Quelques lettres à travers un réseau discret...

Quelques lettres à travers un réseau discret...

Post by Ex-Lumina - January 14, 2012 at 1:09 AM

*Les réseaux mis en place par le premier conseiller de la Couronne systérienne s'étaient affaiblie avec son absence. Même les gens les mieux formés perdaient leur motivation lorsque celui qui les avait créé cessait d'exister. À son retour, quelques lettres virent jusqu'à lui. Elles étaient passées par les mains des gens les plus fidèles, ceux qui même plongés dans l'ombre demeuraient de véritables soldats. C'était là des nouvelles de gens qui avaient vieilli avec les années, que peu auraient à présent pu relier à leur ancienne vie.

La première était d'une écriture talentueuse, celle d'une lettrée chevronnée.*

À la nièce de mon estimé professeur,
Chère amie,

Je n'ai pas osé vous contacter avant. J'ai été prévenue par le notaire de la perte de mon regretté professeur, votre oncle, il y a bien quelques années. J'ai vécu dans la honte de ne pas avoir pu être présente avec sa famille à ce moment-là et puis je n'ai plus cru que je pourrais me présenter à vous. Vous qui avez étudié avec moi et qui étiez proche de votre oncle, vous devez pouvoir comprendre que mes fonctions m'ont retenue à Posdrenia.

Je vous présente du moins officiellement mes condoléances.

Tout en souhaitant que vous ne trouviez pas là qu'il s'agisse d'un message opportuniste, je me demandais si vous aviez un exemplaire du dernier ouvrage de votre oncle sur les effets des colonies sur l'économie intérieure? En effet, la baisse récente des activités dans la somptueuse cité où je sers le Duc de Truïn m'amène à me questionner.

Au sujet de ce dernier, saviez-vous que les années le rattrape? Après avoir passé quinze ans à ses côtés, j'en suis attristée. Il est désormais plutôt malade. Il a deux fils ; l'aîné est ambassadeur au sein des Landes Éternelles et le cadet et un militaire bien gradé, surtout en raison de sa famille. Ils ne semblent pas fait pour obtenir un poste aussi stratégique que celui de Seigneur de Posdrenia, le plus grand port des landes.

En espérant que vous me donniez des nouvelles,

La seconde lettre était tout ce qu'il y avait de plus commun. Elle avait remonté à travers le réseau du SurIntendant jusqu'à lui à travers un maillon difficile à identifier, mais elle avait fait beaucoup de chemin et avait certainement nécessité qu'on déploie beaucoup d'effort pour que ces simples mots peu -nécessaires- se rendent à destination.

À vous,

Je suis excité qu'à nouveau la facilité soit chose passée. Marie et les autres ne sont pas les même sans leur marionnettiste.

Le séjour en terre natale a néanmoins valu le détour, m'a-t-on dit.

Rebienvenu sur mon échiquier.

La dernière était digne de celui qui l'avait écrit, et qui était un roturier, serviteur depuis longtemps. Même l'orthographe était inadéquat.

Ma douce,

Ah! Mon aimée! Il me tarde tant d'avoir mes prochaines vacances et d'enfin vous retrouver. Nos temps ensemble sont trop courts et notre relation à distance m'épuise. J'espère que tu utilises bien l'argent que je t'envoie et que notre fils réussit bien à l'école. J'aimerais tant qu'il ait un meilleur futur que le mien. Je compte sur toi pour y veiller.

Je devrais bientôt pouvoir passer. Les choses sont calmes au Palais. Plusieurs soldats sont partis quelque part, donc moins de bouches à nourrir. Le Chef Beauregard m'accordera ainsi peut-être enfin un peu de temps libre.

En rêvant à nos retrouvailles,

Une lettre était plus obscure que les autres, mais pour son destinataire, ce serait certainement la plus limpide. Il était rare, en effet, qu'à mots aussi découverts, un tel échange ait lieu.


Post by Thomas Bolton, Emp - January 14, 2012 at 1:58 AM

Le Surintendant fut satisfait de voir que certains des rouages qu’il avait mis en place ne s’étaient pas grippés. Bien sûr, un peu d’huile serait sûrement nécessaire, mais son retour aurait tôt fait de relancer une mécanique qu’il avait mis longtemps à assembler. De nouvelles lettres furent donc acheminées à nouveau par des moyens divers et des chemins plus que détournés.

Pour la première, l’écriture était celle d’une ingénue, cultivée mais encore bien naïve…

Ma Très Chère,

Ah, quelle terrible nouvelle. Vous êtes toute pardonnée. Ce fut extrêmement douloureux pour moi et ma famille. Avoir un si grand homme, si cultivé, qui soit de notre sang était une source de joie et de fierté. Sa disparition nous accable et m’arrache encore de terribles larmes de douleur. Je comprends parfaitement votre sentiment.

Vous trouverez avec cette lettre une copie de l’ouvrage de mon oncle. Sans doute vous aidera-t-il à trouver les réponses que vous cherchez.

Je vois que ma famille n’est pas la seule à subir de terribles afflictions. Si un homme aussi droit et grand que le duc Truïn est en proie à la maladie… Enfin. Je me fais beaucoup de souci, surtout pour son aîné : les Landes sont un pays si calme, mais pourtant si dangereux. Et si cruel, du côté d’Udossta. Espérons qu’aucun malheur ne lui arrive.

J’attendrai toujours de vos nouvelles, vous me rappelez mon oncle.
Hildegarde

La seconde lettre ne reçut pas de réponse, évidemment. Il était quasiment impossible d’en retrouver la trace…

« A moins que vous ne soyez déjà sur le mien, Miran. », murmura le Surintendant en terminant de lire ce billet.

La réponse à la troisième lettre contenait un portrait de mauvaise facture – la famille n’était pas aisée ! – d’une mère avec son fils. Derrière, un simple mot d’amour était rédigé…

Et pour ce qui est du diacre qui avait été envoyé à la Curie de Briganne, une bible thaarienne lui fut envoyée, avec un petit mot d’un moine.

Diacre, cher ami,

Vous m’aviez demandé d’effectuer quelques recherches. Je viens enfin de retrouver cette édition exceptionnelle d’une bible thaarienne aux enluminures exceptionnelles.

Cela faisait longtemps que je le cherchais et comme je sais votre passion pour les gravures et les livres anciens, je me suis dit que vous apprécieriez recevoir un tel présent.

J’espère que votre chemin est pavé par les serviteurs de Thaar et que la chance continue de vous accompagner dans l’ombre des cardinaux.

Frère Jehan

Sans doute des mois s'écouleraient-ils avant que le Surintendant n'en entende parler à nouveau. Qu'importe, il était patient...