Une chute...

Une chute...

Post by Kenichi Eringyas, AdC. - August 8, 2009 at 6:43 PM

Arrivera un jour ou tu seras appelé et tu te fera un honneur de répondre au signal qui te sera donné, depuis que tu es né dans nos murs tu es la pour cela, tu as été éduqué dans cet optique et tu dois remercier tous ceux qui sont parvenus à t'élever à ce niveau. A ces mots, le demi - Elfe noir nommé Kenichi Shinoda hocha la tête à plusieurs reprises, il savait que son temps était venu et qu'il allait cesser d'aider le clan entre ses murs par ses talents de protection et de transcription, cela faisait plusieurs années qu'il s'y préparait et le temps était enfin venu.

Son maître était venu le voir dans la salle d'entrainement ou il combattait contre quatre autres guerriers, pendant un sablier il l'avait regardé placer ses coups, détournant ses adversaires d'une clé bien placée avant de mettre fin au combat faute de combattants. Il les salua tous d'une inclinaison du buste et quitta le tatami en saluant une dernière fois l'endroit avant de s'avancer vers celui qui lui avait appris beaucoup. Avait t'il compris que sa destinée avait pris un tournant a ce moment ? Qui d'autre aurait t'il pu le dire que lui ? Il n'en dit rien, se contentant à son habitude d'écouter et d'acquiescer.

*" Kenichi, j'ai une mission pour toi, il te faudra la mener à bien et ce très rapidement pour prouver ta loyauté." *

C'est comme cela qu'il fut au sommet du mont le Franc Hâlo, pic montagneux situé au dessus du brouillard, l'on ne voyait de l'endroit qu'un plafond nuageux sur lequel on semblait pouvoir marcher comme sur de la laine. Son maitre était derrière lui, lui soufflant quelques mots à l'oreille pendant qu'un vent glacé recouvrait le demi elfe presque nu, debout dans le froid, les pieds au bord d'un abîme nuageux qui ne lui laissait pas voir ce qui se trouvait sous lui. Le murmure du sensei s'amplifia à ses oreilles, la question était toujours la même depuis toutes ces années, il devait y répondre en lui citant les règles de conduit qu'il avait à tenir. Ce qu'il fit...

*" Tu n'offensera pas les bons citoyens, Tu ne prendras pas femme du voisin, Tu ne voleras pas les tiens, Tu ne tombera pas dans la déchéance de l'alcool, Tu devras obéissance et respect à celui que tu sers, Tu accepteras de mourir ou de faire de la geole pour celui que tu sers, Tu ne tueras pas pour le plaisir." *

Le vieil homme hocha la tête avant de poser sa main sur l'épaule de Kenichi, une fois encore sa voix s'éleva au creux de l'oreille de celui qui en était la cible, ses cheveux se dressèrent dans sa nuque, si vous aviez été assez près vous auriez peut être pu entendre ceci. *
" Si tu crois en ces règles que je t'ai enseigné depuis toutes ces années tu ne peux me refuser ce que je te demande. Saute..." *

Un pas en avant, une sensation humide à l'entrejambe lorsque les pierres défilent sous les yeux de celui qui tombe, les branches qui le heurtent de plein fouet ralentissant à peine sa chute, les feuilles qui le giflent au passage ouvrant des sillons sanglants dans sa peau grise, jusqu'à la fin de tout, l'impact.

Le sol semble accourir à sa rencontre, à la vitesse d'une cheval au galop, l'enserrant dans ses bras rocailleux puis plus rien.. le noir.. l'ombre.

Il ne repris conscience que quelques jours plus tard, il mit même presque cinq années avant de pouvoir à nouveau se déplacer comme il le faisait auparavant, il du réapprendre à marcher correctement, à manier l'épée et le katana, a manipuler des objets avec la même délicatesse et la même grâce qu'il avait atteint. Puis un jour, alors qu'il combattait des guerriers dans la salle d'entrainement, son maître vint le trouver et l'appella à ses cotés.

