L'histoire d'Abellion

L'histoire d'Abellion

Post by Abellion, Ind - August 9, 2011 at 6:22 PM

L’apprentissage d’Abellion débuta dès son plus jeune âge. À 6 ans à peine, il mourait d’envie d’emprunter les traces de ses parents, et d’acquérir les rudiments des techniques magiques dont il ignorait encore le nom.

Il savait cependant ses parents, pratiquants assidus de l’art arcanique, au service de sa Cité, Medelia, première, (et plus grande, au sens de tous ceux qui y habitaient), des cités-état de la Ligue. Son ambition n’échappa pas à ses parents, qui exprimèrent une grande satisfaction : il aurait été bien indigne d’engendrer un héritier vide d’ambition, qui n’aurait eu le goût de rien, et qui leur eut fait honte. La décision fut vite prise : on l’enverrait à l’École des Mages de Medelia-la-Grande. Ceux qui y enseignaient étaient choisis davantage pour leur orthodoxie politique que pour leur grand talent, comme l’étaient la plupart des enseignants Zantherois par ailleurs. Malgré le piètre crédit d’une telle École à l’étranger, le jeune Abellion fit son beurre de l’instruction qu’il y acquit. Sous les discours doctes de ses maitres, des endoctrinements fréquents rabâchés spontanément, demeurait un enseignement magique de base tout à fait décent.

La variété des sortilèges, et la variété des mages, fit forte impression sur le jeune homme. Sans sourciller, les enseignants discouraient des sorciers, des enchanteurs, mais aussi des nécromanciens les plus sombres et noirs et pire, des étrangers pratiquant des rites typiques. L’évocation de si sombres mages laissait aux jeunes gens une expression où se confondaient parfois dégout, parfois fascination, chez ceux qui ne cédaient pas à l’effroi. Et le jeune Abellion ne cédait pas à l’effroi, du moins, pas en ces circonstances là.

Il montrait un grand courage, ou peut-être une crânerie, en requérant toujours d’en apprendre davantage sur ceux-ci. Personne, au grand jamais, personne n’aurait voulu lui en faire apprendre davantage sur la sorcellerie, la magie noire, mais aussi sur les types de magies pratiqués par les étrangers. Mais, bon gré mal gré, plus Abellion grandissait, plus il en apprenait sur les nécromanciens et les sorciers des terres lointaines.

Le jeune Abellion grandissait, et ses connaissances avec lui. L’enfant féru de magie était devenu un jeune homme, qui en était passionné. Ses études terminées, il devenait magicien, empruntait la destinée que ses parents avaient souhaitée pour lui. Mais son ambition outrepassait celle déjà grande de ses parents. Il méprisait, bien sûr, ceux qui balayaient par puritanisme le volet d’une connaissance magique toute entière. Il menait ses études plus sombres en secret, et surtout les moins licites, car s’intéresser aux pratiques des étrangers en ferait un paria. Il acheta une bicoque bon marché, dans une ruelle tortueuse de la cité, qu’il désigna comme laboratoire. Une évidence s’imposa tôt ou tard : ils avaient besoin de cobayes, pour ces sortilèges qu’il n’essaierait jamais sur un être respectable. Et il avait besoin de ces objets magiques étrangers : runes, grimoires, sceptres, afin d’en faire l’étude.

Tant ces objets étrangers si conspués à Zanther que des cobayes se trouvaient au même endroit : dans les bas-fonds, au marché noir. Une sombre, sombre nuit, le jeune mage pressait le pas vers un sombre, sombre quartier. Un quartier que les gens bien-pensants ne fréquentent pas.

Il y avait bien quelques babioles magiques étrangères, qu’on eut dit sans grande valeur partout ailleurs sur Enrya, tant elles étaient communes. Mais au sein de la Ligue, elles valaient leur pesant, et constituaient assurément de quoi débuter certaines études plus concrètes, mais aussi de quoi être compromis si on les trouvait chez soi. Il trouva aussi, là-bas, une marchandise bien curieuse : une esclave. Son derme était noir de jais, il n’en fallait pas plus pour faire, aux yeux du jeune mage, de cet être une créature fascinante et repoussante à la fois. Un mage-officier d’Exophon, qui avait eut mandat au Mur du Sud, faisait parfois certains captifs qu’il exportait discrètement : au sein de la Ligue, la paie n’était pas grasse, et comme il devait satisfaire une épouse qui avait des gouts de luxe, il risquait son orthodoxie (et sa tête) en revendant des babioles et ces étrangers méprisables dans les bas-fonds : ils devenaient des bêtes de somme, des exécuteurs de basses œuvres, ou au mieux des bêtes de foire.

Abellion se laissa tenter par ce cobaye à la peau d’ébène, qui ne pourrait pas fuir : une évasion dans la cité-état signifierait la mort, pour cette esclave. Les gardes révulsés ne manqueraient pas de l’abattre, s’ils la trouvaient sur leur chemin. Sous la couverture de l’obscurité, il la ramena au laboratoire. Il ne lui dit rien de son sort : ce n’aurait pas été la peine de lui parler, pas plus qu’on ne discute avec un âne ou un chien.

C’était le cobaye idéal : une méprisable étrangère, qui valait moins à ses yeux qu’une chèvre qui aurait vu le jour au sein de la Ligue. Mais physiologiquement proche, à son sens, des êtres humains véritables, donc par procuration ses expériences pourraient être reconnues comme valides. Sans pour autant qu’il n’eut procédé à quelque atrocité sur de braves gens.

Abellion dépensa, pour cet achat, une majeure partie des gages que ses parents lui avaient cédé pour s’établir. Il tenta bien de cacher à sa famille son achat, mais tôt ou tard, au gré d’une visite surprise de son père, le chat sortit du sac. Ce fut alors un véritable scandale : dépensait-on seulement pour de pareilles folies? Ce fut les pleurs de la mère, les cris du père, une empoignade bien sentie du père et du fils devant la mère désoeuvrée. Puis, les cris et les larmes s’épuisèrent, laissant planer une question : que ferait-on pour qu’un tel achat, d’un fils de bonne famille, ne fasse pas scandale? Les accointances avec des étrangers pouvait valoir la prison, de même que le commerce de produits étrangers. La prison, quand ce n’était la corde.

À postériori, les parents jouèrent de contact : ils plaidèrent le besoin du fils de mener des études sur des produits étrangers, et ce afin d’assurer la prospérité et la suprématie de Medelia lorsque viendrait le temps de confronter tôt ou tard les Bréguniens ou les sauvages noirs. Ils plaidèrent auprès d’un ami sous-officier, auprès d’un conseiller politique qui était un cousin, auprès d’un collègue qui était ce professeur si éminent de l’École de Magie… Tant est si bien qu’à force de faire le tour de leur cercle d’influence, ils finirent par obtenir un sauf-conduit de la part du général Pilate. L’avait-il seulement parcouru du regard? Nul ne le savait. Mais il arborait la signature du premier homme de Medelia, ce qui épargnerait à Abellion d’être roué de coups, fait prisonnier et jugé expéditivement si les autorités découvraient son manège.

Le sauf-conduit lui imposait de fréquents compte-rendus de ses avancées à l’État-Major de Medelia. En contrepartie de quoi son contact avec les objets étrangers était perçu comme un sacrifice noble d’un jeune homme, qui consentait à se souiller au contact de ces dégoutantes choses, afin de percer leur secret. En somme, il était devenu au service de Medelia, et de Zanther, ce qui lui allouait quelques passe-droits dont bénéfiaient seuls les plus orthodoxes et les plus dévoués au pouvoir du général.

Vint un temps où les menus objets, les disparates parchemins étrangers qu’il obtenait ne lui suffisaient plus. Il lui fallait apprendre davantage. Par le même processus, qui dura de nouveau quelques mois, ils obtint une permission de voyage à l’étranger, sans être perçu au retour comme un traitre à la Cité. Si tôt le parchemin obtenu, il fut soigneusement rangé par Abellion avec les pâles reliefs de sa fortune. Il eut tôt fait de préparer ses malles : grimoires zantherois, parchemins zantherois, flasques diverses zantheroises, ingrédients disparates zantherois, vêtements zantherois, provisions zantheroises… car il y aurait bien assez de choses étrangères à étudier, sans qu’il n’eut à s’encombrer d’effets de qualité moindre que ceux que produisait sa patrie. Il n’emporta qu’un objet étranger : son fameux cobaye, équipé d’un collier où luisait une curieuse rune.


Post by Le pénitent - September 3, 2011 at 12:14 AM

Etude au coin de l'âtre...

http://www.youtube.com/watch?v=3CTkW8z0SkE

Douce langueur qui anime l'âme quand à l'extérieur des murs chauffés de l'endroit que l'on habite voltigent les flocons de neige, moment divin d'étude quand au sein d'un bastion du quartier de l'ordre l'on parcours les notes que l'on a récuperé par certains moyens, certains contacts.

Quel plaisir de ne pas devoir se cacher pour étudier les sciences étrangères, même voir la plume parcourir les feuilles et noircir des pages entière d'une écriture rapide et déliée à quelque chose d'exaltant. Les portes s'ouvrent sur le froid et un courant d'air se fait sentir dans la pièce, emportant la flamme des bougies qui éclairent le travail de l'homme. Il leve le regard doucement, ses cheveux blonds vénitiens masquant un peu celui ci et s'apercoit que c'est elle qui rentre. Le pas est le sien, plus lourd peut être par la forme physique qu'elle a repris à parcourir la cité comme une sauvage qu'elle est, mais c'est le sien. Marchant vers lui, elle dépose sur la table un colis remplit de composantes qui lui serviront à lui, une lueur autour de son cou se fait terne puis plus brillante quand quelques mots sortent de sa bouche.

*« Ferme la porte, tu veux me faire mourir de froid ? » *
*Le ton est bref, peu adapté à la situation, amusante remarque quand on sait qu'il est habillé d'une chemise et d'une veste de bonne facture alors qu'elle n'a presque rien sur elle. Seulement, elle ne semble pas subir le froid, peut être un feu intérieur la ronge t'il assez pour s'assurer de sa survie au dehors sans autre moyen que... Quel est le moyen qui .. Soit.. Le bruit de la porte qui grince et se referme derrière elle suffit pour rappeler à l'homme qu'il était en train d'étudier. *

«Ma cousine se porte t'elle bien ? »
*L'homme a murmuré ces quelques mots tout en se massant l'avant bras ou une vilaine cicatrice de brûlure n'a pas entièrement disparu, vestige d'un conflit interne, d'une différence de point de vue au sein même de ceux qui partagent son sang. *

« Je suppose. »
*Elle souffle les quelques mots comme si cela ne lui importait pas. Erreur, tout ce qui touche son maitre doit l'importer au plus au point mais la fréquentation des grands espaces semble lui avoir fait oublier quelle était sa condition avant même qu'il ne la libère, qu'il ne lui offre une vie coquette avec certes des défauts mais assurément un grand avancement en rapport avec sa situation initiale. Il avait vu des femmes comme elle lors de ses pérégrinations en basse ville, il s'était enfoncé dans les couloirs sombres de la cité, s'était heurté à des refus, à des voleurs, a des matronnes, à des putains, à des ... monstres.. Oui même lui qui avait une horreur sainte des races présentes dans la cité il s'était aventuré sans rien dire à personne au sein de la cité, dans les boues de la basse, dans les masures et dans les taudis à la recherche d'une chose qui semblait lui tenir à coeur. *

« Plantez des épingles, cela percera la poche et vous en serez tranquille. »
« Un sort d'étranglement, avec le manque d'air il ne survivra pas ! »
« Faites lui boire ceci, qu'elle saute plusieurs fois sur place ensuite et il tombera comme un fruit trop mûr. »

*Aucun de ces retours n'avait intéressé l'homme, fatigué d'avoir les pieds crottés, de sentir l'odeur rance de sueur de ses hôtes il avait repris la route de la moyenne ville quand une vieille dame lui avait fait signe de s'approcher. *

*« J'ai entendu votre requête monseigneur et je pense pouvoir vous aider d'une manière honorable en échange de vos faveurs.. pécuniaires évidement. » *
*La vieille était horrible, un châle sur la tête qui semblait collé à ses cheveux gras, son regard était biaiseux et elle semblait prête à s'envoler sur un balai en cas de problème avec la garde. Il la détailla un moment et sorti une poignée de pièces d'or en échange de quoi elle lui tendit un livre, un livre à la couverture brune, rongée par la poussière et par le temps, dont certaines pages semblaient avoir été arrachées pour être recollées... *

« Allez monseigneur ! Ne restez pas ici ! Que cet ouvrage vous guide et qu'il puisse vous sortir du pétrin dans lequel vous vous êtes mis ! »
Elle s'en alla en ricanant, un peu comme le font toutes les sorcières des contes pour enfants. Lui repris sa route vers le saint quartier de l'ordre ou le mari de sa cousine leur avait offert l'hospitalité depuis maintenant un bon moment. Lorsqu'il entra, sa cousine était face à lui comme sa servante l'était à ce moment. Le regard plongé dans le sien, il esquissa une grimace de dégout... Systéria .. ordure parmi les ordures, mélange de genres qui ne devraient même pas se cotoyer dans les abysses des enfers.

Refermant son livre, il traina une chaise vers la cheminée, n'accordant pas même un regard à celle qui avait déja presque disparu dans les zones d'ombres de la maisonnée.


Post by Le pénitent - September 3, 2011 at 11:27 AM

Un premier essai.

*« Saletés de moustiques, ils vous suceraient jusqu'a l'os! » *
*L'homme qui avait proféré cette remarque se tenait dans un rayon de lumière au milieu d'une clairière, habillé de cuir, le visage buriné par le soleil et par des années de travail en tant que guide, mercenaire, lui même ne savait plus vraiment ce qu'il était. D'un geste prompt il écrasa l'un de ces petits vampires qui le taraudaient depuis plus d'une journée maintenant. Ce n'était pas le moment d'attraper une fièvre se disait Abellion, jamais il n'aurait pu rejoindre l'endroit de départ seul. *

*L'homme se détourna d'Abellion et son regard s’enfonça doucement dans la lande, dans l'ombre du feuillage, dans la nature environnante. *

« Et donc vous en voudriez un vivant c'est cela ? »
« C'est exactement cela. »
« Si il est blessé c'est bien aussi ? »
« Cela diminuera votre solde mais c'est bien aussi. »
*Le regard quitta la foret pour se poser sur le client qui venait de lui signifier qu'il devait prendre attention pour toucher les pièces convenues. Il cracha par terre un instant puis s'avanca vers l'obscurité suivi de près d'Abellion. *

« Que la lumière soit »
*Le faible crépitement de l'incantation magique troubla le silence de la foret mais c'était fort avantageux pour les deux hommes de voir dans les zones d'obscurité, ils n'avaient pas cette capacité des bâtards d'elfes noirs à voir la nuit. Un bruit de course se fit entendre un peu plus loin... Tous les mouvements des deux hommes cessèrent, ils se transformèrent en bêtes sauvages, en animaux dont la proie n'était qu'a quelques mètres, comme le loup qui attends patiemment près d'un point d'eau dans l'attente qu'une biche vienne s'y repaitre du précieux liquide salvateur qui assure la vie de tous. *

Le chasseur se tourna vers Abellion et sa voix se fit murmure : *
« Je vous l'avait dit, il y en a tout un tas ici.. vous en voulez un jeune ou peu importe ? »*

*La réponse ne se fit pas attendre car un cri d'alerte engloba toute la foret, ils avaient été vu ! D'un mouvement rapide le chasseur sorti de l'ombre et pris la direction du plus gros de la troupe d'un pas rapide. Ils étaient tous la.. Femmes, hommes, enfants... Tous regroupés autour d'un point d'eau et de leurs cabanes de bois, comme des animaux qui se sont regroupés pour faire face à un danger, ils offraient un rempart de leurs corps a ceux qui venaient vers eux. * Un homme fit face, puis deux.. puis trois.. tous ils se saisirent des objets contondants qui leurs servaient d'habitude à travailler ou à chasser et se mirent en tête de défendre les leurs. Le chasseur s'avanca, le pas tranquille, sorti un court glaive dont la lame émoussée n'avait plus à prouver qu'elle avait déja servi à maintes reprises. Le premier coup fut donné à pleine puissance, ouvrant dans les chairs un sillon rouge d'ou s'écoulait le liquide de la vie, inconsciemment le chasseur comptait les pièces d'or qu'il aurait pu gagner si il l'avait ramené et revendu au marchand d'esclave.. soit..

