Sainte-Elisa se serre la ceinture

Sainte-Elisa se serre la ceinture

Post by Thomas Bolton, Emp - February 8, 2010 at 12:20 PM

Le Directeur de Sainte-Elisa venait juste d’arriver dans son bureau à l’hôpital. Déjà, les infirmières se dépêchaient de s’affairer à leurs nombreuses tâches. Tout pour l’éviter ! Ca valait mieux. On ne savait jamais quelle sorte de basse besogne il pouvait vous confier, mieux valait s’en tenir éloigné le plus possible. Le fait est que la nouvelle qui allait se répandre ce jour-là toucherait tous les membres du personnel… En effet, quelques heures après son arrivée, monsieur Cressen placardait déjà une affiche sur le panneau d’informations générales.

Dès qu’il fut parti retrouver son maître, un petit attroupement se rassembla devant la nouvelle annonce du sévère duc Bolton. Les réactions ne se firent pas attendre ! Déjà, des commentaires fusaient de toute part.

« Ouf ! Je suis bien contente d’être infirmière, tient. Au moins, chez moi ça ne change pas. », lança une des commères invétérées.

Une autre, qui ne perdait pas l’affiche de vue, se permit un petit commentaire.

« Oh, on dirait qu’il va y avoir du nouveau avec les laboratoires. Vous avez vu ça ? Gel des salaires en attente des nouveaux statuts. Je me demande bien ce qu’il nous prépare… »

Un médecin grassouillet regarda la première avec un air mauvais.

« Oh ça va vous hein ! C’est pas la peine d’enquiquiner les autres, quand même. Regardez-moi ça ! 500 pièces de moins ! 500 ! J’ai une famille à nourrir, quand même ! », maugréa-t-il.

C’est à ce moment là que la voix froide et particulièrement sèche du Surintendant se fit entendre. Depuis combien de temps était-il là, dans leurs dos, à les écouter ? Personne ne l’avait entendu approcher, pourtant…

« Allons, je suis sûr que vous pourrez la nourrir, docteur Lagarde. Vous cumulez deux salaires, comme tous les membres du personnel. Je suis persuadé que celui de votre guilde d’origine vous suffira amplement. »

Le ton était aussi tranchant qu’un couperet. Le médecin fixa son supérieur mais ne répondit rien. On ne pouvait pas argumenter contre cet homme-là. Sûrement pas.

« Je vous rappelle à tous que nous soignons gratuitement depuis la Régence. Les conséquences économiques étaient inévitables. Je ne tolère pas non plus les individus qui souhaitent se faire embaucher ici uniquement pour arrondir leurs fins de mois. Ce temps est révolu. »

Et sur ces froides paroles, le Directeur fit volte-face et retourna dans son bureau, pendant que le personnel regagnait les diverses tâches qui lui incombait. Les infirmières, elles, repartirent de plus belle, leurs salaires avaient été maintenus. Les grades supérieurs, eux, avaient plus de mal à digérer la pilule…

Des coupes drastiques avaient été pratiquées pour les salaires, de 500 à 1.200 pièces d'or. De quoi décourager l'appât du gain et ménager la Trésorerie. Oh, le duc était un homme austère. Qui aurait pu croire qu’il n’allait pas faire preuve d’une politique économique également austère ?


Post by Acturus Polymaro, Mort - February 9, 2010 at 12:41 PM

Un soir de semaine, l'air triste alors que le lit du manoir était vide, Acturus n'y était pas couché dedans. Sur la petite table de la chambre, éclairé que par une bougie dans la sombre nuit en basse ville, il regardait ses états financiers qui prenait du mieux. Ironiquement, ses affaires allaient mieux depuis que sa femme était partie à la fraternité. Comme quoi, une femme peut côté cher! Mais tout l'or qu'il gagnait ne satisfaisait aucunement son cœur en peine.

Quoi qu'il en soit, en triant ses papiers, il tomba sur une facture.

À l'ordre de l'hôpital Sainte-Élisa,
Réparation de l'ensemble de l'hôpital après les dégâts causés par les destructions de la démone

Montant évalué à 36 000 pièces d'or

Il la regardait un moment. Cette facture n'avait pas été encore envoyé à Sainte-Élisa depuis la fin des constructions. Était-ce le bon moment de l'envoyer alors que l'édifice de santé était en train de se serre la ceinture?

