Norah Idyr Aubryel, l'or liquide.
Post by Norah Aubryel, CP - August 23, 2011 at 4:19 PM
Danser avec le feu
L'air était chaude et puait le souffre, Jericord ainsi que sa troupe veillait à ce que la mine soit vidée de tout son métal au plus vite. Tous savaient que cette crypte était un endroit peu accueillant, selon se que l'on racontait, et ils se hâtèrent donc, frappant le sol avec ardeur. L'homme faisait parti de la troupe pour une seule raison, il était le seul bon batailleur qui n'était pas trop onéreux sur la facture à la fin de l'excursion. Assis sur une large stalagmite, Jericord examinait attentivement les alentours, vérifiant que tous les artisants et les mineurs étaient hors de danger, aussi bien par la mine elle-même que les choses qui s'y trouvait dedans..
La forge luisait comme milles soleils, avalant tous les métaux brutes. L'antre était gorgée de faisceaux dorés et de raccoins sombres, ce qui parfois, égarait le regard vers certaines hallucinations probables.
[...]
Grésillante, une voluptueuse femme dansait au son des pioches et des marteaux, dans un des coins de l'antre. Jericord prit rapidement le pommeau de son épée et s'avança discrètement vers la créature, essayant de ne pas trop affoler les hommes qui semblaient avoir redoublés d'ardeur. Il n'avait qu'à étendre le bras pour la toucher, la plus belle créature qu'il avait vu, au-delà de réalité et par dessus ses rêves.. ses cheveux sentaient le houblon rôti, ses yeux scintillaient d'une décharge étouffante et son corps était un amas de braise découpé à même le roc d'un volcan fiévreux. Jericord, esseulé depuis la mort de sa femme, tremblait sous tant de beauté. Il pourlécha ses lèvres tandis que la courtisane de feu le quémendait d'un délicat geste de l'index..
[...]
Une goutte de lave
Plus d'un an après l'ardent moment dans la grotte sombre, Jericord, un soir d'automne, fût réveillé par un bruit à sa porte. Lorsqu'il chassa la torpeur de ses jambes envenimées par l'alcool, il pu se redresser et progressa lentement vers l'ouverture principal de la maison.
Sur son porche se tenait une corbeille d'osier d'un ovale parfait, ainsi qu'une petite note. Il l'ouvrit sèchement, déçu d'avoir été piégé par un petit truand, et entâma la courte lecture.
Lorsqu'on joue avec le feu, il faut s'attendre à être brûlé.
- Idyr Ik'Ma
Il ne chercha pas longtemps avant de comprendre.
L'or liquide
Jericord passa quelques jours à contempler le berceau de sa ''fille'', incapable de la toucher, de la regarder, de l'aimer ni même de s'en approcher. Affamé, le bébé pleurait depuis plusieurs jours et la patience de l'homme avait atteind sa limite. Il s'approcha du panier avec la ferme intention de déposer le petit être le plus loin possible de sa maisonnette de bois perchée sur une petite butte de sable, non loin de l'eau. Dans un grand respire, il rassembla tout son courage pour délicatement dénouer le rebord du tissé rougeâtre pour examiner la bête de plus près.
Le poupon cessa aussitôt de pleurer, probablement autant curieux d'examiner son investigateur. Une toute petite fille prennait place dans le fond de l'osier ovale. Sa chevelure de jais fournie était complètement en pagaille, tombant presque par dessus ses yeux brillant. Il se pencha lentement, la tête de côté afin d'observer se regard si famillier : deux belles billes d'or liquide. Il fondit, littéralement.
- Norah .. pour tout l'or dans tes yeux. souffla-t-il d'une voix tendre.
L'eau éteind le feu
- Papa ! Papa ! Regarde ! fit la jeune fille avant de replonger la tête sous l'eau.
Jericord était assis sur un lainage, tout près du bord de l'eau, une bouteille de vin étendue près de lui. Il lorgnait vers sa fillette une fois de temps à autre, entre quelques gorgées de vin. La petite pataugeait avec vivacité, ouvrant les yeux pour examiner de plus près les petits coquillages qui erraient à travers les courrants de la mer. Plusieurs petits poissons virevoltaient aisement autour de Norah, lui créant un magnifique spectacle aquatique. Sous l'eau, elle fût inévitablement attirée par trois délicates créatures vaporeuses dont elle s'approcha sans perdre une minute de plus.
