[Chez Aziz] Un réveil à Allabram
Post by Noür/S. Eringyas, mortes - December 11, 2011 at 7:19 AM
Lorsqu'Aziz ouvrirait les yeux, ce matin là, il entrapercevrait tentures et draperies voletant, au gré de la brise matinale. Cette même brise charriait l'odeur de camphres, d'huile d'argan, d'ambre, de parfums musqués ou floraux.
Du coin de l'oeil, peut-être apercevrait-il les gemmes qui trônaient ça et là.
Non loin, peut-être percevrait-il le scintillement des eaux d'un bain. Au fond de ces eaux claires, le scintillement de parcelles de cristaux qu'il ne pouvait connaitre que trop bien.
Avançant sur le tapis couvert d'arabesques caractéristiques des peuplades du désert, apercevrait-il le pantin d'entrainement et le râtelier, où trônaient les lames traditionnelles, courtes et longues?
Peut-être se trouverait-il, l'espace d'un instant, d'un rêve peut-être, transporté dans le lointain désert, allant et venant ainsi en des lieux aménagés à l'égal des nécessités et besoin qu'avaient les hommes des clans. Peut-être que les bruits du va et vient quotidien de la Basse, qui montait par les fenêtres, le rappellerait à la réalité....? Ou encore, peut-être plongerait-il plus avant dans le souvenir.
Peut-être, autrefois, lui avait-on rabâché la nécessité pour un homme d'avoir une demeure honorable, où il aurait de quoi conserver un bras fort, l'âme en paix, un coeur et un corps pur, de quoi dignement recevoir, mais surtout, de quoi conserver son honneur intact. S'il en avait le souvenir, le jeune Aziz prendrait conscience de son statut : homme du clan Bahkir, issu du lointain Allabram.
Seule trace du forfait, de l'exécution de ce branle-bas de combat, et du petit fantôme qui l'avait perpétré. Une petite note, qui gisait sur le tapis, parée d'une écriture malhabille.
Post by Aziz, AdM - December 11, 2011 at 12:52 PM
La veille, le danseur avait discuté jusque tard dans la nuit avec une demoiselle. Celle-ci ne portait pas les traits du peuple d'Allabram, elle avait une classe naturelle, et la soirée se finit par un tutoiement mutuel. Combien de personnes auraient se vanter d'entendre de la part de Cyriel le mot "ami"?
Aziz monta ensuite se coucher, repensant à ces nouvelles personnes qui étaient rentrées dans sa vie. Il y avait cette petite Noür, à qui il avait promis vengeance quand à celui qui l'avait endetté. La gamine, surexploitée par le monde de la basse, avait trouvé le temps pour aménager le taudis de notre danseur de basse. Le rez de chaussée était typique, avec une multitude de coussins moelleux, au centre un narguilé qui n'attendait qu'à être allumé. Une vraie cuisine, avec un long établi pour confectionner patisseries orientales, Khoubz ou encore du Kebbe. Le tout sentant les épices, des grappes de dattes surplombant une table, l'ambiane y était.
Alors qu'elle ne fut pas la surprise, lorsqu'Aziz se réveillé le matin, de voir que son étage avait été transformé en une nuit. Dire qu'il n'avait rien entendu. Le résultat était fantastique. Il y avait à présent en basse, une parcelle de terrain appartenant à Allabram. Aziz avait été réveillé par le son d'un ploc ploc caractéristique de l'eau qui coule. Il n'aurait plus à se laver à la cascade, les patientes de St Elisa en rémission devraient jeter un oeil sur d'autres jeunes hommes à partir de ce jour.
Et, pour le soucis du détail, la jeune albinos avait déposée dans un coin une bouteille de Rhum. Incitation pour une visite d'une certaine rebelle aux cheveux noirs? Pourquoi pas, après tout, elle lui avait dit qu'ils ne se verraient qu'en Allabram.
