Etoffes glacées...

Etoffes glacées...

Post by Ronald Lagerfeld, Adc - April 5, 2010 at 4:21 AM

Pointe l'horizon.

Une nuit blanche, encore une, accumulée aux autres... et ce depuis trop longtemps. Un voyage qui n'apporte que le tristesse et rancœur, remords et des « si », comme s'il en pleuvait. Le corps tendu du demi-elfe, pourtant si chétif, si peu guerre et tellement douceur, ne laissait place aujourd'hui qu'à une chose, la souffrance, tant morale que physique.

Le vent de l'océan qui fouette, qui frappe, pareil aux lames effilées traçant dans la chair les stigmates d'une vie de pieux. La côte, au loin, fidèle à elle-même, Systéria s'étend tel un monstre, cité aux mille merveilles mais également, havre de la décadence, de la solitude, du regret. Ne pas être rentré assez vite, être partis trop vite... Trop ou pas assez, lot quotidien de l'immigrant qui se lève face à la polémique qu'est la petite soeur à elle seule.

Une silhouette, immobile, fixant l'océan, ses longs cheveux châtains allant au gré de l'alizée, le reflet de l'aube sur une infime partie de son visage. Les bras enroulés autour de lui, gardant clos son manteau, un regard se voulant d'émeraude et pourtant si froid, reflet d'une souffrance permanente. Le jeune Lagarfeld n'est alors plus que le reflet de lui-même. Il se connaissait tellement et pourtant le voilà inconnu de lui-même. Les matelots ne l'avaient pas entendu du voyage, pas un son, pas une syllabe. Il mangeait ce qu'on lui servait, très peu toutefois, partait se coucher, quand il le fallait. Si ce n'est quelques gémissements ou grattements émanant de sa chambre, rien chez lui n'avait su le rendre particulièrement sympathique ou antipathique aux yeux de ses camarades de traversée. Il avait grandit, tant physiquement que psychologiquement et se retrouvait dans une certaine forme de solitude qui le cherchait, comme le charognard sur le corps mort.

Une simple valise à la main, discrète mais chargée de document, comme le laissait comprendre les quelques morceaux de papier dépassant ci et là de leur contenant. Ses mains torturée par on ne sait quoi, blessées, ça certainement. Le navire touchait les quais et d'ici peu, un flot de nouveaux arrivants se déverserait sur la ville. Mais il était patient, et se faisait statue, adossé contre la porte de sa cabine, presque voilé, les mauvaises langues auraient pu le prendre pour l'une de ces ombres que l'on trouve en Basse-ville, mais il valait mieux que ça...

Lorsqu'il le pu, il quitta le navire, comme les rats lorsqu'il est trop périlleux d'attendre le danger et se glissa, pareil à cette vermine dans les ruelles du port vide, cherchant, tout comme les autres, à atteindre les portes avant qu'un assaut d'orques ne viennent briser ces amas de chair fraiche. Et voilà le demi-elfe de retour à Systéria, en direction d'une auberge qu'il connaissait bien, attendant de retrouver tout ce qu'il avait quitté.

...

Ailleurs, plus tard, loin des côtes un marin, grossier, tant dans ses paroles que dans son physique parla au capitaine d'une cabine particulièrement étrange, couverte d'encre rouge comme le sang et de papiers déchiquetés...