Jeunesse dorée de Systéria
Post by Ÿsènlalïl Taur'Amandil - May 25, 2010 at 10:02 AM
La mode était aux délicates boucles dans les cheveux, un peu à la manière des poupées de cire de Briganne. Un serre-tête de tissu torsadé orné d’une petite boucle satinée, ou encore de simples nœuds fixés à l’extrémité d’une longue tresse. Le tout était coquet, féminin, mais très peu elfique, au grand malheur de la jeune Ysenlalil. La mode était aussi aux oncles décédés sous les coups des orcs, aux frères mutilés, aux pères héros de guerre. Au grand malheur de la jeune Ysenlalil. Un peu tristement, elle regardait son père surmené par le travail et ses diverses tâches au sein de l’Ordre du Soleil… Les amies d’école avaient même fait une comptine pour souligner joyeusement ce moment sans doute traumatisant de leur enfance :
« J'ai vu la guerre, la victoire était au bout de leur épée.
J'ai vu le sang sur ma peau, j'ai vu la fureur et les cris.
Et j'ai prié, j'ai prié tous ceux qui se sont sacrifiés.
J'ai vu la mort se marrer et ramasser ceux qui restaient... »
Quelque chose de joyeux et de léger, en quelque sorte. Vraiment, Ysenlalil n’avait rien, en ce début d’année, pour être la nouvelle coqueluche de la cours de récréation.
Les jours se succédaient, puis les semaines. La petite couette blanche aux yeux immenses laissait place à une grande curiosité, parmi les autres élèves, malgré la non-mortalité de ses parents. Déjà, elle avait eu cette chance de naître en binôme avec sa sœur jumelle. La petite demi-elfe possédait également une chevelure particulière à l’unique mèche blanche. Mais ce n’était pas suffisant pour être en tête de liste du vedettariat de la jeunesse dorée de Systéria. Maigre, le teint laiteux, copie conforme de la personnalité la plus controversée de la ville : plusieurs éléments se dressaient contre elle. L’affaire se déciderait d’ici peu.
Ysenlalil sera-t-elle la prochaine martyre ou la prochaine impératrice de la cours de récréation?
Post by Ÿsènlalïl Taur'Amandil - June 15, 2010 at 7:45 AM
Mais qui a eu cette idée folle
D’un jour inventer l’école?
On ne sait pas trop, mais Mel’viir a restructuré!
Impératrice de la cour de récréation : 1 / Martyre des étudiants : 0
Il y a toujours le garçon populaire, la légende vivante adulée par la jeunesse dorée de Systéria. Pour une raison inimaginable, les jeunettes de douze et treize ans s’étaient mises en tête de trouver l’un des templiers de l’Ordre du Soleil particulièrement attirant. William Menethil… Ooooh! Cheveux blonds, frange encombrante, tenues surprenantes, tête de paladin bregunien, silhouette athlétique de moine… Non. Les moines sont tonsurés et à la limite de l’embonpoint. Silhouette athlétique à la Brehan de Nogar. Le jeune Menethil avait certainement tout pour plaire dans les nouveaux potins des jeunes adolescentes. Il s’avérait toutefois que William Menethil était le favori d’Ÿsènlalïl. Le jeune templier s’empressait de répondre aux moindres caprices de la petite couette blanche; tout y passait. Elle avait eut droit à un nouveau perroquet, de la nourriture pour celui-ci, un portail magique malgré le regard noir de Saralondë, et, comme si ce n’était pas suffisant, il devait la porter jusqu’à la porte de son manoir. La dernière des Taur’Amandil n’aimait pas beaucoup marcher. La rumeur dit cependant une santé fragile… La réalité dirait-elle une volonté fragile, de la part du joli templier?
Quoi qu’il en soit, les jumelles avaient joué finement, suffisamment pour obtenir un autre caprice vis-à-vis William. Il devait venir les chercher à la sortie des classes et traverser la ville en leur compagnie, jusqu’au Quartier de l’Ordre du Soleil.
« Je vais tout expliquer à maman, elle sera d’accord. Si je mens, je vais chez Mel’Viir! »
Il était assuré que la petite demi-elfe allait devoir visiter le lugubre manoir Mel’Viir prochainement, suite à ce mensonge ignoble et indigne d’une enfant de deux thaariens respectables. Ce n’était pas chèrement payé, pour se faire bien voir de la jeunesse systérienne. Bientôt, les compagnes de classe d'Ysen porteront peut-être un serre-tête orné d'une petite feuille soyeuse...
