La renaissance du Héron
Post by Shigeru Maeda, Adm - November 8, 2009 at 7:57 PM
http://www.youtube.com/watch?v=q0z08OpmEPcShîntô et Bushido
Alors que loin derrière lui, la dangereuse Systéria, effigie de ce que l'homme put faire de pire, ne laissait paraître d'elle qu'un amas de roches sans âmes, la vision qu'eut le guerrier des divers éléments en proie à la colère n'eut rien pour le rassurer.
Depuis trop longtemps, sûrement, n'avait-il pas choisit l'isolement d'une parcelle terrestre au plus proche de l'eau. Son Shîntô trop souvent troublé par ses propres pensées, colère, haine, déception, frustration, une force intérieure telle qu'il ne se rappelait plus son dernier instant de plénitude.
Pourtant cette fois, ses gestes avaient retrouvés de leur vigueur, comme le Phoenix, créature légendaire, le guerrier renaissait de ses cendres pour connaître un nouvel envol. Tranchant ou façonnant le Kaze à l'image des figures élémentaires du Ki, chacun de ses mouvements avait en lui l'émanation même des énergies présentes dans le corps du disciple Budo. Chacun de ses katas se ponctuait par un ultime geste plus sec par lequel il évacuait chacune de ses pensées négatives. Ce n'est qu'ensuite qu'il sortit son katana, ancestrale lame de son clan, qui jadis trouvé comme porteur les plus grands noms parmi les Maeda.
Sa gestuelle changea alors en un combat lent et gracieux contre les forces invisibles. Les yeux clos, le visage serein, rien en lui ne pouvait mieux exprimer que son aisance à fendre les airs, la paix qui l'animait à présent.
Combien de temps avait-il erré sans but dans cette ville qui en moins d'un quart de vie avait pu lui être aussi néfaste? L'image lointaine d'un amour que seul lui songeait à croire possible, les vestiges d'un passé de combattant annihilé par un manque d'humilité ou de sagesse, les ruines de ce que fût sa vie sur sa terre natale ou même sur cette terre qui jamais ne fût la sienne.
La douleur de son bras meurtris jadis par une blessure profonde ou sa vue, brouillée lorsque samui vient à réveiller les anciennes cicatrices, rien de cela n'avait sa place dans cette danse martiale qui n'avait pour but que de renouer avec l'être passé. Le bras solidement entouré d'une serpentine lanière de cuir, l'hakama laissant à la descendance des alizés le soin d'effleurer sa peau et de l'abreuver d'une certaine clémence; tant pour ses actes passés que futurs.
Enfin ses aïeux avaient-ils fait acte de grâce face aux multiples insultes qu'il, ou son inconscient, avait émit à leur égard, et ainsi lui offrir l'itinéraire d'un second voyage, loin des tempêtes chaotique baignées par le sang de l'ennemi. Peut-être était-ce là le présage de desseins auxquels lui-même n'aurait jamais pensé...
Ainsi finit-il son Shîntô, selon lui, loin des regards, apaisé et rassasié de spiritualité, une nouvelle ère dans ce qu'il put appeler sa vie, la renaissance de ce que fût, Shigeru Maeda.
"Me revoilà..."
Post by Shigeru Maeda, Adm - December 2, 2009 at 6:31 PM
Déboire d'une alcoolémie mesurée...
"La frustration, laisse place à la colère, la colère devient haine, la haine te mènera à ta perte..."
Ces mots résonnaient dans la tête du Tsen depuis bientôt deux heures alors qu'il avait choisis le toit du bâtiment qu'il occupait pour songer, réfléchir, prendre le temps de respirer. La vue sur la basse-ville, malgré un côté esthétique misérable, avait tout de même son petit charme, un exutoire presque apaisant derrière ce bruit de fond incessant.
Le soldat avait sortis pour l'occasion une bouteille de liqueur, de l'alcool, chose qu'il n'avait jamais fait depuis son arrivée à Systéria, et certainement pas une bouteille entière sur ces terres natales.
Cherchait-il à connaître les sensations de l'ivresse pour ne plus jamais y être tenté ou était-ce alors un changement de voie, de valeurs auquel il se prêtait, lui-même l'ignorait, il l'avait fait, et voilà tout ce qui importa sur le moment.
Plongé dans ses songes, il se remémora une journée lourde en émotions, trop de violence, trop de pleurs auxquels il était mêlé et en partie responsable... Derrière ce voile d'indifférence, de sévérité qu'il tâchait de cultiver, des émotions tout autres naissaient, croissaient et mourraient, ainsi va le cycle. Qu'en était-il de ses valeurs, ses propres mots que le guerrier n'arrivait pourtant pas à respecter.
