[Histoire] L'Origine du Mal

[Histoire] L'Origine du Mal

Post by Thomas Bolton, Emp - February 5, 2008 at 4:22 PM

Thomas Bolton avait pour habitude de faire preuve d'un travail acharné dans ce qu'il accomplissait. Son travail consistait notamment à entreposer des écrits dans la bibliothèque du Conclave. Cette fois-ci, le récit qu'il y entreposa ne se trouvait sûrement pas là par hasard. Une copie du texte fut envoyée à chaque membre de l'Ordre, sauf à Daskeil Karan. L'évêque aussi en reçu une. Tous pouvaient lire en préambule une note de Thomas Bolton.

Parce que la valeur d'un sacrifice ne doit jamais être oubliée ni baffouée, je vous transmets à tous ce récit.

Puissiez-vous ouvrir vos âmes à la Volonté de Thaar.

Th. Bo.

L'Origine

« La faille entre les mondes »

Au dehors le vent froid souffle part rafales, les villageois réunit dans la grande salle du village, écoutent avec appréhension les hurlements lugubres des loups. C’est l’heure de la veillée. Lorsque après une dure journée de labeur, tous se retrouvent pour écouter les histoires du vieux.
Il est assis là, près de l’âtre chatoyant. Sa longue barbe grise soigneusement brossée contraste avec son crane presque chauve, lui donnant un air comique. Mais nul ici oserait rire de lui. Tous connaissaient et reconnaissent son talent de conteur. Les enfants blottis contre leurs mères, lèvent vers le vieil homme un visage attentif, dans leur yeux se lit l’attente et l’appréhension.
Les histoire de l’ancien font parfois peur, elles parlent de faits antiques, de héros valeureux, de criminels sans pitié, d’actes de bravoures et de monstres effrayant. Il arrive même que la fin soit terrible, mais comme il le dit lui même, l’histoire de notre terre est faite aussi bien de tragédies que de bonheurs.
Les bruits de conversations s’atténuent, tous se tournent vers l’homme et attendent.
Après un bref instant, sa voix chaude et puissante s’élève accompagnée comme unique bruit de fond par celui du crépitement de la flambée.

« D’où ils vinrent exactement nul ne le sait, qui les trahie et au service de qui ils étaient réellement cela nous restera à jamais inconnu. Ce soir entre ces murs protecteurs et dans notre doux confort je vais vous conter l’histoire de la folie des Dieux Sombres et de ses conséquences en notre monde. Afin que jamais vous n’oubliez le danger représenté par ces êtres maléfiques. Vous ne serez jamais en sécurité tant que l’engeance du mal engendrer par leur faute foule notre sol.

Cette histoire se déroula il y a fort longtemps, l’île de Systéria n’était pas l’empire puissant que nous connaissons. Mais un bout de terre perdu dans l’océan, peuplé de tribus sauvages guerroyant les unes contre les autres. En d’autres lieux, d’autres mondes, une grande bataille se déroulait. Elle opposait les forces obscures d’Enyde-Ma à celles de Yhasghul. La puissance thaumaturgique dégagée par leur conflit attaquait le fondement même du réel. Créant des brèches parfois voulu d’autre non entre les plans.
C’est ainsi qu’apparu un jour près du village côtier de Vanne, un immense portail aux reflets d’ébènes.
Dans un fracas étourdissant, au dessous d’un ciel d’apocalypse zébré d’éclairs. Il surgit du néant ouvrant le passage à des êtres infernaux. Une armée entière franchit le seuil. Créatures aussi différentes que terrifiantes. Certaines ressemblaient à des sauriens, d’autres rappelaient des élémentaires de feu, d’eau ou de foudre...
Au milieu de la cohue se tenait, un être plus terrifiant encore, d’apparence humanoïde. Son armure de métal sombre aux teintes rougeoyantes étincelait d’un éclat morbide. Immense sur sa monture, il dominait la scène par sa présence.
Xaern’Than’Xeré, tel était son nom. Ses soldats le craignaient et le respectaient. Et dans son plan, ainsi que sur de nombreux autres sa réputation de puissant guerrier du chaos n’était plus à faire.

Rapidement, il comprit qu’on l’avait trahi. Son combat n’était pas en ces lieux. On s’était joué de lui et de son armée. Derrière eux la porte se refermait. Devant s’étendait un nouveau monde. Peu leur importait au final où ils trouvaient. Ils écumaient les plans en quêtes d’âmes et de sang. Leurs bannières claquent d’orgueil, sous le vent de la destruction comme un hymne à la gloire du Chaos. De plus Xaern savait que dans tout monde se trouvait un artefact permettant d’ouvrir un passage. Il suffisait de le trouver pour ensuite le faire entrer en résonance avec son univers et ils rentreraient chez eux. Ainsi débuta la grande épopée sanglante. Ils ne voulaient pas la mort, ni la souffrance. Ils ne connaissaient pas les préceptes de bien et de mal. Ils sont les ennemis de la logique, les jongleurs de la vérité, les modeleurs de la beauté. Ils désiraient façonner notre monde selon leur vision, celui d’une beauté perpétuellement changeante. Ils ne vivent que pour cela.
Peu à peu des hommes, des nains voir même des elfes s’unirent à leur avancée. Eblouis, hypnotisés par ces êtres démentiels aux pouvoirs démesurés.
Les armes communes ne semblaient pas les atteindre, certains commandaient aux forces élémentaires. Leur puissance physique n’avait aucun équivalent sur nos terres.
Leur progression fut rapide, le monde se modifiait à leur passage. Donnant naissance à des paysages démentiels.