Dans un gargouillis le premier combattant s'écroula au sol, le coté percé par la lame, une humeur noire s'écoulant de la blessure, signe aurait dit un médecin ou une personne habituée que le foie était bien touché et que la mort ne viendrait pas avant un demi sablier. Le second combattant était muni d'une lance, garni de bandes de tissus vertes, il l'agitait comme si tentait de réveiller la fureur des ancètres qui la lui avaient peut être légué. D'un coup sec il tenta de clouer son adversaire au bout de celle ci mais la lame du glaive et la rapidité du combattant permis de sectionner l'arme en deux parties inégales, provoquant ainsi le désaroi de son propriétaire. Cela ne dura pas longtemps, un second mouvement du fer de lame vint à lui sectionner un avant bras puis la tête... Encore quelques pièces de perdues...

Le dernier combattant, désabusé par le sort qui avait été réservé à ses compagnons, tenta une attaque tout de même, mais un mot de pouvoir sorti de la bouche d'Abellion le fixa, stoique comme ces statues de pierres que l'on voit parfois, gardiennes des ponts. Assurément plus facile de passer de vie à trépas quand on a le corps fixé au sol. D'un geste nonchalant, le chasseur lui passa une épée en travers du corps et continua sa progression vers les enfants les plus jeunes au milieu de la foule terrorisée.

*« Celui ci vous ira m'sieur Lunenoire ? » *
*Il avait en main le bras d'une enfant d'une dizaine d'années dont les larmes traçaient des rivières sur ses joues crasseuses, elle se débattait à peine. Sa mère tenta de repousser le chasseur mais Abellion s’avança doucement vers elle, posant la main presque sur sa joue en esquissant un sourire désolé. *

« Vas Flam »
*La boule de feu explosa sur elle, la projetant dans un nuage d'étincelles vers la case qui semblait être la principale, boutant le feu au paillis de la maison. Il était temps de rentrer, ils allaient finir par attirer l'attention. Ils quittèrent le village rapidement... La petite fille mourru dans le trajet retour et Abellion regretta amèrement avoir donné deux cents pièces pour un cadavre qui ne lui serait d'aucune utilité pour ses essais magiques. *


Post by Le pénitent - September 10, 2011 at 10:14 PM

« Non, je n'ai pas besoin de ce mouton, il n'a que trois pattes. »
*« Oui monsieur mais il n'en a pas besoin, ce mouton vole allègrement à plus de trois noeuds ! » *
*Abellion hocha la tête et lui tendit les quelques fleurs en guise de paiement, l'homme sourit et lui tendit les rennes du mouton vert. Aussitot l'homme l'avait t'il enfourché que le mouton prit de la vitesse, ses sabots en or frolant le sol, à la vitesse d'une charge de samourais t'sen. *

*D'un coup il quitta le sol, survolant l’hôpital, survolant la ville, contournant la montage qui dominait le paysage, Abellion plissa les yeux, tentant de se tenir sur la selle du mouton, tenant de ne pas avaler plus d'animaux volants que nécessaire. Sous leurs pieds se déroulait la mer, il détaillait les navires, les serpents de mers quand tout à coup le mouton piqua du nez... perdant de la vitesse, de la hauteur.. manifestement en panne sèche d'herbes magiques. *

*L'eau se précipita à leur rencontre et Abellion hurla quand elle le prit dans ses bras et l'enserra comme le ferait une amante. *

« Aaaaaaaaaaaaaaah ! »
*Le cri se répercuta dans les murs de la chambre. Dans ses nuits sombres peuplées de rêves, Abellion hurlait, il s'agitait tellement qu'il avait du être sanglé par des infirmières au lit qu'il occupait à St Elisa. A plusieurs reprises, l'on était venu lui faire boire un thé calmant, il sombrait alors dans une inconscience et il délirait, aidé par les infusions calmantes. *


Post by Le pénitent - September 11, 2011 at 11:16 AM

Les soins lui avaient étés donnés, il était couché dans l'obscurité d'une chambre, les tentures fermées ne laissaient que peu de lumière passer. Tendu par la douleur, les mâchoires douloureuses par la contraction permanente il souffrait le martyr. L'infirmière qui venait le soigner avait beau être des plus douces, elle ne parvenait pas à le soigner sans augmenter la douleur qu'il ressentait. Drogué par les potions, le corps était dur comme le bois, l'âme de l'homme semblait voguer au delà de la réalité en permanence comme si un retour à la réalité pouvait le rendre fou.

L'éponge mouillée passa sur son front et recueilli une sueur âcre et odorante, elle collait les cheveux par paquets sur le front d'Abellion, il ne se souciait plus de rien en l'état ou il était, ni du status de celle qui lui offrait des soins ni de sa race.. Intérieurement il vivait un enfer....

« Pensez vous qu'il s'en remettra mélodie? »
« Aucune idée docteur, il semble en bien piêtre état. Ce que je ne comprends pas c'est que sa blessure ne se soigne pas correctement, l'infection le gagne doucement et les herbes de purification n'ont que peu ou pas d'effet. »
« Il faudrait peut être couper plus haut si cela continue. »

*Mélodie hocha la tête doucement et sorti de la chambre au moment ou Abellion commençait un autre cauchemar. Elle devrait peut être mettre fin elle même à ses souffrances, elle en était la dans ses pensées quand un autre blessé entra en catastrophe dans l’hôpital. *


Post by Seigneur Bélial - September 11, 2011 at 11:32 PM

La nuit avait été terriblement mouvementé pour Abellion, certainement une de ses pires nuits où la mort venait l'observer nez à nez. C'était presque le cas, l'homme ignorait qu'au moment où le personnel de Sainte-Elisa quittait les lieux quelques minutes, cachés par les tentures, deux yeux rouges et lumineux apparurent fixant le blessé. Non personne ne savait, personne ne se serait douté qu'une créature terriblement mauvaise et assoiffée de sang guettait dans l'ombre la dépouille d'Abellion...

[...]

Plus tard au courant de la nuit, il ouvrit les yeux sur un ciel rouge, nuageux et menaçant. Une pluie couleur sang tombait des nuages aux formes démoniaques après un puissant coup de tonnerre. La foudre lézardait le ciel et s'abattait sur le peu d'arbre encore debout à l’horizon. En regardant bien, autour de lui, Abellion vu des cadavres humains jonchant le sol. Le visages tordu de douleur, les victimes pleuraient leur pitoyable mort, leur pitoyable vie et leur fin pathétique. Il lui semblait avancé dans une direction bien précise, comme s'il fut attiré inexorablement vers un lieu qu'il connaissait. Il leva les yeux vers le haut quand devant lui se dressait une forme rouge, écarlate et lumineuse. C'était ce qui semblait être un démon cornue qui portait dans sa main droite un horrible bâton ayant à chaque extrémité une lame tranchante couverte de sang. Le démon, sans aucun doute l'assassin des quelque 200 hommes éparpillés un peu partout et pas toujours en un seul morceau, posa son regard sur Abellion.

-Tu es le prochain, Abellion...

Un éclaire illumina le ciel et le démon fit tournoyé son bâton avant de s'abattre sur l'homme totalement horrifié.

[...]

*Abellion s'éveilla en sursaut, en sueur et en douleur dans son lit à l'hôpital, bien en vie. Ce n'était qu'un rêve, un songe terrible et douloureux. Se souviendra-t-il de ce que Belial lui avait fait vivre l'espace d'une heure? *


Post by Le pénitent - September 12, 2011 at 9:50 PM

*Sueurs froides et nuits blanches dans un décor identique. *

« Il est arrivé avec quelques centaines de pièces d'or, pas plus, on a pris directement soin de lui, il semblait si faible. »
« Bravo ! Bravo ! Vraimment ! Et si maintenant il passe en enfer chez moi ? Tu as pensé à ca sombre idiot? »

*La baffe claqua dans toute la taverne, suivi de rires gras, de sourires gênés et de doigts pointés sur l'assistant qui venait de traverser le bar en volant pour s'écraser sans grâce de l'autre coté. L'endroit était assez désert pourtant, chaque nouvel arrivé était regardé avec beaucoup de haine, non pas par sa présence mais parce qu'a chaque fois qu'il ouvrait la porte il diminuait la chaleur de l'endroit de plusieurs degrés. *

*Le gamin se redressa et couru comme une musaraigne aux cuisines, il recevait quelques pièces à chaque fois qu'il rendait service et le gamin n'était pas bête.. assez pour ne pas voler la bourse à l'homme qui ne quittait pas le lit mais pas assez pour ne pas obéir à ses ordres. Sans soins particuliers, Abellion se remettait assez doucement, on tolérait ses cris et ses sanglots la nuit parce qu'il payait rubis sur l'ongle pour une place dans la salle commune, il semblait qu'il passerait de vie à trépas d'ici peu. *

Physiquement, ses traits s'étaient durcis, ses jouent s'étaient creusées et ses orbites étaient cernés de traces noires qui donnaient l'impression d'un crâne squelettique. Au fond de l'un des orbites brillait un oeil qui vous détaillait comme seul un animal traqué ou un fou le ferait, impossible de savoir à quelle catégorie l'homme appartenant. La nuit venue, il tentait de se lever, s'abreuvant de potions de forces et incantant des sorts pour voir dans l'obscurité, il semblait craindre le moindre moment de silence comme si un démon allait sortir des lames du parquets pour l'attirer dans les limbes des enfers. L'homme était tendu, sur les nerfs, ne tenant debout que par habitude, son bras blessé suintait à travers les linges qui faisaient office de protection et diffusaient une odeur âcre de chair nécrosée en putréfaction.

Personne n'osait venir le déranger, on l'avait juste remisé dans un coin du dortoir, proche de la banque pour qu'il soit tranquille, jamais ou presque l'on ne venait déposer des biens à cet endroit, uniquement quelques aventuriers et des âmes errantes de passage. Le temps passait et l'homme s'affaiblissait, ce n'était assurement pas ses sorties diurnes qui l'aidaient à combattre l'infection qui le minait...

Pourtant, on pouvait apercevoir parfois un rapide sourire passer sur le visage de l'homme, moment d'égarement ? Moment de folie ? Rêves de vengeance ? Lui seul pouvait le dire mais si il survivait un jour ou si il remontait des limbes de l'enfer, la sentence ne serait pas souple pour celui qui se serait mis sur son chemin, peu importe qu'il soit animal, esprit ou homme. L'esprit ailleurs, l'homme perdit connaissance et chuta à nouveau dans une nouvelle vague de cauchemars.


Post by Asphodèl du Typhon - September 12, 2011 at 10:04 PM

*La porte de l'Auberge s'ouvrit à la volée, laissant entrer une gerbe de flocons blanc. Une sombre silhouette se dressait dans l'embrasure, épée sanglante au poing. Le pourpre du liquide affûtait étrangement l'acier pur de la lame et gouttait lourdement contre le plancher gelé. *

"Olà étranger! Fermes un peu la porte, qu'on se pelle pas le derche!" hurla le tenancier depuis un comptoir, tout bougon.

Jon s'ébroua et la porte claqua à nouveau, pour se fermer cette fois. La chaleur l'atteignit que peu. Il évita le feu qui dans l'âtre brûlait sans conviction. Il avait le pas lourd, résonnant et le sol de bois grinçait sous son poids insupportable. Une fois à la hauteur du comptoir, il posa une main gantée d'obsidienne pour attirer l'attention du propriétaire de l'endroit. Pas une mouche ne volait dans la salle ce soir.

"Je veux voir le mourant."

"Ahm, quoi?!" *balbutia l'ogre qui dirigeait cet endroit. Un grand blond, un peu mal loti, avec un accent bergunois si prononcé qu'il en était désagréable. Jon ne répéta pas et dirigea vers le tenancier ses orbes précieuses à la couleur d'émeraude; seul héritage de son père. Un vert menaçant qui s'alliait étrangement mal avec le rouge provocateur qui coulait sur la lame. *

"Dans le dortoir à côté. Il crève. S'vous pouviez l'achevez..."

L'ancien garde impérial reprit sa marche.

"Enfin, j'dis ca, j'dis rien! Evitez juste de salir le plancher...!"

Une autre parte avait déjà claqué. Celle du dortoir que Jon venait de pénétrer. Les rares occupants ne posèrent pas de questions. A défaut d'or, l'épée suffisait à réduire au silence. Surtout cette épée là, encore repus d'âmes qu'elle venait de manger; une épée qui servait et souvent. Chacun feignit de dormir, ou presque. Tous étaient au final occupés lorsque Ledwynn arriva au chevet du rouquin. Il hésita à brandir son arme dont la pointe effleurait désormais la gorge fiévreuse du zanthérois. Il pourrait l'achever oui, mettre un terme à l'agonie.
Seulement, il n'était pas venu pour cela.

"Réveilles-toi, cousin."


Post by Le pénitent - September 12, 2011 at 10:15 PM

*Une fois encore il croisa le regard du démon, cette fois au lieu d'être habillé d'une capuche il avait pris le visage d'un cavalier de l'enfer, agitant une épée sanglante sous son nez, le sombre cavalier était venu prendre son âme, lui qui avait déja donné son corps à Systéria, voila que l'heure était venue de rejoindre ceux qu'il avait mené à la mort ou ceux qui l'avait précédé volontairement ou pas. *

« Leve toi cousin »
*Il était déjà certainement mort qu'un de ses frères démon lui parlait en ses termes. Se redressant doucement dans son lit il se rendit compte de quelque chose qui ne tournait pas rond, assez bizarrement dans son esprit cartésien pourri par la fièvre un signal d'alarme venait de s'allumer. Comment étais ce possible que le mal qui irradiait dans sa tête provenant de son œil manquant continuait à battre au rythme de son cœur si le sien s'était arrêté. Comment étais ce possible que la douleur provenant de sa main manquante et des vers qui y grouillaient maintenant sous les bandages se faisait encore sentir également ? *

*Il continua de se redresser, levant un regard complètement halluciné sur l'homme qui lui faisait face, visage de glace ou aucun sentiment n'était visible... aucun.. un visage lisse comme celui des cadavres que l'on tapisse de cire pour leur donner forme humaine avant l'enterrement. *

*« Je vous suis... » *
*Dit t'il avant de s'écrouler sans force sur l'homme qui se tenait face à lui. Personne ne bougea dans l'endroit, tous esperaient que l'homme parte avec son fardeau malodorant et mourant. *


Post by Asphodèl du Typhon - September 12, 2011 at 10:24 PM

Dehors, la tempête de neige battait son plein. Le vent mugissait, s'écrasant aux fenêtres parfois condamnées. Le grondement sourd d'une avalanche au loin marqua l'évanouissement d'Abellion.
Jon le recueillit avec indifférence, comme l'on cueillait un fruit pourri tombé d'une branche. Avec aisance, il le porta sur son épaule et tourna les talons qui martelèrent à nouveau le vieux plancher. Il n'avait toujours pas rengainé sa lame qui, une fois à l'extérieur, tracerait un timide sillon carminé. Le tenancier ne leur souhaita pas bonne nuit, car il s'était terré en cuisine.

