L'arrivée d'une aube nouvelle

L'arrivée d'une aube nouvelle

Post by Aube Minh Yu, AdM - August 25, 2009 at 8:56 AM

Systéria
Quartier portuaire

Le port grouillait encore, lorsque Le Vigilant arriva au quai. Alors que les matelots s’affairaient à amarrer, en sueur, nouant les cordages, une fine et frêle silhouette, dépassant à peine le mètre quarante, traça furtivement son chemin loin du navire. À sa suite, une longue chevelure d’une blondeur argentée faisait office d’étendard, sous les lueurs incertaines du soleil en déclin. L’odeur insoutenable du quartier – mêlant transpiration et poissons - la fit vaciller, au détour d’une rue. Si bien que deux paires de mains s’arrêtèrent sur elle pour l’aider à continuer sa route, malgré son souffle fiévreux et les frissons que lui apportait son haut le cœur. Peu importe les regards curieux posés sur eux, les deux hommes s’éloignaient avec cette étrange créature oscillant entre la femme et l’enfant, entre leurs mains épaisses, un peu à la manière d’un présent captif.

Déracinée vivante. Telle était l’impression qu’avait Aube, alors que son regard sombre détaillait l’ombre de l’enceinte systérienne, se profilant au loin. On l’avait retirée si brusquement de ces terres ancestrales pour une infecte cité insulaire où ne régnaient que la puanteur de la décomposition, le désordre et l’impolitesse.

Libre de tout bagage, vêtue vulgairement à la manière des hommes du pays, la douce Aube attendit sagement que les ombres envahissent la plaine la séparant de Systéria. Ce n’était qu’une question de minutes, à présent ; l’obscurité s’épaississait rapidement. Ses yeux abyssaux s’habituaient si vite à la nuit... Elle tomba enfin. Puis vint la course. Agile petite chose, elle rasa les herbes hautes pour rejoindre l’orée des bois, aussi furtivement que peut l’être une enfant de sa trempe. Son petit manège eut tôt fait de dérouter les humains qui s’étaient improvisés escorte.

Ne faire confiance à personne, encore moins si cette personne est un homme, encore moins si cet homme se croit intelligent, encore moins si cette intelligence déficiente lui laisse croire que vous êtes douce et docile dans les ombres. Aube avait sans doute compris leur stratégie... Ou peut-être était-elle simplement trop prudente, s’imaginant la pire conclusion. À demi cachée par la nuit, la délicieuse enfant attendait le silence pour rejoindre la cité et sa moyenne-ville.

Une aube nouvelle arrivait à Systéria, portant jalousement le nom des Minh Yu.


Post by Aube Minh Yu, AdM - August 29, 2009 at 3:24 AM

Systéria
Manoir Trenor

« Repose ton cœur en chrysanthème, Aube... Calme-toi. »

Sous ses paupières gonflées, les larmes coulaient lourdement, dans un silence parfait. Le futon satiné absorbait malgré lui les tristes humeurs de la délicate enfant. Ses cheveux de jais sillonnaient le drap rosé, épars, à la manière d’étranges serpents d’ombres. Ceux-là même s’immisçant en son ventre, lui donnant la nausée et cette envie de disparaître, de dormir, de s’engourdir pour ne plus ressentir. Comme il est douloureux de devenir mi-femme mi-enfant, s’approprier cet âge intermédiaire pervers entre tous.

Déjà, le Coin Chaud... Ce lieu avait au moins la faculté de se définir par son propre nom. Frigorifiée, perdue, traquée, la délicate Aube avait trouvé une seule personne souhaitant réellement lui venir en aide : un elfe noir, Senger. Quelle étrange ville était alors Systéria, aux yeux de la blonde créature. Senger... Tous étaient arrogants. Sauf Senger.
Elle ne savait que déplaire. Malgré elle. Comme si seules la courtoisie et l’étiquette permettaient qu’on s’attache à sa personne. En Systéria, on la détestera. On la détestait déjà.

Indigne petit Kenichi. Faire ainsi pleurer une enfant de la famille Minh Yu, la sermonner publiquement, ne pas la défendre, prononcer des menaces de mort... Et devoir l’apprécier pour son nom. Et le lui dire ! Infecte petit bâtard. Retourne à tes piécettes pour te nourrir grassement, la petite Aube saura faire sans tes conseils. Tes agréables oreilles en pointe n’arriveront pas toujours à la charmer. Comprends qu’une mauvaise journée peut gâcher ses humeurs. Comprends, petit Kenichi.

La pauvre enfant se recroquevilla sur son futon, crispée sous la douleur, respirant avec peine pour garder un silence parfait. Elle n’avait même plus Nuü à serrer contre elle... Jamais l’Archipel Tsen ne lui avait semblé si loin.


Post by Kenichi Eringyas, AdC. - September 5, 2009 at 3:55 PM

En réveil en état de manque...