Dans la grande cité des hommes à l’Ouest, se regroupèrent les dernières lignes de défenses. Toutes races confondues, les êtres se préparaient à livrer leur dernier combat. Un conseil se réunit afin de définir un moyen de défense. Grâce à des espions infiltrés parmi les suivant de la Horde démoniaque, ils entendirent parler de l’artefact. Des recherches furent faites, c’est dans les immenses bibliothéques elfiques qu’une réponse prit naissance. Un sage du nom d’Erendil Luamen découvrir une légende fort ancienne datant du premier age. Elle parlait de la pierre de Yagrave. Cette dernière semblait correspondre par ces pouvoirs. Une expédition fut donc montée afin de se rendre dans la contré au Nord du mont de l’Oubli au delà des terres désertes. Un périple dangereux, qui allait entraîner ces participants dans des lieux reculés que nul être vivant censés n’habitaient. Le choix se porta sur cinq champions. Elric Valdenfil, un paladin de l’Ordre de Thaar représentait les hommes. Luniale Lunabril, une puissante enchanteresse pour les elfes. Gurdil CogneFort, un puissant guerrier nain. Varn’ak Glud un shaman reconnu parmi les demi-orcs maniant aussi bien la puissance de la nature qu’une épée à deux mains. Avil Ramnel un archer gnome. Ils portaient en eux tous les espoirs de victoire.
Leur voyage dura plusieurs mois et nombreux furent ceux qui doutèrent de leur réussite. Seulement deux revinrent mais ils ramenaient avec eux la fameuse pierre. De leur épopée naquit la légende de La ballade des innocents.
Erendil Luamen se chargea de mettre la pierre hors de portée des ennemis en la protégeant par un puissant sortilège. Il avait étudié avec attention les textes et savait à présent comment ouvrir un passage. Il fallait procéder à un rituel magique complexe, ainsi qu’au sacrifice d’une âme pure dont le sang se mêlerait à celui d’un des démons. Cela afin d’ouvrir une porte partant de notre monde vers le leur.

Des messagers furent envoyés au camp de Xaern, il accepta une rencontre avec le grand conseil des peuples libres. Ils se retrouvèrent dans la grande plaine de l’éclipse et là scellèrent le pacte de la Porte Sacrée. Xaern promit de cesser son avancée à la condition qu’on lui remette la pierre et que l’on procède au rituel. Un long débat débuta entre les peuples pour savoir qui se sacrifierait afin de libérer le monde. Il semblait que nul ne souhaitait mourir, tous voulaient être sauvés mais aucun ne voulait payer le prix. Au petit matin, s’avança dans la prairie une jeune fille, gracile comme une fleur elle irradiait par sa douce beauté. Elle se nommait Calista Daven. Une jeune humaine âgée de quinze ans. De sa voix claire et aux tons cristallins elle offrit sa vie pour le bien de tous. Gênés et certains soulagés, les adultes se regardèrent entre eux. Quelques personnes tentèrent de dissuader l’enfant, mais rien n’y faisait. Elle avait sa foi en la justice de Thaar, et nul ne parvint à lui faire changer d’avis.
La nuit venue, un autel fut monté dans la plaine. En son centre scintillait d’une lumière froide la pierre de Yagrave. Les deux parties se faisant face de part et d’autre. Lorsque les premiers rayons lunaires caressèrent les visages des protagonistes, Erendil débuta la cérémonie.
Des forces étranges se mirent en branles, tandis que dans le ciel des nuages venu de nul part s’amassaient, voilant ainsi la lune. La tension montait de plus en plus, alors que Calista s’avançait elle aussi vers l’autel. Du rang des démons, Xaern s’ouvrit un passage. La plus grande pureté face à la pire perfidie, il ne pouvait en être autrement.
Un prêtre muni d’un couteau d’argent fit quelques pas. Il se plaça devant la jeune fille, hésitant dans son action. Elle plongea son regard paisible au fond de celui angoissé du prêtre et posa sa main sur la sienne guidant son geste. Dans la foule, des pleures et des lamentations accompagnèrent la mort de la charmante enfant.
Devant le seigneur du Chaos, le jeune humain perdit contenance, et dans un grand rire sans joie, le prince des enfers se saisit de la lame qu’il plongea dans son cœur sans la moindre hésitation.
Alors que la vie s’échappait des deux corps, le tonnerre se mit à gronder, des éclairs zébrés le ciel avec une violence inouïe. L’air ambiant pulsait d’une magie sauvage, électrisant l’espace environnant. Les spectateurs se trouvaient ballottés et projetés par la puissance du vent comme de simple fétus de paille.
Au centre devant l’autel, le vieil elfe poursuivait ses incantations, et lorsque les deux coupes, empli du sang des sacrifiés, lui furent remises. Il en versa le contenu sur la pierre en psalmodiant. L’artefact commença à grésiller, une sorte de hurlement strident couvrit toute la scène alors que venu du néant. Dans un craquement assourdissant une porte d’un noir sans fond apparu. Sa surface brillait comme de l’eau. Un puissant rugissement monta des rangs démoniaques alors qu’ils se mettaient en marche vers le portail. Un groupe se découpa de la horde pour venir prendre le corps de leur chef. Le dernier monstre passé, un silence aussi soudain que pesant s’établit dans la plaine. La porte s’estompa progressivement.
Lentement comme ébahi, les survivants s’avancèrent. Ils avaient du mal à croire que tout cela était bel et bien fini. »

Regardant le visage des gens autour de lui, le vieillard sourit doucement. Cette histoire fascinait toujours autant les foules. Elle jouait sur l’inconscient collectif. Et puis, de cette époque terrible restait encore en notre monde la souillure représentée par ces demi-démons. Descendance dégénéré de cette engeance chaotique.