Post by Myamelissë Taur'Amandil Balgor - June 15, 2010 at 5:53 PM
-Ne fais pas une telle promesse Ysen! Maintenant c'est sûr que tu vas là-bas et je ne te reverrai plus!, s'était exclamée la jumelle.
-Mais non Myà, on va bien le dire à maman!, insistait Ysen.
Bien sûr, toutes deux étaient en présence de William Menethil. Il insistait pour en parler au monstre qui avait mis au monde ces petites diablesses, mais elles savaient très bien qu'il était fort probable que ce monstre en question refuse la requête et les renvoie aux limbes. Bref, s'apercevant de son erreur, elle se tut.
La journée d'école qui suivie fut tout aussi pénible pour la petite maladive. Myà avait l'air plus en santé et le fait qu'elle soit drôle, plutôt rebelle puisqu'elle ne faisait pas vraiment ses devoirs la plaçait à un stade duquel elle ne se faisait ni agacer et n'était pas non plus la coqueluche de l'école. Dans tous les cas, la moufette était empathique à la cause de sa jumelle et lui tenait compagnie. Ysen était si intelligente! Il fallait bien qu'elle en tire quelque chose de bien. C'est à la sortie que la situation chamboula. Une silhouette se dessinait au-delà de la cour de l'école. Un grand blond avec les cheveux dans le vent, des muscles proéminents, un sourire en coin séducteur et parfait. Certaines jeunes filles lançaient alors des cris stridents tandis que d'autres tombaient au sol tellement leurs jambes tremblaient. Myà et Ysen, main dans la main, avançait simplement vers le colosse ô combien charmant, pour certaines, où à l'allure de putois pour d'autres.
Il se baissa pour mieux les accueillir et les serra dans ses bras. La petite Ysen tourna la tête vers les fillettes rouges de jalousie pour les narguer. Il se releva et prononça quelques mots de sa voix grave et chaude:
-Il est maintenant temps de rentrer.
Et c'est ainsi que les plus mignonnes petites filles quittèrent l'école sous les yeux enviants de leurs camarades de classe.
Post by Ÿsènlalïl Taur'Amandil - July 31, 2010 at 1:55 PM
Jamais un coup de génie
N’abolira le sauvage
Un coup de génie! Elle était réellement intelligente, cette petite Ÿsènlalïl. Première de classe dans la majorité des matières, elle arrivait également à faire sa place parmi ses amies – et moins amies – entre et après les cours. Il était toutefois regrettable de constater que toute cette intelligence était mise à profit dans des plans tordus que ses parents ne déploraient pas. Ni aucun membre de l’Ordre d’ailleurs.
Ÿsènlalïl menait une lutte sans merci pour chasser les « sauvages » du paisible quartier de l’Ordre du Soleil. À savoir Eloedyn Relt et son épouse, Domi.. Dami… Dame Xixia Segal.
Il y avait d’abord eu les nains de jardins. La petite moufette avait joué habilement de ses relations, c’est-à-dire son père, pour obtenir une vingtaine de nains à bonnet en céramique. Avec l’aide du Templier Menethil, elle avait réussi à les ordonner devant la porte du Manoir Relt. William ne devait que faire le guet, alors que la délicate demi-elfe écrivait en grosse lettre sur le parchemin : « Quittez notre quartier! ». Le but était sans doute de faire croire que les nains revendiquaient ce départ. Échec.
La soirée sérénade sous la fenêtre de ce couple de sauvages avait également eu son effet, mais pas nécessairement le bon. Après avoir entendu sa jumelle Mya hurler à plein poumon pendant dix minutes, Eloedyn Relt avait finit par grimper sur son ostard et les approcher au trop.
« Fuies pour ta vie! » avait recommandé la petite Ysen à sa sœur.
Les dernières de la portée Taur’Amandil s’étaient mise à courser en direction du Manoir Balgor, y entrant de justesse sous l’œil protecteur de Pauline. Échec.
Ne parlons même pas du chemin de fruits, fausse bonne idée proposée par Mya. Après avoir traversé la ville en déposant des fruits pour appâter les animaux sauvages hors du quartier de l’ordre, les jumelles se sont aperçues que le chemin avait été modifié et qu’il débutait… Au Manoir Balgor, avec un cochon devant les grilles! L’histoire s’était terminée drastiquement, l’animal avait disparu étrangement mais l’odeur de jambon faisait grogner le ventre d’Ÿsènlalïl d’impatience. Échec.
Mais cette fois…! Cette fois…! C’était parfait. Le plan avait été réfléchi. Cette fois, Dixia Segal et Eloedyn Relt, les « sauvages », quitteraient le quartier saint. Fantin de Safran, son ami le plus fidèle – après Mya – l’aiderait à accomplir cette mission.