" Te souviens tu des règles de bases ?"
" Oui Senseï, je m'en souviens, les voici : Tu n'offensera pas les bons citoyens, Tu ne prendras pas femme du voisin, Tu ne voleras pas les tiens, Tu ne tombera pas dans la déchéance de l'alcool, Tu devras obéissance et respect à celui que tu sers, Tu accepteras de mourir ou de faire de la geole pour celui que tu sers, Tu ne tueras pas pour le plaisir."

A sa réponse, Le vieux diplomate lui déposa une bourse de quelques pièces, le trajet en navire avait été payé déjà et n'attendais plus qu'un ordre pour quitter la terre ferme, le demi elfe quitta donc l'endroit, marchant des portes monumentales qu'il ne reverrait peut être plus vers le quai ou les toiles des navires dessinaient des carrés de toile blanche dans le ciel bleu. Il ne possédait rien et donc ses paquets avaient été vite fait. Le trajet fut éprouvant pour celui qui n'avait jamais pris la mer, les mouvements du navire lui barbouillaient l'estomac, le rendant nauséeux pendant les trois jours de navigation. Il ne pouvait pas comme les autres se soulager en passant la tête par dessus bord, rendant à la mer le peu qu'il avait pu absorber pendant les repas, son honneur le lui interdisait.

Les pensées de l'homme furent troublées par le cri de la vigie qui annonçait l'arrivée sur Systéria. C'est ainsi que presque huit sabliers plus tard, le demi Elfe noir posa le pied sur la terre qui serait la sienne d'ici peu, il erra un peu dans les rues avant de prendre la direction d'un lieu d'ou provenait des cris et des rires. Heureusement que son maître lui avait donné des cours de commun, il put déchiffrer sur la pancarte de la taverne un nom qu'il prononça plusieurs fois à mi-voix afin de tenter de comprendre ce qu'il signifiait plus aisément " Le kouing T'cho"


Post by Kenichi Eringyas, AdC. - August 13, 2009 at 9:29 PM

Introduction : Quand la pluie se mélange aux larmes.

Le temps était humide depuis plusieurs mois, les parois de bambous commençaient même à rejeter l'humidité sous forme de mousse à l'intérieur d'une petite maison bâtie en bordure d'une rizière. A l'intérieur des cris de bagarre, six enfants se battaient autour d'un pot qui contenait de quoi nourrir au maximum quatre d'entre eux, mais ce fut le bâton de la maitresse de maison qui parvint à réguler les allers retours des petites mains dans la casserole crasseuse ou terminait de cuire le riz brun. Elle avait comme cela recueillit six enfants d'origine diverse au monastère qui les lui avait laissé pour une croute de pain, douze bras c'était toujours une bonne chose lorsque l'on était seule et que l'on avait un champ à s'occuper.

Le riz manquait, comme l'or, la mousson les avaient tous deux noyés dans la pluie, c'est donc avec plaisir que la dame vit arriver les carrioles des gens du domaine. ils étaient une vingtaine, habillé comme des paysans eux aussi, mais ils tiraient des charrettes sur lesquelles l'on avait tiré des draps empêchant de voir ce qui se trouvait à l'intérieur mais même à vingt ou trente pas on pouvait entendre des cris. Un homme se détacha du groupe et vint à quitter la route pavée pour s'enfoncer dans la boue du bas coté, sa destination était la porte d'entrée de la masure, tous l'avaient bien compris. La dame vint à s'agenouiller devant lui, lui indiquant par ce fait comme le veut la coutume qu'il était maitre en sa maison, ce dont l'homme ne doutais manifestement pas. A grand cris, elle mit tous les enfants dehors, sous la pluie qui les trempait comme si on les avait plongé dans l'eau entièrement, ils étaient la, dehors sous la pluie, les vêtements collés comme une seconde peau, certains à renifler car ils savaient ce qui allait se passer, les autres plus petits jouant comme si de rien n'était, profitant d'un moment ou on ne les assommait pas de travail. Kenichi détaillait les hommes qui avait fait arret devant la maison, il savait lui que sous les toiles se cachaient des cages dans lequelles se trouvaient des enfants qui seraient revendu soit au marché des esclaves clandestins soit donnés à l'un ou à l'autre des clans, deux caravanes étaient passées pendant qu'il était à chaque fois cloué au lit par une forte fièvre, mais cette fois, il n'avait pas eu la chance d'être malade. Un demi sablier plus tard, l'homme sortit de la maison avec sur ses pas la maitresse du lieu, tenant en sa main une petite bourse qui ne semblait pas avoir de poids.

