¤ Le Chants mélodieux du Silence ¤
Post by Shaïna'Mel, InD - April 14, 2007 at 12:37 AM
**Vert et marron, telles sont les couleurs du monde. Elle sourit puis tourne la tête pour qu’explose le bleu. Doucement elle se gorge de soleil, chaud et caressant, elle plante ses doigts dans la terre tiède. Elle la sent glisser puis l’aspirer vers le centre douillet. Dans ses oreilles raisonnent les crépitements de la vie l’entourant. Le bruissement des insectes, le souffle du vent et le chant des oiseaux, parfois lui parvenait des éclats de voix. Un sourire aux lèvres elle visualisait son mari et ses deux enfants jouant à l’orée de la forêt. Tant de bonheur et de plaisir, la force vitale pulsait autour d’elle et en elle. Gorgée de bien être son esprit vagabond remontait les années vers le passé. **
La rencontre.
Nulle forêt ne peut égaler celle du royaume d’Arnad’Idhren. Son évocation seul fait chanter l’âme d’un elfe exilé. Car même si le départ est voulu, le cœur se déchire lorsque disparaît à l’horizon les douces courbes des arbres aimés. Tant de souvenirs nostalgiques de cette soirée dans la merveilleuse ville elfique….
Les feuillages enchanteurs de Galadh’Einior bruissaient de mille chants inoubliables, tandis que le soleil dardait des derniers rayons sur la cité. Assise sur un banc faisant face au couchant, Erindel Al’Mel accordait son instrument au grès des vents.
A 150 ans sa carrière débutée, sa voix charmante et son don pour la scène faisait d’elle une barde prometteuse. Ce soir peut-être sa renommée dépasserait les chatoyantes forêts pour aller par delà les mers. L’ambassadeur humain l’avait convié pour une représentation. Des émissaires venus de Systéria a des fins commerciales allaient assistés à la soirée.
Avec soin elle avait choisi sa tenue, une robe de soie légère tombant en onde fluide jusqu’à ses pieds nus. Sa chevelure d’or était parsemée de fleurs aux couleurs de jade et de pourpre. Sérieuse, elle écoutait les bruits derrière elle. Plus que quelques minutes et elle entrerait dans la vaste salle dans laquelle les convives se régalaient de mets rares et exotiques à leurs palais.
Prenant une grande inspiration, la jeune elfe se redressa, d’une main tremblante elle poussa la petite porte d’angle et pénétra dans la pièce.
Comme toutes les demeures de la cité, celle ci était construite autour d’un grand arbre. Au centre de la grande salle, le tronc se divisait en trois puissantes branches, chacune prenant une direction opposée et s’élançant vers la voûte majestueuse du plafond en forme de dôme. Entre elles avaient été placée une scène. Des tables basses en bois rares entourées de coussins moelleux s’éparpillaient à la ronde, ainsi que des vasques d’ivoires dans lesquelles miroitées une eau cristallines et fleurit de nénuphars parfumés. Au sol d’épais tapis aux motifs gracieux et aux teintes chatoyantes donnaient chaleur et confort. Une lumière diffuse et tamisée baignait la scène d’une délicate nuance or.
Le murmure gracile des discussions, ainsi que l’indifférence des personnes présentes lui permirent de se rendre jusqu’à l’estrade centrale dans la plus totale discrétion. Le regard balayant la salle sans les voir elle prit place. Saisie d’un trac violent, sentiment nouveau pour elle, elle ne désirait pas observer les visages des convives, ne voulant pas y lire une nuance déplaisante. Pourtant sans y prendre garde son attention aimanté vers le fond gauche du salon ne cessait de lui échapper. A cet instant précis le monde cessa d’exister. Noir comme l’ébène, l’éclat brillant des pupilles de l’homme la traversait de part en part. Hypnotisée comme une proie face au serpent elle ne pouvait plus quitter l’individu des yeux. Son cœur se mit à battre violemment, sa bouche devint sèche et son âme se mit à chanter d’allégresse, alors que ses doigts agiles égrainaient les mélodies de son attachement naissant. La musique magique d’un amour nouveau éclatait en notes alanguies et joyeuses. Le public charmé, en oubliait le réel pour se laisser entraîner dans l’univers de chimères crée par la jeune mélomane.