Post by Ÿsènlalïl Taur'Amandil - August 16, 2010 at 7:02 AM
Il s’agissait d’une demi-elfe à la silhouette fine et à la longue chevelure écorce. Seule une mèche d’un blanc immaculé venait trancher cette cascade soyeuse, jusqu’au creux de ses reins. Sous la délicatesse qui imprégnait chacun de ses mouvements, une nuance d’anxiété était perceptible au fond de ses yeux. Tantôt, elle venait effleurer un grain de beauté, sur le haut de sa pommette, tantôt elle haussait les sourcils en maintenant une moue réservée et incertaine. Tout laissait croire à une petite Saralondë à peine entrée dans le terrible monde de l’adolescence.
Les mains jointes, ses immenses yeux argentés rivés sur l’autel thaarienne, elle priait à voix basse la Lumière Immortelle. Personne à l’horizon, c’était quelques heures après l’une des messes du crépuscule.
« Pardonnez-moi, Thaar, car j’ai été très, très vilaine. J’ai manqué à toutes les vertus et au moins à trois préceptes, en trois années de vie à peine.
« Pardonnez-moi, car maintenant que je suis adulte, aux yeux de Systéria, je dois sauver mon âme. Je suis prête à me frapper, ou à mettre ce truc piquant, à ma cuisse, comme dans le roman.
« J’ai dit à mes amis que leurs parents mourraient à la guerre pour rehausser l’image de Nâ. J’ai manqué d’humilité et de compassion en disant que ma mère était vivante et utile, qu’elle sauvait plein de gens…
« J’ai menacé mes amis que Nâ ne soignerait pas leur famille si je n’étais pas la plus populaire à l’école.
« J’ai noyé le livre chéri de Nâ et j’ai dissimulé les preuves en le jetant à la rivière, tout en lui mentant sur le réel destin de l’ouvrage. Je crois qu’elle le cherche encore.
« J’ai fait croire à Nâ que le sauvage Relt m’avait attaqué pour la voir lui faire un procès. J’ai aussi fait semblant d’avoir mal durant une semaine pour donner plus de crédibilité à mon mensonge.
« J’ai fait semblant à plusieurs reprises d’être plus malade que je ne le suis pour me faire porter. Non pas par mollesse, mais bien parce qu’il me plaît de voir les gens m’obéir ainsi.
« Enfin, pardonnez-moi, car je ne vous ai jamais offert de prière avant… »
Elle leva ses yeux clairs vers le toit du temple, comme si Thaar était présent et pouvait la juger. La petite délicatesse elfique se signa ensuite et rentra promptement au manoir. Son pas, dansant, ne semblait pas être touché par les regrets et le remord.
« Bonsoir, Pauline… Je suis ravie de vous voir! »
Avec un petit sourire faussement candide, si crasse et si propre au Taur’Amandil, elle se faufila à l’intérieur du manoir, murmurant, pour elle-même « Pardon d’avoir encore menti, Thaar… ».
Post by Myamelissë Taur'Amandil Balgor - August 26, 2010 at 9:29 PM
L'école, certains sont faits pour, d'autres non. On pouvait mettre la faute sur les prises de bec du couple Balgor-Taur'Amandil pour justifier les résultats académiques de la jeune Mya. Cependant, à en voir comment sa soeur Ysen pouvait s'en sortir, on pouvait aussi dire que l'une des deux imperfections avait manqué d'air à la naissance. Ainsi, Myamelissë Taur'Amandil Balgor n'était pas aussi brillante que ce que l'on pouvait croire. Les mathématiques, la géographie, elle n'arrivait jamais à retenir le nom des différentes contrées et les mathématiques, c'était un miracle qu'elle puisse réussir son cours et ce, avec les notes les plus médiocres.
Néanmoins, la petite moufette n'était pas une ratée finie. Elle avait un talent des plus cachés qui était exploité lors des cours de chant donnés à l'université. Sa voix de soprano laissait les gens ébahis. Alors qu'un concert devait être organisé et qu'un solo devait être interprété par nulle autre que la demi-elfe, une chicane entre papa et maman survint.
L'ombre d'un instant, Mya aurait pu croire que leur famille redeviendrait normale. C'était ce que lui avaient laissé croire les mots "Je t'aime" prononcés par Mathéo. Lorsqu'elle entendit papa Balgor sortir de la maison après la longue discussion interminable, ça en était fini.
Manipulation enfantine: "Je ne chanterai pas si papa et maman ils ne se marient pas à nouveau."