A la merci du vent glacial et de ses alliés, Ledwynn eut du mal à avancer. Le poids du presque mort se faisait finalement sentir sur son épaule armurée. Il tint néanmoins bon, forçant le rythme et l'allure pour atteindre la forêt sombre qui bordait le Grand Nord. S'y engouffrant, il laissa derrière eux, tempêtes et froid hivernal. La température n'était pas douce en cette saison et si prêt des montagnes blanche et gelée, mais au moins demeurait-elle supportable. Jon espérait qu'Abellion n'était pas mort frigorifié durant le trajet. De toute manière avec la fièvre qui le consumait, cela l'aurait étonné.

Une voix rauque était parvenue à leurs oreilles depuis la cime d'un arbre ancestral.
Pour seule réponse, l'ancien garde jeta son fardeau au sol, sans ménagement.

Une silhouette vive et petite descendit de son perchoir pour venir se pencher au-dessus de la figure du zanthérois.

C'était une vieille dame aux longs cheveux effilés et blanchâtres. Son teint était foncé, et son faciès balafrés de rides hideuses. Elle avait un air familier avec Stensa, un peu trop. On aurait dit Stensa.


Post by Le pénitent - September 12, 2011 at 10:40 PM

*L'enfer était donc glacé, le vent découpait des lambeaux du peu de chaleur qui lui restait, pelant la peau comme un couteau le faisait d'un oignon, le chemin lui semble des jours, des saisons même... Les cahots que les pas de l'homme lui faisaient subir éveillaient la douleur qui lui vrillait la tête, les chocs avaient ouverts à nouveau la blessure malodorante, elle suintait tant et plus, laissant des traces de pus et de sang sur la neige immaculée. La sensation de chute, l'odeur des pins, le tapis d'aiguille qui le recueille, il chute d'au moins trente pieds d'après sa propre perception, intérieurement il revit la scène qui lui a valu ses blessures, des larmes coulent le long de sa joue, pour l'autre oeil, rien ne vient à se noyer au fond de l'orbite ou palpite une masse de chair rosée qui autre fois était un œil et qui n'est plus qu'un nerf à vif. *

*Sa tête bascule sur le coté, à la limite de la folie il hurle sa rage, sa douleur et sa peur en détaillant celle qui vient de se pencher et qui a disparu il y a plusieurs jours déja. Elle s'était prise pour un oiseau au sein du manoir, manquant quelques marches pour se recevoir sur la nuque au sein même de la propriété ! *

*« Noon ! Tu es morte ! » *
*D'un geste il se redresse sur ses coudes, il rampe sur le dos, tapissant le tapis d'aiguilles de pin d'une trainée de sang, son oeil passe du démon à la morte, lui n'est pas mort mais il va perdre l'esprit. Jon arrête sa course sans but d'un pied posé sur sa jambe, peu de pression, mais suffisante pour faire arrêter l'homme dans sa fuite sans but, sans aucune chance de réussite si ce n'est celle de frapper rapidement à la porte des enfers. *

*Ils sont dans la clairière, sous les arbres, elle détaillant le Lunenoire fraichement débarqué, ce dernier couché sur le dos, le coeur battant à plus vite qu'un cheval à la course, le corps sous le pied d'un ancien garde impérial... *

*« Je suis mort ? C'est cela ? Vous êtes tous morts et je vis l'enfer ? » *
*Quelques mots, un murmure, pas plus se sont échappés des lèvres de l'homme avant qu'il ne perde conscience à plusieurs reprises pour de courts laps de temps, la douleur le ramenant toujours à la réalité en quelques minutes. *


Post by Asphodèl du Typhon - September 12, 2011 at 11:04 PM

La vieille ricana. Son rire grotesque n'était pas agréable, mais tonitruant. Il se répercuta en échos graves entre les pins élevés qui conduisaient cette moquerie jusqu'aux cieux nuageux. Jon ramena le fil de son épée contre la gorge de l'humain, lui intimant par ce geste seul, le respect et le calme. Un corbeau prit son envol, suivi de ses pairs. Les bruits d'ailes couvrirent un étrange phénomène. Le corps frêle de Stensa se distordit horriblement. Sa peau s'était déchirée par endroit, offrant le spectacle de plaies béantes et noires. Ses os semblaient craquer sinistrement. Ledwynn admirait l'effroyable métamorphose avec son indifférence quotidienne; maintenant Lunenoire en respect.
La morte se transformait progressivement en autre chose. C'était d'abord en amas de chair sanguinolent qu'elle finit, avant que ce mélange morbide ne s'agite de nouveau pour ériger une nouvelle personne : plus forte, plus puissante. Un homme à la noble carrure s'était dressé. Sa crinière platinée était reconnaissable d'entre toutes, et ses yeux indigo, voire pourpres, luisaient intensément. S'en échappaient des volutes irisés qui maquillaient leurs contours. Il possédait des traits d'éphèbes malgré l'âge mûr qu'on pouvait aisément lire sur son faciès. Il portait une armure gluante de chair et de sang, aux reflets argentés et pourpres.

- Merci, Jon. Tu peux nous laisser maintenant que ta mission est accomplie.

- Il pourra le faire? En êtes-vous sûr? Pourra-t-il réellement relever Maman?

-Pourquoi ne le pourrait-il pas? Après tout ne serait-il pas ravi de voir sa tante à nouveau debout?

La voix de l'inconnu avait claqué sèchement dans l'air, et ses mires surnaturelles avaient bravé le regard de Ledwynn qui s'empressa de répliquer avec audace :

Lentement, l'étranger délogea de son fourreau une épée étrange. Elle était longue et lourde gravée de runes pourpres et indigos, éteintes pour le moment. La tête d'un Balron officiait de pommeau, façonnée en diamant brut comme la garde de l'épée où des mots étaient incrustés en fils d'obsidiennes. La nuée de corbeau revint depuis le firmament brumeux, et chaque créature obscure se percha à une branche assistant à la scène qui se jouait dans la clairière.

**- Va t'en Jon. **

Le brun obéit, reculant à travers la densité de la flore. Sa silhouette finit par se fondre dans l'ombre des pins, puis par disparaître totalement. Le blond inconnu, aux airs familiers, déposa un regard impitoyable contre la chose étendue au sol.


Post by Le pénitent - September 12, 2011 at 11:19 PM

Il en perdait la tête, ce n'était qu'une vision de plus, peut être les potions de forces et d'agilité qu'il avait pris depuis maintenant plusieurs jours l'avaient conduite à un état de dépendance, il en avait perdu la raison, il en était certain !

Allongé au sein d'un cercle de pins, étalé au milieu des aiguilles qui lui formaient un lit, détaillé par les animaux des bois dont il avait vu des nuées fondre sur les pendus pour les dévorer, pour arracher des lambeaux de leur chair alors qu'ils étaient encore chauds, le visage gonflé par la pression de la corde qui leur enserrait la gorge et qui les maintenant dans un état d’apesanteur artificiel. Il avait vu ces animaux se délecter d'une langue gorgée de sang, mauve, dépassant de la bouche devenue trop exiguë pour l'abriter entière, il s'était parfois battu avec eux pour que le bourreau les détache afin de pouvoir récupérer l'un ou l'autre morceau qui lui servirait pour une étude sur la fonction du corps humain.

*Il en était la de ses pensées quand son oeil unique se porta sur le grand blond. Lui aussi n'était qu'un rêve, une imagination issue de son esprit torturé, rendu insalubre par la douleur, appauvri par les blessures qu'il avait reçu, impossible qu'une telle chose existe réellement, impossible qu'ils communiquent comme cela... *

*« Il pourra relever maman ? » *
*La phrase avait fait le tour de son esprit des centaines de fois, tout cela était t'il en rapport avec les endroits qu'il avait fréquenté ? Tout cela était t'il en rapport avec les études de sorcellerie qu'il avait envisagé de faire au sein de la capitale peuplée d'animaux et de bâtards ? Tout ceci n'était qu'un rêve ou plutôt un affreux cauchemar, il était dans son lit à l'auberge, il était bien au chaud dans ses couvertures et non pas dans cette foret ! Il sourit brièvement à l'homme qui lui faisait face et le salua. *

« Au revoir mon rêve, je vais maintenant me réveiller et tu va disparaitre.. »
*D'un coup sec il enfonça deux doigts de sa main valide dans sa blessure, provoquant une douleur qui était censée le ramener à la réalité. Hors c'était la réalité, le mouvement n'eut d'autre effet que de provoquer un cri, il entendit sa mâchoire croquer tellement elle s'ouvrait, son crane vibrer alors que son cri s'élevait dans la nature, ne provoquant même pas l'habituel départ précipité des animaux environnants. *

*Ivre de douleur, son regard se porta sur l'homme blond armé, dans sa carapace de chair, d'un regard il le questionna, sa bouche écumeuse délivra quelques mots. *

« Que.. qui êtes vous ? Qu'est ce que je fais ici ? »
*L'attente d'une réponse paru durer des heures, tout comme le trajet lui semblait avoir paru des années. *


Post by Asphodèl du Typhon - September 12, 2011 at 11:37 PM

Non, Abellion n'était pas fou,* pensa Maekar*, simplement enivré par la douleur. *L'étranger blond s'étonnait toujours de la résistance humaine, de cet instinct de survie qui menait l'homme à repousser la mort; à dire non. Il éprouvait de la pitié pour ce corps brisé de souffrance dont le sang abreuvait la terre glacée. Il n'intervint pas lorsque Lunenoire décida de s'infliger un mal aussi inutile que paradoxalement nécessaire. Figeant l'épée dans le sol, Maekar posa genou à terre. A nouveau il était penché sur le zanthérois. Seulement ce n'était plus une vieille folle sortie des limbes qui le détaillait, mais un masque placide, rigide et sévère dont les traits pouvaient facilement se transposer sur ceux d'Asphodèl. *

Les mots étaient mâchés, le ton détaché. Il écrasa la tête du balron de diamant entre ses doigts recouvert du métal de son armure; ce mouvement trahit sa nervosité, peut-être son courroux ou sa déception.

Il s'interrompit brutalement. Ses yeux s'écarquillèrent avec vicacité tandis que son regard échouait sur le sang qui coulait à flot des plaies d'Abellion. Ce moment de trouble, où toute la colère avait semblé se rassember dans les iris seules du blond, s'estompa tout comme il était apparu. Puis, Maekar reprit :

Il offrit une gifle modérée à Abellion, pour le réveiller davantage.

*Le tranchant de sa voix paraissait plus inquiétant que la lame qu'il avait planté au sol et sur laquelle il s'appuyait. Un corbeau croassa avant de plonger vers la clairière. Il atterrit délicatement sur l'épaule droite du Typhon, détaillant de son oeil acerbe et sombre la silhouette souffreteuse d'Abellion. La tension qui figeait l'air était surréaliste. *[/list:u:w2x7g7k9]


Post by Le pénitent - September 12, 2011 at 11:53 PM

*Il tendit la main vers l'homme, oubliant toute sa dignité du nom des Lunenoire, oubliant qu'il était un homme de haut rang, un savant, un homme d'intelligence correct. Implorant par le geste de l'aide qu'il n'aurait jamais demandé par la voix, il tendit la main vers lui, la main blessée ou le bandage avait laissé place à une masse informe rose qui devait être un avant bras, une masse ou grouillait une légion d'animaux blancs qui dévoraient la chair morte, une masse d'ou l'infection suintait d'un liquide sirupeux aux couleurs du miel. *

« Je veux vivre.. parce que j'ai de grandes choses à accomplir, parce que ma vengeance doit être à la hauteur de la souffrance que j'ai enduré, parce que ceux qui m'ont fait du mal méritent de rejoindre les limbes de l'enfer pour y souffrir éternellmeent. »
*Le tout avait été édicté d'une voix sans faille, d'une voix à faire frémir le coeur d'une personne qui n'en avait pas, le son de la voix était emplit de haine, de douleurs, de souffrance, à tel point que même Enyde-Ma en aurait été touchée de grâce. *

*Le corbeau détailla le moignon tendu, presque à l'appétit de voir cette masse grouillante offerte comme peut l'être une putain de la rose cendrée à l'arrivée d'une bourse pleine mais il n'osait pas faire le pas, peut être laissait t'il cette joie à son maitre. L'homme blond ne cessait de le détailler, l'on entendait presque le crissement de sa main gantée sur le pommeau de sa lame... *

« Mon sort ne dépends que de toi, donne moi matière à t'apporter ce que tu demandes ! »
*La main absente tendue se fit plus raide, plus difficile à tenir dans cette position, l'homme faiblissait à vue d'oeil, son visage blafard s'était fait celui d'une poupée de cire, jaune, parfois passant par le vert léger de celui qui n'a plus beaucoup de temps. Le croassement du corbeau posé sur l'épaule de son maitre le fit sursauter, le cri de l'animal emplit toute la clairière, bien plus que le cri d'Abellion quand il avait tenté de se ramener à la réalité. *

« Sauve moi.. et je te donnerais ce que j'ai et bien plus encore.. »
*Les mots étaient maintenant implorés, foulés aux pieds les bonnes prestances et les idées recues qu'un Lunenoire ne demande jamais rien, qu'un Lunenoire prends ce auquel il pense qu'il a droit, les larmes coulaient presque une fois encore sur sa joue car non.. il ne voulait pas mourir.. il ne voulait pas rejoindre stensa, sa tante, les autres.. car il savaient que beaucoup d'entre eux l'attendaient aux portes de l'enfer et que le temps serait très long une fois arrivé sur place... *

« Je t'en prie.. je t'en conjure.. »


Post by Asphodèl du Typhon - September 13, 2011 at 12:12 AM

*Le regard de Maekar se transforma en dédain. Il lâche l'épée et le métal de son armure grinça sinistrement. Il avait promis à Lyanna Lunenoire Ledwynn de ne plus jamais relever les morts. Une promesse était une promesse, impossible à briser. Sauver une vie, n'était pas relever un mort, bien au contraire. Cette réflexion enhardit sa décision, et ses futurs gestes. *

"Retiens bien ce qui va te sauver la vie."

Il déganta sa main droite. Le gant d'acier heurta lourdement le sol. Maekar passa la paume nue le long de sa lame; à la première goutte de sang les runes s'éclairèrent une à une, affolées par la vie carmine qui les tâchait désormais.