Il était figé dans un silence immobile, rien ne vivait sauf elle. Dès qu’elle avait franchie la porte le monde disparu dans les limbes de l’inconsistance. Lumineuse comme la vie, sa beauté l’éblouissait. Lui que ce séjour chez les elfes ennuyait, lui le solitaire, venait de découvrir un sentiment nouveau. Une étrange soif se faisait jour dans son cœur. Un besoin qu'elle seule pourrait assouvir.
Tout les séparait, leur race, leur vocation respective, leur caractère. Mais ce qui les avait uni était bien plus puissant que ces détails. La soirée se termina sans qu'aucun des deux n'est de souvenir précis de ce qui s'y déroula. Tout ce nimbé d'une aura floue et diffuse, il n'y avait qu'eux et le reste disparaissait dans le brouillard.
Un rire gras accompagné d'un coup de coude dans les cotes le fit sursauter.
- A ce que je vois la petite barde est à ton goût. Trop maigre et chétive selon mon jugement mais chacun ses envies. Enfin cette race là n'est pas comme nous. Je te dirais de laisser tomber, regarde Nadimila est folle de toi qu'est ce que tu t'embêtes avec ces .... enfin un efle.
Corum Antrarni se tourna vers son camarde l'air absent et sans un mot quitta la salle l'esprit encore embué par la magie du moment. Comme dans un rêve il voguait sur la brèche du réel.
Au dehors la cité elfique vibrait au rythme de la nuit. Des lumières diffuses papillonnaient entre les branches à l'épais feuillages dans un ballet onirique. Il s'accouda à la balustrade surplombant le vide vertigineux. Son regard ne rencontrait que les ombres mouvantes, impossible de distinguer les troncs. Vu du sol nul n'aurait pu imaginer que caché dans les branchages se lovait la plus spectaculaire des villes.
Inspirant profondément l'air parfumé le jeune homme reprenait ses esprits.
« Un illusion, cela ne peut être »
Tout se bousculait dans sa tête, la raison tentait de reprendre ses droits. Des phrases telles que :
- Ce n'est qu'une elfe rien de plus.
- Elle n'est pas comme moi.
- L'amour ne naît pas comme cela, de plus tout vous sépare.
D'ailleurs il finissait par le croire, rien n'avait eu lieu. Il était là pour assurer la protection de Xianforf le diplomate. Ensuite il rentrerait chez lui et avec la prime pourrait finalement se payer le voyage jusqu'à Systéria.
Le souffle d'une voix chaude brisa net le cheminement de ses pensées.
- Namarie étanger.
Il sursauta vivement perdant contenance. Puis avec maladresse tentant de garder un minimum de dignité, il se retourna pour rester bouche bée. A ses cotés aussi lumineusement belle que lors de son apparition sur scène se trouvait la barde. Le reflet de la lune jouait sur ses long cheveux argentés où se mêlaient des fleurs et perles savamment tressées., l'éclat mat de son regard le transperçait de part en part.
- B... bonsoir !!!
Un doux sourire vint flotter sur les lèvres de l'elfe tandis qu'elle s'accoudait à la balustrade. Un silence suave descendait sur eux, alors que leur âmes s'unissaient dans une mélopée dont nul mot ne saurait traduire l'intensité.
Les premiers rayons du soleil les trouvèrent toujours cote à cote dans un mutisme ouaté. Malgré la fatigue marquant leurs traits, ils irradiaient d'un bonheur les plus purs.
[Prochain épisode : Le choix.]
Post by Shaïna'Mel, InD - April 28, 2007 at 2:59 PM
Le Choix :
Lorsque la visite du diplomate toucha à sa fin. Elle quitta la cité Elfique à la suite de l'escorte. Bien que son coeur ressenti au plus profond le terrible déchirement. Elle ne pouvait renoncer à son amour, Dans le groupe de mercenaires, malgré leur prétendue ouverture d'esprit, les quolibets et autres moqueries fusaient de toutes part. Corum Antrarni comprit bien vite qu'ils ne pourraient être heureux au milieux des hommes et encore moins dans chez les elfes. Cependant ils iraient au bout de ce voyage. Sans la prime pas de bateau pour Systéria. Ils passèrent donc les divers épreuves pour finalement obtenir leur du.