Il s'était réveillé en sursaut sur le futon qui était tendu sur le sol du laboratoire, ses mains tremblantes, sa vision altérée par le manque cherchant la potion qu'il avait disposé à son coucher près de son oreiller, il tendit la main pour s'en saisir mais dans ses mouvements chaotiques ne parvint qu'a la faire rouler plus loin, alors à quatre pattes comme un animal Kenichi rampa sous l'établi ou il déboucha la potion et la tête renversée en arrière n'en laissa aucune goutte... Alors et alors seulement il s'assit, déposant la fiole vide à ses cotés, son regard noir noyé dans la cascade de cheveux.

" Alors arrivera un moment ou je porterais un nom, ou une enseigne que tu aura choisi sera clouée sur la boutique que je tiendrais. Derrière le comptoir une petite famille viendra à naitre, nous serons heureux dans cette cité ou toutes les races et toutes les contrées se rencontrent.. Alors seulement je serais certain que ma destinée ici ne s'arrête pas à ce que je dois faire."
Les paroles du demi elfe se firent léger écho dans la pièce, alors qu'a l'étage le froissement des draps de soie ou dormait sa maitresse se firent entendre, il se tu un instant, le regard porté vers la montée d'escalier du laboratoire.

" Oui, je te le promet, un jour une alliance sera présente entre nos noms.. même si je n'en porte encore aucun."
Et le jeune demi elfe se recoucha pour se réveiller quelques heures plus tard, alors que le coq chantait à toute la basse ville qu'il était l'heure de se presser aux champs, d'évacuer les cadavres de la nuit, de rentrer à la maison avec quelques bourses volées, de mettre en route la boutique du poissonnier autour de laquelle des nuées de chats venaient déjà rôder.


Post by Aube Minh Yu, AdM - September 6, 2009 at 8:49 PM

Systéria
Manoir Balgor

Il faisait jour, à présent. Systéria connaissait l’une de ces rares journées ensoleillées, où le ciel n’était assombri d’aucun nuage. Une petite brise, à peine sentie, faisait toutefois murmurer le kimono de la douce Aube en un bruissement soyeux. Ses longs cheveux de jais virevoltaient au gré du vent léger, venant s’emmêler et s’entrelacer à la soie rose de son vêtement t’sen. Le regard d’abysse de la jeune demi-elfe parcourait les jardins en fleurs des divers manoirs du quartier saint. Tous magnifiques, tous colorés, tous si pâles et dérisoires en comparaison des jardins somptueux du domaine Minh Yu.

Puis elle la vit, assise, parmi ces fleurs colorées ; pervenche, rose, pourpre et blanches s’alliaient à raviver la beauté enfantine de l’enfant. Si blonde, si demi-elfique, si impertinente à première vue... Semblable à un petit oiseau d’un printemps hâtif, trop pâle pour appartenir à la saison chaude, trop arrogante pour être effacée par un hiver gelé, Tarasilmë du manoir Balgor dévisageait les coquelicots, sans doute perdue dans une songerie malicieuse et féérique. Si... semblable à Hannah. En un instant, le cœur de la douce Aube donna l’impression de ne jamais trouver le courage de battre à nouveau, foudroyé, transpercé, arraché vif. Souffrante, la délicate demi-elfe parcouru la grille de fer ouvragé du manoir de l’illustre couple systérien. Tout son être semblait mesuré et retenu sous une prestance naturelle, ne laissant pas son trouble faire surface. La petite Aube glissa quelques œillades impénétrables à cette enfant d’environ son âge puis offrit un visage à la fois doux et réservé à Tarasilmë, indéchiffrable d’autres sentiments. Si semblable à une poupée de porcelaine.

« Oh, petite, petite, petite hirondelle. Que tu es belle, parmi les tiennes. »

La voix murmurée et fragile de la jeune adolescente s’éleva, sifflante d’accent d’orient, jusqu’aux oreilles pointues de Tarasilmë. Son étrange phrase semblait plutôt à une ritournelle mystérieuse, à un chant ou une poésie, plutôt qu’un réel qualificatif. Petite, petite, petite... La petite Aube s’installa sur le rebord de pierre, effleurant les barres de fer de sa main, à peine.

« Te garde-t-on en cage, mon précieux oiseau ? Minh Yu Aube peut-elle t’approcher ? »

Ce fut un sourire à peine senti qui vint se dessiner sur ses lèvres en cœur, tout juste charnues pour être croquables. Aube Minh Yu s’inclina avec respect, comme le font les siens, ceux des contrées mythiques de T’sen. Seules, dans le jardin. À l’intérieur, des éclats de voix, des jumelles en pleurent. En était-il toujours ainsi ? Délaissait-on toujours cette arrogante petite hirondelle pour deux sœurs plus jeunes, pour un mari absent, pour un frère tourmenté, pour une voisine passionnée ? Pauvre, petite, petite, petite Tarasilmë... La délicieuse Aube lui accordait toute son attention, ses mires faites d’encre posées fixement sur elle.


Post by Aube Minh Yu, AdM - October 11, 2009 at 6:41 PM

Tarasilmë timide
Tarasilmë silence
L'Aube s'en alla.