Garett Horn

Garett Horn

Post by Garett Horn - April 13, 2008 at 9:59 PM

Dans un petit atelier, un bruit sourd perça le silence de la nuit. Quelques instants plus tard, un nuage de fumée épaissit l’enseigne de cèdre peinte qui pendait misérablement sur son support métallique.
Le temps que la fumée se dissipe quelque peu, apparu un jeune homme, couvert de suie des pieds à la tête, râlant et lançant toutes sortes d’injures qui feraient pâlir bon nombre de citoyens. Non loin du quartier du temple, de telles histoires étaient des plus mal vues… Surtout lorsqu’elles se répétaient depuis plusieurs jours durant.
Une troupe de personne, assez dense par rapport à l’heure avancée, se massait déjà à quelques dizaines de pas du jeune garçon qui s’évertuait à se débarrasser de la crasse noir, tout en toussant. Au travers de la foule, se dressait aussi quelques silhouette un peu moins curieuses, mais tout aussi hostile aux agissements du garçon ; pour ne pas dire complètement furieuse.
Ces silhouettes au blason bleu traversèrent la foule en quelques coups d’épaules, afin de se planter de part et d’autre du jeune homme, qui les regardaient avec un sourire forcé.

- « Désolé monsieur le Garde, c’est ma théière qui a explosée… » Se décida de lancer le garçon, devant le regard de braise de l’homme d’arme.

- « Emmenez moi ce trouffion, et mettez sous scellé cette cabane qui lui sert d’atelier » Dit simplement le soldat.
C’est ainsi qu’il termina sa nuit devant une table, des bracelets de métal froid solidement fixés aux poignets.

[…]

Aux premières lueurs du jour, un petit homme aux cheveux filasse et au regard torve vint s’asseoir à la table, apportant avec lui un cahier de vieux cuir et une plume tâchée d’encre noirâtre.

-« Nom, situation de famille et âge… » Dit l’homme d’une voix blasée.

-« Je suis Garett Horn, j’ai 16 ans, et je vais bientôt me marier avec Dame Cyel » lui répondit le garçon, avec une pointe de malice dans le regard.

L’homme releva le nez de son cahier, et regarda le jeune homme avec de grands yeux.

- « Vous allez épouser Dame Cyel ? » Fit-il, dubitatif.

-« Tout à fait… Ce qui va faire de moi l’un des hommes les plus puissants de cette ville. » Garett joignit le geste à la parole et se redressa pour prendre une posture plus imposante.

Les deux hommes se regardèrent sans dire un mot pendant quelques temps, avant que Garett ne remue les lèvres, puis éclate franchement de rire, les larmes aux yeux.
Devant la mine rembrunie de son scribouillard de tôlier, il se reprit enfin.

-« Monsieur Horn… Pouvez-vous me raconter en détail ce qui s’est passée la nuit dernière, et ce qui a provoqué l’explosion dans votre atelier de bricolage ? »

Garett remua un instant sur son tabouret, ses fesses talées lui faisaient un mal de chien !

-« Comme je l’ai dis à votre ami garde, c’est ma théière qui a explosée. Je voulais me réchauffer un peu, mais j’ai forcé un peu sur les épices… »
Le scribe poussa un soupir.

-« Vous voulez nous faire croire qu’une théière a pu détruire la totalité d’un atelier ? ».

Le garçon haussa les épaules, un sourire en coin.

-« C’était une grosse théière. »

Après une petite heure de questions, deux gardes firent leur entrée avec un manuscrit signé et un baluchon. Le garde portant le papier le déroula et déclara d’une voix monocorde :

-« Par la présente, et avec l’accord du Duc D’Asth, nous déclarons devant un huissier officiel, que le dit citoyen Garett Horn, coupable de troubles publiques à répétition, et tapage nocturne, sera banni définitivement de la cité d’Asth.
Toutefois, il aura le droit de traverser la cité pour, et seulement, des raisons commerciales ou politiques.
La dite sanction prendra effet immédiatement après lecture de ce document par un membre de la garde ou par un autre représentant de la loi.
Signé, le Capitaine de la Garde Osta. »

Le soldat enroula le parchemin et le déposa sur la table, afin que l’huissier vérifie la conformité du document. Après quoi, le second garde lança le baluchon au garçon, avant de le conduire au port de la ville.

[...]

Garett prit le premier bateau en partance pour Systéria. Il avait entendu dire qu’aucun endroit n’était si pratique pour se refaire une vie, et une fortune.