Post by Aziz, AdM - December 15, 2011 at 12:52 AM
C comme cauchemar
Après avoir quitté la grâce rouge, Aziz pu recevoir un surnom qui ne lui aurait pas sied en temps normal: douceur. Le frigide danseur comme certaines pensées aimaient se le rappeler, avait fait preuve de beaucoup de résistance mais avait finalement perdu bataille, c'était engouffré dans un ennemi qui n'en était pas un, sur un fond de senteur d'argan. L'exotisme longtemps perdu, peut être même jamais connu, personne ne s'en serait douté. Il s'allongeait sur des draps propres chez lui, restant étendu, le nez vers les étoiles, ou plutôt vers le plafond, ressassant un instant inoubliable, pour finalement s'endormir.
Mais quelque chose le dérangeait dans cette quête du sommeil, une présence. Noür? Non elle était trop discrète pour déranger le sommeil d'Aziz. Une brûlure dans le dos intense le fit crisper son visage de douleur. Une crise. Cela faisait un moment qu'il n'en avait pas eu, mais celle-ci semblait particulièrement douloureuse. Une volonté de le punir sans doute. La présence s'en donnait à coeur joie, comme se vengeant d'un instant d'intimité volé. Voilà que le fumeur d'almeha se met à voir trouble, puis gris. La douleur le faisait délirer dans un silence mortuaire. Il se sentait défaillir, perdre possession de ses moyens. Une loque humaine immobile, pantin. Une main invisible sur sa bouche l'empêche de crier au secour.
"Ma température baisse, mes muscles ne me répondent plus mais sont aussi tendus que lorsque l'on se bat à l'épée. La sueur coule de mon front, abondant dans mon cou pour finir par tremper l'oreiller sur lequel ma tête repose. L'angoisse monte en moi comme après avoir fait une connerie. Il monte en moi, démon de mes souffrances, de mes nuits, sans ivresse. Je n'avais pas beaucoup fumé, ce n'était pas le même genre de délire. Celui-ci me terrorisait. Elle me disait de ne pas avoir peur, mais ça me pétrifiat. Je vois alors cette porte qui s'approche lentement vers moi alors que le décor douillet de ma nouvelle chambre s'estompt. C'est comme dans un cauchemar, sauf que je le vis pleinement. Ma main se tend inéluctablement vers la poignée. Une lueur s'échappe de cet endroit sombre tandis que mes doigts accrochés, parviennent enfin à ouvrir..."
Il avait enfin trouvé la clé, réussit à ouvrir cette porte tant désirée. De l'autre côté, ce n'était qu'un monde, comme le sien, qu'il voyait en extérieur, comme spectateur d'un tableau vivant.
نرحب به اشبه
Aziz avait réussit son premier passage. Sans le vouloir la clé lui avait été tendu. La T'sen rouge? L'albinos? La danseuse? Qui sait quelle main lui avait permis d'en trouver les mécanismes, à lui de comprendre. Les rêves sont porteurs de messages, et ces portes en étaient les verrous à défaire.
Ce sera pour une autre nuit.
Post by Saeril D. Al'Kazar, Ods - December 15, 2011 at 4:41 PM
Tandis que le jeune gaillard se laissait transporter dans le monde des rêves, dans ce petit recoin d'Allabram incrusté dans Systéria la pluvieuse, l'étoile d'or, elle, continuait de fouler les dunes ensablées du désert à la quête "d'on ne sait quoi". Dur de prévoir quand elle daignerait rentrer chez elle dans cette ville froide et étouffante. Plus le temps filait et plus c'était à croire que les sables l'avaient envoûtée.
Tout juste après ses rêves douloureux, le jeune homme de la basse trouverait au pas de sa porte, dehors, une poche cuirassée bien scellée, aux apparences fortement banales, mais au poids considérable. Un piège peut-être? Ce présumé cadeau avait tout de douteux à première vue. Néanmoins, s'il se donnait la peine de l'ouvrir, il trouverait parmi le sable fin et encore chaud qu'il contenait, cet agaçant as de trèfle.
