[ BG, Accepté ] Balkan

[ BG, Accepté ] Balkan

Post by Garfunkel, UdG - August 20, 2005 at 7:59 AM

Moment de lucidité comme suite à un naufrage éthylique…

Ma mère était courtisane… Elle sautait sur toutes les occasions ! … ou plutôt, elle sautait toutes les occasions. Cela dépend du point de vue.

Je pourrais sans doute dire que ma mère était une femme d’occasion !

Une vielle chose accidentée quoi… Se faisant ravager par tous les tordus bourrés de la horde… Mes frères et moi sommes une succession de bâtards.

Allez savoir pourquoi je vous parle de cela… Sûrement puisque c’est le début de tout…

Ainsi, bâtard parmi tant d’autres, mal-aimé et abandonné, j’ai soif. Soif de vengeance envers ce monde incompris, envers ma mère… Envers et contre tous peut-être…

Néanmoins captif, réclusionnaire. Incapable de m’exhaler telles les émanations douteuses de cette substance obscure qui nous rapprochent des dieux… J’ai besoin d’air. D’air non corrompu par cette odeur envenimée par la luxure et le sang. Je ne peux échapper à la fatalité. Personne ne peut échapper à la Parque.

Ce sont des besoins primaires… Boire et respirer. Pourquoi me les refuser toujours et encore.

La vie versus le destin, soit, la mort.

"La Vie est changements, chaos, dégoût et souffrance. La Mort est paix, ordre et beauté éternelle"

N’allez pas me confondre avec l’un de ces abjects nécromants. Cela ne fonctionne que si l’on est mort… Par définition inanimée, inerte. Je méprise ceux qui ne respectent pas cela.

La mort est la récompense pour avoir porté un si grand fardeau... Elle doit être donnée dignement. L’on ne doit pas la chercher… et encore moins priver un homme de son repos éternel.

À votre avis quels sont les plus nombreux, des vivants ou des morts.

"Les vivants, puisque les morts ne sont plus."

Nul ne devrait rechercher la puissance ailleurs qu’en la vie.

Un bruit à l’extérieur de sa hutte retentit. Balkan sorti promptement pour débusquer l’intrus.

Il mit les pieds dehors pour la première fois depuis deux jours… Après quelques pas inconséquents, le petit homme reprit sa stabilité.

Le parcours de l’astre du jour en était au crépuscule. Sa prédominance laissait tranquillement place à celui de la nuit. Les corps célestes savaient. Le Ciel était d’une rougeur inhabituelle. Un combat vindicatif et violent s’amorçait.

Les vautours étaient déjà sur les lieux. Le sort n’était pas encore jeté sur l’aboutissement de l’affrontement, que les charognards se délectaient à l’idée d’être les premiers à lacérer la peau d’un des deux prédateurs. Les rapaces tourbillonnaient, planaient au gré du vent au-dessus du terrain de mêlée.

Au sommet de la colline, les deux querelleurs s’apprêtaient à lutter pour le territoire. Le plus costaud des deux engagea alors le combat, il poussa brutalement son adversaire qui dévala la pente pour finalement se heurter à un rocher.

L’éminence surplombait le fatras de pierres et de rameaux où le chasseur avait dégringolé. L’élévation faisait office d’ombrelle sur le mammifère cambré entre deux rochers. Le second descendit le coteau de la colline pour rejoindre le prédateur démuni à son pied. Armes braquées sur celui-ci, il avançait à pas feutrés en sa direction. Le champion poussait quelques légers grognements de provocation, éperonnant l’amour-propre de l’asservi. En réponse à celui-ci, il poussa un menaçant et caverneux rugissement sur un timbre de voix sépulcrale.

Les deux se fixaient d’un regard intense et sagace. L’issu du duel venait d’être révélé. L’un des deux possédait un désir de vivre intense et dominateur. Le condamné lécha ses quelques meurtrissures et contusions accessibles. Il cherchait en lui le pouvoir de vaincre. Les plaies cruentées des deux rivaux endiablés étaient souffrantes. Le sang perlait et ruisselait sur les membres moteurs des duellistes.

Ils se fusillaient tour à tour du regard. Les vautours s’impatientaient. L’excitation était à son comble, le combat s’éternisait et les longs regards l’alourdissaient.

L’un des charognards irrités par la longueur du baston, déclencha un véloce piqué vers le plus mutilé des deux gladiateurs des brousses. Celui-ci esquiva l’attaque d’un mouvement aguerri. Le second profita de cette opportunité pour sauter à la gorge de son adversaire.

Le soleil avait finalement cédé son trône à la lune. Il faisait nuit.

Au moment où le coup fatal allait être porté, l’assujetti réussit à dire quelques mots malgré son manque de souffle…

Balkan… Rrkueffh… Lâche-moi.

Balkan se retira mal-alaise, encore troublé par les fumées hallucinatoires.

L’homme se redressa, massant son coup endolori.

Les Shamans veulent te voir…

Balkan parti d’un pas las, sans prononcer le moindre mot, vers la cité.

Curieux... Les corps célestes n'auraient pu lui mentir... Les présages s'accordaient... Ce combat n'était point celui pressentit par les astres. Quelque chose de plus grave se tramait.