Cela faisait une semaine qu'ils avaient quitté Briganne pour Posdenia. Ils vivaient chichement dans une petite auberge. Exultant de bonheur Corum ne se rendait nullement compte de la souffrance de sa compagne. Ainsi lorsqu'un soir une main tiède vint se poser sur son épaule. Rien ne pu atténuer l'impact de la surprise,
- Je ne peux pas aller plus loin...Je croyais mais je ne peux pas...
- Des larmes coulaient sur les joues pales de la jeune elfe. La souffrance serra le coeur de l'homme, d'une main douce il caressa le visage amaigri et fatiguée de son amie. *
- Ici le chant du vent me murmure encore faiblement les joies de là bas. Parfois une brève seconde l'air embaume les douces senteurs de mes contrées.
- Cela ne fait rien, nos vies sont liées et rien n'est plus important que notre amour. Il existe j'en suis convaincu un lieu ou nous serons heureux.
- Le bonheur se dessina sur le visage de sa compagne. Et il en oublia sa déception.*
- Viens j'ai remarqué une bibliothèque en ville, nous trouverons bien des cartes et des indications pour choisir notre destination.
Ils mirent plusieurs jours à fixé un itinéraire. Leur voyages dura quelques mois lorsqu'au hasard d'une halte dans un petit village proche de la mer, ils entendirent parler d'une ferme en vente. Un petit lopin de terre que nul ne désirait acquérir car retiré de tout.
On leur indiqua la route à suivre et ils se mirent en route au petit matin. La forêt était vaste avec des arbres majestueux. Un petit sentier serpentait, des herbes folles l'envahissait prouvant que peu de personnes passées par ici. Le chant des oiseaux et les bruissement de la vie animal accompagnés leur errance, au loin le bruit de l'eau laissait à supposer la présence d'un ruisseau. Au bout d'une heure de route dans l'ombre épaisse, ils débouchèrent sur une vaste clairière ensoleillée. En son centre une petite demeure de bois faisait face à une rivière.
Le coupe silencieux laissait le calme de l'endroit l'envahir. La sensation d'être finalement arrivé chez eux naissait dans le coeur.
Corum retourna en ville afin de régler la somme et de signer les papiers de vente. Il acheta quelques provisions.
Il leur fallu deux ans pour rendre la maison à leur goût. Un petit jardin maraîcher leur permettait d'avoir des légumes. Erindel se produisait parfois dans le village lors des fêtes et autres évènements, l'ancien mercenaire vendait le produit de sa chasse ainsi que des peaux d'ours. Cela leur permettait de vivre modestement mais sans manquer de rien.
** Un élancement douleur dans le ventre, l'elfe fait glisser sa main dessus et sourit. Ses souvenirs s'estompent faisant place au présent. Au bas de la colline se dessine la silhouette de son époux et de ses fils. Lentement, elle se redresse, la naissance sera pour bientôt et il lui reste encore tant à mettre en place.**
Post by Shaïna'Mel, InD - November 11, 2007 at 10:35 PM
** La naissance. **
L'air était chaud et lourd, même le vent n'amenait aucune fraîcheur. En cette fin d'après midi estivale, la nature semblait en attente. Pas un bruit, pas un murmure autour de la petite maison en bois. Dans la pièce du fond aux persiennes baissées une elfe, les traits tirés et la transpiration coulant sur son visage, haletait sous l'effort de l'accouchement. La sage femme près d'elle, épongeait son front, changeait les serviettes.
- Encore un effort ... oui c'est bien... vous y êtes presque !!
L'elfe se tordait de douleur, ses cris vibrants déchiraient le silence ambiant. De l'autre coté de la porte. Son époux, la tête appuyée contre le bois épais les mains reposant de chaque coté, adressait une prière aux dieux des hommes et des elfes. Leurs deux fils muets, les yeux écarquillés par l'angoisse attendaient avec crainte.
