Un parfum de Tradescantia.

Un parfum de Tradescantia.

Post by Abigaël Roseren, Adm - March 15, 2012 at 2:03 AM

Les caprices de la demoiselle au parfum de Tradescantia.
Parce qu'elles en ont toutes..[/list:u:2ccqj067]

Son regard semblait s'embrumer plus les heures passaient. Le tic tac incessant de l'horloge d'à côté n'enrageait plus tant que ça la demoiselle, pour dire : tous les bruits de taverne avaient cessés à ses oreilles. Son échine était arquée en direction du comptoir sur lequel elle s'était appuyée, la joue lovée tout contre sa paume adjacente et les pattes croisées. Une silhouette presque identique à la sienne pénétra dans la pièce devenue qu'ombre depuis la dernière chandelle qui mourrait paisiblement derrière le comptoir. Il devait approcher les petites heures du matin, quelques derniers clients dormaient ici et là dans la taverne sous une demande trop élevée d'alcool ou de jeunes demoiselles trop accueillantes pour certaines, pas assez pour d'autres. La serveuse ce soir-là n'avait pas eue le courage de les jeter dehors ; elle le ferait bien lorsqu'elle-même allait quitter les lieux. Et cette heure approchait aux pas de sa jumelle T'sennoise qui vint déposer sa main si délicate sur son épaule toute froide, murmurant quelques mots à son oreille.

Il n'en fallut pas plus pour l'endormie : - son échine se redressa calmement et son corps glissa derrière le comptoir, chopant par le fait même sa besace laissée là plus tôt.

** « C'est terminé Messieurs, Dames, il est l'heure de retrouver vos vies.**

Ses mots furent accompagné de l'aide des videurs de la Rose, jetant tout de même ''gentiment'' les pas si nombreux clients qui dodelinaient déjà dans les ruelles, mais qui trouvèrent chacun leur chez-soi sans grande difficulté. Enfin, tous sauf la belle endormie. Une nuit à servir Rhum, Vodka et mélanges inimaginables, aussi. Ce n'était pas la mer à boire : - nombreuses sont les nuits ou les clients restent jusqu'au lever du soleil et Abigaël ne s'en était jamais plaint. Jamais mais ce soir, si. ** «  Nous appelons ça la Nostalgie, je crois... Lorsqu'on ressent quelque chose d'amers nous traverser l'esprit et qu'on ne pense à rien d'autre qu'à ça. C'est une drogue, on n'y échappe pas. » **

Mon père.

Il n'était pas le plus grand des hommes, il en était loin même. Il aimait être dans ses songes et inventer des bidules qui jamais ne serviront. Son intelligence était limitée et sa durée de vie tout autant. Il n'avait jamais les bons mots quant aux questionnements féminins et s'enfuyait lorsqu'elles arrivaient. Il n'était pas le plus présent des pères : - Mais c'était le miens et je n'éprouverai jamais un amour comparable à celui que je lui porte. Envers et contres tous, et ce même si c'est sa faute et sa faute à lui seul si nous avons baignées dans ces eaux-là si jeune.

** – Dis papa, est-ce qu'on aura le droit de jouer?** l'avais-je questionner alors qu'il s'affairait à fermer ma toute petite valise. Son front était poisseux de sueur ; visiblement, il n'allait pas bien. Mais mes petits yeux d'émeraudes le fixait si intensément qu'aucun père n'aurait pu s'en détourner sans remords.

Il s'abaissa à ma hauteur en posant sa main toute frêle sur mon épaule, grimpant dans mes cheveux si long, trop long. Son regard était triste, je le savais bien. Je le connaissais mon papa. Mais il n'avait jamais eu nos yeux. Ceux d'Evy et moi, jamais. Les nôtres ressemblaient à ceux des chats, tout étirés aux commissures tandis que les siens ressemblaient plus à ceux des poissons ; tout globuleux et rondelets. Ce n'était pas la seule chose qui était différent, sa peau était toute basanée et la nôtre ressemblait à celle des poupées dans les vitrines de la Moyenne Ville. Mais je ne pensais pas à ça à cet instant, non ce n'était pas le moment. Evy était ailleurs et moi, j'étais là. Au milieu de notre chambre avec ma valise fermée sur le coin de mon lit. Serait-ce encore mon lit? Je crois que oui, travailler ne veut pas dire... ne plus avoir de vie, n'est-ce pas?

Tu as un de ces caractères Aby, je sais que tu y arriveras. Plus vite vous aiderez votre vieux père à gagner de l'or, plus vite vous pourrez revenir et plus vite vous pourrez vous amusez. C'est compris? Rien ne va sans efforts et je ferai pareil de mon côté, c'est promis ! Tu vois, je lèves même le doigt, là.
Sa voix tremblait, mais à cet âge je ne m'en aperçevait pas. J'avais juste envie de revenir, juste envie de ne pas partir longtemps travailler. Mon sourire s'étirait largement, croquant mes joues en soulevant mes petites pommettes rondelettes.

**- Hm hm, c'est une promesse alors ! **

Et leurs petits doigts s'entrelacèrent dans un sourire trop confiant.
Si j'avais été intelligente à cet âge-là, j'aurais compris dans quoi ma soeur et moi s'embarquions. Mais je l'aimais, j'aime et j'aimerai mon père de cet amour inconditionnel qu'on nous oblige à ressentir envers une personne qui nous donne tout. Nous enlève tout. Nous offre tout sans jamais nous le laisser bien longtemps.

J'aimais mon père et ce, bien malgré qu'il ne soit qu'un piteux inventeur de la Basse-Ville de Systéria. Il n'avait jamais gagné un seul sous avec ces inventions : - Bien malgré ce qu'il nous faisait croire.
Mais je l'aimais.[/list:u:2ccqj067]

[ Continuité à venir, seulement marre de recommencer la mise en page à chaque fois.. ! ][/list:u:2ccqj067]