La famille idéale
Post by Shandri Eäm'Arylth, OdS - January 19, 2010 at 1:35 AM
Le Diable s’habille en Prada
Non…
Tarasilmë s’habille en Prada
Demoiselle venait de refermer la porte de sa petite maisonnée que les problèmes débutaient réellement. Son plancher était magnifique, voyez-vous, et bien entretenu. Il n’avait connu alors que la tiédeur des petits pieds de danseuse qu’était sa propriétaire et la douceur de ses escarpins en satin brodés. S’il était personnifié, sans doute ce plancher serait-il un jeune homme doux, aux sourires tendres, d’un domaine artistique, dont le regard brillerait d’intelligence et de délicatesse. Demoiselle Tarasilmë Taur’Amandil Balgor était plutôt de ces petites sauvageonnes impétueuses qui parcourent en nomade les plaines arides des contrées de Nguelundi. De petits cailloux de pavés incrustés à la plante des pieds. Le genre de jeune adolescente que redoutait n’importe quel plancher. C’était là le début des hostilités. Elle refusait de se nettoyer les pieds, marquant déjà le parquet de la maisonnée de Demoiselle.
Et ce n’était pas tout! Évidemment. Tarasilmë n’appréciait pas les murs, ni la grandeur de la pièce. Elle ne voulait rien apprendre et ne voyait pas en quoi la diplomatie pouvait être intéressante. Les limites imposées par Demoiselle ne lui convenaient pas. Si cette dernière était craintive devant la cruauté de certains systériens, la jeune Taur’Amandil Balgor voyait plutôt sa ville comme une foire géante. Elle avait usé de toutes les ruses qu’elle connaissait : Promettre des promenades régulières, le droit de sortir jusqu’à la tombée de la nuit, rendre les cours intéressants. Rien à y faire. Tarasilmë tentait de forcer la porte alors que son ainée lui exposait les règles à suivre pour une bonne …
Un soupir plus loin, Demoiselle alla s’effondrer sur son fauteuil massif, dévisageant dans la plus simple expression l’impitoyable Tarasilmë Taur’Amandil Balgor qui était certainement en train de gratter la fenêtre pour se creuser une issue. Elle commençait seulement à comprendre les joies que pouvait apporter une famille… Ou plutôt, Demoiselle commençait seulement à comprendre en quoi l’alcoolisme était pertinent pour un père de famille.
Eressän retrouverait Demoiselle recroquevillée sur son fauteuil, étroitement camouflée sous sa cape immaculée. C’était évident : même les enfants de la Basse-Ville ne seraient pas aussi terribles! Il fallait un autre plan d’approche pour mieux cibler Tarasilmë… Pour mieux la motiver. C’était à quoi songeait Demoiselle, durant les heures de repos que lui accordait la jeune adolescente.