**"Avant de relever les morts, on évite qu'il y en ait." **

*A l'aide de son hémoglobine fraîche, et surtout anormalement froide, il traça sur le front du zanthérois des lignes rouges. La sueur se mêla volontiers au sang, le diluant sur cette peau pâle et grasse. Il parlait tout en s'exécutant; le nom de Yhagshul revenait souvent. De toute manière, il finit par se taire, observant le visage d'Abellion barbouillé de sang. *

**"Les rituels du Sang sont nombreux. Remercies ma fille de t'avoir donné le sien, qui au final est le mien." **

Il plongea ses doigts dans l'une des plaies, sélectionnant la plus douloureuse sans doute. Le sang d'Abellion noya la main blessée de l'étranger. Le rouge du mourant finit par rencontrer le rouge du vivant; et le rituel débuta par ce mélange si grossier.

"Dans quelques heures, peut-être, quelques jours, tu te réveilleras ici. En vie. Tu te rappelleras de mes paroles. Tu iras à deux lieues au Sud, où trois cadavres frais de manants t'attendront. Manges ce que tu peux d'eux, sans le cuire. Tu auras besoin de protéines. Leur coeur sera un met de choix. Tu iras mieux ensuite, assez pour te rendre où tu veux."

Il reprit son gant échu au sol, libéra l'épée de son fourreau de terre. Les runes s'éteignirent rapidement.

"Pour rester en vie, Le rituel du sang doit être reconduit. Bois-le mien, à travers celui de ma fille, et fais-lui boire le tien. Sans cela, rapidement, tes blessures reviendront te tirer vers la mort à qui elles t'ont promis. Tu t'habitueras vite à la dépendance."

Il étira un sourire en coin et laissa le corbeau descendre de son épaule pour entamer un frugal repas. L'animal se nourrirait tout juste ce qu'il fallait, évitant de tuer Abellion qui se rétablirait d'ici un long temps. La chair collée à l'armure de Maekar se mut. Lentement, il prit une autre enveloppe, rétrécissant, devenant enfant. Un petit garçon pâle, aux yeux cernés et aux lèvres violacées. L'enfant se mit alors à courir, sans adieu, quittant la clairière.[/list:u:3nz9g7c3]


Post by Le pénitent - September 13, 2011 at 12:28 AM

Quel était le souvenir qui lui resterait de ce moment ? Nul ne pouvait le dire, Abellion lui même semblait alterner entre la vie et la mort depuis tellement de temps, des paysans dirent un moment avoir vu une bête sauvage se déplacer en lisière du bois, une petite fille alla même jusqu'a raconter qu'elle avait vu une chose se déplacer sur deux pieds, la toison d'un roux vif, des orbites noires à la place des yeux, le corps couvert de sang et de blessures, la teint noirci par la crasse et la végétation.

L'on avait vu cette chose proche d'un marais, on l'avait vu proche des montagnes, on l'avait vu proche d'un campement brigands dont quelques membres avaient étés dévorés. Tout cela commenca et s'arreta d'un coup, impossible d'en savoir plus même pour des rôdeurs habitués. Ce n'était peut être après tout qu'une vilaine bête ou encore un rituel shamanique qui avait mal tourné. De toute manière les seules personnes qui avaient eu à en pâtir étaient des hors la loi, des non citoyens.. et en systéria que vaut la vie d'un non citoyen ? Peut être moins que celle d'un animal domestique....

Abellion se réveilla quelques jours, semaines, mois peut être plus tard, la fièvre semblait l'avoir quitté et il se surprit à détailler l'endroit dans lequel il avait trouvé refuge. Tel les animaux, il partageait le logis avec le cadavre d'un renard, au sein d'une grotte, à moitié enterrée sous la montagne. A peine sorti de l'endroit, il pu apprécier la morsure du froid sur sa peau nue, preuve qu'il n'était pas mort, autour de lui n'étaient qu'amas de tissus, de petits os, de restes de cheveux ou encore de dents que les sangliers sauvages avaient laissés. La douleur incessante et lancinante de son bras n'était plus, la plaie avait laissé place à un carrée de chair rose en voie de reconstruction, sans aucune trace de pourrissement ou d'infection, seul une douleur diffuse lui rappelait à l'ordre lorsqu'il pressait la chair. Son seul oeil restant lui était affuté comme la lame d'un glaive de gladiateur, il était sur le qui vive, prêt à s'enfuir au moindre signal d'alerte d'une arrivée qui aurait pu le mettre en péril.

Un bruit le fit sursauter, ce n'était encore une fois qu'un de ces satanés corbeaux, il en avait rêvé des nuits entière. Il se mordit les lèvres au sang, il avait soif.. il devait boire.. rapidement. D'ici quelques jours il rentrerait en la cité.. mais avant il devait réapprendre à vivre tel qu'il était devenu, un infirme.. certes infirme mais vivant, plein de haine, ivre de vengeance...

« Merci à toi Stensa.. »
*Les mots n'avaient pas la moindre importance au fait, tout aurait été bon à dire car l'oreille à qui ils étaient adressés entendait tout. Un peu plus loin, un hululement répondit au remerciement. *


Post by Asphodèl du Typhon - September 13, 2011 at 1:06 AM

Asphodèl se prenait la tête entre les mains; Ses doigts de fées glissaient au travers de ses mèches argentées. Visiblement, elle désespérait. En face d'elle, buvait Thaegar, son frère aîné. Il s'était présenté au beau milieu de l'après-midi au Fort Majère, déjà saoul, réclamant davantage de boisson. Malgré l'odeur nauséabonde du vin mûri dans une bouche pâteuse, elle lui offrit l'hospitalité - gardant néanmoins une distance plus que convenable. Il déblatérait des inepties qu'elle tenait de comprendre.

Raide de courroux et de tristesse, elle pensait à ce cousin déuni, quelque part dans le Nord. Elle finit par occulter totalement la réalité. Son esprit était partagé entre le doute et la certitude. Le doute qu'il revienne en vie, la certitude que c'était peut-être mieux s'il ne revenait pas en vie. Elle frappa alors du plat de la main sur la table, coupant son frère, ramenant le calme dans sa maisonnée.

**- Thaegar. Connais-tu un assassin? **

*Il plissa alors les yeux. Sa lucidité venait d'embraser son regard et il détaillait sa soeur avec une méfiance accrue. Devant un regard aussi inquisiteur, elle se sentit obliger de se justifier. *

Elle rougit sous l'injure, puis se reprit avant de froncer les sourcils, parlant froidement.

**- Le meilleur que tu connaisses, dis-lui que son prix est le mien. Il n'aura qu'à achever un être déjà mourant. Une mission sans risque. **

Il fut surpris du ton automate de sa délicate soeur. Elle qui dans ses souvenirs était si douce, délicate et souriante, apparaissait maintenant assombrie par la vie, souillée par l'immaturité d'un monde auquel elle n'était pas prête. Il eut de la peine pour Asphodèl, et se résigna, dans cet élan de pitié et de tendresse fraternelle, à accéder à sa requête. Il enverrait le meilleur assassin qu'il connaissait sur les traces d'Abellion.

Sans doute le soir, Asphodèl pleurerait dans sa couche, regrettant déjà le dessein qu'elle avait payé.[/list:u:3ottepuz]


Post by Le pénitent - September 13, 2011 at 10:17 PM

La nuit était glaciale, le froid engourdissait les membres de l'homme et malgré les couches de vêtements qu'il avait trouvé sur des cadavres de brigands, il claquait des dents. Dehors, le vent soufflait en bourrasques et l'on pouvait voir les nuages défiler à toute vitesse vers l'est, comme si ils étaient chassés par le souffle d'un dragon ancestral.

« Tu ne dois pas mourir.. Tu ne dois pas mourir.. tu dois vivre.. Tu va tout faire pour vivre, tu es capable de tout... »
*La litanie était répétée comme une incantation magique, censée donner du courage à l'homme dont les lèvres bleues ne bougaient déja presque plus. Dehors, les animaux sauvages vivaient leurs vies, n'ayant cure du froid alors que lui, tapis dans un terrier qu'il avait peu à peu aménagé se pressait contre le feu à tel point que les poils de ses mains sentaient le brulé après être passé trop près de la flamme. *

*Un bruit attira son attention vers l'extérieur, ce n'était ni le bruit d'un animal ni le bruit du vent. Cela ressemblait furieusement à un souffle humain, un souffle qui avait affronté mille péril pour se trouver ici. Comme Abellion l'avait deviné, c'est un humain qui passa la porte d'entrée, il trouva notre homme recroquevillé au bout de sa tanière, les bras encerclant ses jambes dans une position fœtale, le nez plongé entre ses genoux, le seul œil valide détaillant celui qui avait mis le pied dans son refuge. *

La dague de l'assassin glissa hors de son fourreau, l'homme aux oreilles pointues signe d'un sang bâtard sourit un instant dans l'ombre de sa capuche. Les flammes du feu dansaient sur son visage, provoquant des ombres inquiétantes sur son visage, la lame se leva doucement en position de combat alors que du fil de celle ci, glissait doucement le liquide vert d'un poison savamment appliqué.

« Il est l'heure de partir. Ferme les yeux et serre les dents, cela ne prendra tout au plus qu'une dizaine de minutes. »
*Les mots de l'assassin résonnèrent dans la tanière suivit presque aussitôt d'un cri de douleur intense qui vrilla les oreilles de tous ceux qui avaient pu l'entendre... *


Post by Hydre - September 13, 2011 at 11:59 PM

Le bâtard ne s'était pas donné la peine de couvrir ses traces. Malheureusement pour lui, il était de la trempe de ceux qu'on peut renifler à l'odeur. L'endroit était reclus, isolé. Personne de sain et d'honnête n'y vivait à des lieues à la ronde. Et la nuit offrait une belle couverture, même avec la lune qui flottait haut dans le ciel. Sans être pleine, elle offrait de beaux rayons sur toute la dense végétation des forêts près de la montagne.

La moniale profitait des nuits pour prendre du temps pour elle. Il va sans dire qu'elle ne s'était pas affiliée au saint ordre, et il y avait bien une raison. Dernièrement, l'apparition d'un démon nommé "Bélial" avait sû attirer son attention, et ainsi, elle avait voyagé dans les landes afin de recueillir diverses informations, changements et autres tant dans la cité que dans la nature. Ainsi, la momie de tissus en était dans cette région à observer les possibles signes d'un passage démoniaque. Un passé lourd d'expérience faisait d'elle un "chasseur" de démon redoutable, si elle en était, bien sûr.

La novice s'était arrêtée une heure, pour manger des feuilles de plantain accompagné d'un mélange d'avocat et de fromage bien crémeux ainsi que quelques noix en morceaux. Elle avait observé le renard polaire apprendre à ses petits les jeux de la chasse avec un intérêt paisible. Les renardaux se mordillaient les oreilles et se pourchassaient avec gaieté autour d'une mère bienveillante. Le mâle ne revint jamais. Disparu. Les tragédies arrivent dans n'importe quelle famille. Humanoïde ou animale. Quelques flocons s'éparpillèrent grossièrement autour, voletant avec paresse.

Un bruit de branches déplacées changea la direction du regard de la momie de coton. Sa tenue aussi pâle que celle d'une pierre, il est probable que dans son immobilité, elle n'ait pas été détectée par l'individu approchant. C'est sans doute ce qui lui valu la survie. La silhouette avançait comme un fauve, de crainte d'être découvert. Soit il était un rôdeur, soit un voleur, soit un assassin. Sa démarche était parfaite, le dos courbé, la tenue impeccable. Mais on ne trompait pas un être qui avait vécu autrefois parmi la mort.

Serrant les rebords de sa toge, elle les releva afin qu'ils ne s'accrochent pas dans les feuillages ou les branches au sol. La Novice replia la toge et enferma le surplus en attachant sa ceinture de corde à sa taille, par dessus les bourrelets de tissus. Ses pieds -nus- s'adaptaient aux caprices de ce sol sauvage et ainsi, les bruits qu'elle faisaient étaient étouffés par l'hymne de la nuit. Une distance respectable la séparait de l'individu, et elle conserva cette confortable position. Instinctivement, la créature savait que quelque chose d'ignoble se préparait.

Au bout de cinq petites minutes, l'individu entra dans une grotte taillé à même la montagne. La Novice arrêta son pas et s'accroupit, cherchant à se repositionner grâce aux étoiles. Mais un cri d'horreur eut sur elle l'effet d'une piqûre, et elle se releva, couru vers la grotte. De sa toute petite taille, elle foula la distance qui la séparait de la grotte en un rien de temps. Des branches ont fouetté son visage et retenu son capuchon, le vent froid a mordu ses mains. Une chouette a hululé au loin, mais qui s'en souciait vraiment...

Après avoir passé de nombreuses années à suivre des enseignements d'arts martiaux avec les moines, la Novice entra dans la tanière et voulu défendre l'être qui se faisait aggresser. Elle passa ses petites mains autour de la tête du demi-elfe. Posa un coude contre l'épaule d'un côté, et aggripa le menton de l'autre, et tourna la tête d'un coup sec. Un "crac" sonore. Mais anormalement amorphe déjà. Une giclée de sang tourna avec la tête de l'assassin, un petit os pointu déjà planté bien loin dans sa jugulaire. La moniale, non sainte, resta surprise. Un réel sursaut lorsque le liquide chaud atteint son visage, prête à se défendre contre l'homme-animal blessé qui se trouvait désormais devant elle. Un mort les séparant.

Tout ce qu'il pu voir du visage de cette nouvelle intruse était deux yeux aux iris si noires qu'elles se fondaient parfaitement avec ses pupilles.


Post by Le pénitent - September 14, 2011 at 12:33 AM

Tout se jouait sur la surprise, quand un homme s'est décidé à ne pas passer de la vie au trépas, il est capable de tout, il n'avait pour se défendre que des reliefs de repas, sa laideur et son odeur... Tout cela n'était donc pas si mal, il était passé déja par bien pire n'est t'il pas ?

Il s'était donc recroquevillé sur lui même, cachant le bout de tibia presque rongé à en faire une pointe, relief d'un repas pris sur le tard. L'assassin était venu à lui doucement quand Abellion avait murmuré quelques mots dans une langage que l'assassin avait déjà entendu, une incantation magique qui avait produit un petit crépitement..

« Que ton corps se crispe et que tu devienne pierre l'espace d'un instant. »
*Le sort avait réussi, d'un coup épuisant toute la puissance et la force qui lui restait, écorchant sa main valide il était venu à tenter de planter le morceau d'os dans la gorge de celui qui était venu l'assassiner mais celui ci était paré à toute éventualité et le charme se rompit très vite, Abellion n'était manifestement pas le seul à user de la magie pour survivre. *

*L'assassin surpris par le sort recula d'un coup bref, on lui avait vendu un contrat facile, un mort déjà presque passé la porte des enfers mais pas une chose auquel il manquait des membres capable de faire un peu de magie ! Il fit un mouvement rapide vers l'arrière pour se mettre hors de portée du coup mais sa tête heurta le plafond de la tanière, sa main trembla et la dague tomba sur son pied.. transperçant sa botte fourrée.. *

Le poison se mélangea au sang et le fit périr en quelques minutes, minutes qu'Abellion mit à profit pour lui planter l'os dans la gorge à plusieurs reprises. *
« Tu va mourir ! Tu va crever ! Je vais vivre ! Vivre ! Parce que ma vie est plus importante que la tienne ! »*

*Il en était entré dans une furie, s'écorchant la main à donner des coups dans le corps qui était resté debout, les nerfs tenant l'individu dans une position humaine, debout, les yeux révulsés et la bave aux lèvres, mousse blanche qui se melait à la blessure béante qui ornait sa gorge... *

*Puis il vit la tête de l'homme faire un quart de tour sur la droite dans un horrible craquement.. et il la vit . Elle et ses yeux noirs .. d'un geste bref, il se remit en garde.. Cette fois.. plus de composants.. plus de surprise.. juste deux animaux dans la même tanière, prêts à tout... *


Post by Hydre - September 14, 2011 at 12:49 AM

"Ne bouge pas."

