Xul'zaer Maeldrim, forgeron

Xul'zaer Maeldrim, forgeron

Post by Xul'zaer Maeldrim, Ind - May 30, 2008 at 1:55 AM

Le bateau craquait de toutes parts sous les assauts des vagues, qui venaient se briser les unes après les autres sur la coque rigide du navire. Le vent hurlait, faisant battre violemment la cape pourpre de l’elfe noir dans toutes les directions. Il se tenait sur le pont du navire, le regard fixé sur les récifs rocheux constituant la défense naturelle de l’Île de Systéria. Il fut un temps où ces rochers étaient d’impénétrables forteresses, mais il en était autrement de nos jours. Sans l’amélioration des relations entre l’île et le Continent Est, il est fort peu probable que Xul’zaer se tiendrait en ce jour sur le pont de ce navire commercial ayant comme cap la cité humaine de Systéria. C’était un temps de paix entre les elfes noirs et les humains; de tels passagers étaient maintenant monnaie courante. Les elfes noirs sont en paix avec toutes les races, à bien y penser... c’est dégoûtant. La galère, un navire commercial reliant l’île à un port important des Landes Unies, tanguait fortement avec la houle. Les marins humains avaient certainement vu pires, car aucuns ne semblaient manifester dans leur traits une quelconque inquiétude. Pas même une ombre. C’était encourageant. Au loin, les cimes des plus hautes montagnes de Systéria se profilaient telles les plaques dorsales d’un dragon depuis longtemps endormi. Moi, un traître à la nation… c’est ridicule. Il fronça les sourcils puis, après un moment, croisa ses bras sur la balustrade

Il tourna la tête vers la proue du navire, un gnome s’efforçait d’attacher un large pan de la voile secondaire, avec beaucoup de difficulté en raison de sa taille et de la force des éléments.

« Vous, sur le pont ! Venez m’aider ! »

Le son de la voix nasillarde du gnome perdit de sa force dans le fracas des vagues et les hurlements déchaînés du vent. Même si l’elfe noire perçu très bien les paroles du gnome, il ne broncha pas. Ce n’est pas mon métier, je suis forgeron…après tout ! À cette pensée, son visage, implacable, se mua de manière à former vague sourire. Comme si la pensée de justifier le refus d’une aide gratuite et facile par la simple mention de son métier était follement distrayante, incroyablement amusante. Ou c’était autre chose. Il sourit à nouveau, très lentement. Il pivota, puis rapporta son regard sur les côtes déchirées de l’île. Le gnome réussit, avec l’aide d’un second marin de plus forte stature, à attacher la voile correctement. L’action sembla stabiliser d’avantage le navire, qui pénétrait au travers des récifs. Les deux marins passèrent derrière Xul’zaer, la forme de se dernier se détachait des teintes claires de la mer et des vagues, telle l'ombre d'un corbeau de mer. Le gnome continua son chemin, mais l’humain s’arrêta à la hauteur de l’elfe noir. Il l’avait aperçu du coin de l’œil, mais ne bougea pas d’un pas. Pourquoi faire autrement ? Il était plus frêle, mais néanmoins légèrement plus grand et assurément plus agile que le marin. L’humain tapota l’épaule de l’elfe vigoureusement. Ce dernier pivota à nouveau, pour se retrouver face à l’homme. D'un regard perçant, l'elfe dévisagea l’humain froidement un long moment, en silence, avant que ce dernier ne parle enfin.

« Vous auriez pu aider Fressas, ç’aurait été la moindre chose de vot’ part m’ssire… »

Le réponse de l’elfe noire fut rapide et directe.

**« J’ai payé chèrement mon passage sur votre misérable coquille de noix. Alors, tu crois vraiment que j’ai envie de m’occuper de vos problèmes de toiles déchirées à toi et à ton lutin de croisière ? » **

Le ton de sa voix était brûlant d’impatience et de défi; dans d’autres circonstances, il aurait aisément pu imposer une certaine forme de respect. Mais pas à ce marin, qui sembla autant surpris que déçu de la réponse obtenue. Mais le départ et le voyage avait été éprouvant pour l’elfe noir… Les imbéciles, il faut vérifier si cette légende est vraie. Le marin serra les dents, de même que son poing. Ça ne prenait pas un sage pour s’apercevoir qu’il n’était pas satisfait de la politesse légendaire des elfes noirs. Cependant, il n’est jamais sage de bousculer un elfe noir sans raisons. Quelle soit vraie ou non, le marin décida de ne pas en tester la véracité de cette croyance populaire en ce jour. Le marin grogna quelques mots puis s’en alla en direction des cabines, sans insister. *Tant mieux, je n’aime pas me battre. Surtout avec un marteau de forgeron emprunté… *Il tâtonna le marteau qui pendait à sa ceinture. L’outil avait été usé par de nombreux heurts sur le métal en fusion, cela se voyait autant sur le manche que sur la tête de l'outil.

L’elfe noir perdit rapidement l'homme de vue dans l'opacité des embruns salés crées par les vagues. Le port était en vue maintenant, il arrivait. Enfin. Bientôt, un elfe noir débarquerait sur les quais. La ville allait bientôt gagner un forgeron elfique de talent, né dans une cité reconnue pour la pureté de ses obsidiennes. Les forgerons d'ici, excellents ? Soit, alors voyons voir pour débuter si cette légende est vraie. Vous l'ignorez peut-être, mais c'est une grande avancée pour l’armée de la Cité de Systéria, sans nuls doutes.