[RIP] Une forge qui flambe...

[RIP] Une forge qui flambe...

Post by Requiem - October 29, 2006 at 6:45 PM

Aussi loin que vont mes souvenirs d’enfance, mon père, un forgeron au nom de Irya Durden a toujours été aimé par tous les siens... Les plus grands guerriers de la région venaient chez lui pour faire réparer leurs armures ainsi que corriger le tranchant émoussé de leurs épées parfois encore voilées de sombres traces, j’étais fier comme un coq quand ceux ci me regardaient du haut de toute leur force et de leur noblesse et me caressaient la tête en me disant : « Regarde les miracles que fait ton père et un jour toi aussi, tu forgeras des armes comme les siennes. » Fier de ces prédictions d’un avenir lointain où je travaillerais pour des gens amicaux et larges de richesses, je me complaisais à rêver de cela…

Alors que j’étais a la pêche en cachette, mon père refusait toujours de faire quelque chose de non productif, pour lui, un moment à la pèche était une demi journée perdue pendant laquelle il aurait au moins pu forger une dague ou une serpe, j’entendis un bruit de bottes et de pieds lourds comme si leurs propriétaires avaient un poids immense, au départ je n’y pris pas garde mais lorsque des cris résonnèrent dans le lointain, je jetais ma canne dans le ruisseau et de toute la puissance de mes jambes, me mis a courir vers le village ou j’habitais..

Des cris, des pleurs, voilà en quoi se résumait la vision de mon village. Des hommes avaient eu la gorge tranchée et achevaient de se vider de leur sang sur la place, ces paysans n’avaient même pas eu la possibilité de prendre des armes… Leurs femmes à genoux a coté de leurs époux ou de leurs fils hurlaient à la mort... Les jambes tremblantes, je me dirigeait vers l’échoppe de mon père, celui ci était assis sur son tabouret devant sa forge, il me jeta un regard triste et se mit à sangloter…

« Père ! allez vous bien ? êtes-vous blessé ? »
« Pas dans le corps mon fils mais dans mon honneur. »
« Je ne comprends pas mon père. »
« Kyo, je t’ai appris tant de choses ici, mais tu ignores encore ce que l’honneur d’un homme. La tradition de ce village veut qu’un forgeron ne refuse jamais de réparer l’épée d’un chevalier. »
« Je crains ne pas comprendre. »
« Après avoir réparé l’épée de ce seigneur, il s’est mis dans l’idée de l’essayer et a tranché la gorge de messire Valjik et de trois autres citoyens. »
« … »
« Je ne puis vivre avec le déshonneur que mes propres armes aient tué des gens de ce village. Je suis trop vieux de toute façon pour laver mon honneur dans le sang de ce chevalier donc il faut me purifier d’une autre manière. Dès demain, tu prendras la route et tu ne reviendras plus ici, fait comme si je n’avais jamais existé mon fils, si tu le pouvais, cache ton nom autant que possible, tu ne dois pas porter un nom responsable des pires atrocités. »
« Mon père… Ne dit pas cela... »
« Kyo, tu n’as plus de père à partir d’aujourd’hui. »

Le lendemain Armé d’une dague qu’il avait forgée a cet usage, mon père s’ouvrit la gorge sur la place du marché. Il me laissa une lettre dans laquelle il s’excusa encore de ne m’avoir pas tout appris et je du quitté le village accompagné par une petite foule qui m’amena en dehors de celui-ci..

J’étais déjà très âgé, plus un enfant, mais mon apprentissage de la vie venait de commencer. Céline Monfort, une dame du village qui s’était occupé des aspects techniques de la mort de mon père me donna une épée forgée par celui-ci, une épée classique, sans grand apparat, juste avec le nom de mon père inscrit dessus, il signait toujours ses œuvres lorsqu’il en était fier, quelques provisions et le contenu de la cassette de sa forge soit 600 pièces d’or.

Lorsque je me retournais, un enfant me jeta une pierre et je pleurais… Sur le sort de mon père, sur sa forge qui brûlait et surtout sur mon sort, mais je marchais…