Kërtagh Ot'ögh, la "Gueule-de-Fer"
Post by Kërtagh, AdM - November 27, 2011 at 10:15 PM
La Puissance des Esprits
La Force d'un Guerrier
Le feu brûle. Autour, les silhouettes dansent, chantent, crient. Le son des tambours est audibles à des lieux à la ronde, mais personne ne s'en soucis réellement. Les bois dans cette région sont déserts, les seuls habitants s'y trouvant sont les animaux et les demi-monstres. La nuit est sombre et agitée, la bière coule à flot, la nourriture recueillie depuis un bon moment est distribuée à travers les membres de la tribu; c'est la Fête des Ancêtres.
À chaque fois que la lune est haute et pleine, les demi-orques soumettent des offrandes aux ancêtres et à leurs esprits. Ceux qui sont mort mais qui, d'une certaine façon, rôdent toujours autour de leur tribu pour leur donner la force d'éloigner les dangers. Mais, il s'agit aussi d'une fête qui servira à désigner le prochain « Guerrier Spirituel » du campement. Le « Guerrier Spirituel », est un guerrier qui utilisera la puissance des esprits pour décupler ses forces. Selon les légendes tribales, un « Guerrier Spirituel » est choisit une fois au dix années par le chaman du camp.
Puis, la fête s'arrête abruptement lorsque l'un de ces demi-monstres, un vieillard cette fois, fais son apparition au milieu du rassemblement. Les tambours cessent d'être frappés, les cris diminuent, les danses s'arrêtent et les chants cessent. Tous les regards sont dirigés vers l'épave verte.
Le vieillard est enveloppés des pieds à la tête, bandages autour des bras et des jambes, de vieilles sandales usées en peau de cerf dans les pieds et une tunique de cérémonie. Sur sa tête est montée une tête d'ours empaillée, symbole de la force et de la sagesse. La seule partie de son corps à être dévoilée à sa race : la moitié de son visage, qui est parsemée de décoration tribales. Des chuchotements s'élèvent de l'assemblée alors que le vieillard au dos vouté s'avance, appuyé grossièrement sur l'énorme bâton aux multiples ornements : os, crânes, plumes, plantes. Plus il s'avance, plus le regroupement s'écarte. Il semble être, à première vue, une personne importante pour la tribu.
Le camp, situé tout près du Nord, est majoritairement constitué de ces demi-monstres, des parias. Ceux qui ont déjà, une fois, mit les pieds dans la Grande Cité de Systéria pour, finalement, se faire maltraiter et ainsi quitter les énormes murs de pierre pour retourner dans leur propre « société ». Les plus anciens, les chamans, savaient lire et écrire, ce qu'ils tentaient d'inculquer aux plus jeunes de la « tribu ». Les grands guerriers, les brutes étaient de ceux pour qui l'apprentissage était le plus difficile. Les multiples coups à la tête devaient en être pour quelque chose... Néanmoins, les chamans du camp s'affairaient à inculquer quelques notions de base aux plus jeunes, s'ils désiraient un jour retourner dans les murs de Systéria.
En effet. Ghëragh « Sage-Crâne » fut le premier chaman à avoir parlé avec les esprits des ancêtres, il fut aussi le premier à recevoir leur bénédiction et il est le fondateur du camp des parias. En plus d'être un grand chaman pour celui-ci, il était l'un des guerriers les plus redoutables de la tribu. Désormais, il n'est qu'une vieille épave qui erre dans le camp pour aider les plus jeunes et leur apporter la Bénédiction.
Calmement, il balaie les siens de ses iris rougeâtres pour, finalement, les immobiliser sur l'un des guerriers autour du feu. Son index crochu se dresse brusquement pour désigner le barbare, suivit d'un faible rire.
« Toi. Les Ancêtres t'ont choisit. »
Les têtes se tournèrent vers le désigné. Quelques grognements s'élevèrent de la foule, des chuchotements, mais aussi des cris sauvages en guise de félicitation. Le vieillard reprend, avec une voix imprégné de sérieux : « Approches, Kërtagh « Gueule-de-Fer ». Approches. La Bénédiction débutera, her her her. En espérant que les esprits anciens ne se soient pas tromper sur ta personne... »
Les sourcils du guerrier se froncent un brin aux dires du sage. Choisit? Lui? Il devait probablement y avoir une erreur, marmonnaient certains...