Que dire à un homme qui lutte pour sa survie et dont l'instinct a pris le dessus...

"Je ne suis pas avec lui"

C'est évident, idiote.

"Je veux dire, je ne suis pas envoyée pour m'assurer que son travail est bien fait..."

Bien sûr, on ne gagne pas la confiance d'une personne en quelques phrases toutes construites, encore faut-il prouver à l'autre ses intentions. Je lève mes mains, afin qu'il les voie. Personne ne les a vues depuis des années. Deux mains grises, dévoilant ma bâtardise. Des bijoux magiques puissants au poignet et aux doigts. Déjà, il sait que je ne suis pas un moine classique d'un monastère, malgré les apparences. Je vois une forme de dédain, mêlé d'une méfiance accrue dans son regard. Je devine son racisme, mais je n'en fais pas de cas, dans l'état qu'il est, il apprendra à être reconnaissant, malgré tout.

"Je suis novice au monastère de Sytéria. Je m'occupe de l'infirmerie."

À son état, il y a peu de choses que je peux faire. Je sors alors les quelques délicieuses grignottines que j'avais alors emportées avec moi pour mon périple. De la nourriture riche et grasse, tout ce qu'il faut pour survivre confortablement dans un milieu froid et hostile. Je tend alors les feuilles de plantain et ma tartinade d'avocat, de fromage mêlé aux noix.

"Mange un peu... Reprends des forces."

Je m'installe alors en petit bonhomme, tout de même prête à réagir. Il se rapproche, pour la nourriture...?


Post by Le pénitent - September 14, 2011 at 1:08 AM

*Rien n'est plus à perdre, elle m'agite des plats gras moi qui n'ai mangé que des racines.. moi qui ai le ventre et les intestins infestés de vers à cause de la viande crue que je dévorais à peine passée à la flamme pour préserver m'avait t'il dit la vitalité. Moi qui me régalais d'un grimoire vieux de plusieurs siècle, je me vois jeter loin l'os qui me servait de protection car je sais que je n'ai de toute manière plus la force de m'en servir.. je m'approche de la main tendue et je saisis le repas rapidement, le serrant au plus fort de ma main valide. Je ronge le repas, véritable plaisir, intérieurement je jouis de ce plaisir mais mon œil ne la quitte pas, seul, fixe, visé dans un réceptacle noir, à l'inverse de l'autre disparu qui a laissé un magma rose clair au fond de mon orbite.. je me suis déjà habitué à ce champ de vision restreint.. de toute manière je vois encore... *

*Moi.. Abellion Lunenoire, je mange un repas assis par terre, dans la boue, dans la bave et le sang d'un mort.. un repas donné par une demi sang qui a pitié de moi. Moi qui l'aurait quelques semaines plus tôt jeté en bas d'un cheval sous prétexte que les animaux n'en montaient pas d'autres... Je me hais, je me déteste mais j'ai tellement faim. *

*Elle me parle, je fais semblant de ne pas la comprendre, elle me détaille, elle regarde ma main manquante ou la chair a donné une couleur plus blanche malgré la crasse qui couvre la blessure, malgré les traces de terre qui m'ornent le corps... malgré les animaux et les nuisibles qui peuplent mes cheveux qui étaient d'un blond vénitien et qui maintenant sont noirs et raides de crasse. Ma voix ne s'est plus fait entendre depuis la .. rencontre avec les corbeaux et avec Stensa... Ma gorge gratte et... *

« Merci. »
*Le mot est sorti comme un murmure rauque, avalanche rocailleuse de pierre dans une montagne, écho assourdissant d'un éboulement de terre. Grave, rocailleux, sombre.. comme l'être qui l'a prononcé. Homme transformé en animal par d'autres hommes, d'autres femmes.. Semblant avoir perdu le peu d'humanité qui lui restait. *

*« Novice au monastère de systéria. Je ne crois pas en ce que tu prêches. » *
L'utilisation des mots n'est pas celle qu'un sauvage en ferait, l'apparence de l'homme est bien celle qu'on se ferait d'un homme bête mais celui semble plus cultivé qu'il n'y parait. Impossible évidement de dire qu'il y a quelques mois encore, la chose a qui il manquait des membres et des organes se tenait derrière un bureau en train d'étudier la sorcellerie et les arcanes. Quelle déchéance. Je la regardais et elle me détailla, j'attendais juste quelques mots de sa part pour comprendre ce qu'elle pouvait m'apporter. Aide, réconfort ou un repas pour plusieurs semaines.. le regard de l'homme se posa sur ses avants bras puis sur la braise... Quelques heures de cuisson tout au plus et elle serait délicieuse.

« Vous ne devriez pas être ici. Ce n'est pas un endroit ou les novices doivent s'aventurer, rien ici n'est une ode à celui que vous prêchez. »
*La phrase était tombée comme un couperet sur une main. Franche et directe. *


Post by Hydre - September 14, 2011 at 5:16 AM

"Merci."

Je m'attendais à devoir faire davantage de préliminaires avant d'avoir droit à de telles politesses. Peut-être l'avais-je surestimé. Quoiqu'il en soit, le voir dévorer mes quelques pitances avait quelque chose de rassurant. Presque maternel. Je ne m'étais pas retrouvée dans une telle situation depuis bien longtemps. La voix de l'animal devant moi est rude et rudimentaire. On pourrait aisément la comparer à un grognement ours ou quelque chose y ressemblant. Il ressemble d'ailleurs presque aux sons qu'il expire. Son corps désormais handicapé de manques flagrants est puant et laid. Sa malpropreté m'alerte à la maladie. Ses cheveux sont si crasseux qu'ils sont pris en un pain brun texturé. Il n'y avait que son oeil vif au regard aiguisé qui me rappelait que je n'avais pas à faire à un animal, ainsi, je m'étais convaincue que je ne le traiterais pas comme tel. Alors que je continuais mes observations, il reprit parole:

"* Novice au monastère de systéria. Je ne crois pas en ce que tu prêches. *"

Un délicat sourire vient orner mes courtes lèvres. Le voile opaque qui recouvre mon nez et ma bouche se froisse légèrement lorsque j'étire mon visage. Je n'en attendais pas moins de lui. Vraiment, un homme crasseux, qui vit dans une grotte entouré d'ossements de tous genres, qui semble avoir cannibalisé d'autres êtres de son espèce, après qui un assassin cours et qui parvient à se défendre à coup d'un os élimé. Franchement, ça n'a rien de Thaarien. Je le regarde à nouveau. Mes yeux noirs comme les abysses parcourent encore son allure. Ses vêtements ne sont visiblement pas faits pour lui, trop grands, superposés. Le moignon à son bras s'agite étrangement lorsqu'il réfléchit ou qu'une émotion forte semble le secouer. Comme les tics nerveux, lorsqu'on tend à serrer le poing et que le poignet replie. Il fait pitié à voir. Mais je n'ai jamais eu tellement pitié des gens. Je crois plutôt au karma.

Ceci dit, il réitère, plus sérieux que jamais:

"Vous ne devriez pas être ici. Ce n'est pas un endroit ou les novices doivent s'aventurer, rien ici n'est une ode à celui que vous prêchez."

Sa phrase, si sûr de lui. Si convaicu, faussement fort, franc et direct. J'en ai eu envie de rire. Vraiment. Je le regardais encore, mais il est probable qu'il ait senti à quel point sa phrase me paraissait ironique tant mon regard a changé.

"Vous avez raison, ce n'est pas un endroit où les Thaariens devraient s'aventurer. Mais c'est probablement le seul point où vous avez raison. Les moines doivent-ils tous être Thaariens et naïfs? Croire en la bonté de la lumière et à l'avènement de la pureté immaculée? Vraiment. De toute évidence, cette personne est venue ici pour vous tuer. Si vous restez ici, il en viendra d'autres. Ça ne semble pas être l'une de vos connaissances, il s'y serait prit autrement. Vous avez des ennemis. Un assassin prend rarement ses propres contrats, du moins, les vrais, les professionnels. C'est trop facile de remonter jusqu'eux ensuite."

J'émit une pause, je le voyais assimiler mes propos face à mon apparence moniale. Puis je repris, le laissant à ses impressions.

"Je vous donne ce choix maintenant: Vous laissez votre nom dans cette grotte. Vous pourrez toujours revenir le chercher lorsque vous serez prêt à nouveau. Vous viendrez avec moi, au monastère. Vous serez logé, nourri. Mais en contre-partie, vous devrez travailler, sans jamais vous plaindre. On ne pensera jamais venir vous chercher en cet endroit, au nom de l'Asile. Je ne suis pas l'une de ses suivantes, contrairement à ce que vous avez pu croire. Mais même au sein du monastère, tous ne sont pas forcés d'être loyal envers le lumineux. Choisissez donc maintenant: soit vous me suivez au monastère, soit je vous abandonne ici à votre sort. Je n'aurai ensuite plus aucune pensée pour votre carcasse, aucun regret ni aucun remord."

Je me suis ensuite accroupie, pour vider les poches de l'assassin mort. Cherchant une trace de son employeur, de son passé, quelque chose, n'importe quoi. J'ai retiré son capuchon, défait les boutons de son ensemble. Je l'ai allégé de ses armes, mis à nu. J'ai cherché des marques. Cherché des tatouages. Cherché une trace même infime de la goutte. La Goutte...


Post by Le pénitent - September 14, 2011 at 11:32 PM

La fouille des poches de l'assassin ne donna pas grand chose, comme tout assassin qui se respecte il avait probablement caché des effets à l'extérieur et n'avait emporté que le strict nécessaire. Sur le corps de l'homme, aucune trace de tatouage clanique, aucun signe distinctif autre que des marques que le métier lui avait apporté. L'homme fut nu en quelques minutes, retourné, vérifié, consulté... Elle semblait chercher quelque chose, il se désintéressa du cadavre pour la détailler elle.

Les reliefs du repas furent terminés, Abellion la détailla un instant, mesurant la force du vent à l'extérieur, le corps mort qui le séparait d'elle et mesurant ses paroles qu'il avait pris le temps de réfléchir. Il avait lu dans un traité t'sen que chacune des décisions importantes de la vie devaient être prises en moins de sept souffles. Il en compta alors six et sa voix s'éleva à nouveau dans la caverne humide qui leur servait de repaire.

*« Je ne vous demande ni regret ni remords, nous dirons qu'Abellion Lunenoire est mort dans cette grotte. » *
*La voix n'était pas sûre d'elle, il se redressa doucement et pris la dague de l'assassin. En quelques minutes, il lui manquait une main et quelques instants plus tard un oeil. D'ici quelques jours, les animaux sauvages auraient fait leur office... les sangliers sont friands de viande, ils ne laissent que les cheveux et les dents, c'est ce qu'il avait remarqué lorsqu'il avait visité des peuplades sauvages proches du mur de son pays. *

*« Le monastère... » *
*Un moment de réflexion feint pour une réponse déja faite, il ne tiendrait plus une semaine dans son état, elle le savait, il le savait, il ne résisterait pas et n'aurait pas d'autres chances. *

« Dans quelle direction est votre monastère ? »
*La réponse était donnée, il se redressa doucement et s'approcha d'elle, son odeur était insoutenable, mélange aigre de sueur, de crasse et de viande avariée qui se mêlait à son haleine. Il empoigna de sa main valide quelques vêtements qu'il passa au dessus de ceux qu'il portait déjà, il ne ressemblait à rien... mais il ne savait pas ou il était et ne savait pas ou elle l'emmenait. De toute manière si c'était un assassin, elle l'avait déjà empoisonné. Mourir pour mourir... *


Post by Hydre - September 15, 2011 at 12:20 AM

La fouille fut aussi infructueuse que je l'avais imaginée. C'était à la fois une déception et un soulagement. Je relevai le visage vers l'homme et il m'a cité ses intentions. Entre deux souffles, il bougea de peu et prit la dague qui avait failli lui coûter la vie. Je ne me sentais pas à l'aise qu'il tienne un tel objet, bien que, je le devinais, il n'aurait pas la vigueur nécessaire en ce moment de l'utiliser contre moi. Moi, qui contrairement à lui, était au sommet de ma forme. Non, j'ai senti de la résignation.

Sommes toutes, je n'avais pas trouvé en ces lieux ce que j'étais venu y trouver à la base, mais j'avais mis la main sur quelque chose de tout aussi intéressant. J'ai tourné le dos alors, prête à réagir s'il osait un mouvement brusque. Et me suis avancée avec douceur vers l'extérieur. Le vent était plus qu'une brise et une longue mèche de cheveux noirs s'enfuit hors de mon capuchon. Un tourbillon fit danser les feuilles près de moi et les bruits de la nature me sont parvenus de nouveau. J'ai fermé les yeux, et ouvert les oreilles afin de laisser venir à moi tous les bruits et rumeurs qui étaient proche de nous.

J'entendais le souffle du nouveau novice. Il était rauque, comme un râle, une plainte. Je sentais aussi sa présence. Il se démarquait bien plus qu'un putois lors d'une journée de canicule. J'avais l'impression d'avoir les pieds en bordure d'un dépotoir. Pour ne pas mourir sur place, j'ai fait quelques pas supplémentaires vers l'avant, il m'avait posé une question. Je me suis donc retournée, dénouant la corde qui me servait de ceinture afin de laisser les rebords de ma toge retomber vers le sol. Les pans de ma robe moniale étaient secoués par le vent farouche et mes cheveux venaient me voiler le visage par moments. J'ai sorti mes mains -tatouées- de mes manches et je me suis accroupie, afin de tracer au sol de nombreuses runes. Avant d'incanter, j'ai relevé le visage vers lui, mon regard s'est posé dans le sien, m'assurant qu'il était convaincu du choix qu'il venait de prendre.

J'ai pu imaginer le battement de son coeur, il a hoché de la tête. Alors j'ai incanté les arcanes et les sigles sur le sol se sont mises à briller d'un aura bleuté. Comme une rivière qui s'écoule, l'onde bleue a coulé de chaque rune pour se rejoindre au centre du cercle tracé, en dessinant une étoile. Puis, une fois toutes rejointes, la mare s'est matérialisée peu à peu dans les airs, pour offrir un portail magique vers le lieu de notre destination. Le chemin était tracé. Je suis entrée la première, en direction des portes du monastère.


