Tom Bouktout
Post by Tom Bouktout, AdC - February 20, 2006 at 1:40 AM
Le soleil se levait sur la citée de Systéria. À cette heure aussi matinale, vous dirons certains, vaut mieux dormir puisqu'il n'y a rien à faire ; tout le monde ronfle. Pourtant, on entendait des bruits de morceaux de bois qui s'entrechoquaient. Seul dans la forêt, le jeune Tom Bouktout âgé de seulement 17 ans frappait sur un gros arbre avec son épée de bois. Il ne fallait pas avoir des yeux d'aigle pour remarquer qu'il avait d'énormes cernes sous les yeux, marque d'un entraînement depuis longtemps commencé. Le jeune homme était d'une taille moyenne mais d'un physique assez imposant conséquence d'un entraînement musculaire important. Ses longs cheveux blonds étaient attachés en queue de cheval ce qui laissait voir de magnifiques yeux bleu clair, qui devaient en charmer plus d'une!
Quand le coq chanta enfin pour signifier le lever du soleil, Tom décida que ça serait assez pour ce matin. Il se pencha doucement, sans trop courber le dos car une importante douleur l’importunait depuis quelques jours, et ramassa son sac par terre. Il en sortit un petit fruit frais, et entama la marche qui le mènerait chez lui, ou il irait rapidement se coucher dans son lit pour faire croire à ses parents qu’il dormait. Ces derniers n’aimaient pas trop que leur fils s’entraîne toute la nuit alors qu’il allait encore à l’école. Sur le chemin du retour, il rencontra le forgeron du quartier qui montait ses étagères pour la journée qui commençait.
-Hé! M’sieur Garney, comment ça va ? Belle journée n’est-ce pas! Dit le jeune Bouktout en souriant.
-Mais ça ne pourrait aller mieux p’ti gars, les mineurs m’ont trouvé tout pleins de lingots hier, je te dis que j’ai du travail aujourd’hui! Répondit l’artisan avec le même sourire.
-Heh, malheureusement j’suis pressé mais j’ai bientôt assez économisé pour acheter une de vos lames de fer! Cria Tom en courant vers sa maison. À bientôt!
Une expression semblable à celle d’un père fier de son fils pouvait se lire sur le visage de Garney tandis qu’il regardait le jeune homme partir au loin. Tom Bouktout arriva juste à temps, et il eut juste le temps de fermer les yeux que la porte de sa chambre s’ouvrit et sa mère Maeyanne vint lui dire qu’il était temps de se lever.
-Debout là-dedans toi!
Tom feinta de bailler et d’étirer ses bras, et sauta hors du lit. Avec les économies de ses parents, Tom étudiait à l’école de combat la plus réputée dans Cornwall. Il étudiait les langues et l’histoire le matin, et l’après-midi était consacrée au maniement de l’épée sous toutes ses formes. Tom Bouktout était bien entendu l’un des meilleurs élèves de sa classe, avec ses nuits passées dans la forêt. Étant donné qu’il était supérieur à plusieurs de ses collègues, il était souvent la cible de moquerie jalouses, mais il ne s’en préoccupait normalement pas. Or, cette après-midi les jeunes moqueurs allèrent beaucoup trop loin alors que l’enseignant était parti pour quelques minutes :
-Hé le prodige! Je parie que tu peux pas contre-attaquer à ça! Cria un élève à face de rat tandis que quelques autres élèves créaient un cercle autour de Tom.
Tout se passa très vite : un des assaillants lui pris les jambes par derrière et un autre lui tint la tête de sorte qu’il était suspendu parallèle au sol. En l’instant d’une fraction de seconde, il sentit un frisson parcourir sa jambe et ensuite envahir son corps tout entier. Un troisième venait de frapper de toutes ses forces sur le tibia de sa jambe droite avec une masse en fer utilisée pour l’entraînement. Il s’évanouit aussitôt.
Il ne se réveilla que deux jours plus tard, dans son lit. Deux docteurs étaient accroupis près de lui et un prêtre marmonnait quelques paroles en direction du ciel. Quand les trois personnes virent les yeux de Tom s’ouvrir, ils eurent un soupir de soulagement. Tous les évènements qui s’étaient passés avant son accident lui sont revenus en mémoire tout d’un coup, et il sursauta. Une douleur tellement intense lui parcourut le corps qu’il pleura. Sa jambe droite était recouverte d’assez de bandages pour qu’on ne puisse même pas distinguer la forme. En regardant les docteurs avec ce regard sans émotions, vidé par la douleur et la peur, ils comprirent son interrogation.
-Ee comment dire .. disons seulement que tu es chanceux de vivre dans ce siècle parce que 50 ans plus tôt tu n’aurais plus jamais été capable de marcher jeune homme.
Il y eu un moment de silence où Tom observa devant lui avec un regard vide.
-Écoute, je vais être clair avec toi, ton tibia a été fracturé comme jamais je n’ai vu de fracture auparavant. L’os a éclaté en dizaines de morceaux à l’intérieur de ta jambe. Je ne suis même pas sûr si tu pourras marcher à nouveau, seul le temps nous le dira.
Le jeune homme à la vie brisée resta couché au lit pendant des semaines, des mois. Il ne parlait que très rarement mais réfléchissait beaucoup. Pour lui il n’y avait plus aucune raison de vivre s’il ne pouvait plus manier l’épée comme avant. Il était voué à devenir guerrier, jamais il n’avait pensé à autre chose pour son avenir! Plusieurs fois il avait pensé faire croire à sa mère qu’il mangeait ce qu’elle lui apportait pour se laisser mourir de faim mais il y renonça. Il devait y avoir quelque chose qui l’attendait dans la vie. C’est comme ça le destin. Après plusieurs mois il eu le OK des docteurs pour commencer à remuer un peu la jambe, il devait faire plusieurs exercices par jour.
Tout cela était pénible pour lui, car il était habitué de toujours être en mouvement. Bref 6 années passèrent sans qu’il puisse mettre du poids sur sa jambe. Vous imaginez la vie qu’il menait! Mais Tom priait, priait et priait sans cesse. Jusqu’au jour où il put finalement faire un pas. Il n’en crut pas ses yeux et se laissa tomber sur son lit. Il se pinça à maintes reprises et refit ce pas à l’avant, en faisant bien attention de ne pas mettre trop de poids.
Les premiers jours furent consacrés à faire le tour de la cuisine, puis de la maison, puis de la rue. La première fois qu’il repassa devant le forgeron depuis son accident, tout était clair maintenant dans sa tête ; son avenir était dans la forge. Il resta planté là devant la boutique pendant plusieurs minutes, et les passants s’arrêtaient pour voir s’il ne s’agissait pas d’une nouvelle statue. Quand monsieur Garney sortit de l’intérieur, il vit l’intérêt du jeune homme :
-Hehe, si c’est pas mon amputé favori ? Comment qu’il va le jeune Tom ? Si tes parents me donnaient pas des nouvelles à ton sujet, je t’aurais cru mort!
Le lendemain matin, il était à la forge en train d’aider Garney à de petites tâches faciles. Le lendemain aussi, et l’autre jour d’après, et tous les jours pendant des mois! Petit à petit, il apprenait le métier qui le passionnait dorénavant. Et chaque matin, en regardant par la fenêtre, Tom Bouktout se dit que peut importe les épreuves que la vie nous réserve, il y aura toujours un lendemain.