvent de nos jours. C'est drôle comme on oublie ces détails, quand même !

Et un long silence s'installa, perturbé par les clapotis de l'eau. Sans faire exprès, Madeleine déchira une manche de la robe qu'elle nettoyait.

- Mince ! J'vais me retrouver foudroyée ! C'est à l'Ancienne ça !

Frida éclata de rire et lui montra la robe, qui s'était réparée tout seule. Magie !

- Fiouu... Je crois que je vais me porter volontaire plus souvent pour nettoyer ses vêtements à elle. Si j'avais coupé un bout de la robe de Lucrèce, j'ai peine à croire ce qui aurait pu m'arriver.

Un silence s'établit à nouveau, jusqu'à ce que Frida reprenne la parole.

- Et l'ancien diplomate Hérembourg, au fait ?

- Au fait quoi ?

- Bah il a fait quoi pour ici ?

S'ensuivit une longue minute de réflexion intense.

- Tu m'poses une colle. J'en ai aucune idée. Pas grand chose, je crois bien, à part nous regarder toute nue avec ses dons de pervers.

- C'est bien ce que je me disais...

- M'enfin, la marquise, quoiqu'on en dise, ça reste une noiraude, hein.


Post by Morvan Hérembourg, près de Thaar - June 16, 2009 at 11:15 PM

Bien entendu il ne fallut guère longtemps pour que l’odieuse rumeur arrive aux oreilles de l’ancien diplomate. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il ne semblait pas attacher une grande importance à ces commérages de grands-mères, qui commençaient à dater d’ailleurs.

Avec le temps, ces médisances étaient devenues un vieux refrain que ressortaient régulièrement les pleutres cherchant à lui causer du tort. Cela ne pouvait que démontrer un manque totale de créativité de la part de ces gens, qui n’étaient même pas capable d’inventer de nouveaux mensonges, à défaut de trouver de vrais choses à reprocher à Hérembourg. Ce dernier, lorsqu’on lui parlait de ces rumeurs à son sujet, était d’ailleurs aise de répondre que les calomnies à son égard étaient totalement infondées : comment pouvais t-on accuser de perversité un honnête homme et thaarien pratiquant comme lui ?

Quand à lui demander quel usage il faisait de ses dons télépathiques, il se contentait de répondre avec un mince sourire à la fois sombre et énigmatique qu’ils ne les utilisaient jamais dans un but personnel, et que personnellement il n’y avait rien qu'il avait à se reprocher, contrairement à de nombreuses personnes dans cette ville…


Post by Sinriia Mel'Viir - June 17, 2009 at 12:19 AM

Et les rumeurs se rendirent peu à peu telle une douce brise au quartier de l'ordre, et ce jusqu'aux oreilles pointues de la marquise qui était assise sur son balcon. Les potins qui circulaient dans la rue un peu plus bas la laissèrent indifférente comme tout autre. Bien que ses sacrifices et actions du passé lui avaient coûté cher à chaque fois, jamais elle ne les avait regretté.

Quant à ce pauvre ex-diplomate qui était une fois de plus la cible des malveillants, elle se demanda tout simplement ce dont il avait pu faire encore pour mériter pareil jugement.