Les traits d'Acturus se raidirent un peu. Des souvenirs refaisait surface qui ne lui plaisait pas pour autant pourrait-on dire. Après réflexion, il vint chiffonner la facture pour la lancer dans le feu afin de la faire disparaître à tout jamais. Sainte-Élisa venait pour de bon s'éviter la facture de 36 000 pièces d'or. Mais ça, personne le saura sauf les flammes du foyer témoin du timide geste de générosité du membre de l'Association des Commerçants.


Post by Thomas Bolton, Emp - February 9, 2010 at 1:49 PM

La facture était peut-être partie en fumée, le commerçant pensait avoir fait preuve de générosité, mais c’était sans compter l’extraordinaire mémoire du Surintendant – quand on gouvernait un pays, il en fallait bien un peu. Aussi, alors que le bègue pensait avoir réalisé une bonne action, il reçut quelques jours plus tard la visite d’un coursier du duc. L’homme se présenta avec toute la courtoisie dont il était capable.

« Service commandé pour Sa Seigneurie. Monsieur A. Polymaro, de l’Association des Commerçants ? »

« Heu… lu-lu-lui mê.. même. »

Devant le bégaiement, le messager hocha la tête, comme si la description qu’on lui avait faite de l’artisan avait été validée par son bégaiement. C’était d’ailleurs sans doute le cas… Notre homme sortit donc de son épaisse sacoche en cuir une lettre de créance bardée de sceaux officiels et la tendit à son interlocuteur.

La lettre ordonnait l’établissement payeur de confier 36.000 pièces d’or au nom de l’entrepreneur Polymaro pour les réparations effectuées à l’hôpital Sainte-Elisa. Le document semblait en bonne et due forme. A cette lettre se joignit un parchemin que Polymaro devait signer.

« Pour Sa Seigneurie, comme quoi vous avez bien réceptionné le paiement. Et avant que vous ne disiez quoique ce soit, on m’a chargé de vous dire que vous n’avez pas le choix. Le duc paie ses dettes et ne tolère pas de traitement de faveur. »

En disant cela, le coursier haussa les épaules. Lorsque le registre fut signé, l’homme repartit après avoir souhaité une bonne journée au commerçant…


Post by Acturus Polymaro, Mort - February 10, 2010 at 2:19 AM

Alors que le coursier fit savoir qu'Acturus n'avait pas le choix, le crayon qu'il avait lui-même bricolé signa le bout de papier pour ensuite prendre le chèque de façon mal à l'aise. Une fois fait, timidement, il demanda au coursier de l'attendre quelques minutes. C'est alors qu'en vitesse, il sorti un petit parchemin et se mis à écrire dessus.

S-s-s-s'il vou-vous plait.. je hum.. pou-pou-pourriez vous re-re-remettre cette n-nnote hum.. à mon-monsieur le D-duc? C'est im-important pour m-m-moi.

Il lui tendit donc le parchemin bien roulé et scellé.

Monsieur le Surintendant,

Je vous en prie, n'en dite pas une mot à Dame Balgor.

Merci,

Acturus Polymaro.

Le surintendant comprendrait-il que le refus de faire payer les réparations provenaient en partie de cette source: la comtesse Balgor.


Post by Thomas Bolton, Emp - February 10, 2010 at 12:17 PM

La petite note du vigneron fut donc transmise à Sa Seigneurie qui l’examina pensivement. Le duc hésitait entre faire une petite remarque ou laisser l’artisan dans le mystère le plus complet vis-à-vis de ses intentions. Finalement, il prit une décision.

Un peu plus tard, dans la journée, un billet fut envoyé à Acturus Polymaro.

Monsieur Polymaro,

Je n’en ferai rien, si de votre côté vous vous assurez qu’une partie – ou l’entièreté – de la somme n’est pas ponctionnée par votre comptable favorite.

T. H. Bolton, Surintendant

Enfin, ce dernier échange devait clore une bonne fois pour toutes ces tergiversations financières…