Il est rare pour une elfe d'avoir trois enfants, et l'arrivée du dernier s'avérait difficile et périlleuse pour la mère et l'enfant.
Soudain, un long gémissement s'échappa de la salle, au loin le tonnerre se mit à gronder et la pluie à tomber drue. Le vent se déchaîna faisant claquer les volets, voler les couvertures. Tandis qu'ils se précipitaient pour tout fermer, un pleure enfantin se fit entendre de l'autre coté des cloisons.
Corum s'arrêta en plein mouvement, tremblant de tout son corps il n'osait ouvrir la porte. Se fut son plus jeune fils qui fonça comme une flèche.
Dans la chambre, le vent s'engouffrait jouant avec les cheveux d'Erindel, son visage exprimait la fatigue et la joie. Elle adressa un sourire à son mari puis détournant le regard vers la petite forme emmaillotées à ses cotés.
Au dehors les éléments se calmaient, la pluie torrentielle devenant une simple bruine d'été, le vent une agréable brise apaisante. Le nouveau né dormait un sourire aux lèvres, serrant dans sa main minuscule une mèche des cheveux de sa mère.
** L'enfance.**
Très tôt la petite Shaïna'Mel démontra un talent innée pour le chant et la musique. Au grand plaisir de sa mère qui voyait en elle la réalisation de ses désirs. Elle lui apprenait les gammes et les arpèges, le fillette apprenait avec enthousiasme et avidité.
Sa voix pure comme le cristal enchantait sa famille. L'après midi là trouvait souvent assise dans un champ, une harpe à la main chantant pour accompagner ses frères dans leurs corvées. Trop jeune encore, elle n'aidait que peu à la ferme.
Malgré son don, ce qu'elle aimait par dessus tout c'est s'asseoir dans les bois, appuyer sa joue sur l'écorce rugueuse d'un arbre et tenter de percevoir ses émotions. S'allonger dans l'herbe et contempler la vie qui s'y déroulait. Son rêve, pouvoir comprendre le langage de la nature, faune et flore.
Il lui arrivait parfois de s'endormir au soleil dans un bosquet et dans son monde onirique elle percevait le chant du monde. Pour elle tout devenait musique, mélodie lente et profonde comme un battement de coeur.
Le temps passant, son talent et l'intérêt qu'il suscitait altérèrent son caractère. Elle avait joué pour la première fois à une fête de village alors qu'elle n'avait que six ans. En quelques semaines, elle devint la petite fille la plus populaire de la région. Noce, fêtes de château, bal de village et autres évènements s'arrachèrent sa présence.
Les autres enfants la regardaient avec envie et respect. Ses propres frères n'osaient pas la rabrouer lorsqu'elle se montrait capricieuse avec eux. Ses parents, dépassés par l'évolution trop rapide ne savaient que faire pour modifier la conduite pleine d'arrogance de leur enfant.
Méprisante, orgueilleuse, elle se montait souvent odieuse et versatile. Se servant dans gens comme d'outils. Jouant de son aptitude comme d'un moyen de pression pour faire plier les personnes à sa volonté. Néanmoins, elle n'avait pas oublié son seul et réel centre d'intérêt. Chaque fois que l'attention dont elle était l'objet se relâchait, elle filait dans les bois savourer le calme et le plaisir de la solitude.
La veille de son 8eme anniversaire, elle devait se rendre à la noce organisée par un des nobles de la région en l'honneur du mariage de sa fille. Beaucoup de beau monde serait présent. Venant des contrées voisines et même de la capital. Cette fête lancerait à coup sur sa carrière.
Alors que ses parents s'activaient aux préparatifs du départ, tandis que ces frères apprêtaient la calèche, elle se glissa dehors par une fenêtre et courut vers la forêt voisine. Dans sa tête raisonnait un appel troublant, hypnotisant.
Elle avançait droit devant elle, courant, grimpant. Ses cheveux s'emmêlant dans les branches des arbres, rapidement sa belle coiffure fut réduite à néant, les fleurs tressées et les fines nattes presque toutes arrachées et défaites. Sa jolie tenue déchirée, couverte de boue. Ses jambes et ses avant bras lacérés par les ronces. Pourtant elle poursuivait sa route, elle ne pouvait échapper à la complainte enivrante qui l'invitait.