« Kërtagh, communément appelé « Gueule-de-Fer » ou Kër. Grand demi-orque, frôlant les deux mètres de hauteurs, son caractère et sa physionomie penche davantage du côté de ses racines demi-orques plutôt qu'humaines. D'un tempérament froid et belliqueux, il ne laissera personne lui marcher sur les pieds. Son surnom vient de sa dentition complètement métallique; résultat d'un combat un peu trop sauvage avec l'un des membres d'une tribu adverse : un coup de masse à la mâchoire, réduisant une bonne partie de ses dents en miettes. Son corps est recouvert de tatouage tribale en quasi-totalité, chacune de ces marques possédant sa propre histoire. »
Le guerrier secoue la tête pour chasser ses pensées et s'approche finalement du chaman. Le vieillard tourne autour de lui pour l'examiner du regard, méthodiquement. Il laisse entendre un rire grinçant avant de reprendre sa place initiale, face au choisit.
« Les esprits ne m'ont pas mentis à ton sujet, Kërtagh. Ils m'ont dit que tu étais grand et fort, et que tu représenterais bien leur force à travers la tienne. Mais, la force seule ne représente qu'une partie de leur force, grand guerrier... Sauras-tu allier la puissance de tes bras avec le savoir des chamans, dis moi? Sauras-tu utiliser cette puissance à pleine capacité ou ne seras-tu qu'un simple échec? », sa voix tremblait légèrement, son regard sévère posté sur le nouveau choisit.
Il marque une pause, son regard se tournant vers l'assemblée qui restait silencieuse. Certains se hissaient sur le bout de leur pieds pour voir au delà des plus costaud, d'autres restaient assis en tailleur à l'avant. Le chaman redresse légèrement le menton, ses iris rougeâtres croisant celles de l'élu.
« Les esprits anciens ne commettent que très rarement des erreurs, guerrier. J'espère que tu n'es pas l'une d'elle. », les traits du chaman se durcissent pendant quelques instants. Le guerrier, lui, marque un simple moment de réflexion, ou d'incompréhension, avant de hocher la tête brusquement.
« J'saurai me montrer à la hauteur d'leurs attentes et des tiennes, grand chaman. Les esprits anciens ont parlés et j'honorerai leurs paroles. », dit-il, tout en venant frapper son énorme poing contre son buste. Ses paroles étaient teintés de volonté et d'honneur, mais un infime voile d'incertitude planait dans la tête du guerrier. Serait-il vraiment à la hauteur de leurs attentes..?
Post by Kërtagh, AdM - November 28, 2011 at 3:03 AM
La Puissance des Esprits
La Voie du Guerrier Spirituel
La hutte était plongée dans la noirceur, seule la lueur d'une bougie veillait à ce qu'elle ne soit pas totale. Le vieillard errait, bâton en main, sous le tintement des multiples os et des crânes qui se heurtaient les uns contre les autres. Kër, quant à lui, était assis en tailleur au centre, immobile et silencieux, comme une vigie qui surveille l'horizon. Son regard, par contre, restait rivé sur le vieillard; il surveillait chacun de ses déplacements. Le chaman se poste finalement devant une vieille étagère en pin, où il semble hésiter pendant quelques instants. Son hésitation le quitte finalement, alors qu'il tend sa main libre vers un sac remplit de plantes et de réactifs.
« Les champignons Que'Zehl. J'ignorais qu'il m'en restait encore, her her her. », dit-il, tout en plongeant la main dans le sac pour en sortir les petits capuchons jaune tachetés de blanc.
« Ils se trouvent à une période bien précise dans la saison et pas n'importe où. Mon maître m'a enseigné que ces champignons sont de bons liens entre le monde des esprits et celui des vivants : le nôtre. Ils ne doivent pas être consommés n'importe quand, par contre... Ce ne sont pas des friandises. », comme à son habitude, un petit rire mesquin s'échappe du chaman, alors qu'il termine ses explications.