" Prenez en trois ! Ils nous appartiennent ! "
La voix du récolteur annonça aux autres qu'ils pouvaient en choisir trois et qu'ils devaient prendre ceux qui semblaient en meilleure santé, aussi vite plusieurs mains furent sur eux, inspectant leurs yeux, vérifiant leurs dents comme on le fait avec des chevaux, bien vite trois des plus forts furent hissé à même la charrette et furent enfermés comme des animaux dans une cage qui était trop petite pour les contenir tous. Kenichi fut emporté dans un torrent de larmes, dans des cris et des pleurs, hurlant sa haine contre celle qui se frottait les mains d'avoir revendu de petits animaux pour un prix tout a fait correct. La charrette se mit en route, arrachant ses roues à la boue dans un affreux bruit de succion pendant que le demi elfe tendait les mains vers celle qui ne les regardait déja plus, ils n'avaient étés que de passage dans sa vie et bientôt d'autres les remplaceraient.. Un passage de six années... mais un passage tout de même.

Le front contre les barreaux de la grille, il vit un autre village défiler puis un autre encore et toujours ce nombre sans cesse croissant de gens dans cette cage. Ce n'est que tard dans la nuit qu'il passa les portes monumentales d'un domaine qu'il ne connaissait pas encore...

A suivre.


Post by Kenichi Eringyas, AdC. - November 10, 2009 at 1:43 PM

Quand la captivité
est peut être un chance de réussite.

http://www.youtube.com/watch?v=OV61OJIY4Mk

Les charrois entrent dans l'endroit, nous sommes déversés comme une marée laisse de coquillages sur le sable, se retirant sans nous reprendre. Les coups pleuvent, badine, pieds, tout nous tombe sur le corps comme une averse. Plusieurs d'entre nous sont toujours par terre lorsque je me redresse, ils sont épuisés et ne peuvent plus tenir debout, des gardes viennent les saisir sous les bras et les éloignent de notre vue.

Il me faudra attendre plus de vingt années de services au sein du domaine pour savoir qu'ils seront jetés dans un puits qui communique avec la mer, je me souviendrais encore de ce trou taillé à même la roche, vide absolu sous le regard, odeur de sel et bruit de marée qui vous fait tourner le cœur presque à vous faire chuter dans l'abime.

L'on m'attribue un garde que je dois suivre pendant des semaines, l'accompagnant pendant ses rondes de nuit, de jour, l'on me fait marcher sur les cailloux de la rue moi qui n'ai pas de chaussures, moi dont les pieds saignent de se retrouver sur pareille surface alors qu'ils ont vécu plusieurs années plongés dans la boue d'un champ de riz. Lorsque je rentre le soir, je me jette sur la couche qui m'a été attribuée, nos rangs s'éclaircissent, la nourriture est ici en abondance et beaucoup d'entre nous n'ont pas un estomac qui leur permet d'absorber cela en quantité, nous perdons de quatre à cinq camarades par nuit, ils se tordent dans d'atroces souffrances et meurent en pleurant, j'en rêve parfois encore certaines nuits.

Cela fait maintenant deux années que je suis au service d'un diplomate du clan, il m'a apprit à manier la plume pour générer une calligraphie tout a fait correcte et apte à transmettre des ordres de services pour la famille que je sers, c'est un homme dur, inflexible mais il m'accorde plusieurs fois un sablier de temps libre. Le vent se lève et il m'emmène en dehors des murs de la cité, vers un pic rocheux que j'ai l'habitude maintenant d'escalader en sa compagnie, une fois en haut nous ne verrons qu'un paysage d'un autre monde, tapis moutonneux de nuages qui forment un plancher sur lequel si j'étais plus léger je pourrais m'enfuir...

Partir, retrouver .. retrouver quoi ? Je n'ai rien, je n'ai personne mis à part cet homme qui tente de m'apprendre ce que tout homme devrait apprendre à son fils. Peut être ma captivité est t'elle une chance.

A suivre...