"Nul ne peut connaître la tristesse s'il n'a pas connu le bonheur..."
Il était alors impossible pour lui de se résoudre à suivre cette voie toute sa vie. Non, il se devait vivre ce qui lui était offert, la joie, le plaisir; l'idée serait ensuite de les modérer, les tempérer, par soucis de bienséance ou de décence. Maeda ne pouvait néanmoins pas oublier cette amertume qui l'habitait depuis longtemps déjà, mais également cette sévérité qui lui valait, certainement, une reconnaissance de ses hommes. Peu souriant de par ce qu'il vécu, il n'en oubliait tout de même pas qu'il fût lui aussi jadis un enfant, animé et souvent guidé par la gaieté.
Qu'en avait-elle dit encore... Il ne pouvait qu'estimer plus ou moins ses paroles qui dans sa tête ne se donnaient comme sens que celui-ci.
"La vie t'a rendue amère, ce n'est pas ta nature..."
Toutes ses fonctions cognitives amoindries au fur et à mesure que la bouteille se vidait n'avait en soi rien pour le mettre en aise. Il prit alors une longue respiration, tâchant par la suite de faire défiler dans sa tête, ou était-ce là les capacités premières de l'alcool que de faire surgir des émotions peut-être non désirée, les visages de celles et ceux qui rendaient son quotidien plus agréable... deux d'entre eux plus présents toutefois.
Allongé alors sur le dos, occultant le confort réduit de la toiture, il clôt alors ses paupières, ses mires d'ébènes disparaissant peu à peu, il prit le temps de s'écouter, écouter son âme, son esprit et son corps, comme l'enseignait le bushido, une osmose parfaite introuvable cette nuit là, car le doute, douce illusion humaine, ne lui permit que de ressasser ce pourquoi il se cramponnait derrière une multitude de barricades émotionnelles, handicapé des sentiments, l'amour. Celui qu'il portait à cette jeune fille pour qui il avait renoncé à sa vie d'éternelle solitude, elle qui perçait si facilement sa volonté de rien éprouver, de garder pour lui les marques d'affection, et il sourit, sombrant alors dans le vide que pouvait induire la position qu'il avait adopté.
Cette nuit là, et pour l'une des rares fois depuis son arrivée à Systéria, un rêve prit part au long voyage que fût son sommeil...
Post by Shigeru Maeda, Adm - December 20, 2009 at 6:56 AM
Le Culte du Corps
L'acte qu'il avait commit, sortir de cette manière, aussi brutalement de cette sérénité qui lui était propre, aussi aisément, avait su toucher son être, la colère contre lui-même mais également contre ce qui l'avait poussé à sortir de ses gonds toujours ressassée, de plus en plus de frustration présente dans son attitude et une moue boudeuse d'autant plus incrustée sur son visage au passé si doux.
Qu'en était-il de la foi qu'il portait à Aerduyn, celle pour qui il avait fait promesse de servitude, qu'en était-il de ses idéaux et de cette force qui l'animait jadis? Éteinte, simplement. Absence totale de cette flamme qui avait su lui apporter réconfort et lumière dans des temps obscures. Comment se racheter? Comment ne pas faire peser sur son nom le déshonneur d'une cause éteinte, la honte d'une maîtrise inexistante dans ce qui l'avait poussé, lui, à chercher dans la spiritualité les dogmes d'une vie meilleure?
Le travail sur son corps, la discipline physique d'un véritable guerrier et non celle d'un croisé ou d'un représentant d'une volonté divine inapplicable dans son cas. Le plaisir qu'il avait éprouvé à fracasser ses poings contre un corps, sentir l'entièreté de ses muscles se contracter lorsqu'il maintenait cette masse... Chose certaine, il adoptait actuellement un style de combat beaucoup plus agressif, axé sur une colère montante et un besoin de libérer cette force qui bouillonnait en lui et qu'il n'avait jamais réellement prit le temps de laisser s'exprimer.
Maintenant seul dans cette salle d'entraînement de guilde, il poussait sur les dernières forces qu'il lui restait pour terminer cette séance d'harmonisation et d'expression de son corps. L'exercice semblant éveiller chez le Tsen une faculté de réflexion, d'introspection plus grande encore que celle qui le pénétrait lorsqu'il méditait.