Il laisse entendre un faible rire tout en continuant ses déplacements vers l'étagère voisine, où il ramasse un grand bol en bois et un pilon. Ses mouvements semblent beaucoup moins improvisés, cette fois, son hésitation semble le quitter et il erre habilement dans la hutte à la recherche des ingrédients manquants : une racine de mandragore par-ici, un pétale d'iris par-là, une mixture violacée pour mélanger le tout. Le guerrier fronçait légèrement les sourcils à l'observer œuvrer, il n'avait encore jamais vue « Sage-Crâne » travailler. Le tout l'inquiétait peut-être un peu, mais il ne laissait jamais transparaître de telles émotions. Montrer son inquiétude, sa peur.. C'était un signe de faiblesse et le faibles étaient les premiers à mourir.
Les ingrédients furent rapidement pressés et réduit en miettes pour les mélanger dans le bol avec la mixture. Les champignons furent ajoutés par la suite, comme les précédents composants de la mystérieuse mixture, qui fut lentement tendue au guerrier.
« Prends et bois. Pénètres dans le monde des esprits et écoutes ce qu'ils ont à te dire... Écoutes-les bien.», dit le vieux chaman, alors qu'il approche le bol un peu plus du guerrier, invitant.
« Gueule-de-Fer » laisse voir une légère grimace alors que le bol s'approche de lui, l'odeur infecte de la concoction s'était rendue jusqu'à ses nasaux. Puis, sans crier gare, il l'empoigne dans sa main pour venir en boire le contenu d'un trait. La mixture était épaisse, immonde, dégoutante. Le chaman, de son côté, esquissait un faible sourire en coin, alors que son apprenti se « régalait » de la potion. Un sourire qui, pour la première fois, pouvait être perçu par l'un des siens.
Le guerrier se concentre, son regard dirigé sur le chaman. Autour de lui, tout commence à bouger, à tourner. Lentement, l'environnement devient de moins en moins stable. Tout se tortille, tout s'envole, rien ne reste à sa place. Les objets disparaissent, d'autres fondent, tout se mélange. Et, dans ce délire, le rire du vieux chaman est la seule chose qu'il peut entendre, suivit de quelques mots qu'il perçoit à peine.
« Écoutes-les bien... »
Post by Kërtagh, AdM - November 28, 2011 at 3:21 AM
La Puissance des Esprits
Traques. Trouves. Tues.
Le vent. Il soufflait légèrement sur le visage du demi-orque. Il était allongé dans l'herbe, au milieu d'une petite clairière, dans une partie des bois qu'il connaissait bien. C'était la clairière qu'il empruntait fréquemment pour se rendre sur le lieu de chasse, tout près du Cercle des Ancêtres. Il se redresse légèrement, son énorme main sur le crâne. Sa tête, elle lui donnait l'impression qu'elle allait exploser. Que s'était-il passé? Pourquoi se trouvait-il là?
Il réunit finalement ses forces pour se redresser en laissant entendre une plainte, ou un grognement pour certain, alors que son regard observait les alentours à la recherche de traces quelconques.
« Qu'est-ce que j'fout ici...? », grogne-t-il, les dents serrées.
Il ferme les yeux, il tentait de garder son calme. Sa respiration était lente et grave. Il se rappelait vaguement. La mixture, le chaman, les esprits.
« Écoutes-les bien... Écoutes-les bien... »
Ses yeux s'ouvrirent alors, brusquement, comme si un arbre venait de s'écrouler à ses côtés. Puis, d'une rapidité que personne ne l'en aurait cru capable, le guerrier se dirige vers les bois. Il courrait, les branches lui fouettaient le visage, mais il courrait. Les bois étaient étonnamment calmes; les oiseaux n'émettaient aucuns bruits, les animaux restaient cachés dans leur coin. Pendant un instant l'on aurait même pu croire que le vent avait cessé d'exister pour éviter aux feuilles de bruisser. Devant lui, les arbres commençaient à se séparer peu à peu pour laisser voir, au loin, les huttes qui étaient son chez lui... Étaient...