Post by Asphodèl du Typhon - September 15, 2011 at 1:17 AM

Le petit enfant mangeait un cadavre de lapin. Il croquait à pleines dents dans la chair crue, arrachant quelques morceaux de fourrures. Il n’avait même pas pris le temps d’écorcher sa proie. Il n’était vêtu que d’un pantalon en lambeaux. De loin, Jon put distinguer son corps famélique, et sa colonne vertébrale saillante. Sa décision fut de laisser Maekar manger en paix. Ce dernier mit peu de temps à achever son délectable repas. Autour d’eux les arbres semblaient menaçants, leurs ramifications sombres et complexes occultaient presque tout du ciel. Ils créaient une nuit artificielle propice à l’intimité la plus noire. L’enfant sentit très bien les pas de Jon résonner au sol. Il approchait, et les nouvelles n’étaient pas bonnes.

« Je l’ai pisté jusqu’au Nord. Un assassin est venu dans son refuge… »* commença Jon, sans perdre de temps en salutations inutiles. *

Maekar se dressa du haut de son petit mètre vingt. Ledwynn cacha mal sa surprise et son dégoût en découvrant pour la énième fois le cadavre ambulant du gamin. Ses joues s’étaient creusées et ses cernes y pendaient lâchement, noircies par le pourrissement. Quant aux gerçures de ses lèvres, elles formaient des crevasses rougeâtres qui offraient avec provocation un semblant de vie au milieu de ce portrait morbide. Le sang barbouillait indécemment son torse juvénile et son faciès sinistre, allant jusqu’à graisser ses cheveux sombres comme l’ébène.

« - Une femme s’est portée à son secours. Je ne suis pas intervenu. Ils sont repartis ensembles, me semble-t-il. Je crois que pour la face du monde, Lunenoire est mort. 

-** C’est terriblement rageant.** »

*La voix fluette du garçonnet raisonna étrangement dans l’air. Au travers de ses yeux vitreux et sales brillait une flamme de colère. Jon déglutit et préféra le silence à tout autre commentaire. Maekar fit quelques pas, foulant de ses pieds nus les feuilles qui agonisaient au sol. *

« - **Préviens ma fille du sort néfaste de son cousin. Ne te montre pas, envoies-lui une missive. **

Jon inclina la tête et prit congé de son acolyte. Quant à Maekar, il s’accroupit seul, ricanant ses méditations. Jusqu’à ce qu’un lapin passe de nouveau sous son nez. Il bondit à sa poursuite : «** Petit lapin, viens me voir…. **»

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Post by Le pénitent - September 15, 2011 at 11:42 PM

Le portail s'était dressé devant lui, inconsciemment il l'avait laissé prendre le pas dans celui ci, il avait entendu bien trop de choses en rapport avec ce genre de portail. Vous vous trouviez téléporté à plus d'une centaine de pied de haut ou encore sur les ruines d'un vieux bâtiment cerné par des élémentaires. Non, très peu pour lui ce genre de risques. Il anticipait sa vie dans le calme d'un prieuré ou il pourrait faire ses recherches et ses études au calme en échange de quelques heures de travail par jour qui lui servirait à continuer à garder une vie saine.. tout semble presque idyllique. Simplement peut être ignorait t'il tout ce qu'il se tramait à l'intérieur de la cité, il valait même mieux pour lui. Soudain, sa concentration fut brisée, rien qui puisse avoir un rapport avec le portail ou un autre sort magique, simplement un trait décoché dans son esprit. Ce n'était pas la voix qu'il avait déjà entendu au fond de sa caverne c'était pire que cela... Bien pire..

Un flash apparut devant ses yeux, tout fila et il se retrouva seul au milieu d'une immensité blanche, un peu comme le décor du nord mais en immaculé, ciel et terre étaient de la même couleur alors qu'il y a une seconde encore il se trouvait aux portes du monastère, accompagné d'un doux son du clocher qui appelait à la prière ou à la soupe, lui même ne savait pas.

De l'immensité blanche, sorti de nulle part émergea un enfant, il devait avoir trois ou quatre ans. Il tenait par la patte arrière un lapin qu'il balançait comme si il s'agissait d'un sac de poils. Arrivé à quelques pas il sourit à Abellion et porte le lapin à sa bouche pour en croquer une belle bouchée. C'est la bouche pleine de chair et de poils qu'il commenca sa phrase.

*« N'oublie pas .. le sang.. c'est important. Je viendrais te le rappeler souvent si tu ne le prends pas.. et regarde.. ceci n'est qu'un exemple. » *
*Il croqua de plus belle dans le lapin et chaque trace de dents qu'il marquait sur l'animal mort avait la même influence sur le bras de l'homme, les morsures se firent nombreuses, profondes et très douloureuses. *

*Le gamin disparu en ricanant et le décor repris son allure normale, la cloche sonnait encore et il détaillait celle qu'il venait de suivre. Dans sa toge, elle lui tenait la porte ouverte vers le monastère. Quelques pas plus tard, il avait droit à une cellule, un bac d'eau qui une fois entrée en contact avec sa peau se changea en boue. Seules les marques de dents restèrent bien présentes... *

« Il me faut voir ma cousine.. rapidement. »
*C'était manifestement devenu son but premier dans son existence, il en fit part à celle qui l'avait sorti de sa tanière quand il la vit pour la premiere fois après son retour. *


Post by Hydre - September 16, 2011 at 12:14 AM

Dans le monastère...

Au delà de la porte qui fermait la cellule d'Abellion, des chants grégoriens s'élevaient. Une mélopée égale et douce. Elle était assourdie par les murs les unissant tous deux. L'eau gouttait alors que je l'aidai à faire sa toilette. C'était un mal nécessaire si je devais le soigner. La tête penchée vers l'avant, je grattais son cuir chevelu, pour en chasser la terre et les poux, s'il y en avait. Avec une seule main, cette tâche devenait plus complexe, j'en étais pleinement conscience. Et malgré les protestations qu'il eut émises, je ne lui en laissai pas vraiment le choix. J'ai utilisé un bol pour verser l'eau sur sa tête, retirant par ce geste simple les saletés et huiles parfumées qui résidaient encore à sa tignasse rousse.

Un soupir s'échappa de sa bouche, ou bien de soulagement, ou bien de honte de devoir se faire donner sa toilette ainsi. Quoique je ne le sache pas encore, mais il y avait probablement été habitué dans un passé plus ou moins lointain. Une fois ma tâche terminée, je lui ai tendu un drap de bain d'un blanc cassé et me suis retournée. J'entrepris de faire une étincelle grâce à des pierres de feu et ainsi allumer un bâton d'encens. Je laissai la fumer monter en diverses volutes dansantes jusqu'à ce qu'elle forme des arabesques disparates dans l'air qui nous entourait.

J'écoutais le bruit du tissus qui frottait contre son corps meurtri et déjà, il m'annonçait ses intentions.

« Il me faut voir ma cousine.. rapidement. »

Je ne lui répondit que d'un gromellement, d'abord. Les lèvres pincées, j'inspirai profondément puis ouvrit la parole à mon tour.

"Enfilez le pagne propre sur votre lit. Si vous avez du mal, laissez-le moi savoir, je vous aiderai."

Une pause, il insista sur sa demande.

"J'ignore ce que vous avez fait, et pourquoi. Vous me le direz probablement un jour, lorsque vous serez prêt. Je sais cependant que déjà, les rumeurs disent qu'un homme répondant à votre description actuelle est recherché. On m'a dit qu'on offre dix milles écus pour la tête de cet individu. Moins de gens sauront où vous vous trouvez, mieux ce sera pour votre survie. Ceci dit, si vous voulez courir dans la gueule du loup, je cesserai de vous couvrir. À ma connaissance, et j'ai vu beaucoup de choses au bout de mon centenaire, la plupart des histoires d'assassins se passent dans une même famille.

Maintenant, si vous avez vraiment besoin de la rencontrer, je ne souhaite pas être citée ni retracée. Car je fus exactement comme vous, il y a plusieurs années..."


Post by Le pénitent - September 16, 2011 at 9:52 PM

http://www.youtube.com/watch?v=pqaARDsiJv4

*Le son des chants avaient envahi l'endroit, variant sur un autre registre, il avait terminé ses abblutions non sans mal assurément puisque c'était la première qu'il prenait en tant.. qu'infirme. Sa fierté en pris un coup sur le moment, sachant qu'il ne serait plus jamais celui qu'il avait comtemplé dans une glace, qu'il ne serait jamais que cet infirme à la maniabilité réduite, au champ de vision très court... Tout une vie qui partait en lambeaux tout cela pour sa cousine, le pire.. c'est qu'il avait besoin d'elle maintenant.. plus que jamais. *

*« Ce n'est pas une question de choix, il me faut la voir... il me faut de son essence vitale, de son fluide sanguin. Je n'ai pas à vous en expliquer le pourquoi, uniquement qu'il en va .. de ma survie.. sinon tout ce qui aurait été fait ne rime à rien. » *
*L'homme lui faisait maintenant face, il pris quelques secondes pour prendre en charge les informations qu'elle lui avait donné, dix mille pièces pour sa capture, dix mille pièces pour sa tête. Intéressant de savoir que sa tête valait autant, assurément qu'ils ne connaissaient pas ce qu'elle contenait pour en estimer autant. *

*« Je doute survivre longtemps au dehors, il y a t'il une personne de confiance qui pourrait me rendre quelques services en échange de.. » *
*Un moment de silence s'en suivit, uniquement meublé par les chants et le bruit des gouttes d'humidité *

*« Rien en fait, mis à part ma personne et mon savoir, je ne dispose de rien. Pourtant il me faut de son sang. Rapidement. En quantité.. » *
*L'analyse était brève et directe, assurément il avait pensé à la chose ou il en souffrait déjà du manque pour être aussi affirmatif. Il passa donc la toge qui était posée sur le lit et il se détailla dans le reflet boueux de l'eau dans laquelle il s'était lavé. Son poing était crispé, ne se reconnaissant aucunement dans le reflet de l'eau, il tremblait de rage... *

*« Basse ville, je te purifierais par le feu si tu n'a pas ma peau avant.. tu m'a amputé d'une main et d'un oeil, je t'en prendrais cent fois plus.. » *
*Le murmure s'était emporté en parole plus haute, le coup de l'émotion de n'être plus qu'un infirme emplit de haine et dont la survie dépendait d'une autre... de son sang. *


Post by Asphodèl du Typhon - September 16, 2011 at 10:38 PM

Asphodèl peignait ses cheveux. Le mouvement était lent et mécanique. Elle fixait son reflet dans la glace sans l’apercevoir réellement. La colère brisait son être. Quelques fils d’or et d’argent quittaient parfois sa longue chevelure, emportés par les dents du peigne. Le pourpre de ses prunelles avait pris une intensité étrange, plus sombre et refusait toute lumière. Pourtant, elle rayonnait. Ses traits angéliques s’alliaient à son physique d’innocence et de pureté. La carnation de sa peau demeurait laiteuse, sauf peut-être ses joues rougies aux pommettes hautes.
Dans le miroir lui apparut une ombre; près de la fenêtre derrière elle. Asphodèl arrêta la progression du peigne. Elle reconnut aisément Abellion, mais savait que ce n’était pas lui. Bientôt, l’homme se trouva dans son dos et la toute blonde se persuadait qu’il n’était pas Lunenoire. Doucement, il écarta la crinière platinée d’Asphodèl pour libérer sa nuque blanche, et mettre à nu sa gorge gracile. Ce simple contact provoqua un frisson glacial le long de son échine, cassant un à un ses vertèbres.
Elle saigna du nez. Un fin sillon carmin en coula, ruisselant calmement sur ses lèvres pâles.

Le peigne heurta le sol dans un fracas sourd.

Abellion se dévoila entièrement dans le miroir, désormais penché sur sa cousine. Il présenta aux lèvres de la belle, une grenade qu’elle considéra longuement. Cette offrande n’était pas sans la troubler. Et en admirant leurs reflets dans la glace, Asphodèl mordit à pleines dents dans le fruit maudit. Le jus coula indécemment, aspergeant son petit menton et traçant des larmes rougeâtres le long de son cou.

Le goût était indescriptible.

*Les rayons du soleil l’accueillirent innocente au petit matin. Elle était étendue au sol de sa chambre, réchauffée par la fourrure polaire qui ornait le dallage marbré. L’odeur du sang venait de la réveiller, mais ce n’était pas le sien. Il était trop précieux. *
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Post by Adjakyee, Ind - September 16, 2011 at 10:41 PM

Loin, plus loin, dans le Nord lointain, il était une grotte.

Près d'elle, le vent mugissait dans la construction pâle, et monolithique.

Deux sombres silhouettes s'y étaient avancées.

Près d'un tas de chair gelé, faiblement couvert, ils avaient devisé.

Et à eux deux, ils avaient extirpé la chose hors de la grotte, le cadavre rigide et couvert de givre avait été trainé.

Le vent effaçait dès lors, près de la Montagne, les traces de leur passage. Derrière eux, près des nids de drakkons, était laissé un monticule de glace, de neige fondue et gelée, et de roc entassés et damés. Coupant aux bêtes sauvages le flair de ce qu'il y avait dessous, et si elles pouvaient bien sentir ces chairs gelées, compliquant leur tâche de creuser.

Dans le terrier, plus de cadavre de demi-elfe. Plus rien d'autre, que le vent qui mugissait dehors comme une bête sauvage.


Post by Garibald Adalard, Ad - September 17, 2011 at 1:23 AM

Il la toisait du regard, lorsque celle si sorti de la caserne. Il n'y croyait pas. Pas un traitre mots de se qui fut de leurs discutions. De cette petite interrogatoire. Une femme qui se montrait vulnérable, se cachant de sorte sa vrai personnalité, en jugea t'il.

Les portes de la casernes se refermèrent par ses soins. Il s'avança au dortoir à la rencontre de ses hommes. Ces anciens membres de la Meute, de bons rôdeurs en qui il avait pleine confiance. Il fut leurs Chef de Meute, il était encore leurs dirigeant à titre de Caporal dans l'Armée, il avait acquis leurs respects.

Messieurs, vous partez dès que vous êtes prêt dans le nord. Je laisse à vos dispositions une carte avec les coordonnés nécessaire. Vous allez vous planquez au tour de cette grotte. Ne vous faite pas voir, comme vous savez le faire. Vous y demeurer jusqu'à demain, à mon arriver. Qui compte entrant ou sortant de se lieu doit être intercepter et mener à nos geôles. Il en va de l'affaire Abellion. Plausible que je vienne au soir, voir se qui en est.

Je ne peu pas être plus claire.

Il remis au meneur des cinq, la carte possédant la future destination. La grotte ou se retrouvait le sois disant cadavre d'Abellion.

Ces ainsi, que le petit groupe quittèrent la caserne en direction du nord...


Post by Hydre - September 17, 2011 at 5:57 AM

Il n'avait pas eu à s'expliquer longtemps. Son agitation exprimait beaucoup plus que son verbal. Quelque chose clochait. Quelque chose de grand, de gros. D'impossible à cacher. Le pacte. Oh, je connaissais plusieurs alliances de sang. J'avais déjà vu des cas similaires par le passé. À noter l'impatience de mon jeune sujet, un sourire se dessina à mon visage. La souffrance de mon camarade avait quelque chose d'agréable. Quelque chose de trop doux et de trop sucré pour être comprit ou décrit pour les oreilles de chastes Thaariens.

