Fantin, Matheo, Saralondë...
Post by Ÿsènlalïl Taur'Amandil - April 25, 2011 at 4:07 AM
*La jeune demi-elfe, maigrichonne et pâle comme un petit oiseau, se tenait debout, devant cette falaise surplombant les eaux systériennes. Les bras croisées sous sa poitrine, elle laissait ses cheveux claquer librement au vent, les yeux humides par la fraicheur de la saison ou par la situation invivable dans laquelle elle était plongée depuis plusieurs temps déjà. La dernière des Taur’Amandil avait pris soin de mettre sa petite robe brodée d’arabesques elfiques, aussi légère que la mousseline et dont les manches valsaient contre la brise. La scène aurait été belle, si… Si les choses avaient été différentes. *
Mon petit Papou,
Ne t’en veux pas, car aucune de tes paroles, aucun de tes gestes n’auraient pu changer cette décision qui est mienne. Ne pleure pas, car tu l’as déjà trop fait, mon petit papou. Tu devrais sourire et rire uniquement, désormais, car il ne te restera que de belles choses à vivre, j’en suis certaine.
Prends soin de ma petite sœur comme je l’aurais fait moi-même, s’il te plaît. Elle ne comprend pas toujours les choses qui nous entourent, mais ce n’est pas très grave. Je crois même que c’est mieux ainsi. Tu pourrais lui faire un joli piano, aussi. Elle aimerait.
Je te demande pardon, mon petit papou. Je sais que tu aurais voulu me connaître plus, et j’aurais aimé te voir vieillir. Je n’ai pas été une fille exemplaire et je t’en ai longuement voulu injustement. Ces derniers temps passés en ta compagnie m’ont fait grandir plus encore que toutes ces années auprès de maman. J’ai appris la bonté et la générosité… Je ne l’aurais jamais appris autrement.
Je te remercie pour tout, mon petit papou.
Ne sois pas triste.
Je t’aime.
Ÿsen
Maman,
Les mots me manquent pour dire tout le ressentiment que j’ai pour toi.
Tu as fait naître des sentiments tendres et amoureux chez papa, tu lui as fait croire que tout n’était pas impossible. Tu m’as entouré d’illusions sur le futur de notre famille. J’ai réellement cru que tu te souciais de mon avis, que mon bien-être t’importait. Puis, en l’espace de quelques jours, tu as tout abandonné pour cet elfe courtisant qui abandonne sa fiancée drastiquement.
Ma petite maman, tu ne m’as pas même demandé si je le voulais dans ma vie, si mes sœurs et moi se feraient à cette intrusion soudaine. Suite à nos silences, tu ne nous as même pas approché pour nous expliquer, et déjà, tu t’affiches à son bras. Peut-être crois-tu que ta vie ne concerne que toi, que tes choix ne doivent être pris que par toi. Ne fais-je pas partie de ta vie? Mathéo n’en faisait-il pas parti avant que tu le chasses sans préavis, comme on donne une gifle à un importun?
Non, ma petite maman. Tu es une personne profondément égoïste. J’ai tant et tant voulu te ressembler, je t’estimais tellement, pour finalement ne rencontrer que la déception. Et désormais que je te ressemble, maman, je me dégoûte moi-même et j’en souffre profondément.
Je te dis donc adieu.
Dans cette lettre, partout où il y a du blanc, lis-y ma déception.
Ÿsènlalïl
Fantin,
Tu avais raison, toutes ces années. J’aurais aimé être quelqu’un de mieux, pour toi. J’ai compris trop tard.
Je te demande pardon pour ce départ précipité. Mais si je ne le fais pas maintenant, je ne le ferais jamais. Certains me trouveront lâche, d’autres courageuse… C’est ma seule solution, pour cesser de souffrir autant.
Je t’aime.
Ÿsen
Il aurait été difficile de savoir ce qu’il était réellement advenu d’Ÿsènlalïl Taur’Amandil Balgor. Morte? En voyage? Cachée quelque part à Systéria? Impossible de savoir. Aucun corps n’avait été retrouvé, ni aucune trace de sa couette blanche, et toutes missives à la famille lointaine se solderait d’une interrogation profonde. La plus jeune Taur’Amandil n’était simplement plus.
Elle en avait assez de cette vie. C’était la fin.