Sa course se transforme en marche. Une marche rapide qui devient de plus en plus lente. De plus en plus lente jusqu'à l'immobilité totale. Pendant l'espace d'un moment, le demi-orque donnait l'impression qu'il allait s'écrouler. Rien. Rien. Il restait là, immobile, le regard plissé et la rage au ventre. Puis, un éclair semble le foudroyer, alors que son regard se tourne vers la hutte la plus éloignée.
« SAGE-CRÂNE ! », s'exclame-t-il.
Il s'y précipite, ramassant la masse de l'un des siens tombés au combat. Une énorme masse, le manche en bois décoré de plusieurs inscriptions et l'extrémité en fer, solide et destructeur. Il pénètre rapidement dans l'embrasure de la porte pour se retrouver devant une hutte complètement vide. Avait-il eut le temps de s'enfuir? Était-il mort? Que s'était-il passé? Qui avait attaqué? Pourquoi? Pourquoi est-il toujours en vie? Pourquoi était-il dans la clairière?
Sous toutes ces questions, le demi-orque ne peut s'empêcher de laisser s'échapper un long grognement. Un grognement rageur. Un grognement bestial. Un grognement de haine. Il restait dans l'embrasure de la porte avec quelques mots en tête, la masse appuyée sur son épaule.
« Écoutes-les bien... »
Peu à peu, il se rappelle. Les esprits. Trois. Ils étaient devant lui, masqués. L'un d'eux avait un masque aux traits d'un ours, l'autre d'un aigle et le troisième d'un loup. Ils l'observaient, le détaillaient. Tout est flou. Ils marchent vers lui, penchent la tête puis ils disparaissent peu à peu, l'un après l'autre. Ils disparaissent totalement pour réapparaître derrière lui. Les trois s'approchent et ils murmurent, respectivement...
« Traques.
Il y a un traître parmis les tiens.
Trouves.
Mets la main sur lui, traînes-le devant eux.
Tues.
Obéis-nous. Élimines-le. Rends-nous grâce. »
Les silhouettes disparaissent de nouveau pour ne plus réapparaître. Il secoue la tête, de son côté. Il revient finalement à la réalité, à l'instant présent.
« Il y avait un traître. Tout ceci doit être d'sa faute! », s'exclame-t-il, rageur. La poigne ferme autour de sa nouvelle massue, il la fracasse sauvagement contre la porte pendante. Son rythme respiratoire s'accélère, son torse se gonfle grandement sous chacune de ses inspirations, ses yeux rougeâtres fouillent les environs du regard. Puis, au fond de sa tête, seul quelques mots purent se frayer un chemin à travers la furie qui l'habite.
« Traques. Trouves. Tues. »
Post by Kërtagh, AdM - December 17, 2011 at 7:27 AM
En territoire hostile
La Voie de la Guerre
Le demi-monstre avait quitté le camp qui avait sut l’accueillir depuis des lustres déjà. Brûlé, les siens l’ayant déserté volontairement, d’autres morts au combat, il errait maintenant seul, massue sur l’épaule, sans guide dans un monde qu’il considérait hostile. Une véritable jungle pour lui. Les demi-orques n’étaient pas les êtres les plus prisés d’Enrya. Ils n’étaient pas ceux qui tissaient des liens le plus facilement avec les humains, les elfes et les autres bâtards, en majeure partie à cause de leur tempérament orageux, mais aussi en partie à cause de leur physique que plusieurs qualifiaient comme étant immonde, horrible, monstrueux et tout autre qualificatif aussi complimenteur que ceux-ci.
Il le savait. Il savait qu’il était monstrueux avec un tempérament volcanique, mais il s’en fichait. Ses nerfs à vifs et son impulsivité, c’était ce qui avait sut le sauver à plusieurs reprises. Il était un demi-orque avant d’être un demi-humain, il se l’était toujours juré et rien ne le changerait. Jamais il ne serait humanisé.