Je le laissai s'observer. Il était laid à en pâlir. Défiguré. S'il avait déjà été beau, je l'ignorais. Bien que la demi de son visage qui restait intact n'était pas désagréable à regarder, il restait un infirme. Le silence dura plus longtemps que je ne l'eut souhaité. Si bien qu'une pensée s'échappa de ses lèvres, à son insu. Je m'abreuvais de sa souffrance.

"Croyez-vous votre cousine capable de suivre des indications précises, et seule ?"

Je réfléchis un instant, il y avait peut-être un moyen...

"Si tel est le cas, nous pourrions la mener à un endroit précis sur l'île par le biais de portails magiques. Mais il faudrait qu'elle soit absolument ponctuelle. Je saurais très bien disparaître le temps nécessaire sans être vraiment partie. Tout juste le nécessaire pour n'être jamais vue ni citée."

Je relevai le regard vers lui, replaçant le capuchon sur sa tête, afin de l'arracher à ses cruelles observations. Bien sûr qu'il était laid. Prolonger sa vision ne servirait strictement à rien sinon de le déconcentrer de son but premier.

"Arrêtez de vous morfondre. Vous êtes monstrueux, c'est vrai. Un homme véritable sait accepter la transformation de son corps comme le trophée d'un combat gagné. Qu'il ait eu le dessus ou non sur son adversaire. Un homme a gagné s'il n'a pas péri, c'est la seule vérité qui doit subsister...

Mais je peux tout de même arranger une partie de ce qui est brisé. J'userai de mes contacts pour vous trouver un oeil de verre. Ainsi, vous serez plus difficile à retracer, face à l'avis qui a été donnée. Pour votre main, il faudra voir. Un membre ne repousse pas... naturellement.

D'ailleurs, montrez-moi votre oeil valide, je noterai la couleur dans ma missive, afin que ce soit ressemblant."


Post by Le pénitent - September 17, 2011 at 12:22 PM

Il se retourna, dans l'ombre de sa capuche, un seul œil brun brillait du feu de la vengeance, de la haine de ce qu'il était devenu, cet œil aurait pu mettre le feu à la basse ville seul tellement il était emplit de rage. Ses mots se firent grave, comme si depuis son séjour en l'extérieur de la cité, à partager une grotte avec des animaux sauvages, à manger les restes des proies que eux avaient chassés, à dévorer des cadavres humains pour ne pas périr, a tailler dans les chairs avec un silex puis les amener à la flamme pour ne pas manger la viande crue, a faire ses besoins dans un coin de la grotte qu'il habitait, comme si après tout cela... il n'était plus celui qui avait visité la rose cendrée dans l'espoir de tester une potion.

*Sa voix rocailleuse, chargée de mépris pour tous les autres êtres vivants qui n'avaient pas partagés de telles épreuves, pris la parole dans l'endroit. Le son résonna un peu contre les murs de pierres quand il s'adressa à elle. *

« Je crois ma cousine capable de beaucoup de chose, son alliance avec De Nogar l'a prouvé je pense. Ne vous mettez pas dans l'embarras pour moi, je vais voir ce que je peux faire seul dans un premier temps. »
*Dans l'ombre de sa capuche, ses lèvres articulaient des mots doux lorsqu'il évoquait sa cousine, il se mordit la lèvre inférieure et poursuivi sa phrase en s'approchant de la novice. Son odeur s'était maintenant transformée en odeur de lavande et de lin, huiles essentielles qui avaient été mélangées à l'eau de son bain. Baissant la capuche il lui montra la couleur de son oeil... brun... l'autre orifice était noir comme son cœur, remplit d'une mousse rose clair qui accentuait le manque de l'organe. *

*Quelques pas furent fait dans la cellule de moine, quelques pas légers, l'homme avait vécu comme un animal traqué pendant un temps certain et cela lui avait laissé des habitudes de bête, il se pencha vers ses bottes dont une odeur de décharge et de chair nécrosée se dégageaient pour y plonger la main et en sortir un feuillet noir de crasse, tordu, déchiré mais complet. *

*« Tout à commencé quand j'ai ouvert ce livre et que je me suis mis à l'étude de ceci il y a plusieurs semaines maintenant. C'est dans cette voie que je me suis avancé. » *
*Sa main valide lui tendit le feuillet, les quelques feuilles tremblèrent entre sa main et celle de la novice. C'était assurément important pour lui. *


Post by Hydre - September 17, 2011 at 3:29 PM

Je me suis approchée pour bien voir son oeil. Il pu, à cet instant précis, voir tout le haut de mon visage. Nous étions plus près que ce que je permettais normalement. J'ai sorti une main de ma toge pour la poser sur la joue de l'homme. Non pas comme une maîtresse le ferait à son amant, mais plutôt comme un médecin le ferait à son patient. Je mesurais la taille de l'orbite, à l'oeil, j'imaginais la circonférence. Puis mon regard vacilla de l'orbite vide à celui plein. Mon regard plongé dans le sien, j'évaluai la largeur de son iris. Je notai tout mentalement.

J'avais gardé le silence depuis qu'il avait, une dernière fois, évoqué sa cousine. Peut-être avait-il pu détecter l'amertume mêlée a la colère qui s'était emparée de moi. Quoiqu'avec les années, j'avais appris à masquer toute émotion sortant de mon esprit. Une faille était toujours possible. Néanmoins, je continuai mes observations, j'avais des plans. Et je ne devais plus me laisser distraire, non plus. Même si la distraction venait souiller un tant soit peu ma mémoire, celle de qui je fus, autrefois. L'orgueil.

J'ai baissé le regard alors que le sentiment m'inondait, le temps de le chasser dans un recoin de mon coeur. Puis je me suis redressée, abandonnant le visage du pénitent. Un soupir est mort au montant de ma gorge et mes pensées s'enfuyèrent bien loin de cet endroit. Elles s'envolèrent dans l'espace, dans le temps, en quelque part dans d'autres contrées aux landes baignées dans le sang. Auprès d'un fils éhonté, auprès d'une brue délaissée, auprès d'une progéniture indigne et d'un mari mort trop tôt. C'est à mon tour que le poing a serré. L'honneur de mon nom avait été souillé.

Le temps que mon esprit revienne à la surface de la réalité, l'handicapé me tendait un très vieux manuscrit. Je le pris sans distinction. Souvent, les travaux les plus importants passent ainsi d'une main à l'autre, en silence. Je le regardai alors de nouveau, il fallait bien que je parle à un moment ou à un autre. Mon silence n'éveillerait que des soupçons.

"Vous me permettez d'étudier cet ouvrage à la lueur unique de la chandelle de ma chambre? Vous pourrez venir le récupérer lorsque vous aurez besoin de son usage de nouveau."

J'étirai alors un sourire. Un sourire empreint de mélancolie. En cet homme blessé, je parvenais à apercevoir une toute autre silhouette. J'ai alors secoué la tête, ces souvenirs étaient révolus, je devais avancer.

"Ma chambre est celle juste à gauche de la vôtre. L'avant-dernière du couloir. Je dois désormais descendre à l'infirmerie, j'ai des prescription à préparer et des rhumatismes à traiter. Faites tel que vous croyez. Si vous avez besoin de moi ou souhaitez m'assister, je serai à l'étage du bas..."

Je me retournai alors pour poser la main sur la porte, le temps qu'il puisse réagir encore une fois, avant que je ne quitte sa cellule.


Post by Le pénitent - September 17, 2011 at 3:59 PM

http://www.youtube.com/watch?v=mLXQltR7vUQ

Elle allait prendre son matériel précieux, ce carnet de notes qu'il avait protégé autant que sa vie, qu'il avait caché contre son cœur, roulé sous les semelles pour le transporter, découpé en pages volantes parsemées sur lui avant de voir qu'a cause de la sueur certains paragraphes s'étaient collés à sa peau, il en avait tremblé de peur, il s'était arraché des morceaux de peau à frotter à l'aide d'une brosse dure.

Il se souvenait de tout ce qui entourait ces quelques pages, de leur étude au coin du feu, de leur étude dans la tannière alors qu'il luttait pour avoir de la lumière, un coin du manuscrit en était d'ailleurs roussi à l'approcher des flammes pour pouvoir lire. A tracer des signes cabalistiques sur le sol de terre à l'aide d'un baton, à murmurer les incantations doucement pour tenter de faire réagir les ingrédients posés à ses cotés parfois avec succès, parfois sans résultat. Le sang avait accompagné ses pleurs de rage d'avoir échoué, plusieurs fois il avait frappé le mur de sa main, à s'en faire croquer les jointures, rage d'avoir dépensé des composantes pour un résultat si faible...

*Il revint au présent : Secouant la tête il la détailla, il lui devait peut être la vie mais ces documents valait plus que sa vie, ils étaient la suite de cela. Il emboita son pas, se dirigeant lui aussi vers la porte, sa main avait rejoint son avant bras dans ses manches, la tête basse, il ressemblait à tous ces moines, tous ces pénitents dont le monastère regorgait. *

*« J'aimerais que vous preniez le plus grand soin de ces notes, nous pourrions peut être discuter de ce que cela vous inspire quand vous aurez suffisamment pris connaissance de celles ci. Mais je n'ai pas l'habitude de m'en séparer, elles font partie de mon présent. » *
*Les paroles sortirent du capuchon, de l'ombre, de la bouche de l'infirme, l'horrible chose qui n'inspirait que du dégout à celui qui pouvait voir son vrai visage.Ce séjour dans le grand nord lui avait donné une autre notion d'humanité.. différente de celle qu'il pouvait avoir avant, il n'était plus que haine entière, non plus limitée à la notion de races ou de sang... juste un tas nerveux de haine, de colère, de rage posé au milieu d'un endroit ou régnait le calme... *

« Je vous suis. Peut être pourrais je être d'une utilité ou apprendre un tant soit peu une chose ou l'autre. »
*Tant de haine envers le monde qu'il en était presque poli avec une bâtarde, la déchéance était proche. *


Post by Hydre - September 17, 2011 at 9:12 PM

La porte fut poussée. Tout d'abord, je me dirigeai vers ma propre chambre et le laissai entrer. D'un mouvement de doigt, la porte referma par télékinésie. La chambre était aussi sobre que celle de l'homme. Cependant, j'allai glisser mes doigts entre les fentes d'une brique et la tira hors de son socle. Quelques bribes d'un passé lointain y était caché. Parmis les objets, une robe d'un tissus probablement plus riche encore que la famille Lunenoire ait jamais possédée, des parchemins jaunis par le temps et l'humidité ainsi qu'une très étrange sphère noire.

J'ai posé le manuscrit d'Abellion dans le trou, là où il restait de l'espace. Très peu à vrai dire. Puis refermai l'ouverture en ramenant la pierre à sa position initiale. Un regard de biais, je m'assurais qu'il notait l'endroit, un regard soutenu, je vérifiais qu'il ne violerait pas mes appartenances. Satisfaite de ce que je voyais, ou du moins, s'il jouait la comédie, je reviendrais plus tard poser pièges et sortilèges sur ma cachette. Il n'aurait donc aucun autre choix que de me demander son bien par le biais de la parole.

Ensuite, j'ouvrit la marche et le menai à l'infirmerie, au rez-de-chaussée. Là débuterais notre étroite collaboration. Sans le regarder, j'intimai mes premières instructions.

"Commencez par vous nettoyer les mains de nouveau, dans l'armoire, complètement au fond, vous trouverez une serviette roulée avec mes instruments de travail. Vous les déroulerez sur la table, nous avons un cas de gangraine qui arrivera dans un quart de tour de sablier. Ensuite, vous irez dans la pièce qui est située entre la bibliothèque et la cantine. Vous prendrez des racines de ginseng, de la mandragore, une carafe de lait, une jarre d'écorce de sureau..."

J'ai vérifié les ingrédients qui étaient déjà dans la pièce et acquiesçai.

"Oui, c'est tout. Oh, si vous voyez le frère Norbert. Petit rondelet, qui chantonne en permanence et dont le sourire est cousu au visage, dites-lui d'emmener le thé à l'infirmerie..."


Post by Le pénitent - September 19, 2011 at 10:02 PM

Nettoyez vous les mains.. elle en a de bonne la batarde. Il se dirigea donc vers le bassin, détachant ses gants pour laisser apparaitre sa main, blanche comme le lait, abimée par le froid et qu'il soignait avec de la graisse de porc depuis son arrivée. Les instruments étaient roulés dans un tissu de lin beige, ils émirent un tintement particulier lorsqu'il les déposa sur le bureau couvert de pierre, déroulant donc le petit tapis, il dévoila les instruments, brillants d'une lumière douce au reflet du jour naissant.

Une fois cela fait, il se dirigea pour quérir le matériel demandé, il ne croisa personne dans les sombres couloirs du monastère, uniquement une douce odeur d'encens qu'il inspira avec calme, cet endroit était agréable, doux à vivre, malgré les prières qui parfois donnaient l'impression d'être en messe constante. Il repris la route du bureau, se déplacant sans bruit dans sa toge, s'essuyant LA main avant que deux moines apportent le blessé.

L'homme était inconscient ou à la frontière entre la vie et la mort, impossible à savoir. Grand, fort comme un guerrier, le bas du corps couvert d'un drap de coton blanc, il occupait tout l'endroit de part sa présence. Son front était couvert de sueur, ses cheveux blonds collaient en mèches grasses et ses lèvres étaient blanches comme la neige du grand nord. Le drap se leva sur une jambe noire, nécrosée jusqu'au muscle, l'odeur qui s'en détachait était celle d'une charogne que le soleil avait fait presque bouillir.

"Allons y..."
*Le pénitent s’avança et détailla la blessure avec intérêt, il avait déja vu ce genre de blessure... Il tourna la tête vers la novice pour attendre ses informations. Le travail commençait, pendant ce temps, le frère Norbert apportait du thé en souriant, l'état de l'homme ne changea même pas son sourire, manifestement il était habitué. *


Post by Hydre - September 22, 2011 at 12:04 AM

L'univers étrange d'une martyr

"Commençons par gratter la chair nécrosée. Nous devons voir d'abord jusqu'où la gangraine a mangé la jambe."

C'est d'un oeil concentrée que je tendis la main afin que le pénitent me remette mon instrument de travail. Je savais qu'il avait comprit. Je savais également que ce serait le bon instrument qu'il me donnerait. L'outil tendu ressemblait à une forme de cuillère dont le bout bien rond était tranchant comme une lame. Je le pris avec calme et fermeté. Ensuite, de ma main libre, je lui pointai une bassine de bois. Dans la bassine, il y avait un liquide blanchâtre dont l'odeur était à la fois âcre et doucereuse.

"Prenez un linge propre et trempez-le dans cette solution. Ensuite, posez le linge sur le nez et la bouche du frère William."

Ainsi donc, Abellion découvrait que le sujet était un des nombreux moines habitant l'endroit.

"Cela endormira ses sens. Il peut encore crier. Ne troublons pas la paix du monastère."

Alors qu'il obéït aux demandes que je lui fit, je débutai lentement le nettoyage. Des chairs putrides s'échappaient une odeur semblable à celle que mon nouveau protégé dégageait dans la grotte où je l'y avais trouvé. La viande noire s'enlevait mollement comme la fibre d'un fruit trop mûr. Substance gluante, gélatineuse, on pourrait même dire vaseuse. Toujours bien attachée au reste du corps cependant. À chaque fois, j'arrivais à me figurer la tâche comme lorsque l'on retire la fibre et les graines d'une citrouille.

