[Théologie] Le Dogme Thaarien
Post by Thomas Bolton, Emp - February 3, 2008 at 7:18 PM
Sans avoir attendu la réponse de l'évêque à propos de la thèse réalisée pour obtenir son noviciat, Thomas Bolton en archiva une seconde, qu'il avait rédigé visiblement en même temps que la première.
Le Dogme Thaarien
Introduction
Pour aborder pleinement la question du dogme dans la religion thaarienne, la question primordiale à se poser concerne sa signification : en quoi la compréhension de ce que recouvrent les Saintes Ecritures peut-il rapprocher le croyant de Thaar ?
Dans cette perspective, ce que notre système religieux doit essayer de transmettre à travers son dogme n'est pas une philosophie arbitraire, mais au contraire une théorie solide dont la légitimité se justifie par le fruit expérimental et collectif de siècles de méditations et de contemplation. Pour les fidèles du Dieu Juste, la foi n'est pas une connaissance intellectuelle, mais un cheminement vers Lui, notre dogme étant un moyen de se rapprocher de Lui.
« Il existe un lien organique entre notre vie spirituelle et notre dogme. Il est la Lumière sur le chemin de notre foi, il l'éclaire et le rend sûr. Inversement, si notre vie est droite, notre intelligence et notre cœur seront ouverts pour accueillir la lumière de Thaar. » — Prophète Ersemont, chapitre 3 du livre des Prémisses, verset 23.
Le lien organique entre la Foi et le dogme conduit parfois à confondre les deux dans une approche pour laquelle la foi consisterait à adhérer à la vérité du dogme. Cela reviendrait à croire que c'est la connaissance qui permet d'être sauvé, comme le croient par exemple les disciples d’Aerduyn. Une telle conception est à nos yeux une hérésie, connaissance et foi n’étant pas deux éléments interdépendants chez Thaar.
Le dogme dans l’initiation thaarienne
La compréhension d'un dogme s'appuie sur un parcours initiatique, qui demande un travail personnel et du temps. C'est l'enseignement réaffirmé par le concile de l’Ordre du Soleil : un dogme n'est pas un énoncé arbitraire, mais quelque chose qui doit trouver un écho dans la vie personnelle du fidèle :
« L’enseignement religieux et théologique n'est point un simple exposé des dogmes et des préceptes, mais une formation à la vie chrétienne intégrale et un apprentissage par lesquels les disciples sont unis à Thaar leur Maître Universel. Les théologiens doivent donc être initiés comme il faut au mystère du salut et à la pratique des vertus, et introduits, par des rites sacrés à célébrer à des époques successives, dans la vie de la foi, de la liturgie et de la charité du peuple saint. » — Concile de l’Ordre du Soleil — Décret n° 14, an 843 de la Deuxième Ere.
Celui qui y réfléchit par lui-même, et compare le résultat à ce qu'on lui a dit, finit par reconnaître le concept qui se cachait sous les mots. C'est un symbole, au sens étymologique : le dogme tient de la formule de reconnaissance, il indique à celui qui n'a pas encore franchi l'étape initiatique qu'il y a quelque chose au delà, et il permet à celui qui l'a franchie de savoir qu'il a passé la bonne porte. C'est ainsi que le comprend Saint Morgemont :
« Quand une personne d'un esprit cultivé se présente à toi pour se faire instruire, si elle est déterminée à embrasser le culte de Thaar et prête à recevoir le baptême lumineux, elle a déjà, selon toute vraisemblance, acquis une connaissance assez étendue de nos saintes lettres, et elle n'a d'autre intention que de participer aux sacrements du Clergé. Ces personnes, en effet, n'attendent pas le moment d'embrasser la foi pour s'instruire ; elles pèsent auparavant leurs motifs, et, chaque fois qu'elles trouvent un confident, elles lui découvrent leurs pensées et leurs sentiments. Dans cette circonstance, il faut être court ; et, loin de s'appesantir sur les vérités qu'elles connaissent, on doit les effleurer avec tact, en leur disant que nos dogmes sont telle et telle vérité qui leur est sans doute familière. On expose ainsi, dans une énumération rapide, tous les principes qu'il faudrait inculquer aux simples et aux ignorants. Grâce à celle méthode, un homme éclairé ne se voit point enseigner, comme à l'école d'un maître, ce qu'il sait déjà ; et, en revanche, s'il ignore quelque chose, il l'apprend par la revue même que nous avons l'air de faire de ses connaissances. » — St Morgemont : Traité du théologien
Pour un théologien, donc et même pour le croyant en Thaar qui poursuit l'approfondissement de sa foi, la question n'est pas de savoir si ce qu'énonce un dogme est vrai ou non (on ne peut en discuter qu'après avoir franchi l'étape correspondante), mais s'il a compris ou non ce qu'il signifie. Chacun progresse à son rythme dans la compréhension de la foi. Il est normal et respectable de ne pas comprendre tel ou tel enseignement, et de se poser des questions sur sa signification.