Le soleil amorçait déjà sa descente pour laisser place à la nuit. Au loin, des nuages commençaient à se former, aussi noir que l’âme du demi-monstre, annonciateur d’un orage aussi violent que son tempérament. Les sourcils froncés en permanence, il avait fait l’effort de les froncer encore plus en détaillant la masse de condensation dans le ciel qui s’assombrissait. Un grognement sourd dans cette étendue déserte avant de chercher un abri du regard. Ses minuscules globes oculaires inspectaient les environs avant de s’immobiliser, au loin, sur une lueur naissante : un petit feu?
Massue sur l’épaule, le demi-orque resserrait sa poigne sur celle-ci avant d’accélérer le pas. La lueur grandissait un peu plus à chaque enjambée qu’il effectuait. Peut-être y trouverait-il un endroit où se couvrir? Il marche, marche et marche toujours alors que, dans l’obscurité, les silhouettes de quelques tentes se dessinent, ainsi que trois humanoïdes avec leurs armes postées à leurs côtés. Au son des pas du demi-monstre, les trois hommes se retournèrent presque à l’unisson, non sans laisser échapper leur surprise.
« Qu’est-ce qu’il fait ici ce bâtard? Je croyais que la zone était supposée être sécurisée ! On ne voulait pas être dérangé pendant la nuit en attendant les autres, merde ! » avait lâché l’un des trois, le plus grand et le plus gros, quoique peu imposant face à la Gueule-de-Fer. « Débarrassez-vous en, on a pas besoin d’un truc comme ça dans nos pattes en attendant les autres ! » avait-il ensuite ordonné.
Sans dire un mot, les deux autres silhouettes se redressèrent, avec une hésitation perceptible, avant d’empoigner leur arme respective, prêts à en découdre avec le demi-orque. L’espace d’une seconde, l’ombre d’un sourire avait brisé les traits sérieux du visage de Kërtagh, juste avant qu’il ne fléchisse les genoux en ayant délogé l’énorme massue de son épaule. Les deux pieds ancrés dans le sol, il patientait, alors qu’un sourire carnassier naissait sur son visage en laissant voir, sous la lueur du petit feu, un reflet métallique. Le soleil s’était complètement couché et, dans la nuit noire, alors que la pluie déferlait, seul les cris des trois brigands purent être entendu dans cet endroit désolé, mêlé au son des armes s’entrechoquant, de la chair se lacérant et des os se craquant. Cette nuit là, la colère du monstre avait trouvée un moyen pour s’échapper, se frayer un chemin à travers ses membres, l’envahir et faire payer ceux qui se trouvaient sur son chemin. Dommage, hélas, qu’il n’eut pas s’agit de ceux qui s’en était pris au camp, à son village, à son peuple, à son chez-lui et, plus spécialement, à SON Chaman.
Les cendres du petit feu luisaient toujours un peu malgré la pluie sauvageonne qui s’était abattue cette nuit là. Lui, assis sur une bûche sous l’une des tentes, il observait les trois cadavres de ceux qui s’en était pris à lui. Un sourire satisfait sur son visage, pendant quelques instants en observant son œuvre d’art. Puis, calmement, il s’était redressé et, de son pas lourd, dirigé vers les trois carcasses. Il vint tremper deux de ses énormes doigts boudinés dans le sang de ses opposants avant de venir, tout doucement, tracer quelques symboles sur son propre faciès. Du sang de ses ennemis, le monstre s’était confectionné un maquillage de guerre, symbole de victoire que les Ancêtres apprécieraient probablement.
Le lendemain, alors que la lumière regagnait le contrôle sur les landes, le demi-orque avait quitté le petit campement de fortune, ses énormes pattes s’enfouissant dans la boue formée la veille par la pluie drue.
« Quels crétins, quand même… » avait-il lâché, son énorme massue tachée de sang qui se reposait paisiblement sur son épaule. Le corps lacéré par les lames de ces canailles, il se déplaçait sans difficulté aucune pour continuer son voyage à travers les landes.
« J’te retrouverai Grand Chaman. Et j’retrouverai ceux qui ont fait ça aux nôtres. J’le jure sur ma vie, les Ancêtres en soient témoins. »
Au loin, les murs d'une cité commençaient à se dessiner, petit à petit..