Elle marcha des heures, perdant tout sens de l'orientation. Lorsqu'elle arriva, à un petit lac au centre du quel se trouvait un îlot où poussait un saule pleureur centenaire, la nuit déjà veille dévoilait une lune pleine et brillante.
Clignant deux trois fois deux yeux, la fillette se troubla un bref instant. Aucun bruit nocturne autour d'elle, pas le moindre crissement de branches ou cri d'oiseau même l'eau immobile n'offrait aucun remous.
Mais, elle ne pouvait s'attardait, le besoin de répondre à la voix se faisait impératif. A pas lent comme ceux d'une marionnette elle s'enfonça dans l'étang. Sa robe dessinant une corolle de couleur gaie autour d'elle alors qu'elle cheminait. Trébuchant, buvant la tasse, nageotant elle traversa l'étendue et pausa pied sur l'île.
Epuisée, tremblante, elle rampa jusqu'à l'arbre.
- Chute, ne pleure pas ... repose toi. Ici rien ne t'arrivera.
Les branche se mirent à frémirent et se baissèrent lentement en un rideaux protecteur autour de la jeune fille. Les premiers rayons du soleil la trouvèrent profondément endormie. Jouant sur ses cils et ses joues, ils troublèrent son repos. Ses paupières s'ouvrir dévoilant son regard d'or pur dans le quel se lisait la curiosité. Ecartant le feuillage, elle fit quelques pas sur le bout de terre qui lui servait de refuge.
- Bien dormi ?
Elle sursauta et se retourna d'un coup vers l'arbre. Sa voix parfaite et mélodieuse s'éleva, une note de peur s'y glissait,
- Qui êtes vous ?
Un rire cristallin raisonna dans sa tête. Les feuilles du saule prirent une teinte vert argent, tandis que sous nul vent le végétale se mit à se balancer. Un craquement se fit entendre et dans le tronc apparut une fissure. Une créature dont la peau rappelait l'écorce et à la chevelure de lianes, glissa d'une démarche sinueuse vers Shaïna.
– Chante pour moi jeune mortelle, si ta voix me touche, j'exaucerai ton souhait. Celui dont tu as toujours rêvé, ton appel a vibré jusqu'à moi.
Un grincement se produisit entre les racines et lentement sortant de terre une harpe faite de fibre végétale se révéla sous le regard ébahie de la fillette.
- Toute chose se paie, pour gagner un don, il faut en perdre un. Comprends-tu ?
Les yeux entièrement noirs de la dryade se fixèrent sur elle. Apeurée mais décidée elle acquiesça. Puis prenant la harpe entre ses doigts fins, elle se concentra. Ecoutant chaque mouvement autour d'elle, le souffle du vent, le chant des oiseaux, le crissement des insectes dans la terre.
Ses doigts se mirent à voler sur les cordes gracieux et aériens alors que sa voix séraphique jaillit dans l'air limpide du matin.
Elle n'arrêta que lorsque sa gorge lui fit trop mal pour continuer. Levant les yeux vers la nymphe.
Ils n'avaient pas menti... digne des divinités... Veux-tu toujours accepter mon présent en échange du tien ?
La gamine hoche la tête. Laissant échapper un soupir la créature posa délicatement sa main rude sur la tête de Shaïna.
– A jamais le silence de tes lèvres naîtra, Nul vivant ne devra plus percevoir ce son divin. A toujours scellé ta voix restera silencieuse aux oreilles des mortels. Mais par ce sacrifice, que ton âme s'ouvre à la mélodie universelle. Animaux, plantes chanteront pour toi. Leurs paroles étranges n'auront plus de secret.
Un froid terrible envahit la petite fille, ainsi qu'un sentiment de perte terrible. A bout de force elle sombra dans l'inconscience. Sa famille la retrouva trois jours plus tard errant dans les bois, affamée et affaiblie.
Nul n'entendit plus sa voix depuis cette disparition. Nombreux furent pourtant surpris de ne pas la trouver plus abattue par cette perte.