Rien de mieux qu'un signe qui vient de loin pour lui rappeler qu'elle veillait toujours, à sa manière.
L'odeur de la bouteille de rhum avait-elle fait son effet jusqu'au désert?
Post by Aziz, AdM - December 15, 2011 at 5:42 PM
S comme...
Après la nuit qu'il avait passé, dur fut le réveil. Le corps courbaturé de s'être démené contre lui-même, dans ce rêve trop réaliste pour n'être qu'une coïncidence, décida finalement de se lever. Aziz se dirigea illico presto dans son bain, l'eau était froide mais cela n'avait aucune importance, il pouvait se laver. Passer le liquide savonneux sur sa peau mâte, faire mousser, une sensation agréable de propreté. Il passa son temps ensuite à se raser de près, ne laissant dépasser qu'un bouc soigné. Souhaitait il plaire?
Toutes ces attentions furent vite écroulées lorsque le danseur enfila trop simplement une chemise trop grande, délaissant celle à sa taille confectionnée par Noür. Il aimait les vêtements amples, lui donnant l'impression de n'être qu'un avorton flottant dans une armure de barbare, alors que son corps n'avait rien à envier aux aurtes corps sculptés. L'impression était une chose importante lorsque l'on avait un statut comme le sien de chieur incontesté, de rebelle ou encore de personnage sans ambitions. Il termina de serrer une ceinture autour de ses hanches fines, serra les boucles de ses bottes cirées pour partir à la quête de ces choses qu'il prenait soin à revendre ensuite.
S comme suspicion
"J'ouvre ma porte et au pas mon pied trébuche contre un sac lourd. Cela me fait à peine mal, moins qu'un coup de poing dans la face, mais assez pour attirer mon attention. Je n'étais pas aimé par certains en Systéria, car je critiquais trop. Je m'attendais du jour au lendemain à une vengeance de ce type, voilà que je l'avais en face. Je ne m'inquiétais pas. Peut être y avait il la tête d'un membre de ma famille. Je spéculais toutes les possbilités les plus affreuses avant de me décider à m'accroupir vers le sol."
C'est avec précaution que ses mains gantés défirent le lien qui refermait le sac spécial. Quelques grains de sables, ou grains d'or retombèrent sur le sol autour.
S comme Sourire
Il plongea alors sa main, s'il y avait bien une chose qu'il ne craignait pas, c'était bien du sable venant du désert. Un signe d'un membre de clan? Ses doigts finirent par trouver un fin papier cartonné qu'il ressortis aussitôt.
أميرة بلدي منكم العودة الى الصحراء, تدفئة لي القلب
Un sourire étira son visage jusqu'à faire ressortir cette fossette longtemps enfouit dans un présent trop ancré dans la révolution. Mais ce signe là, après la porte, ne pouvait que lui confirmer un doute. Sa main plongea de nouveau dans le sable, faisant le vide dans sa tête[...]
[...]une demi journée passa, Aziz ne rentra au domicile qu'après la nuit tombée. Là ou ils avaient dormis, non loin de la capitale d'Allabram, un goulot de bouteille de Rhum dépassait de ce coin sablonneux. Il savait qu'elle irait bronzer là-bas, il savait qu'elle tomberait dessus. Un mot à l'intérieur en langage nomade, elle devrait sans doute le décrypter avant d'en savoir plus ou bien serait-elle dans l'obligation de venir le voir pour parvenir à en discerner son contenu.
L'invitation pousserait-elle Saeril à revenir rendre visite à son ami?
Post by Noür/S. Eringyas, mortes - December 15, 2011 at 11:14 PM
Une autre nuit.
Elle veillait l'homme endormi, et blessé.
Pour s'occuper d'hommes, mieux valait être plusieurs femmes, sinon cela devenait vite intenable : savaient-ils seulement, ces hommes, à quel point ils faisaient succéder les bêtises les unes aux autres. À quel point leur impétuosité pouvait être douloureuse?