Dans cette progression, la compréhension personnelle est essentielle ; l'enseignement ne peut pas s'y substituer. Cette compréhension personnelle, à son tour, ne s'appuie pas sur les seules facultés intellectuelles de l’Être ; la tradition thaarienne retient que dans le domaine spirituel, cette compréhension n'est possible que sous l'action de l'Esprit-Lumineux :
« C'est le Maître intérieur qui enseigne, le Dieu Vrai qui enseigne, Son inspiration qui enseigne. Où ne sont pas Son inspiration et Son onction, inutile est le tapage des mots au dehors. Les mots que nous prononçons au dehors, frères, sont comme le jardinier devant l'arbre ; il travaille au dehors, il apporte de l'eau et tout le soin de son travail ; mais tout ce qu'il apporte ainsi du dehors, est-ce cela qui forme les fruits ? [...] que par notre parole nous plantions ou nous arrosions, nous ne sommes riens, mais c'est Thaar qui donne la croissance, c'est-à-dire c'est son onction qui vous enseigne toutes choses. » — St Vérence : Commentaire sur le Livre de Térianar
Foi et raison
Le rejet du dogmatisme au nom du rationalisme y est justifié par l'idée que la religion serait une source d'autorité arbitraire et irrationnelle. De fait, le dogme n'est pas immédiatement accessible à la raison : il semble souvent un énoncé arbitraire, voire incompréhensible, pour celui qui le découvre. Par sa nature, en effet, un dogme n'est pas immédiatement compréhensible - sinon ce ne serait qu'une vérité banale. L'Ordre du Soleil ne revendique cependant que d'être qu'un conservatoire de sagesse et d'expérience spirituelle : la transmission du dogme n'est pas un acte d'autorité, mais un service dû à la Vérité.
« … l'Ordre ne peut se lier à n'importe quel système philosophique, dont le règne dure peu de temps ; mais les expressions qui, durant plusieurs siècles, furent établies du consentement commun des théologiens thaariens pour arriver à quelque intelligence du dogme, ne reposent assurément pas sur un fondement si fragile. Elles reposent, en effet, sur des principes et des notions déduites de la véritable connaissance des choses créées ; dans la déduction de ces connaissances, la vérité révélée a éclairé comme une étoile l'esprit des peuples, par le moyen de l'Ordre et de Sire d’Aergauth. C'est pourquoi il n'y a pas à s'étonner si certaines de ces notions non seulement ont été employées dans les Conciles de l’Orrdre, mais en ont reçu une telle sanction qu'il n'est pas permis de s'en éloigner. » — Bienheureux Llewelynn
Traditionnellement, la vérité est vue comme une amande enfermée dans sa coquille de mots : il faut casser l'écorce. Rejeter comme faux ce qui n'a pas été compris revient à jeter le bébé avec l'eau du bain : c'est simplement que l'on n'a pas réussi à casser la coquille pour atteindre l'amande. L'attitude ouverte face au dogme consiste à mettre l'idée de côté et progresser intérieurement, jusqu'au jour où on s'aperçoit que l'on peut casser la coquille.
Conclusion
Pour nous, thaariens, le seul enseignement ne devrait être que la parole de Thaar, puisqu'il n'y a pas d'autre enseignement possible. Notre conception de la religion est indiscutablement dogmatique. Le Livre des Paroles de Thaar est l’autorité souveraine. De ces Lumineuses Ecritures découle notre dogme, sous leur autorité.