Lectures et recherches
Post by Elazul d'Ambrefeu, OdS - January 22, 2012 at 6:07 AM
La bibliothèque impériale était un lieu recélant un grand savoir, s'étant accumulé au fil de la succession d'individus hétéroclites ayant défilé au sein de Systéria au gré des ères et des rois. Elle avait par moment été le giron intellectuel de la cité et à d'autre moments oubliée et laissée en désuétude. Différentes guildes l'avaient revendiquée et obtenue, se la prêtant comme un trophée ; s'octroyant par là un pouvoir dont elles acquittaient plus ou moins les devoirs associés, selon les époques et les individus. Épicentre de la culture, les lettrés et les érudits des différentes ères l'avaient fréquentée et, malgré la mortalité des races arpentant le monde, ceux-ci avaient résisté au sort de la fatalité en laissant leur savoir sous forme écrite plutôt qu'en l'apportant avec eux dans la mort.
Cette nuit-là, tout comme les trois précédentes, une lueur était visible par la fenêtre taillée dans la lourde pierre craquelée formant les murs des sections les plus anciennes du bâtiment ; celle de la chandelle d'un lecteur nocturne. Il n'était certes pas le seul : autour de lui plusieurs érudits, aux mœurs similaires à celles des ermites les plus rustres, abreuvaient leur soif de connaissance. Leur peau ridée et leur longue barbe d'un blanc brillant même dans l'obscurité du manteau de la nuit témoignaient de leur expérience et du grand savoir dont ils étaient détenteurs et qui, à leur tour, ils devraient transmettre par écrit avant d'être emportés auprès des Dieux. Le lecteur dont il est ici question, cependant, détonnait drastiquement des autres. Sa peau satinée était délicate et on eut dit qu'il s'agissait d'un enfant. Cela était néanmoins une apparence bien trompeuse.
La section de la bibliothèque dans laquelle il se trouvait était mal vue. Malgré qu'il arborait dignement - du moins il le tentait chaque jour - les couleurs du clergé impérial, il n'aurait pas été le premier à s'installer dans cette aile sombre et reculée de ce lieu où les ouvrages de démonologie, de nécrolythe et de nécromancie étaient rangés avec un dessein bien proscrit. L'androgyne ne fit pas grand cas des murmures et des regards que purent attirer sur lui le fait que ce qui avait l'air d'un chérubin consultait tous les ouvrages qui auraient pu corrompre son esprit. Assied droitement, sans jamais plier malgré la fatigue ou les heures qui s'écoulaient, il continuait sa lecture avec tenue et candeur. Son visage, probablement protégé par son implacable aspect juvénile, ne montrait pas les signes de la fatigue et si quiconque s'en informait, le demi-elfe aux yeux éternellement tristes sourirait chaleureusement, ne s'en plaindrait pas et n'en ferait même pas mention.
Ses doigts féminins parcouraient adroitement les mots et les runes à mesure que ses yeux les survolaient. Sous l'effet de la seule flamme qu'il utilisait pour chasser la nuit, ses cheveux brillaient de doré, puis devenaient aussi blancs que ceux des chercheurs expérimentés déambulant dans les mêmes lieux que lui lorsque cette lumière faiblissait. Il avait à présent éplucher presque tous les ouvrages lui étant accessibles qui pouvaient être pertinents. Car, il le savait bien, il y en avait certainement davantage, mais ceux-ci ne pourraient pas être à porté du grand public ; il aurait été là peu sage d'offrir une telle corruption à n'importe quel esprit fragile.
Lorsqu'il s'arrêta un instant pour réfléchir à cette réalité, il reprit conscience des correspondances privées du Gardien Dranem, posées discrètement sur le coin de sa table de travail. Inexpérimenté et à peine arrivé, il ne se sentait pas à la hauteur d'aider les siens dans la calamité en cours, n'étant tenu au courant que par le vaillant paladin qui l'avait honoré de sa confiance et le fougueux répurgateur ayant pris les choses en main. Il avait, après tout, déjà effectué les mêmes recherches exhaustives dans la petite bibliothèque du quartier de l'Ordre du soleil, le tout sans qu'il y ait trouvé de résultat probant. Il s'acquittait néanmoins de sa tâche avec diligence et sérieux, parce que cela lui avait été demandé, parce que cela lui ferait de l'expérience pour les prochaines intrigues démoniaques qu'il ne manquerait malheureusement pas de croiser, mais surtout parce qu'il avait le désir sincère d'aider ses frères, particulièrement la belle Évêque tourmentée.
Lorsque l'aube s'éleva, les rayons du soleil vinrent forcer les lecteurs nocturnes à lever le regard afin d'ajuster leur yeux fatigués au soudain changement de lumière. Le demi-elfe aux traits d'ange, toujours assied avec droiture, se laissa baigner un cours moment dans la lumière du matin, associée à une manifestation de son Dieu lui-même, puis il alla replacer son livre à l'endroit exact où il l'avait trouvé. Il ajusta ses vêtements pour effacer la nuit et, sans jamais se plaindre, la fatigue accumulée camouflée par ses allures de jouvenceau (ou plutôt, dans son cas, de jouvencelle), il alla prêter assistance à la messe du matin. Il devait, après tout, s'assurer qu'il y ait aujourd'hui au moins des bancs pour tous.
Post by Cyriel S. Selaquii, Adc - January 22, 2012 at 8:46 AM
Le jeune elfe à la complexion ivorine trouverait bien, au troisième étage de l'aile sud quelques ouvrages qui traiteraient de la démonologie, et des dieux sombres. Aucun d'eux n'en faisait l'apologie, le jeune elfe aurait lieu de le noter, notamment en lisant l'ouvrage sur Slang d'Oob Valtryl, le traité de démonologie de Surumë Eringyas, ou les ouvrages traitant respectivement des deux dieux proscrits.
Quant à des ouvrages sur la nécrolithe, et la nécromancie, le faux-enfant n'aurait sans doute pas tant de chance : des livres trop explicites sur l'art noir n'auraient su être laissés ça et là à la vue de tous sur les rayons.
Le scribe laissa une note à l'écriture chantournée, tout près de la liste posée sur le coin du bureau de l'elfe à la chevelure arachnéenne.
Au vu de votre champ d'intérêt, je vous proposerais de formuler une demande officielle, afin d'accéder aux ouvrages mis à l'index, par les co-directeurs Selaquii et Corvus. Selon vos intentions, on vous accordera peut-être le droit de consulter les ouvrages qui s'y trouvent. Je devine en vous un homme bon, et vos apparats aux emblèmes de l'Ordre ne peuvent que confirmer mon impression. Je me permet de souhaiter que cette première impression ne soit pas détrompée, et vous recommande à Thaar.
Monsieur Jehan. Copiste.