Une fois tout près, Norah étendit la main pour les toucher du bout des doigts. L'espace d'un instant, l'une des trois délicates se glissa sur l'avant-bras de la fillette, jusqu'à laisser serpenter ses longues fibres sur la peau tiède de l'enfant. Émerveillée, Norah tendit l'autre main vers le couple de méduse plus craintif. Les trois vaporeuses tournoyaient à travers les membres de l'enfant jusqu'à ce qu'elles soient bien entortillées serrées autour de ses jambes et ses bras. Paniquée, l'enfant sortie prestement sa tête de l'eau, cherchant à prendre une grande goulée d'air fraîche. Pendant qu'aucune des trois méduses ne lâchaient prise, Norah tentait tant bien que mal de rejoindre la rive. Jericord l'attrapa par son chemisier et la tira hors de l'eau, un peu durement mais elle toucha le sol que quelques secondes plus tard. Jericord soupoudra les membres de la petite avec du sable chaud afin de faire secher les cellules irritantes des filaments de méduses..
- Norah ?! Est-ce que ça va ? Papa va arrêter le brûlement ! Tiens bon ! dit l'homme avec raideur et énervement tandis qu'il frottait les plaies.
La petite clignait des yeux, un peu surprise par tout ce brouhaha.
- Papa.. ça va ... ça ne fait pas mal.. !
L'homme, peiné, passa une main sur le visage de sa fille, chassant un filament qui s'était lové contre son oeil gauche, brûlant par le fait même une partie de son petit sourcil.
[...]
Combattre le feu par le feu
Devenue adolescente, Norah fût obligée de s'occuper de son vieux père, alcoolique depuis toujours. Elle avait bellement grandit, ses cheveux de jais tombaient délicatement sur ses frêles épaules osseuses. Ses yeux, d'un ambré vif, étaient encadrés par quelques points de rousseur, comme si des milliers de tisons avaient virevoltés jusqu'à ses joues. Sa bouche en coeur s'agençait bien avec le reste de son petit minois, minois qui fût légèrement varié par une cicatrice éffilée qui passait du haut de son sourcil, le coupait en deux et qui mourrait sur sa pomette. Le reste de son corps pâle était décoré, aux jambes et aux bras, de scarifications élancées, de mince filaments blanchâtres.
Assise tout près de son père qui subissait une terrible quinte de toux, la pièce était embaumée de la délicieuse odeur du petit déjeuné qu'elle venait de lui préparer. L'heure était grave et tous deux le savaient. Jericord, qui jaunissait à vue d'oeil, fit signe à sa fille de se coucher près de lui.
- Viens ici, fille. J'ai à te parler.. Ma fille.... il prit une pause, caressant du bout des doigts les cicatrices de l'avant-bras de Norah, je dois te dire quelque chose.. cela pourra peut-être aider à ton cheminement futur.. si un jour.. je ne suis plus là.. ...
[...]
- Impossible.. non... .. ? Non ?!
Elle fût prise par une vague de haut le coeur, comme si on venait d'étrangler ses rêves d'enfant, comme si elle avait été trahie pendant toute une vie. Qu'était-elle ? Pourquoi il ne lui en avait jamais parlé avant aujourd'hui ? Qui l'aidera quand le temps sera venu ? Qui allait bien pouvoir la trouver.. jolie ?
[...]
Pendant plusieurs jours, elle bouda son père, refusant de lui parler, ne lui apportant que les vivres nécessaires pour qu'il puisse persister à rester en vie. Sa sirose l'emporta un beau matin mais la jeune Norah était certaine qu'il était mort de peine... Jericord ayant passé les portes du Ciel, elle empaqueta ses biens les plus précieux, un coquillage et le peu d'or qu'ils avaient, fermant la porte à double tour. Elle alluma un petit feu sur le porche de la maisonnette, scellant son père dans l'infini....
Au bout de quelques pas, elle passa un regard par dessus son épaule. Éprouvait-elle quelconque regrets d'avoir fait brûler son père ? Peu importe, n'était-ce pas ... l'autre moitiée qui s'éveillait ?
[Évidemment, vous ne savez rien de ça IG, apart si demoiselle Aubryel vous le dit ou le montre ! ]
[Tout commentaires constructifs sont les bienvenus.]