Une barque dans la nuit

Post by Delyna Orlanth, FdC - April 19, 2007 at 12:38 AM

La voile claqua dans le petit matin frileu. La proue fendait les eaux tandis que le cap semblait comme fou. La petite barque de bois voguait sans but apparemment et sans personne à sa barre.

Ca sentait la mort et le chaos. Les voiles semblaient noircies par la peur et on devinait l'ombre d'hurlements de terreur dans les dessins cauchemardesques que quelques flammes avides avaient dessinés sur la coque de bois.

Lorsqu'elle s'échoua sur la plage, rien ne sembla bouger au premier abord. Puis, une petite silhouette frèle tituba hors de l'embarcation pour venir s'échouer à son tour sur le sable encore glacé par la nuit et les vagues.

Elle resta là un moment, reprenant pied dans la réalité. Du moins, c'est ce qu'elle aurait voulut.

Un hurlement sauvage tinta à ses oreilles et elle se retourna brusquement, levant des mains noires de sang et de suie devant son visage.

Rien ne vint la frapper pourtant.
Elle baissa alors ses mains et s'assit. Elle se sentait encore faible et au bout de ses doigts pulsaient son coeur bien douloureusement.
Elle replia ses bras, cachant ses mains meurtries sous sa poitrine et se remit debout.
La jeune femme, car c'était une jeune femme, une toute jeune femme, à peine sortie de l'adolescence semblait-il, se mit à marcher, marmonnant quelques phrases inintelligibles. Elle secoua la tête, lâchant un sanglot et reprit son étrange monologue.

Quiconque pourrait le voir serait stupéfait du spectacle. Car autour de la jeune fille, des dizaines de fantômes voletaient, venant tour à tour murmurer à son oreille. Son regard absent fixait d'autres visages et si l'on pouvait voir ce qu'elle voyait ... des lumières, des couleurs, des panaches d'étranges fumées qui s'enroulaient autour d'elle amoureusement.

Enroulée dans un reste de voile, cachant une robe déchiquetée et calcinée, les pieds nus où quelques traces de brûlures saigne encore, elle cache ses mains, des mains brûlées jusqu'au sang.

Et dans ses yeux verts... qu'elle cache peut-être sous une mèche de cheveux roux, on peut y lire la terreur... la terreur et la folie.