¤ Flagrance de Vie ¤
Post by Cassandre D'Estré, Cp - December 22, 2006 at 11:39 PM
L’arrivée :
L’arrivée dans la paisible ville de Lamrial d’un aventurier au passé trouble avait de quoi à mettre en émoi la population. Les rumeurs les plus folles courraient à son encontre. Il aurait été un pirate, voleur de grands chemins … etc. Les gens le craignaient, une sorte d’austérité, de froideur dans le maintient et la façon dont il parlait.
Mais l’importance de sa fortune et la prodigalité avec laquelle il la dépensait eut tôt fait de faire taire les commérages. Du moins devant lui. Elle fit aussi oublier les sentiments dérangeant de sa personnalité.
La famille D’Estré fut la plus prodigue. L’invitant à toutes sortes de divertissement donnés à son honneur. Repas champêtre, Dîners mondains, bals costumés. Le père accumulant endettement sur endettement dans le but d’offrir à cet homme ténébreux la mains de sa fille.
En effet cette grande famille, renommée et anoblie pour les faits d’armes imputables à de lointains et intrépides ancêtres, se trouvait au bord du gouffre. Les créanciers s’agglutinaient, la vieille demeure tombait en ruine. Alors ce brave homme pensa trouver son salut en l’apparition du riche et mystérieux Gabriel Demareil. Peu importait son passé, les rumeurs ainsi que son caractère inquiétant. Si cet individu en échange d’un titre de noblesse sauvait leur nom du désastre.
La promise se nommé Emilia, femme enfant, capricieuse, frivole mais adorable. D’une grande beauté, cette ingénue dégageait la joie et le bonheur de vivre. Elle irradiait une pièce par sa présence. Coquette et moqueuse, elle prenait plaisir à vivre dans le luxe allant de fête en fête. Son nom lui ouvrant encore bien des portes malgré la disparition de l’or. Avide de ne rien perdre de son rang. Lorsque son père lui fit par de ses intentions, elle y trouva son intérêt et se prêta gracieusement au jeu de la séduction.
L’union :
Hasard ou destin, le jeu de l’amour voulu que l’alchimie sentimentale fonctionne entre ces deux là. Entre l’exubérante fillette et le marmoréen étranger l’amour se fit sentir. Leur union était parfaite. Elle donnant la chaleur, l’onctuosité et lui tempérant les débordement par son comportement réfléchis.
Leur couple devint l’hôte que tous s’arrachaient. Tous oublièrent les rumeurs, trouvant dans le nouvellement noble Gabriel, un homme cultivé que ses amis appréciaient et ses ennemis respectaient.
De soirée, en ballet, en passant par les repas fins Emilia resplendissait. Elle vivait dans un tourbillons de fêtes. Robes, bijoux, fourrures, voyages, il ne lui refusait rien. Lui si dur en affaire fondait de passion pour cette enfant extravagante.
Un jour arriva la nouvelle, elle était enceinte. La mère insouciante, ne voyait dans l’événement qu’un fâcheux contre temps dans son calendrier festif. Après tout, cela était dans l’ordre des choses, autant en tirer les avantages comme les présents et les attentions diverses et multiples dont elle se trouvait à présent cernées. De plus dès la naissance d’autres s’en occuperaient.
La réaction du père, par contre surprit les gens. Au lieu du bonheur normalement attendu pour une pareille occasion, se fut plutôt le mécontentement qui se matérialisa. Non qu’il se mit en rage ou autre. Mais son humeur devint plus sombre, plus irritable. Au fur et à mesure que la date de l’accouchement approchait son inquiétude grandissait. Pour la première fois il s’opposa fermement aux désirs de son épouse. La naissance ne se ferait pas dans le faste qu’elle souhaitait. Pas de médecins prestigieux venus des villes voisines, ni des amis impatients dans les chambres, ni dans le salon à qui montrer le poupon bien né. Non cela se ferait dans leur maison de campagne perdue dans le bas-pays. Pour aide, une vieille femme à l’aspect troublant, soi-disant sage femme. Il y eu bien des disputes et des crises de larmes mais il ne céda pas.
Ainsi naquit leur petite fille, dans un lieu oublié de tous. Tout se passa à merveille, l’ancienne semblait il est vrai experte et lorsque le bébé poussa son premier cri dans ce monde. Elle se tourna vers le père hochant une tête dans un signe d’affirmation.
L’enfant était charmant, avec ses yeux vairons. Le couple retourna à la ville emmenant avec eux la fillette qu’ils baptisèrent Cassandre. La première exaltation passée, la mère laissa la petite aux soins des nourrices. Puis au bout de quelques années, l’idée de croiser cette gamine lui insupporta. Elle était pour elle le rappel vivant des années qui passent, et elle ne pouvait le tolérer. Elle décida donc de la renvoyer dans la maison qui l’avait vu naître. Le père approuva la décision et s’empressa de trouver des personnes pour s’occuper de la gosse. Simple coïncidence ou non, se fut la même femme qui procéda à l’accouchement qui accepta le poste en compagnie de celui qu’elle présenta comme son mari.
L’enfance :
De la grande bâtisse perdue au milieu d’un immense jardin, seule l’aile sud avait été aménagée. A vrai dire, le couple s’occupait peu d’elle, veillant juste à ce qu’elle ne manque de rien et soit toujours bien propre et vêtue correctement.
