Espérances d'un nouveau rivage
Post by Nörìon Eldanyàrë, AD - February 24, 2012 at 7:30 PM
Les discussions dans la maison se faisaient assourdissantes en cette matinée à peine commencée. Non pas de ces débats à savoir les tâches de chacun pour la journée, celui-ci faisait part de plus d’animosité. Du courrier était arrivé la rosée encore fraîche. On y parle de mariage, de famille et de… Nìmora. À cet instant mes yeux étaient toujours aussi endormis, mais mon esprit s’est alarmé et mes oreilles se sont tendus. Parlaient-ils bien de ma sœur, celle qui nous a délaissés pour une terre méprisée? Elle va donc bien... plus que bien… trop bien, même.
On dit souvent qu’il n’y a nulle part autre comme à la maison. Pourtant, je ne m’y suis jamais sentis très à ma place et Nìmora elle, elle semble vivre merveilleusement bien, là-bas, à Systéria. La plus jeune et la première à partir, la première à remettre tout en question et la première à faire sa propre vie. Moi? Je suis encore à la demeure familiale, minable, sans histoire. Je l’envie, je veux moi aussi vivre autre que les boutiques, les histoires de grand-mère et les sermons de père. Quelques jours à peine après cette réception déconcertante je pars, moi aussi. Confus? Peut-être. Déterminé? Oui. Je veux un jour moi aussi envoyer une lettre à la famille et pouvoir leur transmettre comment j’ai pu bien faire sans eux.
« Je veux, comme Nìmora, partir moi aussi. »
C’est ce que je leur ai dit, avant de quitter. Je ne quitte pas bien loin en fait, pas du tout même. Le cadre de porte à peine passé que je sens la pression qui pousse pour me garder à l’intérieur. Comment avait-elle fait, elle, pour pousser plus fort que cette tendance naturelle à vouloir rester au nid? Ce ne sont pas mes trois grands frères qui pourraient y répondre, je trouverai moi-même. Toutefois, à peine est-ce que je suis seul dans Briganne que l’envie de m’en remettre à la famille est là. Je ne peux pas m’en éloigner en restant si près. Systéria… beaucoup méprise cette îlot, serait-ce parce qu’elle est la solution? Celle qui nous arrache nos êtres chers à la recherche de leur propre vie? Systéria semble être la solution de Nìmora, dans tous les cas, pourquoi ne serait-elle pas la mienne?
C’est dans cet état d’esprit, qu’après quelques démarches, dans une chambre d’auberge à lueur de chandelle que j’écrivis à ma sœur sans même savoir si elle la recevrait vraiment.
Nìmora,
Voilà quelques semaines déjà que nous avons reçu ta lettre. Alors que tu reçois celle-ci je suis très probablement en route ou peut-être suis-je même déjà arrivé.
Je pars dans quelques heures, je m’engage sur le Lit d’Or, financé par ce vieux Destouches qui t’aimait bien, avec le transport que j’ai pu y trouver. Tu comprendras que ce n’est pas facile de trouver escale jusqu’à Systéria et que c’est encore moins abordable. J’ai dû piger dans ce qu’il a pu laisser, sous prétexte que je partais habiter de mon côté, à Briganne. C’est ce que j’étais réellement supposé faire, à vrai dire, mais je ne peux m’empêcher de penser à toi et à la vie que tu sembles y vivre. Je crois que notre mère s’en doute, ou peut-être pas du tout, mais je ne lui ai rien dit. Une sur cette île était déjà bien assez. J’arrive, Nìmora, tu me feras visiter, si tu le veux bien.
Si je n’arrive jamais à port, ne t’en fait pas, cela voudra dire que j’ai trouvé une aventure plus intéressante en chemin...
À bientôt,
Nörìon