Je travaillais lentement, avec minutie et précision. Je sentais la proximité de m. Lunenoire. Sa discipline et son attention étaient digne d'un apprentissage. Et s'il voulait vraiment avancer dans la voie qu'il s'était promis, il devrait apprendre beaucoup sur le domaine de la médecine. Donc d'un mouvement de tête, je lui désignai un second instrument semblable à celui que j'utilisais, avec un bout plus ovale, qui permettrait d'atteindre des endroits plus exiguës. Ainsi, avec son unique main, il débuterait -ou continuerait- un apprentissage qui serait désormais ardu, grâce à son handicap.

Il se mit donc à gratter les endroits qui m'étaient impossibles à atteindre avec l'instrument que j'utilisais. Nos respirations s'unirent en choeur et la concentration me regagna à un point tel où il me semblait qu'il disparaissait. Ce n'est que lorsque toute la chair nécrosée fut retirée et mise dans un sceau que je suis sortie de mon univers.

J'ai alors nettoyé mes mains, et pris ma tasse de thé. Il était amer et boisé. Un délicat parfum de bouleau s'en échappait. Abellion achevait sa tâche.


Post by Le pénitent - September 22, 2011 at 12:23 AM

http://www.youtube.com/watch?v=EBAzlNJonO8

Il était concentré sur sa tâche, puisant avec le bord tranchant la chair noire, la découpant avec douceur, la receuillant sur le bord de sa cuillère acérée. Le mouvement était lent, assuré dans la préhension de l'objet, pas de tremblement, juste son souffle qu'il coupait alors que la pointe s’enfonçait dans la viande.

Plusieurs fois il détailla le visage de l'homme puis il repris sa tâche, ce n'était pas une chose qu'il était habitué à faire, il avait déjà vu des cas de gangrène mais il s'était contenté à ce moment la d’accélérer les tests qu'il avait à faire avant que celui qui en était atteint ne décède. Ici c'était tout autre chose, il fallait en plus tenir la personne en vie.. tout un défi. Il remarqua à la luminosité que cela avait pris beaucoup de temps, le soleil avait tourné au sein du monastère et remplissait maintenant pleinement l'endroit de la sainte lumière aurait dit un croyant fanatique. Le moine commençait à s'éveiller de sa douce torpeur alors que à certains endroits de la jambe abimée l'on voyait l'os poindre.

Un poids sur mes épaules... Je remarquais qu'elle m'observait, ses mains entourant la tasse de thé, la fumée de celui ci entourant son visage, le noyant dans un nuage de vapeur et inconsciemment je lui esquissais un sourire.

« Je pense qu'il n'est pas prêt de courir à notre rencontre pour nous remercier du travail accomplit. »
*Les mots dépassèrent l'espace de mes lèvres pour emplir l'endroit alors que je me dirigeais vers le petit broc d'eau pour me laver la main et prendre la tasse qui m'était allouée. *

*« C'est quelque chose que vous êtes amenée à faire souvent ici ? » *
*Mon regard se posa sur le seau remplie de matière nécrosée, de chair morte, chose qui semblait pourtant dans cet endroit avoir sa place, tout autant que moi.. tout autant qu'elle... tout autant que nous. *


Post by Hydre - September 23, 2011 at 3:17 PM

Le moine souffre.

Je regarde les pupilles du patient vriller sous ses paupières. De petites gouttes de sueur perlent sur son front, ses joues et son nez. Lentement, elles s'assemblent et tout naturellement, elles redescendent en un rigole inégale qui serpente sur la peau fiévreuse du blessé. Les narines du moines accélèrent leur mouvement, tout autant que le fait sa poitrine. J'incline la tête de côté. Les gens qui souffrent ont cette beauté toute particulière. Cette particularité si dinstincte de ne plus jouer la comédie, d'être vrais jusqu'à la plus profonde partie de leur être.

Je souris à mon tour. Je sens les replis de mon voile se tendre. Une autre gorgée de thé.

Il faut amputer.

À sa question, je ne fais qu'acquiescer.

"Nous avons des cas intéressants et diversifiés tout au long de l'année. Vous verrez..."

Je pose ma tasse. Parmi les instruments, je choisis la lanière de cuir. D'un mouvement presque maternel, je viens caresser le front de mon patient. Je le regarde directement lorsque ma main touche sa peau huileuse. Puis je le quitte ainsi, m'approchant de la jambe. Plutôt que m'en prendre jusqu'à la cuisse, je choisis juste en dessous du genou. D'un mouvement habile, je glisse la lanière sous le creux de la jambe. Puis, d'un mouvement assuré, je serre jusqu'à en couper complètement la circulation.

"En sauvant le genou, nous pourrons nous assurer de lui faire faire une jambe de bois et lui permettre des mouvements plus naturels que si nous lui retirions jusqu'à la cuisse. Préparez un brazier, une pâte de ginseng à base d'avoine et de mousse de sang. Si vous ne savez pas comment procéder, dites-le moi, je vous indiquerai les instructions. Approchez également une bouteille d'un bon rhum qui est sous la table de travail."

Je me suis retournée vers Abellion, pour le regarder cette fois.


Post by Le pénitent - September 24, 2011 at 10:45 AM

Souffler sur les braises, voir la couleur des charbons ardents passer du rouge au blanc, souffler encore et voir des particules de charbon de bois s'envoler doucement, les voir s'étendre dans l'air, les voir s'envoler comme se sont envolés tous mes espoirs, les voir se perdre dans le néant, les voir disparaitre au toucher d'une zone froide et se figer tout comme ce en quoi je croyais.

La barre de fer se glisse entre les charbons, le métal se réchauffe doucement, jusqu'a prendre lui aussi une couleur rouge... doucement.

*Dans l'ombre de ma capuche, mon œil se fait plissé, je m’attelle à la préparation de cette pâte, j'ai déjà touché à ce genre de chose, la mousse de sang et le ginseng ne font qu'un dans la petite coupe que je prépare, le mortier écrase les deux composants, j'y met beaucoup d'effort, comme si je voulais les réduire en miette, comme si je voulais les détruire, j’omets volontairement de prendre la bouteille de rhum sous la tablette, cela ne sert à rien, la douleur sera la de toute manière, ce n'est pas l'alcool qui va l'atténuer tout au plus cela marchera quelques minutes... au réveil elle sera toujours la.. plus présente que jamais, comme le manque.. comme sa jambe qui va lui manquer.. comme ma main me manque... *

*Une fois la pâte terminée, je me tourne vers elle et constate qu'elle me regarde tout en buvant son thé, je dépose le pot sur la tablette et j'attends ses instructions, mon regard borgne se perds sur la lanière de cuir qui coupe la circulation du membre, qui coupe l'afflux sanguin. Couper pour ne pas souffrir à en mourir un principe assez radical mais fonctionnel. *

*« Hé bien, j'attends vos instructions. » *
*La voix qui sort de ma capuche est sombre et graveleuse comme celle d'un mort qu'on aurait déterré. Je vais refaire ce qu'on m'a fait, priver une personne d'un membre. *


Post by Hydre - September 25, 2011 at 4:32 PM

"Vous pratiquerez l'amputation."

Un moment de silence.

"Vous devrez couper bien droit, vous assurer de ne pas déchirer les chaires, juste au dessous du garrot. Mais vous avez déjà fait cela, n'est-ce pas ?"

Je n'attends pas vraiment de réaction, bien qu'il en ait.

"Je m'occuperai d'éponger le sang qui s'échappera, de cautériser et de m'assurer que l'infection ne prendra pas dans la plaie."

Une gorgée de thé, j'entends mon patient remuer.

"Vous vous appuierez sur votre avant-bras, faute de main, pour maintenir la jambe en place. Oh... et faites-vite, il reprend conscience."

C'est donc dans cet atmosphère que j'ai pris la pâte, et ai ramené la lame ardente servant à cautériser près de moi. L'apprenti allait prendre de l'expérience, aujourd'hui.


Post by Le pénitent - September 25, 2011 at 5:00 PM

*Je hochais doucement la tête et m'approchait de l'appareil qui m'était offert, une scie, presque comme celle utilisée par les bucherons et les menuisiers. Si l'on m'avait dit que la nature et l'homme avaient de cela en commun de se faire tailler en pièces par les mêmes outils. Mon avant bras fut posé en amont du garrot, je poussais sur le membre de toute ma force pour immobiliser celui qui était couché devant moi et dont le réveil se ferait douloureux. Dans l'ombre de ma capuche, dans ma barbe se murmurèrent quelques mots. *

« Allons y.. »
*Le geste fut lent, les dents de la scie s'engagèrent dans la chair vive, traçant des sillons sanglants au départ avant de se noyer dans le sang, il coulait tout autour du tracé, ruisselant sur la tablée qu'elle épongeait au fur et à mesure, j'augmentais le rythme pour ne pas vider le corps de tout ce fluide vital que je savais nécessaire en quantité minimum. Un jour un sujet qui m'avait été apporté blessé avait perdu connaissance après 3 pichets de ce liquide et était passé de l'autre coté après plus de 4 pichets, c'était donc un liquide nécessaire et tous semblaient y subir les conséquences. *

*La lame de la scie s’immobilisa un instant, un grognement sorti de ma bouche et je poussais de plus belle sur l'outil, au point que mes phalanges sous mes gants en devinrent blanches.. l'os.. il résistait évidement. Je taillais donc dans l'os et terminait la découpe rapidement, délaissant le membre a présent coupé à tout à jamais de son propriétaire, mes oreilles emplies du cri de l'homme qui sentait qu'on lui arrachait une part de lui. Je passais une main sur mon visage le couvrant de sang qui m'avait éclaboussé pendant l'opération, elle s'approcha et de mon coté je déposais l'outil à coté de lui. *

*« A vous de faire. J'ai lu dans d'anciens écrits qu'une manière de cautériser ce genre de plaie était d'utiliser de l'huile bouillante avant la lame. Nous verrons si cela est une bonne idée avec le prochain. » *


Post by Hydre - September 26, 2011 at 3:57 AM

Et en effet, la plaie fut cautérisée, à froid. Les chaires avaient collées contre la lame, une cuisson instantanée. Sans aucuns doutes l'huile aurait évité ce léger désagrément. J'ai ensuite installé la pâte afin de faciliter la regénération. Le frère avait hurlé ses louanges Thaariennes comme un véritable fervent. Il n'avait pas semblé perdre la foi, mais peut-être que dans son fort intérieur, il avait douté.

Je n'avais pas sourcillé. Cela arrivait parfois.

L'épaisseur de la forêt empêchait la voix de se rendre bien loin. Parfois, cela effrayait les quelques paysans qui habitaient les terres les plus proches. Ils pouvaient imaginer que c'est le vent qui rapportent les rumeurs d'outre-tombe. À bien y penser, ce n'était pas si loin de la réalité.

Pauvre frère Thug. Il faudrait lui réapprendre à souffrir. Il se lamentait encore lorsque je me suis retournée vers Abellion. Je ne me souciais déjà guère plus de mon patient. S'il n'était pas fait pour survivre, il s'endormirait à jamais sur cette table, et je la nettoierais ensuite. On se soucierait de l'endroit où le mettre sous terre et ce serait un éventuel casse-tête de paperasses administratives à savoir si on lui ferait ériger ou non une stelle.

"Offrez-lui donc une petite gorgée de rhum. Cela apaisera son esprit..."

J'ai repris ma tasse de thé, désormais froide, et j'en ai jeté le contenu. Venait le moment de nettoyer mes instruments. J'ai pensé qu'il devait avoir appris aujourd'hui, sur sa propre condition. J'ignorais cependant s'il avait compris pourquoi je l'avais "sauvé".

Ce n'était pas important.

Pas maintenant.


Post by Le pénitent - September 27, 2011 at 8:50 PM

L'homme hurlait ses louanges, ses cris avaient emplit l'infirmerie et il était certain qu'a quelques pas de la, de l'autre coté de la porte un amas de frères priaient pour son salut, se signaient en murmurant les paroles destinées à rassurer les malades, les blessés, les mourants. Il versa donc une mince rasade de rhum dans la bouche entre-ouverte de frère thug.

« Comme si un peu d'alcool pouvait l'aider en quoi que ce soit. »
*Il secoua la tête un instant avant de s'approcher de la blessure cautérisée, se penchant sur celle ci, la détaillant du regard dans l'ombre de sa capuche. *

« Je continue à dire qu'avec de l'huile bouillante vous auriez eu un résultat plus agréable au regard. Pourrions nous essayer ma solution la fois prochaine ? »
*D'un geste lent il se redressa et pris la direction du contenant qui avait recueilli les restes de l'homme. D'un geste de la main il indiqua la fenêtre, dans la direction de l'antre des araignées. Guettant un moment la réaction de celle qui était son professeur en cette journée. *

*« Doit t'on leur donner le résultat de leur chasse ? » *


Post by Asphodèl du Typhon - October 4, 2011 at 12:08 AM

*Que l’ambiance était glaciale à la table des Lunenoire. Mari et femme dînaient à des mètres l’un de l’autre, séparés par la table de marbre sombre, extrêmement coûteuse. Mêmes les couverts qui s’activaient ne produisaient pas le moindre bruit. Demira la Belle était opressée dans un corsage blanc, signe de deuil chez quelques familles Zanthéroises; le reste de sa tenue n’étaient que voiles, presque transparents, voire indécents. Pour son âge, l’humaine avait gardé quelques précieux traits de beauté, si bien qu’il était difficile de penser qu’aucune étrange magie ne s’y était mêlée. Elle possédait le front haut et blanc, mais ses lèvres demeuraient toujours colorées d’un rouge vif, tranchant. *

« C’était une erreur de l’envoyer là-bas, » commença-t-elle.

Le ton était donné. Aussitôt, Archenys répliqua avec autorité :

« Tout ce qui sort de vous est médiocre, chère épouse. Que ce soient les mots qui échappent à votre bouche, ou le fils qui est sorti de vos entrailles. »

Elle avait compris qu’il signifiait qu’elle n’était bonne à rien. Demira savait que son mari avait toujours rêvé du mariage incestueux qui redorerait le blason des Lunenoire. Mais il fut soumis à un mariage d’alliance, peu fécond. Il poursuivit, sans répit aucun :

« Désormais sans descendance, je dois me résigner à voir le nom Lunenoire disparaître. Des siècles et des siècles de pouvoirs accaparés par les Sarpédon… »

Elle était une Sarpédon. Il était convenu qu’à la mort d’Archenys Lunenoire, et de son unique descendant, les biens de la famille Lunenoire iraient à la famille Sarpédon. Cette idée le révulsait. Aujourd’hui reclus dans un grand manoir, il ne profitait que du goût d’un vin mûr mais amer. Il n’ignorait rien des nombreux amants de son incapable de femme, et pensait à l’échec cuisant que fut le départ de sa jeune sœur Lyanna Lunenoire, pour l’Archipel Systérienne voilà des années de cela.
Systéria qui ne cessait de lui prendre, et ne lui donnait jamais assez.

« Si vous étiez un peu moins borné, mon père accepterait de vous… »

Il l’interrompit d’un regard aussi noir qu’une nuit sans lune.
Un long silence régna, chassé par l’audace sempiternelle de Demira :

« Et s’il n’était pas mort? Après tout…nous n’avons pas de preuve… 

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