Pieds nus, ses paumes bandées dans un tissu résistant, il frappait avec hargne dans ce mannequin, lui offrant plusieurs visages visant à croître un peu plus sa colère, sa hargne, sa puissance. Chaque frappe laissant derrière elle un petit nuage de fumée, gladiateur, dévot de la guerre, inspiré des arts martiaux de son archipel, il semblait animé par la frénésie de ceux qui ne demandent que la violence...
Non bien sûr, il n'était pas ainsi, il lui faudrait donc à nouveau chercher en lui la paix, l'osmose de son esprit et de son corps poussée à son paroxysme, trouver le juste équilibre entre barbarie acerbe et droiture de ce qu'il représentait jadis, le samouraï.
Tiré, gonflé, sa masse musculaire devait encore croître, évoluer pour qu'à jamais il ne fasse plus partie des faibles. Tâchant de concentrer son énergie dans un seul et ultime coup de poing, il poussa un long soupire lorsque sa chair, ses os, se fracassèrent contre le mannequin qui laissa alors un fin filet de sable s'écouler.
Il posa une serviette autour de son cou avant de quitter la salle, un bref sourire en coin. Maeda fît son choix, le martial avant le spirituel, c'est ainsi qu'il fonctionnerait à présent...
Post by Shigeru Maeda, Adm - December 23, 2009 at 7:33 PM
Potentiel destructeur.
Se focaliser sur un point précis, une gestion anatomique infaillible et une précision de frappe, voilà les mots qui résonnaient dans la tête du guerrier, loin de ses terres, presque un fugitif, pouvait-il encore prétendre à une quelconque appellation hérité de l'archipel?
« Arme humaine? »
Tiraillé entre l'amour et la solitude, la colère et la joie, le bonheur et la tristesse, aujourd'hui, Maeda Shigeru n'avait plus rien de cet exemple d'honneur Tsen dédié aux divinités. Non, loin de cette image, il apparaissait maintenant pareil à un combattant systérien, plus attaché à ces terres-ci qu'à celle aillant bercé son enfance.
« Arme humaine... »
Peu à peu il perdait de cette plénitude mentale pour laisser place à la fougue des gladiateurs de cette citée. Plus vif, plus fort, ne pas perdre de vue ses objectifs, ses ennemis, frapper encore et toujours.
« Arme humaine. »
Qu'en est-il des idéaux, de cette spiritualité qui lui apprit par le passé à trouver dans la foi une discipline de vie qui jusque là lui plaisait? L'armée l'avait changé, ses fréquentations l'avaient changé, cette vie l'avait changé. Qu'être d'autre si ce n'est le rempart des opprimés, le bastion de dogmes visant à améliorer le quotidien des faibles?
« Arme humaine! »
Une bête, un animal, un dévot de la violence implorant la guerre; n'être qu'un objet, le fléau de ses ennemis, un être assoiffé de batailles, prophète d'une mort, qui tôt ou tard saura le frapper, s'abattre sur lui avec la même violence que sa lame sur ses ennemis...
Depuis longtemps, il avait oublié la quelconque idée d'une vie rangée, sur ses terres natales, non, Systéria était à présent son foyer, état pour lequel il se devait de donner sa vie, une couronne dont il ne connaissait rien mais qui se devait d'avoir ses fidèles dévoués, animés par une loyauté sans faille, chose qu'il se pouvait de faire, qu'il se devait de faire.
Assit sur la muraille, telles étaient ses pensées, alors qu'il caressait d'une main assurée la lame de son katana, le regard porté vers les cieux, sous le regard de ses aïeux...
Post by Shigeru Maeda, Adm - December 28, 2009 at 1:10 PM
Bourdonnement continuel dans sa tête, rien autour de lui ne trouvait de consistance, flou, simplement insondable. Chaque objet était désormais envahis par cet écarlate pinçant, oppressant, dénué de tout repaire, le Tsen cherchait simplement à se redresser lorsque ce goût aigre fit son apparition dans sa bouche. Un éclat rougeâtre s'en extirpa.
« Est-ce là mon sang? »
Les cotes endolories, les poings tout autant meurtris, qu'était-ce alors que ce sentiment de défaite bien présent et qui pourtant ne semblait pas le mettre hors de lui. Il acceptait de perdre sans orgueil, dénué de toutes pensées négatives à ce moment, simplement l'étonnement.
Celui d'être à ce point bercé par la douleur, d'ouvrir à nouveau son esprit sur cette chaleur peu agréable dans tout son corps.
Dans un gémissement, il tâcha de se redresser, son torse nu comme seule armure, l'entraînement portait déjà ses fruits, plus large, simplement dessiné, ses épaules avaient gagnés en robustesse, son corps en endurance. Ses poings, ses joues, ses bras, dessinés, creusés, il apparaissait simplement plus rude, sec.