Pour Cassandre le changement fut saisissant. Elle errait perdu dans cette demeure où les meubles sous leur drap blanc lui donnait l’impression de voir des fantômes. De longs couloirs poussiéreux remplaçaient la douce ambiance feutrée qu’elle avait connue. Livrée à elle même, elle peupla sa solitude, inventant un univers où elle se trouvait être la reine. Toujours entourée de rires et de musique, elle ne tarda pas à se trouver une amie aussi impalpable que l’air. Sa compagne de jeu,était la fille d’un riche négociant. Vive, rêveuse et audacieuse elle était l’opposée de Cassandre calme et réfléchis.
Inconsciemment la fillette rejouait la relation des ses parents, son amie le visage de la mère, elle celui du père. Elle était les deux mais étrangement une chose en elle dissociait les personnalités. Une sorte de blocage l’empêchant d’unifier les héritages psychologique paternel et maternelle.
Sa croissance se poursuivit sans encombre, presque heureuse, elle grandissait en compagnie de son amie. Leurs différences s’affermissaient aussi. L’autre apprenant le dessin et Cassandre s’orientant vers les sciences occultes. Prévoyant, le père ayant fait aménager une bibliothèque conséquente, cela permit à la fillette d’apprendre de façon aléatoire et désordonnée. Elle se battit une vision du monde toute personnelle. Inventant une morale concordant avec son univers féerique. Il y eu bien quelques crises, les rares fois, que la mère ou le père venait lui rendre visite. Troublant ainsi ce qu’elle croyait être réel. Rencontres qui à chaque fois la jetaient dans une sorte de désespoir larmoyant. Etrangement elle en voulait plus à cette mère frivole qui l’avait envoyé ici. Qu’à ce père distant qui ne lui accordait aucune attention.
La fin d’une époque :
Vers l’age de dix ans. Cassandre commença à changer. Son caractère s’assombrit. Des crises de violence et de haine incontrôlée balayaient son corps de part en part. Déchirant son esprit et l’entraînant à commettre des actes d’une cruauté extrême. Pour la première fois depuis des années la vieille femme s’intéressa à l’adolescente. Elle l’empoignait de force, la maîtrisait. Calmant ses hurlements avec fermeté. Elle l’épaulait, la protégeait et s’occupait d’effacer les traces sanglantes laissaient par les animaux sur lesquels la jeune fille extériorisait son ressentiment.
Pendant ce temps, dans la cité de Lamrial se finissait le dernier acte du drame familial du Baron Gabriel Demareil. Le destin se joua du couple et leur bonheur éclatant fut remplacé par la faux de la Mort.
Son mari disparu. Emilia sombra dans une folie suicidaire. Son père tenta bien de la sauver, mais la démence de la jeune femme eut raison de l’attention de ce dernier et une nuit elle se pendit dans sa chambre. Jacques D’Estré découvrit le corps de sa fille au petit matin. Conscient à présent qu’il restait comme seule famille à la jeune Cassandre. Il ne pouvait se résoudre à abandonner aussi cette enfant qu’il ne connaissait pas. Il lui fallait garder un espoir au milieu de tout ce marasme. Il ordonna de seller son cheval et tandis que le soleil pointé à l’horizon. Il galopait vers l’innocente.
La fuite :
Loin du chaos, Cassandre apprenait à vivre avec ce qui la rongeait. Aujourd’hui date de son douzième anniversaire, sa vie basculerait de nouveau. Les bruits d’une cavalcade annonçait pour elle la fin de toute ce qu’elle connaissait. Assise dans le jardin, elle observait cet inconnu aux cheveux blancs qui venait vers la demeure à brides abattues. Derrière elle, la vieille femme déposait silencieusement une bourse de voyage. Elle tenait aussi dans ses mains une lettre à l’aspect jaunie.
Elle s’approcha de la jeune fille.
- Ecoute mon enfant, L’homme que tu vois là bas et ton grand-père. S’il est là cela veut dire que tes parents ont quitté ce monde. Et que tu dois le suivre à présent c’est ta seule famille.
*Muette, l’enfant qui n’en était plus une, écouta la tirade. Aucune question, aucune larme. Elle prit la missive que lui tendait celle dont l’attention lui avait évité de chuter dans la folie. *
Ma fille,
Si tu lis ce mot. C’est que le destin a scellé ma mort. Je ne pouvais m’occuper de toi et de ta mère. Elle était l’essence de ma vie. Mais ne doute pas de l’attention que je t’ai porté, le temps nous a manqué. Tu arrivais à l’age de raison où nos esprit aurait pu se croiser.
A présent tu dois partir, et laisser tout derrière toi. Va dans l’Empire. Tu pourras bénéficier si tu le désires de titres de noblesse de ta mère. Tu trouveras dans l’enveloppe jointe l’arbre généalogique d’Emilia.
Adieux à présent et bonne chance.
La peur montant en elle, elle se mit à hurler le corps parcourut de frissons. Bientôt son organisme miséricordieux lui offrit l’oubli dans une perte de conscience. Refusant le poids des événements , son esprit déjà fragile revint à la vie sous une nouvelle identité.
Elle prit l’âme de son amie imaginaire. La fille délurée d’un riche négociant. Son grand père, la prit avec lui et ensemble ils partirent sur les routes. Il joua le rôle du père et se plia au délire de la jeune femme.
Il fallut bien une année entière pour que la personnalité de Cassandre D’Estré réapparaisse. Et bien des mois pour qu’elle prenne le dessus.
Elle vit à présent à Systéria. Jacques est mort peu de temps avant l’embarquement pour l’île.