[BG] Jansrald Bronag
Post by Jansrald Bronag, UdG - August 29, 2005 at 12:39 AM
Du haut de la scène, le jeune homme parcoura la foule du regard, dans la nuit noire. La fumée des torches et des feu de camps, parsemés à travers les roulottes et les tentes, lui piquait les yeux, mais celles-ci projetait une lumière apaisante. Il tenta à nouveau de calmer le cœur qui battait la chamade dans sa poitrine, mais en vain. Il devait l'accepter, c'était son métier, il devait apprendre a tirer la force de cet enivrante sensation qui lui coulait à travers les veines.
Près de lui, un homme donna trois coups de sa jambe de bois sur la scène, faisant mugir de rire toute la foule éparse assemblée là. A travers les gitans, les artistes de la rue, les aubergistes, les poètes de la haute société et quelques prostituées, il pouvait apercevoir Muzzaffar, son meilleur ami. Celui-ci leva sa choppe en son honneur, manquant renverser la jolie jeune femme sur ses cuisses. Derrière le nouveau et éphémère couple, il remarquait la crinière rousse de sa mère, qui avait vécu la même épreuve que lui, il y a de cela de nombreuses années. Elle lui sourit, chaleureux et réconfortant sourire d'une mère qui a confiance en les talents de son fils. Normal, il devait bien hériter d'elle, après tout.
Le silence ce fût peu à peu dans la foule bigarrée et tous les yeux se tournèrent vers lui. Cette nuit, s’étais son épreuve, il saurait si il deviendrait membre de l'Union des gitans. Le jeune Jansrald pris une grande respiration et pinça quelques cordes de sa harpe avant d'entonner d’une voix chaude et remplie d'émotions..
- La musique est la muse de l'homme. Elle épanche les cœurs, brouille la vue.
Elle nous guide à travers nos chimères, nos rêves inachevés, nos fantasmes inavoués.
Les notes dansent dans l'oreille, effleurent l'âme,
nous bercent comme la mère berce contre son sein l'enfant.
Jansrald avait les yeux fermés et mettait tout son cœur dans son discours. La foule resta muette, attentive a chacune de ses paroles, de ses gestes. Ils étaient tous des artistes, en quelque sorte.
- La musique est violence et havre de paix, doute et certitude, haine et amour.
Elle se suffit à elle-même.
Car la musique est un poème sonore,
une peinture aux couleurs chamarrés et insaisissables,
un dessin aux nuances subtiles, jeux d'ombres et de lumières,
une sculpture taillée dans le roc sauvage.
La musique est tout cela.
Car la musique est un art.
Elle se confond dans le sacré.
Une âme qui jamais n'a vibré tel un diapason ne peut prétendre connaître le Beau.
*Son visage était angélique, d'une beauté pure comme on en vois rarement, les marques du temps n'avaient que peu affecté son visage. Sa mère se plaisait a lui dire qu'il ressemblait à Eunylap, ce qui choquait et flattait le jeune homme, car il trouvait que les traits des son visage manquaient de virilité. Sa voix avait mué, perdant de son innocence juvénile, mais elle n'était pas désagréable non plus. C'est ce qu'on lui répétait. *
- Car la musique joue du corps humain comme d'un instrument.
Et les notes pincent chaque corde du cœur.
Elles soufflent dans des artères métamorphosées en instrument à vent.
La musique a toujours été et sera toujours. La nature même est un tableau sonore.
La mer et son incessant ressac,
le vent allant se perdre dans les vallées encaissées,
l'orage et son tonnerre ténébreux,
la pluie et son incessant dégoulinement,
les oiseaux et leurs chants d'essence divine,
tout dans ce monde est mélodie.
*Il ouvrit les yeux et fixa les étoiles dans le ciel dégagé. Il savait que quelque part, une étoile veillait sur lui. Il ne serrait pas sur cette scène, en ce moment, si il en avait été autrement. Il dégagea une mèche rebelle de sa longue chevelure ébène et posa pour la première fois depuis le début de son ode le regard sur son public. Son cœur lui fit mal et sa gorge se serra lorsqu'il remarqua des larmes sur les joues de sa mère. Même son ami avait complètement délaissé sa jouvencelle pour le regarder intensément. Il dû combattre la vague d'émotion qui l'envahit pour conclure son ode. *
- Et jour après jour se compose la grande et merveilleuse musique de l'univers.
Et chaque être contribue à sa composition en y jouant sa partition.
Et que la musique soit douce comme une nuit d'amour,
qu'elle soit passionné comme celui qui aime,
qu'elle soit emportée comme un cheval fougueux,
qu'elle soit violente comme le feu de la guerre,
la musique façonne le monde.
La musique pétrit les cœurs comme le potier de la glaise.
Et la musique vit en ton cœur
car ton cœur est une mélodie unique.
Le silence ce fut, uniquement troublé par la brise du vent qui semblait saluer la prestation. Jansrald posa le genoux a terre et s'inclina pour saluer la foule, satisfait du silence qu'il avait réussi a établir. Il devait apprendre a produire des émotions, comme la joie ou la tristesse, le rire ou.. l'émerveillement.
Il jeta un bref regard vers sa mère et lui sourit tendrement. Il allait devenir barde, musicien, ménestrel, il allait devenir tout ce qu'il avait toujours souhaité. Il avait l'impression que le monde s'offrait à lui, maintenant. Peut-être étais-ce le cas.
Jansrald jeta un dernier regard vers les étoiles avant de rentrer dans les coulisses, le sourire aux lèvres.