Secouant la tête, il tenta de rester droit sur ses jambes, stable, regagnant peu à peu sa posture de combat, aveugle presque, les échos des encouragements résonnants dans son esprit, ses pensées amoindries par cette cacophonie, incapable à présent de trouver une quelconque concentration, il avança vers l'absolu, alors que la forme presque indistincte se tenait devant lui. Il envoya son poing vers l'avant, comme un animal acculé, il donnait de ses dernières forces pour faire honneur à son ennemi et ne pas passer pour un faible.
Craquement sourd, la chair plia, se déforma sous l'énergie déployée dans cet unique coup de poing, ultime geste offensif pour mettre à mal son adversaire. La violence avec laquelle il reçu le coup le submergea de surprise. Embarqué par le mouvement, il tourna sur lui-même, une puis deux fois avant de s'écrouler sur le sol dans un long râle de souffrance. Ainsi allongé, il ne put que sourire face au plaisir qui l'eut animé durant tout le combat. Vide d'énergie, de toute vitalité, il sombra dans le sommeil, vidé.
Son entraînement, son évolution, continuait donc, bientôt, il toucherait du bout des doigts cette maîtrise auquel il aspirait tant, mais pour l'heure, il s'agissait surtout de panser les plaies.
Post by Shigeru Maeda, Adm - January 12, 2010 at 5:49 PM
L'arène de la moyenne-ville, tard dans la nuit, deux combattants en face à face, honorables, les deux hommes n'ont revêtus qu'une tunique de cuir et un bouclier comme seul pièce de métal, si ce n'est cette lame, courte, qu'ils tiennent tout deux fermement d'un poigne vive.
Tous deux s'observent, s'analysent, démarche faible, difficulté respiratoire ou blessure ancienne qu'il est possible d'exploiter. Ils se saluent ensuite, nobles guerriers, pour adopter chacun une position de combat qui leur est propre, l'un axé sur la défense, bouclier dressé, jambe opposée vers l'avant, le Tsen ne prend pas de risques inutiles, préférant une défense astucieuse qu'une attaque trop téméraire. Son adversaire, un Systérien de taille moyenne, corpulence forte, préfère quant à lui adopter une position de combat plus axée sur l'attaque, la lame vers l'avant, le bouclier en guise d'ultime défense.
L'assaut est lancé et les deux hommes disputent leur compétence à grand coup de tranche de bouclier pour écarter la garde ou des enroulés de lame, doublant les frappes, épreuves de forces lame contre lame, pivot et bottes secrètes, les deux hommes se livrent une véritable guerre dans cette place de combat, dans la parfaite ignorance de tout un chacun, aucun public pour ce qu'ils appellent tout deux l'entraînement quotidien.
Plus âgé, le Tsen est certes expérimenté, mais il manque rapidement d'endurance, alors que le jeune homme quant à lui n'hésite pas à s'acharner, quitte à détruire le bouclier de son adversaire pour enfin percer sa défense. Dans une rapide vrille, le Caporal se détache des assauts du jeune homme, déséquilibré toutefois, il chuta et s'enfuit derrière son bouclier à hauteur de nez, pour garder un visuel sur son ennemi. Contre-attaque rapide, Shigeru envoie son bouclier vers l'avant à hauteur de genoux, alors que le blond, saute pour l'esquiver, une roulade arrière et voilà Maeda sur pieds, sa lame tendue vers l'avant. Essoufflé certes, son bouclier enfoncé des multiples assauts, le Caporal tenant à peine sur ses jambes, mais toujours animé par cette mauvaise humeur perpétuelle et résiduelle d'une lassitude permanente.
Avec le temps, son bras avait retrouvé un peu plus de mobilité et il n'avait plus de réelle peine à soulever bouclier ou même une main gauche, article propice à la parade. Le Tsen n'y avait jamais été formé ou même entraîné et il devait s'avouer quasiment étranger à son usage pendant ses premières années à Systéria. Toutefois, cette réalité n'en était plus une, et depuis cette époque, Shigeru avait livré de nombreux combats, contre diverses créatures et son assurance derrière un pavois ou un écu gagnait chaque jour en intensité.
Rompus, les deux adversaires entamèrent leur dernier assaut, ponctué par un crissement lourd de métal entrechoqué, bousillé et plié. Le jeune homme eut l'ascendant sur la vitesse, mais le caporal l'eut sur la force, et tout deux chutèrent, exténués.
La nuit se finissait sur un match nul... et Maeda sur un entraînement long et coûteux en énergie.