Ils avaient besoin de mères, de femmes, de soeurs, toujours en assez grand nombre pour les protéger d'eux-mêmes.
Elle toisait, de ses prunelles carmines qui perçaient l'obscurité, cette silhouette prostrée, endormie, à la cuisse enveloppée d'un bandage souillé d'onguents. Cette silhouette qui lui avait dit vouloir l'intégrer à son clan.
Le petit fantôme blanc espérait qu'Aziz y incluerait bien d'autres femmes, épouses ou soeurs. Histoire de constituer un rempart plus solide contre les élans autodestructeurs du révolutionnaire. De compenser la mésalliance d'Aziz avec une paria, issue d'un clan maudit. Mais surtout l'épauler...
...car seule, elle n'espérait pas s'en sortir.
Post by Noür/S. Eringyas, mortes - January 7, 2012 at 8:13 PM
Le fruit d'un combat, un saccage.
Une mare de sang.
La petite hybride rentra au domicile d'Aziz, pour mieux le quitter.
La porte branlait sur ses gonds, résultat des coups de masse qui l'avaient enfoncé.
Sans savoir qui avait pénétré de force le domicile, et pourquoi, l'adolescente préférait se réfugier ailleurs, un temps.
En attendant, du moins, de savoir ce qu'était devenu Aziz.
Post by Noür/S. Eringyas, mortes - March 4, 2012 at 4:27 AM
Dans la demeure de la Basse-Ville, un peu de poussière avait été déblayée. Les plantes mortes, la nourriture avariée, les moutons de poussière, avaient été rejetés à la rue, dans le caniveau.
L'émaciée jeune fille avait passé une bonne partie de la journée à battre les tapis, à courir ça et là pour chercher de nouvelles denrées, à laver les rideaux et coussins qui s'embourbaient de crasse. Par habitude, pour tuer le temps. Peut-être pour retrouver sous la lie le bonheur d'autrefois qui s'y serait encrassé.
Aziz n'était pas là, ailleurs. Dans son monde de chagrin, de souffrance.
Depuis que l'Armée l'avait fait paria, Aziz existait à peine. Vide de sa substance, vide de passion, Noür ne s'attendait plus à le trouver. Ses pas avaient emboité les siens dans le désert, mais il y avait bien longtemps qu'il ne remarquait plus la diaphane demoiselle qu'il s’enorgueillissait auparavant d'appeler sa fiancée. La mort de Saeril avait été l'ultime coup au coeur pour le jeune coq de la Basse, qui s'en allait en se décatissant. Elle l'avait laissé à sa douleur. Réfréner ses émotions, en particulier le chagrin du deuil, aurait été irrespectueux selon la tradition que suivait scrupuleusement l'albinos.
Aziz était auprès de Saeril, la femme de toutes ses passions. Aux portes du royaume des Djinns, prêt à retrouver l'aimée.
Elle, elle n'était pas Saeril, pas cette femme qu'il avait désespérément et passionnément aimée. De deux spectres, il préférait encore, et de loin, la fougueuse fille Al'Kazar. Qui pourrait l'en blâmer? Elle aussi, regrettait Saeril sans la connaitre, même si la farouche l'avait toujours férocement détestée car elle lui partageait le coeur d'Aziz. Elle la regrettait, car s'occuper d'un homme, en particulier d'Aziz, était un travail lourd, trop accablant pour une seule femme.
Peut-être les yeux d'Aziz se poseraient-ils sur elle, embrumés encore par le chagrin et les drogues qui le consumaient, de pair avec la fièvre qui lui viendrait de ses plaies infectées qu'il s'était, le coeur lourd, lui-même infligé. La reconnaitrait-il seulement, tant il pouvait avoir changé?
Discrète comme toujours, elle aurait nettoyé de fond en comble la demeure encrassée, sans troubler l'endeuillé par sa présence. La farouche et jalouse Al'Kazar n'aurait pas à protester. La toute blanche ne serait pas celle qui éloignerait Aziz de sa mémoire.